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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 91

  • L'aventure EINSTEIN, Exposciences régionale à Carcassonne de 1988 à 2000

    Dès 1981, Guy Anduze fonde avec quelques amis passionnés le Club d’astronomie de la M.J.C de Carcassonne « Alpha Centauri ». Ce dernier dispose toujours d’un observatoire astronomique performant doté d’un télescope de 400 millimètres de diamètre installé d’abord à Malras puis à Cailhavel. C’est ainsi que débuta la conquête spatiale à Carcassonne à travers diverses manifestations scientifiques organisées par la Maison des Jeunes et de la Culture, comme les Rencontres sur les techniques de détection optique en astronomie amateur au mois de septembre 1984. Cet évènement organisé à six reprises, d’abord dans les locaux de la MJC puis à la Salle du Dôme, réussit à drainer 1350 congressistes de neuf pays différents.

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    Jeffrey Hoffman corrige en 1993 le télescope Hubble dans l'espace

    Après avoir été à l’origine du collectif inter-associatif qui l’organisait, Guy Anduze eut l’idée d’organiser sur le modèle des exposciences du Québec, la première Exposciences Régionale EINSTEIN à la Salle du Dôme de Carcassonne en 1988. Nées au Québec dans les années 1960, les exposciences se développèrent en France à partir de 1985. Cette année-là, à l’initiative de l’ANSTJ (Association Nationale Sciences Techniques Jeunesse), les plus grandes associations françaises de jeunesse et déduction populaire, regroupées au sein du CIRASTI, réunirent à Toulouse 830 jeunes provenant de 34 pays  à l’occasion du Premier rendez-vous mondial des sciences et de la jeunesse. Dans la foulée, les premières exposciences régionales françaises virent le jour en Midi-Pyrénées, Bretagne et Rhône-Alpes. C’est ainsi que Carcassonne accueillit cette première manifestation en Languedoc-Roussillon du 25 au 29 mai 1988.

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    EINSTEIN, acronyme de Exposition Inter-associative Sciences Techniques Et Industries, devint donc la référence régionale en matière scientifique. Tous les deux ans, avec un budget de 500 000 francs alloué par divers partenaires : ville, département, région, ministère de la recherche, DRAC, Jeunesse et sports, rectorat, ANVAR, EDF-GDF, etc. Jusqu’en 2000, ce sont 5000 jeunes qui ont exposé 500 projets scientifiques et techniques dont beaucoup furent primés et représentèrent Carcassonne dans des exposciences à l’international organisées par le MILSET : USA, Canada, Tunisie, Maroc, Koweit, Portugal, Afrique du Sud, etc.

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    La nébuleuse de l'Aigle

    En 1994, Guy Anduze organisa une grande exposition dans la Tour Narbonnaise à la cité pour commémorer les 25 ans des premiers pas de l’homme sur la lune. EINSTEIN avait accueilli cette année-là plusieurs milliers de scolaires lors de visites commentées, au milieu de 70 photos grand format de la NASA. Serge Chevrel - astronome à l’observatoire de Midi-Pyrénées - était allé sélectionner spécialement ces clichés à Houston aux Etats-Unis, une maquette à l’échelle du site d’alunissage d’Apollo 11, des vidéos des missions lunaires, des échantillons de sol lunaire et le drapeau français qui avaient fait le voyage aller-retour vers la lune en 1969.

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    Jeffrey Hoffman en 1993

    L’idée était également de faire venir à Carcassonne de prestigieux invités pour valoriser les projets exposés pendant EINSTEIN par des milliers de jeunes. A ce titre, trois Prix Nobel de physique français se déplacèrent à Carcassonne pour donner des conférences au théâtre municipal : Pierre-Gilles de Gennes, Georges Charpak et Claude Cohen-Tannoudji.

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    Jeffrey Hoffman à la Salle du dôme en 2000

    En 2000, dans le cadre parallèle des « Rencontres Jules Verne pour ouvrir le XXIe siècle », trois grands chercheurs et explorateurs vinrent à la rencontre des 800 jeunes exposants : le mathématicien Christophe Yoccoz, le paléoanthropologue Henry de Lumley (découvreur de l’homme de Tautavel en 1971) et l’astronaute américain Jeffrey Hoffman. Guy Anduze raconte comment il réussit à faire venir le grand spationaute :

    Je savais que Jeffrey Hoffman, retiré du corps des astronautes actifs de la NASA après ses cinq fabuleux vols spatiaux, était basé à Paris dans les locaux de l’ambassade américaine puisqu’il était en 2000 le représentant de la NASA en Europe. Je lui avais donc envoyé une invitation écrite à l’ambassade et n’ayant pas reçu de réponse, j’avais plusieurs fois téléphoné à sa secrétaire sans succès. Entre noël 1999 et le nouvel an, j’ai retenté ma chance sans trop y croire et là, miracle, sa secrétaire étant en vacances, il a lui-même décroché le téléphone ! Je lui ai parlé longuement des objectifs d’EINSTEIN que j’organisais depuis douze ans à Carcassonne. Je lui ai aussi signalé que tous les prestigieux chercheurs qui l’avaient visité dans le passé y étaient intervenus gracieusement sans aucune rétribution. Il a été immédiatement enthousiasmé par l’idée et nous avons convenu d’une date. Il parlait un français parfait et la Cité médiévale qu’il ne connaissait pas, m’a beaucoup aidé dans les négociations. Je suis allé le chercher à Salvaza et il a gentiment accepté de passer avec moi à l’Astronaute au Viguier, où Jean-Christophe Garino avait réalisé une gigantesque fresque murale sur le thème de Jules Verne et de la conquête spatiale. Jeffrey Hoffman l’a signée à la peinture blanche : « Jeffrey Hoffman - NASA - 30 mai 2000 »

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    Jeffrey Hoffman fit 795 fois le tour de la terre lors de cinq vols de navettes spatiales (Discovery, Columbia, Atlantis, Endeavour, Columbia) et corrigea la myopie du télescope spatial Hubble en 1993 après 22 heures d’acrobaties lors de la navette spatiale Endeavour. Il anima durant l’exposcience EINSTEIN de Carcassonne, une conférence-débat animée par Bernard Chabbert au Conseil général (Salle des 500) sur le thème « Vivre et travailler dans l’espace »

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    L’astronaute répondit aux questions sans orgueil démesuré : « Je suis très fier d’être l’homme qui a réparé le télescope Hubble, en apesanteur, relié par un simple câble d’acier à la navette spatiale. » Cela vous tenterait-il, un nouveau vol dans l’espace ? « Non, on m’a proposé un sixième vol, mais j’ai tourné la page. Mon poste à Paris m’intéresse. Ce sont les enfants de leur âge qui seront les premiers colons de l’espace. »

    A l’invitation du lycée Jules Fil, le mathématicien Jean-Christophe Yoccoz se plia également à l’exercice de la conférence-débat le 27 mai dans la salle Gaston Defferre au milieu des lycéens.

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    Le passage de la comète de Hale-Bopp au-dessus de la Cité en 1997, photographié par Guy Anduze depuis l'arborétum de Pech-Mary.

    A l’occasion de ce 7e exposciences, le grand public se déplaça en nombre à Carcassonne tout comme les scolaires, venus en autocars de toute la région. Cette affluence fut à mette à l’actif d’une communication ambitieuse : Ida pour créer le logo, mise à disposition du Conseil général et de la ville des affichoirs Decaux, 24 articles dans les trois quotidiens locaux. Une synergie qui s’est perdue lorsque Guy Anduze sollicita davantage de moyens tels au Festival Scientifique comme l’est celui de la BD à Angoulème. Hélas, les batailles politiques - comme il est de coutume dans l’Aude - eurent raison de l’énergie du fondateur qui rendit son tablier et passa la main. 

    Sources

    Archives Guy Anduze que je remercie

    La dépêche du midi / Mai 2000

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  • Confinement sur le blog et silence inquiétant

    Chers lecteurs,

    En cette période difficile où il ne m'est pas permis d'exercer ma profession d'artiste lyrique pour je ne sais encore combien de temps, j'ai tenu à poursuivre mes recherches et à rédiger des articles gratuitement. J'espère qu'ils vous permettent de vous distraire tout en restant chez vous en bonne santé. Aussi, je trouve particulièrement inquiétant le silence profond dans lequel est plongé la case vous permettant de laisser des commentaires. J'avoue me sentir bien seul derrière mon clavier, sans savoir si je suis lu et si tout ceci est réellement apprécié. 

    Bien sincèrement

    Martial Andrieu

  • 14 juillet 1942 : Une opinion publique Carcassonnaise sous surveillance...

    Le 14 juillet 1942, une importante manifestation en faveur de la République réunit au moins 2000 personnes à Carcassonne, malgré l’interdiction du gouvernement de Vichy. Parmi les personnes à l’origine de ce rassemblement se trouvait Albert Picolo, le docteur Henri Gout et Georges Bruguier. Tout ce monde défila fièrement à la barbe des partisans les plus fanatiques du Maréchal Pétain, le Service d’Ordre Légionnaire dont plusieurs membres intégreront en février 1943 la Milice départementale de l’Aude ; cette organisation française responsable de l’arrestation de juifs, maquisards, communistes, etc.

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    Au pied de la statue de Barbès qui avait été fondue par la mairie de Carcassonne, les manifestants républicains entonnèrent la Marseillaise. Le gouvernement de Vichy refusait qu'on la chante pour ne pas déplaire aux Allemands, mais il se disait patriote en collaborant avec eux.

    A la suite de cet évènement, le service de contrôle postal de Vichy intercepta de très nombreuses lettres, en prit connaissance avant de les remettre à leurs destinataires. Il fut ensuite dressé un rapport remit aux autorités compétentes de la préfecture. Autant dire que le S.A.C entre 1960 et 1981 et les écoutes téléphoniques de l’Elysées sous François Mitterrand n’avaient eu qu’à s’en inspirer. Aujourd’hui, les réseaux sociaux mis sous surveillance ne permettraient plus l’émergence de la Résistance et pourraient même envoyer très rapidement des milliers de dissidents dans des camps. 

    Les meneurs de la manifestation du 14 juillet 1942 ne tarderont pas d’ailleurs à être inquiété avant d’être incarcérés à la Maison d’arrêt de Carcassonne. Ci-dessous, une partie des lettres interceptées après la fête nationale interdite.

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    Le Service d'Ordre Légionnaire de l'Aude

    Jacques est furieux. Il y a eu en ville une grosse manifestation gaulliste, dans les 3000 personnes. Le préfet a empêché les SOL et les compagnons de disputer les manifestants. Jacques voulait se battre. Pauvre France. Pauvre Maréchal. Quelle ville Carcassonne…

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    Le 14 juillet a provoqué de la part des Gaullistes une manifestation devant la caserne Laperrine, devant Barbès, sur le boulevard. Ces cochons ont chanté la Marseillaise, parce qu’il ne leur était pas permis de chanter l’Internationale. Car à Carcassonne, les Gaullistes sont communistes. La police d’état est venue mettre de l’ordre à tout ça. Et je vous prie de croire que tout a été calmé. Cela m’a mise en colère et il a fallu que je parte. D’ailleurs, je n’étais pas la seule. Si vous aviez vu Henry, c’était effrayant, honteux, et ça me dégoûte des Anglais pour la vie…

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    Nous avons eu une belle manifestation sur le boulevard Barbès qui était noir de monde. Les SOL sont arrivés et la bagarre a été évitée de justesse par le préfet qui a fait montre de beaucoup de cran. Après une Marseillaise retentissante, la foule a défilé sans incident. Cependant, ce matin et je ne sais pas s’il n’y a pas une relation avec les évènements, nos chers hôtes de la Cité ont repris leur défilé chanté dans les rues, chose qu’ils ne faisaient plus depuis au moins un mois. Ils sont toujours corrects, mais leur nombre a diminué de moitié.

    Les hôtes sont les Allemands qui, bien qu'en zone libre, s'étaient installés à la Cité avec la Commission d'armistice.

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    Hier, 14 juillet on a manifesté autour de la statue de Barbès, tout Carcassonne était à voir, la contrepartie chantait la Marseillaise le poing levé, et quand la voiture des Allemands est passée tout le monde sifflait.

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    Vous avez certainement entendu de Gaulle inviter les « patriotes » à manifester à 6h30 sur les places publiques des villes le 14 juillet. Les Carcassonnais ont entendu cet appel, et nous Lorrains aussi. Donc, hier à Carcassonne, sur le boulevard, un monde fou attendait 6h30. A cette heure, la Marseillaise a été entonnée, répétée plusieurs fois avec d’autres chants républicains. La police de la ville est d’abord intervenue pour faire évacuer les promenades où au moins un millier d’hommes et de femmes montaient et descendaient. Alors un renfort de policiers d’Etat est arrivé et nous a fait circuler. Mais nous chantions toujours, et comme une voiture d’Allemands passait, on les siffles et hués. Quelques petites bagarres ont commencé entre les SOL et des patriotes. Et voilà à 7 heures et demi tout était à peu près calme. Tel a été le 14 juillet 1942 à Carcassonne et je crois, dans chaque ville.

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    Une relation lamentable vient d’arriver ce soir aux SOL de Carcassonne. Yves est rentré désespéré. On leur a fait faire une bourde monumentale à l’occasion du 14 juillet. Primo, ce matin quelques rares personnes avaient pavoisé et quelques SOL allaient prier ces personnes de retirer leurs drapeaux. Du moment que les monuments publics étaient officiellement pavoisés, les gens avaient aussi le droit de le faire… Ce soir a été pire. M. de Gaulle avait donné l’ordre à ses fidèles d’aller chanter la Marseillaise devant un monument rappelant la défunte IIIe (République, NDLR). Ici c’était devant le socle de Barbès puisque Barbès n’est plus là. On réunit quelques SOL à leur permanence, puis au moment où tous les Gaullistes (environ 2000) sont bien rassemblés, M. Imbart, ordonne à mes 60 SOL de foncer dedans. Le chef qui est sous Imbart, donne l’ordre contraire, le préfet se précipite, au devant d’eux, la police les empêche de passer. Ils se sont bagarrés avec la police. Et qui est un comble pour eux qui sont faits au contraire pour maintenir l’ordre. Imbart a démissionné, mais cela n’empêche pas qu’il ait ridiculisé à tout jamais les SOL dans Carcassonne. Avant de faire sa contre-manifestation, il aurait dû s’entendre d’abord avec le préfet et la police, ne pas arriver au moment où la manifestation battait son plein, surtout 60 contre 2000. Ils auraient seulement pu empêcher les rassemblements. J’espère bien que cette histoire ne s’est produite qu’à Carcassonne et que les autres chefs SOL n’auront pas fait de gaffes pareilles dans des endroits aussi importants. On ne peut soupçonner Imbart, mais il aurait agi pour « couler » ce mouvement, qu’il n’aurait pas mieux réussi.

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    En attendant, on se sent tout de même libre dans notre zone de demi liberté. On l’a vis au 14 juillet. Il y eut ici une manifestation assez imposante. Chant de Marseillaise, près du socle vide de la statue de Barbès. Les SOL ont voulu intervenir, mais en furent empêchés par le préfet en personne. Sera-ce la lutte du pot de terre contre le pot de fer ? Dans tous les cas, il y eut une gaffe quelque part. Ailleurs, le mot d’ordre venu de l’étranger a été suivi avec enthousiasme. Est-ce un plébiscite ou une manœuvre préparatoire ?

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    Georges vous a narré tout au long nos tribulations de mardi. Que j’étais anxieuse de ne pas le voir rentrer à plus de 8 heures. Que c’était beau et émotionnant cette soirée-là. Jamais, je ne l’oublierai. Quel enthousiasme encore pour notre bonne République. j’en ai pleuré et tremblé sur les jambes, que de monde ! Hélas, mon pauvre Géo aurait pu payer chez sa déveine de ses trouver au milieu de jeunes qu’il a voulu défendre pour quelques paroles bien inoffensives.

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    L’on nous a fait manger des œufs du Maroc qui étaient pourris, pas mal de gens ont été intoxiqués, ainsi que du mouton traité au formol. Je crois qu’ils veulent achever de nous empoisonner, le pain qui est immangeable, je crois que nous avançons avec tout cela à un cataclysme et ça commence bien. Ici, le jour du 14 juillet a été marqué à Carcassonne par une grandiose manifestation. La Marseillaise a été chantée au socle désert de Barbès par plus de 15000 personnes, une grande bagarre a été évitée par le préfet qui est intervenu à temps. Elle aurait été provoquée par les SOL sans le préfet, il y aurait eu des morts et des blessés ; cette société est une société de vandales puisque chez nous, une nuit ils ont cassé les grandes glaces chez les commerçants qui étaient républicains, d’ailleurs la police les a arrêtés. Ils étaient 7 de ce parti néfaste les SOL. Ils les ont relâchés apr§s 3 ou 4 jours de tôle. Si ça avait été du parti républicain, ils auraient été envoyés dans un camp de concentration. Voilà comment nous sommes gouvernés. A Marseille, il y a eu le 14, six blessés.

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    Ici, le 14 juillet un défilé préparé clandestinement a eu lieu à Carcassonne. D’origine républicaine sans conteste (Dr Gout, Bruguier figurant parmi les manifestants) la foule plusieurs milliers d’affamés ou insuffisamment rassasiés ont défilé devant le socle de Barbès en chantant la Marseillaise. Pas méchant du tout… cela a failli mal tourner avec les SOL qui seraient intervenus sans l’attitude énergique du préfet qui s’est montré pour une fois habile en cette circonstance. Quant aux SOL, ils se sont fait siffler et pour le ridicule ont bien rempli leur rôle… peut-être un copieux déjeuner avait annihilé leurs facultés de jugement en cette journée qui reste malgré tout notre fête nationale. 

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    Ceci est un fait paraît-il, il y avait 60 SOL et une centaine de placiers contre 4 ou 5000 manifestants ou curieux. Il a fallu que le préfet soit un homme pour prévenir la bagarre. Il donna l’ordre affirmatif aux SOL et aux policiers de rester tranquilles, et si les autres s’énervaient trop, il avait le droit recourir à l’armée. Personne ne bougea plus, cela vaut mieux, mais le point noir restera quand même. Il se pourrait qu’on mette les Carcassonnais en quarantaine, a-t-on chuchoté ce matin…

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    Voici le 14 juillet à Carcassonne ; défilé devant Barbès. De 15 à 20 000 personnes se sont groupées et ont chanté la Marseillaise et le chant du Départ. Si vous aviez vu cette foule en délire, comme il y faisait bon. On sentait un vent de liberté passer au-dessus de nos têtes. Comme c’était beau, des vieillards pleuraient, des poitrines se gonflaient comme jamais je ne l’avais vu. Des chants s’élevaient de tous les cœurs. Je ne puis vous décrire exactement car c’était trop puissant, trop touchant, c’était quelque chose dont je me souviendrai tout ma vie. Les SOL ont voulu faire du zèle, car ils désiraient la bagarre pour qu’on emboîte quelques uns.Mais rien ne s’est produit. Tout a marché d’une façon merveilleuse. le soir à 7h30, la moitié de la population s’est rendue au Monument. On a chanté la Marseillaise. Là, nous nous sommes dispersés. Puis vers 8h30, un petit groupe est allé décrocher le drapeau qui devait être salué par les SOL. Vers 9 heures, un autre petit groupe est allé enlever les lettres d’or qui étaient sur une gerbe de fleurs du monument aux morts où il y avait écrit de la part des « collaborateurs ». Cette belle phrase a été supprimée.

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    Le S.O.L de l'Aude sur la place Davilla en 1941.

    Le rapport de l'Inspecteur-adjoint au préfet de l'Aude

    Le 18 juillet 1942, l’Inspecteur-adjoint Pradleles, Président de la Commission de Contrôle Postal de Carcassonne écrit au préfet de l’Aude

    J’ai l’honneur de vous adresser ci-dessous le compte-rendu, que vous m’avez demandé, des réactions de l’opinion concernant, la manifestation du 14 juillet. A cette occasion, pendant les journées des 15,16 et 17 juillet et 18 juillet, 3871 lettres furent lues par les Services du contrôle. Du point de vue politique trois tendance se dégagent de la manifestation qui a eu lieu à Carcassonne, lors du 14 juillet.

    a/ Pour la majorité des manifestants le 14 juillet a été l’occasion de montrer leur attachement à la République. Les ex-parlementaires qui menaient le cortège ont renforcé l’idée de beaucoup que le gouvernement actuel n’était que transitoire et que bientôt l’ancien régime serait rétabli. De nombreuses personnes furent très émues par « cette manifestation républicaine ».

    b/ Les partisans de de Gaulle obéissant à un mot d’ordre de Londres, participèrent au défilé « pour montrer aux gens de Vichy et aux Allemands de quel côté étaient les cœurs ».

    c/ Certains qui étaient venus pour assister à une réunion purement patriotique furent stupéfaits de voir l’esprit qui y présidait.

    C’est cette dernière impression qui ressort en grand epartie dans le courrier où les correspondants constatent que la population est restée attachée à un régime et à des dirigeants qui ont mené le pays à la défaite. Beaucoup craignent que cette manifestation qui n’a pas été la seule en zone libre ait des répercutions profondes quant aux rapports franco-allemands particulièrement en ce qui concerne les prisonniers. Beaucoup donnent tort au gouvernement d’avoir laissé fêter le 14 juillet. Ils voient dans les manifestations qui eurent lieu des mouvements de désordre dirigés contre le Maréchal et son œuvre. On estime maladroite la position prise par Vichy à cette occasion qui aurait montré au grand jour le trouble des esprits et la désunion qui ne cesserait de régner parmi les Français.

    Ces diverses tendances ont naturellement amené des heurts qui ont forcé les quelques agents présents d’intervenir. La faiblesse du service d’ordre est sévèrement critiquée, les correspondants estiment que ceux qui en étaient chargés auraient été débordés si « ça avait mal tourné ». Le préfet est vivement pris à partie à cette occasion et accusé de collusion avec la bande des Sarrautistes « qui a mené la danse ». Aux dires de certains, c’est à la carence des services de Police qu’est due l’intervention du SOL qui à cette occasion est sévèrement jugé et accusé de maladresse même par des légionnaires qui, de ce fait, auraient donné leur démission.

    Par contre, de nombreux correspondants rendent hommage au préfet qui est venu lui-même sur les lieux de la manifestation et qui a su prendre les décisions judicieuses qui s’imposaient quand les choses faillirent se gâter par l’intervention du SOL.

    Source

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