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Ecrivains

  • Paule Verdier (1922-2019), une vie audoise consacrée à la poésie

    "Longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues..." À Carcassonne, la mort de la dernière figure de la poésie audoise a sans doute sonné le glas d'une époque, où cette ville rendait hommage à l'âme des poètes. Il n'était pas une inauguration, un évènement sans lequel Raymond Chesa  ne faisait pas appel au talent de la fondatrice de La belle Aude poétique. Issue d'une longue lignée de poètes audois qui l'avaient précédée, Paule Verdier vit le jour à Blomac le 30 mars 1922. 

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    Toute sa vie fut consacrée à l'écriture ainsi qu'à la promotion de la poésie, à travers le Grand prix de la Belle Aude poétique qu'elle créa en 1979. C'était juste après l'obtention du Prix Hérédia décerné par l'Académie française en 1979 pour son recueil "30 mars". C'est encore à ce jour la seule audoise à le détenir. On doit également à Paule Verdier la réussite à Carcassonne du Printemps des Poètes, initié par le Ministère de la culture. Grâce son amie Marie-Josée Eychenne, la bibliothèque municipale fut l'épicentre de cette manifestation au cours de laquelle, ateliers d'écriture et lectures d'auteurs locaux purent s'exprimer.

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    Le peintre Jean Camberoque illustra à de nombreuses reprises ses publications.

    Le souvenir de Paule Verdier, décédée à Carcassonne à l'âge de 97 ans le 25 juin 2019, s'estompe. Voilà une femme qui mériterait un nom de rue dans notre ville pour l'ensemble de son oeuvre.

    Essai bibliographique

    Poèmes (1971), 30 mars (1978), 7 miroirs (1979), Les dix glaneuses (1982), Cléonze (1984), Imagine l'imaginaire (2002)

    Distinctions

    Prix de l'Académie française

    Chevalier des Arts et des Lettres

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  • Aline Alquier (1921-2017), écrivaine et journaliste audoise

    Aline Alquier naît le 16 septembre 1921 à Fontiers-Cabardès avec Yvette (1921-2018), sa soeur jumelle. Fille de Marie Louise Gabrielle Embry (1889-1957) et d'Ernest Marie Henri Alquier (1872-1948), juge d'instruction à Carcassonne, elle est la demi-soeur de François Fonvieille-Alquier. Après avoir rédigé sur ce dernier un article dans ce blog et une notice Wikipédia, nous avons voulu en savoir davantage sur Aline Alquier. Il fut dès lors très difficile de trouver des informations biographiques sur cette femme remarquable. Nos efforts se sont portés vers l'association des Amis de George Sand dont elle fut la vice-présidente. C'est dans l'une des anciennes parutions du bulletin de l'association que nous avons retrouvé un texte écrit par Madame Michèle Hecquet. Nous le retranscrivons in-extenso ci-dessous :

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    Aline était née, comme sa sœur jumelle Yvette, dans un village de l'Aude ; elle grandit à Albi, puis Carcassonne, où elle fit de brillantes études secondaires. De son enfance, de son adolescence méridionales dans une famille de gauche, elle avait gardé une trace, une pointe d'accent et le souvenir, souvent évoqué, des réfugiés républicains espagnols qu'elle et sa sœur aidaient à se diriger, à trouver des secours... Elle commençait à Toulouse des études supérieures d'histoire quand survint la guerre ; elle suivit son frère aîné François Fonvielle-Alquier dans la Résistance, fut agent de liaison. A la libération Aline devint journaliste, à Limoges d'abord, puis à Paris où naquit son fils Gilles.

    Chroniqueuse judiciaire à l'Humanité, elle suivit certains des grands procès de l'après-guerre ; elle contait aussi de savoureux souvenirs de la caravane du Tour de France qu'il lui était arrivé d'accompagner. Après avoir quitté le parti communiste sur la révélation des crimes du stalinisme, elle enseigna l'histoire dans des lycées parisiens, puis rejoignit l'équipe d'histoire de la révolution française du CNRS et participa à la publication des cahiers de doléances.

    Ses qualités de chercheuse et ses dons stylistiques lui valurent plusieurs commandes de monographies sur de grands classiques (Dante, Cervantès), ou la présentation de textes féministes (Mémoires de Louise Michel). C'est ainsi qu'en 1972, Aline reçoit commande d'un George Sand dans la collection Les Géants, qui paraît l'année suivante, première lecture féminine d'une œuvre dont Georges Lubin restaurait l'ampleur et la variété en publiant correspondance et textes autobiographiques. Aline ne se déprit jamais de George Sand, elle en connaissait tout, n'en appréciait pas tout, en évaluait tout avec sévérité, malice, et générosité Elle procura l'édition critique de Valentine, d'Albine Fiori... participa dernièrement au Dictionnaire Sand.

    Aline s'engagea tout de suite dans l'Association fondée en 1975, et fut spécialement chargée de la Revue. Jusqu'en 2002, elle en demeura la remarquable animatrice : avec douceur et discrétion, mais aussi rigueur elle savait conquérir de nouveaux adeptes, solliciter, encourager. 

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    Aline Alquier publia des articles dans l'Echo du Centre à Limoges en 1945, mais également dans l'Humanité en 1952. Elle suivit tout le procès de l'affaire Gaston Dominci deux ans plus tard en qualité de journaliste. Elle peut être considérée comme l'une des grandes spécialistes de George de Sand à qui elle consacra de nombreux ouvrages.

    Décrite par ses amis comme pétillante, elle s'éteignit en 2017 dans une maison de retraite de Villejuif. Son fils Gilles réside dans une ville audoise sur la côte méditerranéenne.

    Remerciements

    Alain Umhaer, Michèle Hecquet

    Madame la présidente des Amis de George Sand

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  • La vie extraordinaire d'Edouard Ourliac (1813-1848), ami de Balzac

    Jean Louis Edouard Ourliac naît le 1er août 1813 à Carcassonne dans l’actuelle rue Aimé Ramond, autrefois Carron de Danty (Section de la Fraternité). On peut situer son habitation entre les rues Courtejaire et Chartrand. Le général, fusillé à Lille en 1816, était un ami d’enfance de son oncle Jean Louis (1771-1849). Ceci peut donc confirmer le voisinage de ces deux familles dans le quartier.

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    Le fils de Jacques Ourliac (1778-1848), négociant en draps, devait sans doute manifester quelques turbulences à l’école pour que son père l’envoyât en pension chez les Lazaristes de Montdidier (Somme). Comment un homme si peu attiré pour le fait religieux, a-t-il pu choisir cette communauté fondée par Saint-Vincent-de-Paul ? Certains conseils d’un prêtre ont sans doute pu l’y conduite. Edouard Ourliac y demeura jusqu’à sa première communion, époque où ses parents vinrent habiter Paris dans la rue Saint-Roch. C’est-à-dire, selon toute vraisemblance, durant l’année 1824. On l’envoya au Collège royal Louis le Grand, où il ne se montra guère plus discipliné. Dans La folle nuit, il s’épanche sur les regrets de ses années d’études : « Tout mon regret dans la suite de ma vie, a été de ne pouvoir apporter dans les affaires sérieuses, dans mes travaux, dans certaines démarches, d’où peut être dépendait mon sort, le zèle, les soins, la religieuse application et tous les efforts attentifs que j’ai employés dans ma jeunesse en des occupations qui semblent moins graves, telles par exemples, qu’une partie de chose aux hannetons, le moulage en plâtre du visage d’un de mes amis, une représentation d’ombres chinoises, une école buissonnière aux près Saint-Gervais, etc. »

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    Quelques temps après avoir quitté Louis-le-Grand, il trouva un emploi dans l’administration des hospices où il resta une dizaine d’années. Entre les rébarbatives additions et annotations dans un cahier, les service des Enfants-trouvés lui conservait quelques loisirs. Il se mit à produire deux premiers livres, dont Jeanne la noire publié en 1833. Cet ouvrage rappelle l’histoire d’une révolte qui, à Carcassonne, pendant la terreur, entraîna Jeanne Establet vers la guillotine. 

    C’est à cette époque qu’Ourliac se lia avec des étudiants qui n’étudiaient pas, qu’il fréquenta les spectacles et ne fit que rêver… Parmi ses amis qu’il fréquente impasse du Doyenné, il y a Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Camille Rogier et Auguste Préault. Toute cette jeunesse vit une espèce de vie de bohème, mais non de misère. Elle s’encanaille, batifole et passe son temps à deviser sur l’avenir : « Edouard Ourliac venait tous les matins nous voir. C’était son chemin pour aller aux Enfants-Trouvés. La plupart du temps, il nous trouvait plongés dans le sommeil des paresseux et des poètes. Chaque jour il nous apportait des Nouvelles à la main […] Nous n’avions pas d’argent, mais nous vivions en grands seigneur. Ces dames de l’Opéra soupaient chez nous vaille que vaille, et daignaient danser pour nous à la fortune de leurs souliers. Edouard Ourliac était le Montfleury de la troupe. »

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    Vers 1840, Ourliac quitta son emploi pour se consacrer pleinement à l’écriture. L’éditeur Desessarts qui venait de publier son roman Suzanne, lui offrit assez d’argent pour se lancer. Il ne quitta plus sa plume dont sortirent Nouvelles, Romans et pièces de théâtre. Sa prose se lit dans la Revue des deux mondes, La revue de Paris et même Le Figaro, à peine créé. C’est Honoré de Balzac qui l’y fit entrer, dit-on. L’auteur de La comédie humaine lui trouvait un talent comparable à celui d’Alfred de Musset. Il lui fit même écrire la préface de César Birotteau, publié pour la première fois au Figaro. C’est peut-être même Edouard Ourliac qui lui proposa le nom des Carcassonnais Birotteau, né comme lui en 1813. Il deviendra plus tard maire de la ville. L’oncle de cet homme fut vicaire général du séminaire de Carcassonne. Est-ce lui qui conseilla au père Ourliac d’envoyer son fils chez les Lazaristes ? Le séminaire se trouvait à deux pas de la maison natale d’Edouard. 

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    Honoré de Balzac

    Balzac, selon les dires de Monselet, considérait Ourliac comme un confrère. Il lui proposa de collaborer avec lui pour le théâtre. Ainsi le Carcassonnais écrivit-il en entier le second acte de Vautrin. Par un malheureux hasard, Ourliac se maria en 1842 avec la fille d’un chef de bureau du ministère de la marine. De cette union, naquit Françoise Caroline le 26 mars 1843. Au fur et à mesure que sa notoriété grandit, sa santé déclina. Les médecins ne donnèrent pas grand espoir au mal de poitrine qui le rongeait. Sa bonne humeur et son esprit taquin s’en trouvèrent altérés. Ourliac glissa peu à peu dans la religion la plus rigoriste et alla s’installer chez son père. Il passa l’hiver 1846 à Pise en Italie, puis accepta une place dans les bureaux de la marine. En avril 1848, Jacques Ourliac fut emporté par l’âge et Edouard sollicita le refuge chez les Frères de Saint-Jean-de-Dieu. Il y mourut trois mois plus tard le 31 juillet 1848. On l’inhuma au cimetière du Montparnasse. Balzac eut ces mots : « Je viens de perdre le merveilleux collaborateur de ma vieillesse. »

    Sa veuve se remaria le 28 avril avec Adolphe Pilleux ; elle finit sa vie en 1867. Sa fille, Claire Marie Françoise épousa Charles Jean Grandmougin, homme de lettres et Chevalier de la légion d’honneur. Elle décéda le 7 décembre 1909 à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 66 ans. Le couple n’eut pas d’enfants et Charles Grandmougin se remaria avec une artiste dramatique plus jeune que lui. Il n’existe donc pas de descendant direct d’Édouard Ourliac dont une rue porte son nom dans Carcassonne depuis 1901. Elle se trouve derrière la caserne Laperrine.

    Sources

    Six acadiens célèbres, Jean Amiel, 1929

    Le Figaro, 16 août 1913

    Cartulaire de Mahul

    Recherches généalogiques

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