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La visite du Premier ministre, Pierre Mauroy, à Carcassonne le 14 décembre 1981

Septième étape régionale de son « Tour de France » pour l’emploi, le Languedoc-Roussillon figurait sur l’agenda du nouveau Premier ministre nommé par François Mitterrand le 22 juin 1981. Dans le département de l’Aude où le candidat socialiste avait obtenu 63% des voix au second tour contre Valéry Giscard d’Estaing, Pierre Mauroy (1928-2013) devait être reçu comme un coq en pâte. Depuis l’aéroport de Salvaza où son avion s’était posé le 14 décembre 1981, le Premier ministre accompagné par Madame Edith Cresson, ministre de l’agriculture, Monsieur Anicet le Pors, ministre de la fonction publique et des réformes administratives, avait été accueilli par les grandes figures du socialisme audois.

pierre mauroy

© Claude Sicre

Parmi elles, citons MM. Fernand Ancely (Maire) Robert Capdeville (Président du général de l’Aude), Joseph Vidal (Député) et bien sûr Raymond Courrière (Secrétaire d’état aux rapatriés). Signalons au passage que depuis cette époque, plus aucun responsable politique audois n’a figuré dans un gouvernement. C’est dire si nous sommes bien représentés à Paris…

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Le premier geste du nouveau premier ministre fut de visiter l’Agence pour l’emploi de Carcassonne et de rencontrer les chômeurs. Accueil chaleureux et amical des camarades socialistes, non sans - comme à leur à habitude - le chahut d’une cinquantaine de membres de la C.G.T réclamant, banderoles à l’appui, la réduction à 35 heures de la durée hebdomadaire du temps de travail. La mise en œuvre de cette réforme attendra le gouvernement Jospin en 1997, soit seize ans après. A leurs côtés où pas bien éloignés d’eux, la F.D.S.E.A manifestait également son droit à la part d’un gâteau élaboré à partir du Programme commun. Pierre Mauroy engagea brièvement un dialogue avec les paysans qui s’est poursuivi avec Madame Edith Cresson, au milieu de la rue.

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Fendant la foule depuis la place Carnot jusqu’à la salle du conseil municipal dans l’ancienne mairie, le premier ministre salua les nombreux supporters venus de tout le département ; le plus socialiste de France ! A l’hôtel de ville, en présence des dirigeants viticoles de la région, le chef du gouvernement évoqua les récentes manifestations paysannes et regretta l’attitude de la F.D.S.E.A 

« Jamais aucun gouvernement, au terme d'une conférence annuelle, n'a consacré autant de crédits à l'agriculture. Et pourtant, en dépit de ce fait, certains cherchent à dresser les agriculteurs contre le gouvernement. Pas ici, à Carcassonne, mais quelques centaines par-ci, quelques centaines par-là, sont regroupés devant les préfectures et les sous-préfectures. J'ai parfois l'impression que la véritable origine de ces quelques mouvements, c'est que certains ne se résolvent pas à accepter la pluralité syndicale et pourtant, dans notre pays, il ne peut pas y avoir de monopole. Le gouvernement n'acceptera jamais qu'une organisation puisse se dire la seule représentative d'une catégorie de Français s'il y a plusieurs organisations."

Après quoi, Pierre Mauroy réaffirma la volonté du gouvernement de « faire œuvre de justice et tenir compte des revenus réels des agriculteurs ". Il a confirmé que les crédits publics seront réservés aux paysans les plus défavorisés. »

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Pendant la réunion, Pierre Mauroy quitta ses hôtes pour connaître les dernières informations sur la situation de Pologne. Il fut ensuite invité par le maire Fernand Ancely a signer le livre d’or de la ville. Il rejoignit ensuite l’aérodrome de Salvaza avec l’ensemble de membres de sa délégation.

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Fernand Ancely, Joseph Vidal, Pierre Mauroy

Le deuxième gouvernement Mauroy  devait mettre en œuvre la semaine de 39 heures, la 5e semaine de congés payés, la décentralisation, les nationalisations, l’Impôt sur la Grande Fortune, l’abolition de la peine de mort et le remboursement de l’IVG. Après toutes ses mesures sociales inscrites dans le Programme commun de la gauche, la France dut se plier aux réalités économiques imposées par ceux qui dans le monde détiennent le trésor. Le reniement de Saint-Pierre se mit en marche à partir du 23 mars 1983. Contraint d’abandonner ses convictions et surtout les promesses, par le savant alliage de Delors de Deferre le chef du gouvernement dût redresser les comptes avec rigueur. Saint-François d’Assise dans le fauteuil présidentiel lui permit toutefois de se retirer le 17 juillet 1984 ; le fils de l’un des plus riches antiquaires de la place de Paris pouvait désormais rassurer les marchés financiers. Le rêve de millions de français venait de s’évanouir…

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© Coll. Martial Andrieu

Le livre d'or signé par Pierre Mauroy et sa délégation

Sources 

Le Monde / 14 décembre 1981

Vivre à Carcassonne / Bulletin municipal / Décembre 1981

Livre d'or de la ville de Carcassonne

Crédit photos

Guy Anduze

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Commentaires

  • Quel dommage que votre blog se transforme en tribune, à choisir, je vous préfère en Gaulliste plutôt qu'en opposant socialiste.

  • Oui ! Mon blog est un tribune, mais une tribune de l'art et de la connaissance contre les sectarismes politiques, les hypocrisies, les faux-dévots, les obscurantismes, les intégristes de la pensée. Votre critique serait audible si elle s'accompagnait quelque fois d'un remerciement pour tout ce que vous apprenez grâce à ce blog. Je vous rassure dans mon prochain livre sur les maires, les socialistes sont en bonne place. Il n'en manque aucun et tout ce qu'ils ont fait de bien pour la collectivité y est mentionné.

  • Merci d'avoir répondu à mon commentaire.

    C'est parce que j'apprécie votre blog que j'ai réagi à votre plume au vitriol à l'encontre de François Mitterrand et de son premier ministre.
    Vous nous avez habitué à plus de retenue et de neutralité dans vos chroniques, vos orientations politiques apparaissaient jusque-là en filigrane et cela me semblait suffisant pour que chacun puisse s'enrichir de vos recherches sans arrière-pensée.
    C'est pour cela que je suis un fidèle de votre blog
    d'historien et si j'ai trop souvent oublié de vous remercier pour votre travail passionné, je vous prie de m'en excuser.

  • Aucune critique, bien au contraire....
    un immense merci et encore félicitations pour tout le travail

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