Lors de la construction de la gare de chemin de fer en 1857, on avait déposé les pierres dans l’attente de la réalisation d’une couverture afin de protéger les voyageurs sur les quais. Le temps passa… Jusqu’au moment où l’édification d’une halle métallique devint indispensable aux usagers et qu’il fallut presser la Compagnie des chemins de fer du Midi à se mettre à l’œuvre. L’administration n’aimant guère être bousculée, entre les formulaires, les décisions ministérielles, les études, les plans et le début des travaux, il passa beaucoup d’eau sous les ponts. Quand bien même le chantier débutait, il n’était pas certain de s’achever à la date prescrite. A titre d’exemple citons le Rappel de l’Aude qui, en décembre 1888, se désola que le chantier n’avançât point :
« Trois ouvriers lui sont ordinairement affectés, le premier ne fait rien, le deuxième lui aide et le troisième… le troisième inspecte. » Voilà le décor ainsi planté !
Après que le Conseil général a déjà rappelé en 1879 son souhait que la compagnie fasse couvrir la gare, le maire M. Petit prit sa plume le 12 avril 1885. Dans un suprême effort, il sollicita à nouveau le directeur des Chemins de fer du Midi de bien vouloir construire une marquise à la gare. Cette demande trouva un écho favorable et le Ministre des Travaux publics finit par donner raison à cette supplication le 1er décembre pour un montant estimé à 110 000 francs. Notons que la sous-préfecture narbonnaise avait déjà pris de l’avance auprès de l’Etat sur sa rivale, depuis le mois d’août 1884.
© Collection Martial Andrieu
La marquise de la gare en 1907. On s'aperçoit de l'écusson avec les armoiries de la ville au faîte de la halle métallique. Sur le devant, la verrière est encore en place
© Structurae
En 2020, tout a disparu. Il serait temps que la S.N.C.F donne un coup de restauration à notre belle marquise qui n'est pas aux anges. Contrairement à sa voisine biterroise qui a obtenu un beau ravalement.
Le 24 février 1886, l’ancien maire M. Petit dut saisir son successeur en conseil municipal afin que ce dernier réactivât le directeur de l’exploitation, dans le but que la marquise tant promise ne fût pas sans cesse retardée. En avril, on apprit qu’enfin la compagnie se serait décidée à débuter le chantier. A Narbonne, il débuta au moins de juin 1886. A Carcassonne, ce fut en décembre 1887 avec les premiers sondages et des piliers stockés au quai du cimetière Saint-Vincent. Alors que l’ossature en fer était arrivée depuis plusieurs jours, on devina en février 1888 la pose des premiers échafaudages. N’allons pas trop vite en besogne, car une modification du plan initial obligea les travaux à s’arrêter et à ne reprendre que deux mois plus tard. Finalement, les travaux d’installation de la belle marquise de 94 mètres de long au-dessus des quais de la gare s’achèveront en mars 1889, soit quatre ans après l’autorisation ministérielle. Sans compter qu’à cette époque, les deux écussons aux armoiries de la ville n’étaient pas encore fixés au faîte de la halle métallique. Toutefois, Carcassonne pouvait enfin se réjouir d’avoir obtenu à l’instar de Narbonne, une marquise dans le style des construction Eiffel. Et pour cause, la tour si célèbre du Champ de Mars conçue pour l’Exposition universelle sera achevée la même année.
La marquise de Carcassonne fait environ 94 mètres de longueur pour une trentaine de mètres de hauteur au faîte de son toit. Il s'agit d'un ouvrage architectural non classé mais qui vaut le coup d'oeil.
Concernant Narbonne, nous sommes un peu coquin… Sa marquise sera livrée presqu’au même moment que la nôtre ; la compagnie se refusa à la livrer tant que la ligne vers Bize-Minervois ne fût pas achevée. Castelnaudary dut attendre 1895…
Sources
Délibérations du Conseil général de l'Aude / 1879 à 1882
Le courrier de l'Aude, Le rappel de l'Aude
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