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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 87

  • Le Réveil Carcassonnais, une batterie-fanfare oubliée

    Attachée à la société de gymnastique « l’Avenir » fondée par Jules Sauzède, une clique de musiciens l’accompagnait dans tous ses déplacements lors des sorties auxquelles elle participait. L’effectif des instrumentistes grossissant au fil des années, la phalange dut envisager de se constituer en association afin de se distinguer de la société à laquelle elle prêtait son concours. Au mois de novembre 1921 naquit ainsi « Le réveil Carcassonnais » ; une batterie-fanfare qui évolua pendant une cinquantaine d’années au sein de l’univers musical de ville. Disposant d’un chef de musique et d’une salle de répétition, cette formation concurrença les diverses sociétés musicales de la ville comme la clique des Sapeurs-pompiers, vouée bientôt à disparaître comme la Société lyrique Saint-Cécile et l’Union orphéonique. Ces anciennes harmonies, à l’affectif si pléthorique à la fin du XIXe siècle, mais dont les chefs se livraient des querelles dont le seul le Carcassonnais en est mesure de comprendre la nature, finirent par s’absorber sous une même bannière : l’Harmonie municipale que nous connaissons encore aujourd’hui. Tant et si bien qu’après la Libération, il ne resta plus que le Réveil Carcassonnais et l’Harmonie dirigés respectivement par MM. Merlane et Mir.

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    Concours de Saint-Girons 1949

    Avant d’en arriver là, le Réveil Carcassonnais s’était organisé à ses débuts de la manière la plus sérieuse autour d’un bureau comprenant MM. Bajouet (Président),  Journet, Jammes et Caujolle. Monsieur Taxi, le directeur de musique, entouré par les chefs de pupitre MM. Paul Gabaldo - mécanicien ajusteur de son état né en 1887 - et Jean Rouzaud disposait alors d’un effectif recruté parmi les nombreux ouvriers de la ville. A cette époque, ces hommes n’hésitaient pas à faire des kilomètres à bicyclette en hiver pour se rendre aux répétitions bi-hebdomadaires à Carcassonne. Il fallait avoir la foi en la musique ! Dans les premiers beaux jours du printemps 1922, le bureau décida d’un concours individuel afin de classer les musiciens selon leur niveau. L’affaire devenait sérieuse car le Réveil Carcassonnais entendait participer aux divers concours de musique ; il lui fallait pour cela s’assurer de la compétence des membres de sa formation et surtout de leur assiduité aux répétitions. Nous en reparlerons plus tard… Après un premier prix d’exécution au concours de Montpellier, le Réveil participa au Grand concours de Paris en 1923. Il revint tout auréolé de gloire, se dota d’une nouvelle présidence en la personne de M. Virabent et installa son siège social au café des Américains. Cet établissement aujourd’hui occupé par une agence immobilière se trouvait sur le boulevard Barbès, près du café Lapasset.

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    Jean Rouzaud

    On fit bientôt la chasse aux absents des répétitions, considérant avec raison que le manque d’entraînement nuisait à l’équilibre et à la qualité d’exécution des morceaux. Le 21 novembre 1923, la direction décida d’infliger une amende de 10 sous pour défaut d’assiduité à tout cliquard ne pouvant motiver ses absences. Cette mesure dissuasive n’ayant pas produit les effets escomptés, le 9 janvier 1924 le bureau prononce la radiation d’office contre les membres résidants à la campagne qui ne répondraient pas aux convocations des répétitions. Si une telle mesure était appliquée de nos jours, l’orchestre d’harmonie se réduirait en quatuor voire en trio ! Nonobstant, la discipline et l’esprit de camaraderie propulsa le Réveil Carcassonnais vers les sommets des concours nationaux et régionaux. A Toulouse, M. Colomiès, qui devait s’éteindre au début des années 1930, reçut les Palmes musicales. Le Réveil ne cessa alors de ses déplacer loin de ses bases, comme à Saint-Laurent (Haute-Loire) en 1931. Que d’efforts !

    Le 1er mars 1933, le Dr Mourgues succéda à M. Roussel à la présidence, mais pendant quatre années on ne trouva plus trace du Réveil qui, sans doute, entra dans une période d’hibernation que nous ne pouvons expliquer. Le revoilà en 1937 avec M. Vivens aux commandes, sous la bienveillante présidence d’honneur de René Bernat.  Du 6 au 9 mai 1937, le Réveil Carcassonnais se rend en principauté de Monaco avec la Société lyrique Sainte-Cécile. Les deux formations reviendront avec le Premier prix du concours de Monte-Carlo.

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    Le Réveil Carcassonnais au monument aux morts en présence du Dr Gout, maire de Carcassonne

    Pendant la période de la Sonde guerre mondiale, beaucoup de jeunes musiciens partent d’abord au front avant d’être capturés par les Allemands et envoyés dans des camps jusqu’à la fin du conflit. Ceux qui resteront participeront aux cérémonies de la Légion des Combattants créée par Pétain à partir de 1941. Certains suivront sa politique et d’autres la combattront… A la Libération, le Réveil se reconstitue ; il devient un rouage essentiel des évènements commémoratifs d’un patriotisme retrouvé autour des valeurs de la République. Le 8 avril, il s’affilie à la Fédération musicale du Midi ; le 3 juin, M. Baratciat remplace Paul Gabaldo à la baguette de direction, jusque-là secondé par René Cadrès. Plusieurs présidents se succèdent : MM. Graille (1944), Bergé (1948), Truchet (1951). C’est sous sa férule qu’est nommé le chef Merlane qui permet au Réveil de faire un retour retentissent à Carcassonne en ramenant les lauriers de la gloire du concours des Sables-d’Olonne.

    En 1960, le siège social du Réveil Carcassonnais fut transféré du café des Américains au Café Clamet, sur l’actuelle place Gaston Jourdanne. C’est ici que je perds la trace historique de cette fanfare ; je sollicité donc toutes les bonnes volontés afin que cette mémoire puisse être rafraîchie voire enrichie par nos chers lecteurs. Toute anecdote et tout document sera bienvenu.

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  • Le lotissement du Moulin d'autan par l'architecte Henri Castella

    Le long de l’avenue du général Leclerc s’étend sur une centaine de mètres, le lotissement du Moulin d’Autan. Bien que sa dénomination ait quelque peu disparu du langage usuel, c’est ainsi que fut baptisé en 1953 cet immeuble de logements à loyers modérés. Le moulin d’autan, aujourd’hui cerné par les nombreuses maisons bâties sur la colline de la Gravette, surplombait l’ancienne R.N 113. En bordure de celle-ci, un terrain dépourvu de constructions allait, après la Seconde guerre mondiale, susciter l’intérêt des investisseurs à une époque où la France connaissait une grave crise du logement.

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    Le lotissement du Moulin d'autan, avenue Leclerc

    Le 9 décembre 1953, MM. Romersa et Reynès, respectivement présidents du C.I.L.D.A (Comité Interprofessionnel du Logement de l’Aude) et de la Société Coopérative Départementale d’H.L.M, présentaient à la presse la maquette du lotissement du Moulin d’Autan. Dans les plans du bâtiment, dressés par l’architecte Henri Castella, dont la réalisation devait être confiée à l’entreprise Deville, figurait la construction de vingt-deux maisons mitoyennes de type F4 et F5 pour deux d’entre-elles. Ce qui pourrait paraître banal de nos jours en terme de confort, offrait à ces logements, au début des années 50, toutes les commodités indispensables à la vie d’aujourd’hui : douche, cabinet de toilette, penderies et placards, chauffage à air chaud, etc. A l’intérieur des vieilles masures du quartier populaire de la Trivalle, situé de l’autre côté de l’avenue, certaines familles vivaient encore comme à la fin du XIXe siècle. C’est peu dire de l’état du logement dans cet ancien faubourg de la Cité où désormais, s’achètent à prix d’or des maisons transformées en chambre d’hôtes.

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    Financé par le Crédit Foncier de France, avec un prêt à la Caisse d’Allocations Familiales et grâce au 1000 francs par M2 subventionnés par l’état, ce projet voit le jour dès le mois de juillet 1953. Il sera renforcé par le décret du 9 août qui oblige les entreprises à participer à l’effort de construction par une contribution de 1 % de la masse salariale pour financer le logement social. La C.A.F se charge ensuite de trouver les heureux bénéficiaires parmi les familles dans le besoin rencontrant des difficultés pour se loger. Il s’agit pour elles d’accéder à la propriété en payant un loyer en fonction de leurs revenus en échelonnant l’emprunt sur cinq à dix ans. Pour exemple, un couple avec trois enfants dont le salaire n’excède pas 30 000 francs, paiera 10 000 francs de loyer, moins 7200 francs d’allocations logement, soit 2800 francs mensuels. Tout ceci exonéré d’impôts pendant vingt-cinq ans ! Le coût de chaque maison varie selon le type : 1 750 000 francs (F4) et 2 000 000 francs (F5).

    Les travaux préparatoire du terrain débutèrent le premier décembre 1953. Le terrassement s’acheva fin janvier 1954 et l’immeuble fut livré durant l’été de la même année. Henri Castella réalisa un ensemble harmonieux dans le style contemporain de l’après-guerre qui garde encore aujourd’hui toute sa valeur architecturale. Il s’entoura de l’artiste Carcassonnais Jean Camberoque qui exécuta des tuiles en céramique peinte pour la façade de chaque maison, financées par le 1% artistique. Cette obligation inscrite dans la loi du 18 mai 1951 et toujours en vigueur, est due à un Audois : le sculpteur René Iché (1897-1954) qui exécuta notamment le monument à la Résistance dans notre ville.

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    Avenue Jules Guesde, quartier St-Jacques

    On doit également à Henri Castella et au C.I.L.D.A, la construction des maisons de l’avenue Jules Guesde dans le quartier Saint-Jacques et celles de la rue Joseph Bara, bâties avant 1953. Elles portent toutes le style du plus grand architecte contemporain de Carcassonne à qui il faudra bien jour rendre un hommage biographique. Là encore, sur chaque maison… une tuile de Camberoque.

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    Constructions d'Henri Castella, rue Bara

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  • Aurevoir Mademoiselle Alay...

    Nous vous informons du décès le 9 août dernier de Mlle Isabelle Alay, professeur de piano à Carcassonne. Elle avait formé des centaines de jeunes pianistes dans son école, au milieu de ses chats. Plusieurs élèves devaient suivre ensuite une voie de professionnalisation au sein des conservatoires régionaux et nationaux. Parmi eux : Anne-Marie Bratti (Mazières), Martine Laure, Laetitia Jollet, etc... Mademoiselle Alay s'est endormie paisiblement à l'âge de 92 ans dans la maison de retraite Béthanie - rue Ernest Renan - où elle séjournait depuis 2018. Ses obsèques ont eu lieu jeudi 13 août en l'église de Villalbe ; elle repose désormais au cimetière de l'ouest de Narbonne.

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    J'avais consacré un article en 2015 à cette tante exceptionnelle qui su parfaitement transmettre son amour pour la musique. Vous pouvez le lire ou le relire ci-dessous :

    http://musiqueetpatrimoinedecarcassonne.blogspirit.com/archive/2015/01/03/l-ecole-de-piano-de-mademoiselle-alay.html

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