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Architectes

  • Françoise Raynaud, l'architecture comme nature du vivant

    © La dépêche 

    Françoise Raynaud naît à Carcassonne en 1959. Elle passe son enfance dans une grande maison située rue de la République, dans laquelle son père Alfred a son atelier de peinture et de sculpture. Artiste amateur très éclairé, on lui doit le masque mortuaire de Joe Bousquet. Dès l’âge de 5 ans, Françoise se passionne pour l’architecture dont elle veut faire son métier. Viollet-le-duc, l’inspire. Sa boite de Lego est déjà pleine d’idées de constructions en rapport avec cette nature qu’elle admire au Mas-Cabardès. C’est dans ce village de la montagne-noire que la famille s’éloigne, durant les week-ends, du tumulte de la ville-basse. Après la mutation professionnelle de son père à Sète, la jeune fille obtient brillamment son baccalauréat en 1977. Elle persiste à devenir architecte, s’envole vers Paris et loge chez son frère Patrick, de treize ans son aîné. Patrick Raynaud dirige à cette époque l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Lui, aussi, né à Carcassonne en 1946. Aujourd’hui, sculpteur et photographe.

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    Françoise Raynaud entre à l’école de La Villette avec Roland Castro comme directeur d’études. L’homme est connu pour être un défenseur de l’architecture politique et citoyenne. Son diplôme en poche, elle part en Australie en 1984 pour rencontrer un architecte un peu fou. Glenn Murcutt travaille avec les aborigènes. Hélas ! L’artiste travaille seul… De retour en France, Jean Nouvel devient son mentor. Il lui confie le chantier de l’Opéra de Lyon, puis la construction d’une tour de 425 mètres de haut. Une première en France ! Françoise Raynaud travaille avec l’ingénieur Tony Fitzpatrick afin de se familiariser avec ces types de constructions. Durant son tour du monde, elle découvre en Asie le Feng-Shui, philosophie chinoise en relation avec la nature proche du taoïsme.

    En 2002, elle fonde son agence d’architecture : Loci anima. Trois ans plus tard, elle remporte un concours pour la construction d’une tour de 21800 m2 (30 étages) à New-York près de Greenwich village (110, Charlston street). C’est la première femme a réaliser pareil exploit.

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    Conçu de manière durable comme tous ses projets, Greenwich West présente une façade en briques faites main avec des accents vitrée personnalisés spécialement conçues pour ce projet par une vénérable briqueterie belge

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    Françoise Raynaud compte à son actif de très beaux bâtiments comme la médiathèque d’Angoulême. Toutefois, son projet le plus abouti selon elle, demeure la tour Haute-définition d’Issy-les-Moulineaux pour laquelle elle reçoit le prix « Care d’or » en juillet 2022. Actuellement, l’agence Loci Anima est en concurrence pour obtenir le projet du Grand Palais à Paris.

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    Nul n'est prophète en son pays. Le projet de médiathèque pour Carcassonne qu'elle avait dessiné n'a pas abouti en 2013. Elle devait se construire au bord de l'Aude. Un vis-à-vis avec l'oeuvre de celui qui a initié son désir d'architecture : Eugène Viollet-le-duc.

    Une conférence de Françoise Raynaud à suivre ci-dessous

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2023

  • Inédit ! Le dispensaire départemental d'hygiène sociale, rue d'Alsace

    Grâce à la volonté du docteur Henri Gout de lutter contre la tuberculose dans le département, le Conseil général, dans sa délibération du 30 septembre 1920, décide la création d’un dispensaire d’hygiène sociale à Carcassonne. Le 25 août 1921, une convention est signée entre le département et la Commission des Hospices de Carcassonne avec la location du rez-de-chaussée d’un pavillon de l’Hôpital général, situé à l’angle de la rue des trois couronnés. Ce lieu accueillera à partir du 1er janvier 1922 le centre antituberculeux pour une durée de 3, 6 et 9 ans moyennant 1200 francs annuels. Après quinze années d’existence, il est constaté que dans ce vieux local très mal aménagé, les personnels travaillent dans des conditions très contraignantes. La population ayant augmenté, l’exiguïté de la salle d’attente ne permet plus d’accueillir les patients dignement. Il en va de même pour les autres pièces d’examens réservées aux consultations des maladies vénériennes et de la tuberculose.Le service d’hygiène se préoccupe depuis des années de ce problème. Le Comité départemental du Timbre anti-tuberculeux a décidé de consacrer une partie de ses ressources à la construction d’un nouveau dispensaire.

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    © Martial Andrieu

    Ancien dispensaire à l"Hôtel Dieu" sur le boulevard Camille Pelletan. Tout a été rasé en 1977, il ne reste plus que le Dôme.

    On se met donc en quête d’un terrain sur lequel pourrait être bâti le nouvel établissement. Dans le quartier du Palais, à l’angle de la rue d’Alsace, se trouvent les anciens bâtiments de l’ancien Eldorado. Il s’agit d’une salle de théâtre qui avait construite en 1882 par l’architecte Léopold Petit pour le compte de M. Joseph Théodore Sabatier, limonadier. Désaffectée depuis longtemps, son propriétaire M. Lugagne avait cédé à la ville le 5 juillet 1899, une bande de terrain en bordure de sa propriété pour l’élargissement de la rue d’Alsace. On avait pu ainsi mettre à l’alignement cet endroit qui ,depuis trente ans, ne permettait pas aux véhicules de circuler convenablement. Monsieur Lugagne possédait donc à cette époque l’Eldorado mais également le château du hameau de Maquens. Le temps ayant fait son œuvre, les parcelles Lugagne s’étaient divisées et il fallait que le Conseil départemental traite désormais avec les dénommés Lacour et Cornac.

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    © ADA 11

    Une fois le terrain acquis, l’architecte départemental Jules Reverdy devait dresser les plans du Dispensaire départemental d’hygiène sociale, le 7 juillet 1937. La dépense prévue, y compris le terrain, s’élevait à 1.146.304 francs. Avec le rabais consenti par les adjudicataires, on pensait abaisser le coût des travaux à 981304,80 francs. C’était sans compter sur de nouveaux aménagements non prévus qui allaient alourdir la facture. Par exemple, l’installation d’un laboratoire dans une chambre obscure, avec évier, tablettes, etc. Des changements dans les cabines d’isolation, à la suite d’une visite d’un Inspecteur général.

    L’entreprise de maçonnerie Joël Cazanave se mit à l’œuvre. Dans un style Art-Déco, propre à cette époque, l’architecture de Jules Rerverdy qui s’illustra dans le département grâce à de très belles réalisations comme la Sous-préfecture de Narbonne, le dispensaire n’a rien d’austère. Dans l’entrée principale, il était prévu une mosaïque mais on la remplaça par du carrelage de grès. Au rez-de-chaussée, la salle d’attente, le cabinet de l’infirmière, le cabinet du médecin-chef, les salles d’examen et de soins, la salle de laryngologie offrent tous le confort moderne indispensable à cet type d’établissement. Au premier étage, le dispensaire anti-vénérien ; autour d’un hall commun, se trouve le service anti-syphilitique composé d’une salle d’attente, d’un Fichier et d’une salle d’examen, lavabo, vestiaire, etc. Le dispensaire anti-blémmorragique homme et femme est également fort bien équipé. L’infirmière départementale possède un petit appartement avec salle à manger, cuisine, deux chambres et salle de bain ; au même titre que le concierge.

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    En 1937, la Sécurité Sociale n’existe pas encore. Les examens des malades nécessiteux sont remboursés par le département ; les malades aisés paieront les examens spéciaux. Il s’agit là d’une véritable révolution sanitaire dans notre ville, si durement touchée autrefois par les problèmes d’hygiène. Au cours de l’année 1939, le Dispensaire Départemental d’Hygiène Sociale accueille les nouveaux patients. C'est aujourd'hui le Centre Médico-Social de l'Aude.

    Sources

    ADA 11 / Série M

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2021

  • Les œuvres d'art du lycée Paul Sabatier sont-elles menacées de disparition ?

    Il est assez compliqué de trouver des renseignements sur les œuvres d’art réalisées lors de la construction du lycée Paul Sabatier dans le cadre du 1% artistique. Ce sujet nous tenait particulièrement à cœur, mais il fallut s’employer afin de retrouver la trace des artistes ayant participé à ce projet. A commencer par l’architecte qui en dessina les plans à partir de 1958…

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    © Association Dourgne Patrimoine

    Camille Montagné

    Il aurait été bien dommage de laisser le nom de Camille Montagné dans les oubliettes de l’histoire de cet établissement, car cet homme fut l’un des plus illustres architectes de sa génération. Né à Dourgne dans le Tarn le 29 janvier 1907, Camille Montagné entra à l’Ecole des Beaux-arts de Toulouse à 17 ans, puis à celle de Paris deux ans plus tard. Diplômé de la prestigieuse école en 1932, il obtint la même année le Grand Prix de Rome. Architecte des bâtiments civils et des Palais nationaux entre 1938 et 1943, Camille Montagné réalisa ensuite plusieurs lycées dans le Sud-Ouest en sa qualité d’architecte en chef coordonnateur du plan d’équipement scolaire.On lui doit également les deux barres d’immeubles de l’avenue Daumesnil dans le XIIe arrondissement de Paris.

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    157 avenue Daumesnil, Paris (XIIe)

    A Carcassonne, il se voit confier la construction du nouveau lycée Paul Sabatier dans le quartier de la Pierre blanche à partir de 1958 pour 1400 élèves et 500 pensionnaires. C’est là sans doute sa dernière œuvre puisqu’il s’éteint le 3 octobre 1961 à Paris et est inhumé dans la cimetière de Dourgne. Les autres bâtiments qui complèteront l’équipement du lycée seront l’œuvre du Carcassonnais Henri Castella. Les travaux du gymnase débuteront le 1er mars 1966 pour un coût total de 682378, 98 francs. Trois ans plus tard, le lycée Paul Sabatier deviendra mixte.

    La loi sur le 1% artistique initiée par le sculpteur audois René Iché après la guerre, fit obligation au maître d’ouvrage de consacrer 1% du budget pour la création d’œuvres d’art. Là encore, il ne fut pas aisé de retrouver les artistes, d’autant plus que certaines réalisations ont été détruites au cours de nouveaux aménagements. Ceci sans aucune autre forme de procès, par ignorance et sans bien sûr consulter les artistes. Doit-on trouver cela normal au sein de l’Éducation nationale ? Un professeur de dessin à la retraite m'a avoué que lorsqu'il est arrivé il y a 30 ans, le proviseur ne savait même pas qui était Paul Sabatier.

    Jean Augé

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    La Cité et Dame Carcas par Jean Augé

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    Statue de femme dans une position lassive

    Inconnu

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    Pierre Saint-Paul

    Surnommé le Claudel des laves, Pierre Saint-Paul (1926-2008) était un peintre, céramiste et créateur de tapisserie proche du mouvement surréaliste. Pur produit de l'école de San Vicens près de Perpignan, il possédait un atelier à Canet plage. En 1960, il rencontra Salvador Dali en 1960 juste au moment où il réalisa un panneau de carreaux de céramique émaillée pour le lycée Paul Sabatier. Cette œuvre qui se trouvait sur le mur du réfectoire a été détruite en 2006 lors de la restructuration de l'établissement par le Conseil régional Languedoc-Roussillon. Au lycée de Perpignan où Pierre Saint-Paul avait également exécuté le même style de panneau, on ouvrit des portes dans l'œuvre. En 2015, le biographe de l'artiste vint au secours de la destruction totale.

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    © L'indépendant

    Dans d'autres lycées comme celui de Nérac (Lot-et-Garonne), on a su conservé l'ouvre de Pierre Saint-Paul.

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    Triste époque que la nôtre d'un point de vue culturel. Tout ce qu'André Malraux avait mis en place dans les années 1960 : Centres culturels, Conservatoires, Orchestres nationaux, œuvres artistiques dans les lycées... Tout cela est progressivement mais sûrement détruit ou remis en cause. 

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