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Patrimoine en danger

  • Que devient le plus grand mausolée romain découvert en France ?

    Au début de l'année 2008, lors d'un sondage archéologique préventif sur un terrain de 2ha situé sur le hameau de Montredon destiné à être transformé en zone pavillonnaire, les chercheurs firent une extraordinaire découverte. Il s'agit de l'unique mausolée de l'Empire romain en grand appareil (16m2) découvert en Gaule jusqu'à aujourd'hui. Selon l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives), il aurait été édifié pour servir de sépulture au premier colon envoyé par Rome pour administrer Carcassonne entre 50 et 40 avant J-C. La pierre verticale servait à obstruer l'entrée du temple.

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    Il ne s'agit pas seulement d'un mausolée, mais aussi d'une voie romaine ainsi que des vestiges d'une villa. On construisit tout autour un lotissement en écrasant la voie romaine sur le site fouillé par l'INRAP. Le mausolée fut conservé, mais enterré afin de le préserver le temps que la ville ait un projet pour lui. La parcelle devint communale et fut gelée en 2012 afin qu'aucune construction ne puisse s'y élever. Depuis quinze ans, le plus grand mausolée romain découvert en France dort sous terre et tout le monde semble l'avoir oublié. Nous avons voulu savoir ce que devenait le champ, mais sans plan nous eûmes peine à le retrouver. Usant d'artifices en comparant des photographies, nous sommes parvenus à le localiser précisément au moyen d'images satellites. 

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    En 2025, sur cette parcelle on observe que le champ est creusé par les sillons d'une charrue. C'est très commode pour conserver un site archéologique que l'on dit préserver. Si le terrain est communal, comment se fait-il qu'il soit travaillé ? La ville l'a t-elle loué à quelque agriculteur, ou bien l'a-t-elle vendu ? En tous cas, il semble qu'elle n'ait cure d'un trésor archéologique dont personne ne sait plus vraiment où il se situe.

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    Le champ est à l'état de labour actuellement. Il est grand temps de donner un musée archéologique à Carcassonne, précisément sur cette parcelle en y intégrant le mausolée, sans le déplacer. Je crains fort, hélas, que cela n'intéresse pas nos décideurs. Ils préfèrent céder les parcelles à des promoteurs de logements sociaux ou de centres commerciaux, quitte à détruire les vestiges de notre civilisation.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2025

  • Le Pont vieux menace t-il la sécurité des usagers ?

    Nous ne sommes évidemment pas expert des bâtiments historiques. Chacun son métier et, sur ce point comme sur d'autres, nos compétences restent limitées à l'observation. Cela nous autorise tout de même à poser un nombre conséquent de questions sur l'état de délabrement du Pont vieux. Dans notre souvenir le plus récent, seule la partie exposée au début de la rue Trivalle fut restaurée en 1994 par la municipalité Chésa. De nouveaux arches furent mis au jour en changeant les pierres de taille à proximité de l'ancienne manufacture royale. Le chantier s'arrêta donc ici.

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    Aussi loin que l'on remonte dans le temps, nous n'avons pas trouvé mention de travaux de restauration des arches. Or, c'est précisément sous deux de celles-ci que passent piétons et véhicules. A cet endroit, le constat de délabrement est édifiant pour ne pas dire très préoccupant. Nos photographies parlent d'elles-mêmes.

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    Les arceaux en fer chargés de retenir la structure apparaissent à nu, très altérés par la rouille. Visiblement, leur rôle de maintien du scellement n'opère plus en raison de l'érosion et des infiltrations d'eau dans les pierres. Rappelons qu'il s'agit du plus mauvais grès qu'il soit, provenant des carrières qui se trouvaient non loin de là au Moyen-âge. Ce grès plus que tout autre matériaux s'effrite au fil des âges. Nous avons donc un édifice malade. On peut donc à dessein spéculer sur les dangers encourus par les passants.

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    Toujours en y regardant de plus près. Les service techniques et les élus en font-ils de même ? Le dessus du pont ne se porte guère mieux. A l'évidence, on laisse la végétation s'installer sur les parois ce qui a pour effet de déchausser les pierres. Les joints ont disparu depuis belle lurette. 

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    En d'autres endroits, on remarque les stigmates d'une restauration au ciment dont l'origine est ancienne. Ne devrait-on pas dire plutôt qu'il s'agit d'un rafistolage honteux ? Cela démontre l'intérêt de toutes les municipalités qui se sont succédé pour la sauvegarde de cet ouvrage. Remarquez, chose pareille a été exécutée sur le marbre de la fontaine de Neptune, place Carnot. 

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    Nous pouvons toujours espérer qu'après les travaux de la rue du Pont vieux, la ville veuille bien se pencher sur le cas de son agonisant. Nous entendons d'ici la parole des plus exaltés de la mairie : "Va faren, patienço !" Vieux refrain servi depuis toujours dont la musique se détaille comme une rengaine sur disque de cire. En vérité, tout n'est qu'un question de priorité. Le patrimoine de Carcassonne n'intéresse que par ce qu'il rapporte. C'est le cas de la cité médiévale ; espèce de supermarché à touristes dans lequel on a détruit la singularité de village fortifié. Voyons plutôt le patrimoine comme la variable d'ajustement budgétaire, non comme la ligne comptable d'une ambition. Tout tombe en ruine. ce ne sont pas, aussi louables soient-ils, les travaux sur l'église Saint-Vincent qui matérialisent l'envie des élus. Ce serait peut-être même un alibi pour tenter d'affaiblir les critiques de ceux qui pestent contre l'incurie. L'arbre cache la forêt. Allons voir le Calvaire, la fontaine de Neptune, le pont vieux, l'aqueduc, le bastion... Où passe l'argent ? Sinon, j'ai vu en février de belles affiches faisant la promotion du Festival de juillet 2023...

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    J'en veux pour preuve que le directeur du Comité des fêtes a été promu directeur du service patrimoine de la ville. Sans présumé de ses compétences, le résultat est efficient. Quant à l'animateur du patrimoine nécessaire aux projets du label Ville d'art et d'histoire, il n'est toujours pas nommé depuis trois ans. Dans ce cas, comme dans bien d'autres, comment voulez-vous que l'on traite l'immensité des problèmes laissés en héritage depuis toujours ? Des solutions existent, à commencer par rechercher des mécènes en créant une fondation.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2023

  • L'agonie de "La nef de pierre" d'Ariel Moscovici dans Carcassonne.

    Au début des années 1990 a eu lieu dans notre ville un symposium de sculpture, piloté par Jean-Marc Tilcke en collaboration avec la ville de Carcassonne représentée par Raymond Chésa, le ministère de la culture représenté par le préfet et le Conseil régional, représenté par Jacques Blanc. La mairie devait, à l'issue de la manifestation, faire l'acquisition des sculptures. Ce qu'elle ne fit pas. Le directeur de la Maison du chevalier a décidé alors d'emprunter pour pouvoir les conserver à Carcassonne, une somme totale de 20 millions d'anciens francs (30.000 €). Finalement, un arrangement fut trouvé avec Raymond Chésa afin que les six oeuvres prissent place dans la ville. Contractuellement, un commodat ou prêt à usage fut signé entre les parties. Il obligea la ville à assurer, entretenir et protéger les sculptures.

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    Le square Gambetta avant sa démolition en 2003. On aperçoit l'oeuvre de Moscovici sur la pelouse

    Six oeuvres sont encore présentes sur les rond-points de Carcassonne, mais il en est une qui manque à l’appel. Il s’agit de La nef de pierre d’Ariel Moscovici, sculpteur de renommée internationale. Après des recherches, nous avons retrouvé cette oeuvre, délaissée dans un terrain appartenant aux Serres municipales de la ville de Carcassonne. Elle s’y trouve ainsi entreposée depuis vingt ans. C’est-à-dire depuis le début des travaux pour la construction d’un parking souterrain au square Gambetta. Au centre d’un bassin, au milieu des canards et des cygnes, l’œuvre de Moscovici avait trouvé un emplacement de choix.

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    Alors, nous avons contacté l’artiste afin d’en savoir davantage sur sa sculpture. Ariel Moscovici réside à Montbel dans l’Ariège près de Chalabre ; c’est dans cet endroit retiré qu’il puise son inspiration dans un atelier qu’il partage avec son épouse, elle-même sculpteur. 

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    — La nef de pierre ? Ce n’est pas le nom que je lui ai donné, se rappelle l’artiste. Elle s’appelle en réalité « Entre deux points ». C’est le passage d’une poésie du célèbre auteur Israélien Yehuda Amichaï. Elle commence par : « Entre deux points passe une seule ligne droite… » C’est une idée autant géométrique que spirituelle. Je l’ai développée à travers une série de sculptures présentes dans mon catalogue. Je me souviens avoir travaillé sur ce granit noir du Zimbabwe pendant trois semaines, après son acquisition à Castres. Le travail préparatoire a nécessité la réalisation de plusieurs maquettes en plâtre, essentiellement.

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    Vue du projet présenté pour l'Ecole des arts de Carcassonne

    J’ai également réalisé une demi-sphère. Elle se trouve dans l’École des Arts de Carcassonne (Conservatoire). C’était conçu pour aller sur un bassin mais ils l’ont fixé sur deux pieux. Cela ne représente plus l’idée du départ.

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    La demi-sphère se retrouve dans une alcôve sans cartel

    Nous espérons que La nef de pierre, ainsi dénommée, sortira rapidement des oubliettes. Elle ne mérite certainement pas une telle exposition par respect pour l’artiste. Nous attendons du service culturel de la ville de Carcassonne qu’il veuille bien agir et trouver, enfin, un emplacement plus digne à cette œuvre. Ce ne sont certainement pas les lieux qui manquent dans notre commune.

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    Ce qu'il reste du cartel en marbre au milieu d'une friche

    http://arielmoscovici.free.fr/index.html

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