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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 95

  • Les concours de pêche à ligne à Carcassonne au XXe siècle

    Si les concours de pêche à la ligne ont pratiquement disparu autour de Carcassonne, n’oublions pas qu’ils étaient autrefois régulièrement organisés sur les bords de Canal du midi. Nous possédons quelques photographies prises le long de la route minervoise témoignant du succès de ces évènements.

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    Quelques noms de lieux en rapport avec la pêche ravivent encore les souvenirs de ces moments de détente passés à taquiner le goujon. C’est le cas par exemple de la guinguette « Au grougnou » située au Pont rouge près de l’écluse du Fresquel. Qu’es-aco le Grougnou ? C’est le nom occitan du goujon, ce poisson de rivière qui ne vit que dans les eaux claires et non polluées. Si l’on aperçoit encore à proximité de ce lieu sur le mur d’une bâtisse, une publicité pour la marque de l’apéritif « Suze », c’est parce qu’elle sponsorisait les concours de pêche.

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    "Au Grougnou", près de l'écluse du Fresquel

    Ces évènements étaient très nombreux à Carcassonne après la guerre. Il y avait le concours du pont-vieux, le concours de la ville au Païchérou. Ce dernier s’étendait depuis la piscine jusqu’à Patte d’oie. Robert Prottes, ancien des Capucins, nous explique que les berges de l’Aude n’étaient pas aménagées et qu’aucune route goudronnée n’existait pour monter sur la Patte d’oie où l’école des filles était aménagée dans un bâtiment préfabriqué. Le grand concours du 14 juillet  se passait sur les bords du Canal du midi à la Minervoise.

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    Georges Marty (debout à droite), vainqueur du concours national de pêche en 1965. M. Cigoyenetche (assis à droite), champion de l'Aude 1963.

    Tous ces pêcheurs formaient une famille et se réunissait au café Calmet au sein de l’Amicale des pêcheurs de concours. Cet établissement, bien connu des anciens, se trouvait sur l’actuelle place Gaston Jourdanne.

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    Henri Lutger

    Dans les souvenirs de Robert Prottes dont l’oncle Henri Lutger, décédé en 2007 à Carcassonne, avait remporté un grand nombre concours locaux et nationaux, les classements étaient établis à la pesée. Cinq points par poisson, un point par gramme : « On attrapait des cabots, des goujons, des gardons. » On se fournissait chez Artozoul en hameçons, rue de la gare.

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    Concours de pêche à Carcassonne, près du Quai Riquet

    Quand le café Calmet fut rasé, la pesée s’effectua au Grand café Glacier de Félix Miailhe, boulevard du commandant Roumens. Une coupe était remise au vainqueur et les lots se retrouvaient partagés entre les autres concurrents. Tout se terminait par un chaleureux apéritif entre le pastis et la Suze, marque officielle du concours.

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    Le Championnat de l’Aude - remporté en 1960 et 1961 par Henri Lutger - qualifiait le vainqueur pour le championnat de France qui se déroulait sur les berges du canal de l’Ourcq à Paris. Robert Prottes révèle que son oncle était parti de Toulouse en train pour Paris-Austerlizt. Arrivé dans la capitale avec d’autres pêcheurs, il traversa la ville en métro avec cannes à pêche, garbuste et épuisette. Une autre époque pour tous les pescofis de notre département, car les concours se passaient également à Canet d’Aude, Villepinte, Pennautier, Preixan, Marseillette, Luc-sur-Orbieu, Grèzes-Herminis, etc.

    Merci à Robert Prottes pour ses souvenirs qui feront sans doute beaucoup de bien à nos lecteurs

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  • Il était une fois le rêve d'un jeune Carcassonnais

    Il était une fois un enfant issu d'une modeste famille de Carcassonne qui rêvait d'être artiste depuis qu'il avait entendu sur un vieux disque, la voix de Luis Mariano. Dans le grenier, au milieu de vieux habits et de quelques objets, il s'était construit un personnage d'opérette à l'habit de lumière et à la voix d'or. De son idole, il finit par connaître tout le répertoire vocal et s'imagina un jour mettre ses pas dans les siens. Alors, lors des repas de famille cet enfant ne se faisait jamais prier pour tester un public tout acquis à sa cause. Quand vinrent plus tard les auditions de piano des élèves de sa tante, le Joselito Carcassonnais fut appelé à se produire ; là encore, tout le monde tombait en pâmoison devant lui. Au conservatoire de Toulouse, il fut admis dans la classe de chant au milieu, cette fois, de plusieurs concurrents très sérieux. Ce fut par la petite porte et sans enthousiasme pour le génie qu'il pensait détenir dans ses cordes vocales. On changea de registre, laissant l'opérette de Francis Lopez jugée au second plan, pour l'excellence d'un enseignement placé entre les mains de pédagogues assurés de détenir la vérité. Au bout de trois ans, le jury du concours fit tomber le couperet comme Robespierre sur Desmoulins : "Il ne sait pas chanter" - "Il ne fera jamais rien dans ce métier". Le jeune homme, désespéré d'avoir été ainsi bafoué par une bande de briseurs de rêves détenant la vérité séculaire de l'auguste institution, renonça à prolonger l'expérience toulousaine. Au cours de l'un de ses voyages chez un cousin à Figueras, celui-ci lui conseilla de se faire entendre par un maître du chant : Helmut Lips. "C'est vrai lui dit-il, on ne vous a rien appris à Toulouse. Toutefois, votre voix est comparable à celle d'Alfredo Kraus. Je vais vous enseigner un très bon professeur près de chez vous. Il s'agit d'une vraie passionnée de la voix : Christiane Sans à Pexiora." Pendant plusieurs années, le Joselito Carcassonnais suivit les conseils de cette dame, dont l'unique diplôme avait été de former d'excellents chanteurs. C'est ainsi qu'il put ensuite entrer dans le Chœur de l'armée française, puis à l'Opéra de Limoges. On le vit à la télévision pour le 50e anniversaire du débarquement en Normandie où il chanta face à Bill Clinton, Queen Elisabeth 2, François Mitterrand, Tony Blair. Aujourd'hui, il se produit sur toutes les scènes de France : Caen, Rouen, Bordeaux, Opéra-Comique à Paris, Reims, etc. Un jour viendra sans doute, où il lui sera permis de se produire dans le département de l'Aude... En attendant, il repense souvent au conservatoire de Toulouse. De tous ceux auquel il était promis un grand avenir, il n'en reste peut-être que trois ou quatre dans le métier. Aujourd'hui, cet enfant ne sera jamais ni Pavarotti, ni Kraus, ni Alagna mais il a plaisir de vous faire partager ce qu'il a au fond de son cœur.