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  • Le transfert des cendres d'Armand Barbès à Carcassonne

    À l'heure où la République tient encore debout sur une démocratie chancelante, il nous a paru intéressant de rédiger cet article. Qui mieux qu'Armand Barbès a défendu la démocratie sociale et la liberté contre ses propres intérêts. Le tribun passionné ne s'est jamais résigné devant l'adversité d'un pouvoir autocrate. A tel point qu'il dut un payer le prix et s'exiler en Hollande où il mourut en 1870. Si sa dépouille mortelle ne fut pas rapatriée sur le sol natal, c'est uniquement parce que son testament stipulait que le défunt ne souhaitait pas y revenir avant que sa patrie fût débarrassée des tyrans.

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    Le corps d'Armand Barbès est exhumé du cimetière de La Haye en Hollande au mois de juin 1885. Transporté vers la France, il arrive à Carcassonne le vendredi 19 juin par le train de 5h30 venant de Toulouse. M. Boudet, secrétaire général du Tarn-et-Garonne, petit-neveu par alliance du défunt, a accompagné la dépouille depuis La Haye dans le plus grand des secrets. La famille n'ayant pas souhaité de manifestations, aucun honneur ne peut être rendu à Barbès.

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    L'ancienne tombe de Barbès à La Haye

    Sur le cercueil qui prit la direction de Villalier, trois couronnes mortuaires : "Au regretté Armand Barbès, la démocratie carcassonnaise. Césaire Baille." Au domaine de Fourtou, propriété de Louis Barbès, le frère du célèbre tribun, le corps fut enseveli dans un majestueux tombeau en granit du Sidobre. Il est l'oeuvre de architecte Léopold Petit. Un médaillon en marbre blanc à l'éfigie de Barbès l'orne, sculpté par Isidore Nelli. 

    Sources

    La dépêche, Le bon sens

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  • Henri Hourtal (1877-1944), peintre orientaliste carcassonnais

    Henri Hourtal naît à Carcassonne le 17 mars 1877 d’Antoine, plâtrier, et de Marie-Louise Baux, revendeuse. On ne sait rien de ce que fut sa jeunesse, ni de comment lui est venu son talent pour le dessin. Le courrier de l’Aude nous informe qu’il obtient au mois de mai 1897 une bourse municipale de 400 francs, après son admission à l’École des beaux-arts de Toulouse. Quatre ans plus tôt, alors qu’il n’était âgé que de 16 ans, il exposa un paysage à la Société des beaux-arts de Narbonne. Après Toulouse, Hourtal rejoint la capitale et suit les cours privés de l’Académie Julian ; il expose à partir de 1904 aux Indépendants, aux Artistes Français et au Salon d’automne. 

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    © Pascaud

    Limoges. Le pont Saint-Étienne et la cathédrale

    En 1909, il fait partie des artistes de la Société moderne. C’est à Paris qu’il fait la connaissance d’une américaine qu’il épousera le 30 décembre 1916. Louise Joséphine Pope, née à New-York le 17 août 1872, est la fille de Charles Hudson Pope et de Josephine Bruns. Les parents sont richissimes. Ils ont fait fortune dans le marché du coton.

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    Rabat où les heures marocaines

    Ajourné pour faiblesse puis comme soutien de famille, Henri Hourtal fut dispensé de service militaire. Il participa néanmoins à la Grande guerre, si l’on peut le dire ainsi, à l’arrière du front au Maroc. En 1922, il reçoit le Grand prix de l’Exposition coloniale de Marseille et réside à Paris, rue Bourbon le château près de Saint-Germain-des-près. Les sujets de ses peintures le classent parmi les artistes orientalistes les plus appréciés. Il obtient en 1933 le prix Louis Dumoulin pour l’Algérie au salon de 1933. Il illustre également le livre « Rabat où les heures marocaines », écrit par les frères Tharaud, mais aussi un timbre postal représentant une mosquée.

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    Nous avons retrouvé une photographie de la visite du maréchal Pétain à Carcassonne en 1942. Le portrait du chef de l’Etat-français que brandissent les anciens combattants, est l’oeuvre d’Henri Hourtal. Ce dernier ayant offert une de ses peintures à la Ligue d’Action française pour sa kermesse, nous ne sommes que peu étonné de son admiration pour Pétain. Aspect politique mis à part, il est fort regrettable qu’un tel peintre reste si oublié à Carcassonne.

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    © Antiquités Philippe Gledel

    Vue d'Angles-sur-l'Anglin / 1912

    Il nous a fallu plonger au plus profond des recherches généalogiques afin de connaître ce qu’il advint de lui au crépuscule de sa vie. Henri Hourtal est mort le 20 avril 1944 à Anglès-sur-l’Anglin dans le département de la Vienne. C'était là son havre de paix, le lieu de ses inspirations et de sa retraite. Son épouse lui survécut quatorze ans. Elle habita 19 rue Rubens à Paris (XIIIe) et fut inhumée au cimetière parisien d’Ivry. Il semble qu’il n’y ait pas eu de descendance.

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    Alger. La rue d'Orléans dans le quartier de la Marine / 1935.

    Quelques oeuvres d’Henri Hourtal : Le marché de Bicêtre, les balayeuses, confidences, jardin public, laveuses, Peupliers le soir, une maison en Poitou, une rue de Paris, la vallée d’Anglier, fête nationale, Souk Maugrabin.

    Sources

    L'Algérie des peintres, 1830-1960 / Marion Vidal-Bué

    Le courrier de l'Aude / 1897

    Recensement militaire

    Gallica, Filae, Généanet, Retronews

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  • Molières-sur-l'Alberte fut longtemps la plus petite commune de l'Aude et de France

    Sur la route D110, après Ladern-sur-Lauquet en direction du Val de Dagne, on peine encore à apercevoir celui qui fut très longtemps le plus petit village de France. Molières ne se différencie du célèbre auteur dramatique que par le pluriel de son nom. Il n’existe de rapport entre les deux, que du point de vue étymologique. D’après le « Tresor doù Felibrige », rédigé par Frédéric Mistral en 1878, uno mouliero serait une carrière de pierres meulières ou une terre grasse et marécageuse. L’abbé Sabarthès dans son Dictionnaire topographique du département de l’Aude parle de Moleyra dès 1106 avec son église Saint Jean-Baptiste, ancienne commanderie du Temple puis de Malte. Sans aller aussi loin dans l’histoire, la famille Raynaud y était installée depuis le XVIe siècle. C’est d’ailleurs Jacques Raynaud — nous y reviendrons - qui en était le maire en 1950. Le village comptait quatre lieu-dit rattachés : Jean d’Estève, Rieunette, La Verrière, Les Cazelles et Le merle.

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    Carte de Cassini (XVIIIe siècle)

    Avant la Révolution française, le village comptait à-peu-près 120 habitants. Les baptêmes, mariages et obsèques, tout comme la messe, y étaient célébrés par l’abbé Malvy. La situation démographique s’est lentement dégradée au fil du XIXe siècle. Tant et si bien qu’au début du siècle suivant, les habitants se comptaient sur les doigts des deux mains. On n’a pas eu à ériger de monument aux morts de la Grande guerre, ni d’ailleurs pour la suivante. Aucun enfant de la commune ne fut la victime des conflits mondiaux. L’école dirigée en 1885 par Marie Rouzaud avait été depuis transformée en rendez-vous de chasse. Quant à l’église et au cimetière, n’en parlons même pas. L’herbe, si haute, ne permettait plus d’apercevoir les tombes. Le maire ne la coupait que pour la Toussaint. En 1945, il fallut renouveler le Conseil municipal qui avait siégé pendant l’Occupation. Les neuf électeurs de la commune, tous conseillers municipaux, se blanchirent avec cette différence que Clément Raynaud (né en 1881 à Molières) fut remplacé par Jacques, son fils.

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    © Ici Paris / 17 au 23 avril 1950

    La famille Raynaud en 1950

    Recensement 

    1836 : 99 hab. 1846 : 101 hab. 1851 : 95 hab. 1856 : 84 hab. 1861 : 82 hab. 1866 : 90 hab. 1872 : 78 hab. 1876 : 64 hab. 1891 : 60 hab. 1950 : 9 hab.

    1021 hectares. Pour l’essentiel des terres cultivables appartenant en 1950 à l’unique famille Raynaud, surnommée Racine. Certainement, par opposition à Molière. Le 26 juillet 1949, un heureux évènement bouscula la quiétude du village. Le maire, Jacques Raynaud (1917-2006) finit par trouver chaussure à son pied. Une bretonne de passage, originaire de Douarnenez, s’éprit de lui et finit par l’épouser. Anna Béatrice Marie Le port (1919-1998), dactylo de son état, demeura l’ultime espérance démographique de Molières-sur-l’Alberte. L’église, dont les cloches avaient été volées en 1915, n’avait pas célébré une naissance depuis 1929 et le dernier défunt, M. Callabat, rendit l’âme en 1941. En 1963, c'est le bénitier qui disparut.

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    © Keystone

    Claire Ferrié

    La liste des maires de Molières depuis 1802 porte les noms suivants : Hyacinthe Raynaud, Louis Gellis, Pierre Fages, Paul Boussieux, Antoine Callabat, Jean-François Rivière, Antoine Garrabou, Louis Gellis, Raynaud,  Paul Fages, Callabat, Clément Raynaud, Jacques Raynaud et Paul Embry. L’histoire devra retenir que le dernier maire fut une femme de Ladern-sur-Lauquet : Claire Ferrié. Élue par 5 voix contre 7, à la suite du décès de Paul Embry le 7 septembre 1964, elle fut concurrencée par la veuve Embry et Madame Marcus. Son programme électoral lui permit sans aucun doute d’obtenir la majorité ; elle promit l’eau courante et l’électricité dans la commune. Elle n’eut pas le temps de le mettre en oeuvre. Le 17 février 1965, Molmières-sur-l’Alberte perdit son statut de commune de l’Aude et fut rattachée à Ladern-sur-Lauquet.

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    Le journal de Spirou consacra en décembre 1964 un article portant le titre suivant : Molières se meurt. Il a été rédigé par Jean-Pierre Fourès dont le grand-père maternel fut maire de cette commune.

    Sources

    Ici Paris / Avril 1950

    Dictionnaire topographique de l'Aude / Abbé Sabarthès / 1912

    Tresor doù Felibrige / Frédéric Mistral / 1878

    Carte de Cassini

    Recensement / ADA 11

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