Guy Vassal au Festival de la Cité en 1986
Tout commence ce samedi 4 juillet 1964 sur le perron du château Couffoulens par cette évocation de Joe Bousquet :
"La terre d’Oc. Un singulier pays où la parole des hommes doit lutter avec le vent et chante si haut, amants y sont entendus des oiseaux. Sous un grand ciel clair et qui voit tout, le murmure des pins répète pour les tombes les voix ardentes de la mer. Ici, on interpelle les pauvres dans la langue que parlaient autrefois les châteaux."
Ils sont tous là les troubadours ! René Nelli, Jean Girou, Jean Lebrau, Bertran de Lamanon, Giraut de Bornelh… Un jeune homme de 23 ans, auteur au talent prometteur, les a réunis dans un montage poétique au nom bien choisi : « Le temps des troubadours ». Entouré de Roberte Baudot, Jean-Jacques Barrey, Bernard Jaunay, Jean-Claude Jay, Catherine Krier et Maria Verdi, tous membres de la troupe Les comédiens du parage, Guy Vassal joue à domicile devant un public déjà conquis. Le mercredi suivant, tel l’illustre théâtre de l’ami Poquelin, la troupe chemine jusqu’au village voisin pour un nouveau succès. En fait de voisinage, il faut être prudent car le village est une ville où l’on siffle les impudents. A Carcassonne, la scène du théâtre municipal se montre bienveillante et l’essai, concluant ; sauf pour quelques chinoiseries, qu’en matière de critique le canard du coin ébroue en son plumier.
"Ce quatuor de garçons et ces trois jeunes filles ont bien du talent, plus peut-être en sûres promesses, que très confirmé. On peut leur faire confiance, qu’ils aillent doucement, qu’ils revoient certains détails, leur réussite est au bout. Certes, le spectacle était conçu pour le plein air et de ce fait les mouvements et les attitudes avaient une amplitude calculée pour espace plus vaste. Mais si vraiment, Guy Vassal doit en faire une représentation régulière, il faut réfléchir à ces observations faites dans le seul but de parachever une œuvre digne d’intérêt. Le travail littéraire de « mise en théâtre » est brillant, on sent bien l’ancien élève du lycée de Carcassonne. Est-ce qu’un de ses anciens professeurs ne lui aurait pas, très paternellement, donné un petit coup de main ?"
Sans prendre soin de les citer, le journaliste fait référence aux deux excellents maîtres, MM. René Nelli et Jean Valentin, qui influencèrent le jeune auteur dans sa quête historique. C’est le destin des hommes de science que de savoir rencontrer des illustres, comme Joseph Delteil, le poète paysan ; il lui apprendra à entendre les voix du Canal du Midi. Vassal se servira de cette expérience pour nourrir sa fresque sur Riquet. Une vie de fructueuses rencontres artistiques et intellectuelles, initiées par le succès d’une première œuvre historique. A cette époque, la télévision produit des téléfilms historiques pour « La caméra explore le temps ». Guy Vassal incarne en 1966 Raymond roger Trencavel dans Les cathares, réalisé par Stelio Lorenzi. La même année, il tourne dans Le crime de Sezegrin et les voleurs volés. On peut ajouter ensuite : Les amoureux (1967), Maigret (1968), Jacquou le croquant (1969), Que fait donc Faber ? (1969), L’illustre Maurin (1974), Le serment (1985).
Guy Vassal réalise l’adaptation et co-signe les dialogue de « Ces grappes de ma vigne » tiré du roman de Gaston Baissette. Le 21 novembre 1975, la deuxième chaîne diffuse le premier épisode d’une série de six heures réalisées par Alain Quercy. Cette fresque historique évoque les problèmes des viticulteurs du Languedoc depuis l’apparition du phylloxéra jusqu’à la révolte de 1907. Ce téléfilm est tourné avec les habitants de Fontcouverte, Montouliers, Bize-Minervois, Sallèles d’Aude, Lézignan et Narbonne. Ce sont les petits-enfants des révoltés de 1907.
Guy Vassal (Lucien) dans Ces grappes de ma vigne
Une des caractéristiques de Guy Vassal c’est sa fidélité en amitié. Aussi n’hésite t-il pas à s’entourer de ses vieux amis, comme Claude Marti - originaire comme lui de Couffoulens. Vassal sollicite le chanteur occitan pour de créer la musique de ce film.
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Sa passion pour le théâtre, Guy Vassal avoue l’avoir reçue de ses compagnons de « Plein feux », tous Carcassonnais : Clément, Gamen, Bruyère, Hudelle, Gisèle Sacaze puis de Jean Deschamps, le créateur du Festival d’art dramatique de Carcassonne. Engagé au TNP de Jean Vilar après sa formation à l’école Charles Dullin, le comédien fourbit ses premières armes dans Antigone de Jean Anouilh. Au début des années 1970, il créé le Festival d’Aigues-Mortes dans lequel il fait interpréter ses pièces par le Théâtre Populaire des Cévennes dont il est le directeur. Il est couronné en 1980 par le prix Georges Pitoeff de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.
© Archives municipales de Carcassonne
Malgré ses nombreuses fresques historiques comme Le procès des Templiers, la croisade contre les albigeois, ou les paladins du Diable, Guy Vassal a obtenu ses plus grands succès théâtraux avec Arlequin, pieds dans l’eau et Holà, hé, Sganarelle !.
Cette dernière reçut un très bon accueil du comité de lecture de la Comédie française. Quant à Jean de l’Ours, le dramaturge l’a représenté devant 20 000 spectateurs dans les arènes de Nîmes. La cité gardoise où il fonda une école de théâtre avant de devenir en 1983, professeur au conservatoire de Montpellier.
© Charles Camberoque
La guerre des demoiselles en 1975 au Festival de la Cité
Guy Vassal sera invité au Festival de Carcassonne entre 1975 et 1989. Parmi ses ouvrages présenté au public, on peut citer : La guerre des demoiselles (1975) avec Jean Davy (Comédie française) et Pierre Arditi, Le procès de Jacques cœur (1983), La nuit des inquisiteurs (1986), La chanson de la croisade (1987), Le fou d'Yrnel (1987), adaptation d'Hamlet (1988), Le roman comique (1988), le réveil du peuple (1989).
© Midi-Libre
A 79 ans, Guy Vassal poursuit son inlassable travail d'écriture.
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