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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 186

  • Une pierre bien mystérieuse dans la rue Cros-Mayrevieille

    Les mystères de la Cité médiévale de Carcassonne ne se trouvent pas que dans ses antiques remparts. Au mois de février 1970, des ouvriers de M. François Stacchetti travaillent à la rénovation de la boulangerie de M. Bacharan dans la rue Cros-Mayrevieille.

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    L'ancienne boulangerie Bacharan

    Cette vieille demeure avait appartenue auparavant à la famille Magnou, puis à celle de M. Vidal. Il est question avec l'accord de M. Bourrely, architecte des Bâtiments de France, de donner à son magasin un aspect médiéval. Ceci répond aux efforts des différents organismes souhaitant rendre à la Cité son lustre d'antan. Au cours de cette opération de rajeunissement, il est découvert une traverse d'époque Renaissance datée de 1549. Elle sera placée au-dessus de la porte d'entrée.

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    © Los ciutadins

    La boulangerie Bancharan avant les travaux 

    Par nécessité d'extension et d'unité, M. Bacharan décida d'aménager également un salon de thé. Cette nouvelle transformation permit de découvrir sous un épaisse couche de ciment et de crépi, une inscription portant la date de 1768. Les Bâtiments de France décidèrent d'accorder une subvention à M. Bacharan, ainsi qu'aux commerçants qui animés d'un tel état d'esprit voudront donner à leur magasin et à leur maison, un aspect médiéval.

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    La pierre placée dans le linteau de la porte découverte en 1970

    Cet esprit aurait-il disparu ? C'est ce que l'on croit voir depuis une vingtaine d'années, avec les nombreuses transformations de maisons en magasins ou restaurants. 

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Dénoncés à la Gestapo pour avoir écouté Radio-Londres, rue Laraignon

    Les époux Vinsani menaient une existence ordinaire et discrète à Carcassonne pendant l’Occupation. Ni la Milice française, ni la police allemande n’étaient au courant que le mari avait durant la guerre civile espagnole, soigné des Républicains et partageait des idées communistes. Ce couple aurait bien pu ne pas être inquiété s’il n’avait pas été dénoncé par Madame Marguerite S, habitant rue Laraignon et serveuse de son état ; la voisine d’à côté, qui ayant la cuisse légère s’amusait à recevoir des soldats allemands chez elle. Madame Vinsani excédée par le vacarme quasi quotidien engendré par ce remue-ménage, eut le malheur de se plaindre auprès de cette sans-gêne. Se sentant sans doute protégée par sa collaboration horizontale, la voisine lui répondit alors : "Et vous ? Lorsque vous faites marcher Londres jusqu’à une heure du matin… Je vous dénoncerai à la Police allemande !"

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    © Pinterest / Un village français

    Le 4 juillet 1944 vers 19h45, deux allemands en civil se présentent au domicile des époux Vinsani alors que ceux-ci sont en train d’écouter Radio-Londres en langue italienne. Inutile de préciser qu’il était formellement déconseillé de se livrer à ce type d’activité, au risque d’être dénoncé. C’est sans aucun doute ce qu’il arriva après que la voisine eut prévenu la Gestapo. Sans aucun ménagement, les agents perquisitionnent la maison et amènent Monsieur Vinsani dans une des geôles de la caserne Lapérine. Son épouse l’accompagne, mais il lui est signifié de se rendre le lendemain dans les locaux de la Gestapo, au numéro 67 route de Toulouse.

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    © Pinterest / Un village français

    Après avoir pris soin de faire brûler chez elle les documents qui pouvaient compromettre son mari, madame Vinsani se rend à 9 heures du matin au rendez-vous. Elle est accueillie fraîchement par deux allemands : le chef est brun, c’est Eckfellner ; l’autre est blond et lui sert d’interprète sans toutefois parler correctement le français, c’est Schiffner. On lui pose alors tout un tas de question. Elles s’enchaînent les unes après les autres sans que parfois l’on prenne même le temps de la laisser y répondre : "Où avez-vous connu votre mari ? Depuis quand êtes-vous mariée ? S’est-il rendu en Espagne ? Est-il Communiste ?" A ce flot d’interrogations, madame Vinsani répond qu’elle a connu son futur époux à Perpignan, qu’elle s’est mariée avec lui voilà cinq ans à Maureillas (Pyrénées-Orientales). Elle nie ses déplacements en Espagne et ses idées Communistes.

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    © Pinterest / Un village français

    Préparée à l’avance, on cherche à lui faire signer une déposition rédigée en langue allemande. Elle comprend que les perquisitions chez elle n’ayant rien données, la police allemande use d’un subterfuge pour obtenir des aveux. Elle refuse donc d’apposer sa signature sur un document dont elle ne comprend pas le sens. On la fait descendre au rez-de-chaussée dans une pièce où elle reste un moment sans que l’on s’occupe d’elle. Au bout d’un instant, madame Vinsani est invitée à passer dans une autre pièce où l’attendent Schiffner et René Bach. Ce dernier, interprète Alsacien de la Gestapo de Carcassonne, lui indique qu’elle est folle et qu’on allait la faire interner à Limoux. Refusant à nouveau de signer, le tortionnaire lui dit alors : "On fera votre maman prisonnière !" Elle bondit de sa chaise : "Vous ne ferez pas une chose comme celle-là !" Eckfellner, le chef de la Gestapo, lui adresse alors un violent coup de poing dans la poitrine qui la fait asseoir sur son siège.
    Vers 13 heures, nouvelle demande :

    "Voulez-vous signer ?"

    "Non"  

    "Alors vous prison."

    Elle est alors conduite à la caserne Laperrine.

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    L'ancienne villa de la Gestapo, avenue F. Roosevelt

    Le lendemain, la Gestapo ramène Philippine Vinsani dans ses locaux de la route de Toulouse pour un nouvel interrogatoire. Nouvelle insistance pour la faire signer et nouveau refus. Notons que pour si terrible que furent les autorités allemandes envers leurs prisonniers, jamais elles n’agissaient en dehors des règles du droit dictées par le Reich. Il fallait toujours des aveux signés.

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    La cheminée de la villa avant sa destruction en 2016

    "Dans la pièce où je me trouvais, se trouvait au coin de la cheminée, un fusil mitrailleur. Le chef de la Gestapo l’a pris en main et s’est mis à parler en allemand avec Bach qui se trouvait assis à un bureau, dont il avait tiré dans le tiroir un révolver qu’il chargeait avec des balles. Toute cette mise en scène a certainement été faite pour m’intimider et me faire croire qu’ils allaient m’exécuter. Ayant eu réellement peur et pris d’envie de vomir. Bach m’a dit : "Vous n’allez pas rendre ici, allez aux WC au fond du couloir." Lorsque je revins, Bach me dit : "Vous allez rester 15 jours sans manger ici." Comme je ne voulais pas signer, il m’a dit qu’on allait contrefaire ma signature. Au bout d’un moment, le chef est revenu porteur de mon sac à main, qui m’avait été retiré au cours de mon incarcération. Bach m’a dit : "Vous êtes en liberté, gardez pour vous tout ce qui a été dit et fait ici, car vous êtes en surveillance, vous ne vous en sortirez pas comme aujourd’hui. Je suis sortie sans signer la fiche et mon mari a été libéré au bout de quinze jours."

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    Le couloir de la villa avant sa destruction

    Les époux Vinsani ont jugé plus prudent de quitter Carcassonne et de n’y revenir qu’après la libération de la ville. Quant à leur dénonciatrice, elle a arrêtée avec sa sœur puis tondue. Elle écopa de la peine d’Indignité nationale avec confiscation de 20 % de ses biens.

    Sources

    Procès de René Bach / ADA 11

    Jugements de la chambre civique de l'Aude

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  • Le timbre en hommage au savant Carcassonnais Paul Sabatier, Prix Nobel de chimie

    La constitution d'un comité pour l'érection d'un monument à Paul Sabatier, présidé par M. Sarcos, suscita un regain d'intérêt pour le savant natif de Carcassonne. Un an avant que le buste sculpté par Yvonne Gisclard-Cau et Paul Manau ne soit inauguré au square Gambetta, la Poste allait mettre en circulation un timbre en hommage au Prix Nobel de chimie de l'année 1912.

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    © Wikitimbres.fr

    Tiré à 2,3 millions de séries, ce timbre de 30 francs et couleur verte présente le chimiste avec l'invention qui lui permit d'obtenir le Prix Nobel. Il fut dessiné par Pierre Gandon. Le 7 avril 1956, la recette principale des PTT à Carcassonne ouvrit ses bureaux afin de proposer l'oblitération 1er jour. Ce n'est que deux jours plus tard, que le nouveau timbre sera mis en vente dans les postes et bureaux de tabac.

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    © timbres-sur-ordonnances

    L'enveloppe 1er jour oblitérée à Carcassonne le 7 avril 1956

    Le groupe philatelliste de Carcassonne, sous la présidence de M. Bru, fournit pour cent francs une carte ou une enveloppe 1er jour.

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    L'appareil de transformation par catalyse du pétrole brut en essences légères

    Né à Carcassonne le 3 novembre 1854, Paul Sabatier était le septième enfant d'une famille de commerçants, domiciliés dans un immeuble de la rue Chartand. Intelligence primesautière et goût très approfondi de l'observation, il fut un brillant élève au lycée de Carcassonne emportant tous les premiers prix. Son oncle maternel, professeur de mathématiques au lycée de la ville, fut nommé à Toulouse et y prit son neveu. Là, Paul Sabatier obtint son baccalauréat sciences et lettres et prépara l'examen d'entrée à Polytechnique au Collège Sainte-Geneviève à Versailles. Reçu premier à l'agrégation des sciences physiques alors qu'il n'avait pas encore 23 ans, il devint préparateur de chimie du physicien Berthelot au Collège de France. Docteur es-sciences en 1880, maître de conférences de la Faculté des Sciences, il avait été élu doyen de la Faculté de Toulouse en 1905. Mis à la retraite en 1930, il continua son activité par l'organisation dans la région toulousaine de l'Institut Electro-Chimique. Ses études sur la catalyse électro-chimique et en chimie organique font encore autorité dans le monde scientifique. Traduits en toutes les langues, elles sont le plus puissant ouvrage du genre. Paul Sabatier mourra le 14 août 1941 et sera inhumé au cimetière Saint-Vincent de Carcassonne.

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