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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 190

  • A la cité, les évêques n'ont pas les mêmes valeurs....

    Le cimetière de la Cité médiévale possède au moins une particularité : il possède deux tombes d'évêques inhumés côte à côte mais ne bénéficiant pas du même lustre, traitement et restauration. La comparaison ne s'arrête pas là... La première tombe, richement ornée des armes et d'une épitaphe, appartient à Mgr Bazin de Bezons (1701-1778) qui officia sous l'Ancien régime, comme évêque du diocèse pendant 48 ans. Il souhaita se faire inhumer ainsi à côté des pauvres, qu'il avait institués comme ses légataires universels. La première restauration de cette dalle funéraire fut opérée en octobre 1971 par un archéologue amateur. La dernière en date, nous la devons à l'Association des Amis de la Ville et de la Cité.

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    "Ci-gît, Armand Bazin de Bezons, évêque de Carcassonne, remarquable par sa piété, exemple pour clercs et laïques, père des pauvres, plein de zèle pour la maison du Seigneur. Les héritiers reconnaissants, les pauvres, ont posé cette pierre. Décédé le 11 mai de l'an 1778 après avoir régi 47 ans le diocèse."

    Juste à côté, de "l'évêque des pauvres" se trouve à même le sol la sépulture de Guillaume Besaucèle (1712-1801). Il fut évêque constitutionnel de Carcassonne pendant dix ans, de 1791 à 1801. Lors de la Révolution française, il se prononça en faveur de la Constitution civile du clergé et prêta le serment. Il échappa à la Terreur et mourra en 1801 sans avoir pu mener à bien ses réformes. Guillaume Besaucèle fut enseveli à côté de l'illustre Bazin de Bezons "se croyant l'héritier de sa doctrine et de son autorité" (Mahul - 5e volume - p.529)

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    La tombe en marbre rose de Caunes-Minervois de Guillaume Besaucèle ne comporte pas d'inscription. Il est enterré comme les pauvres... Remarquons simplement la différence de traitement dans la restauration, entre deux évêques inhumés côte à côte. Les Carcassonnais seraient-ils davantage attachés au souvenir de l'Ancien régime qu'à celui de la Révolution française ? Je prends le risque d'affirmer ici que les catholiques de cette ville ne sont pas depuis 1789, majoritairement Républicains. Certains ont même cru qu'en 1940, un certain Philippe Pétain... C'est une autre histoire. 

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  • Jean Amiel (1882-1964), érudit et écrivain oublié

    Jean Amiel naît à Limoux le 9 février 1882. Son père, qui porte le même prénom que lui, est tailleurs d'habits, et Françoise Sabadie, sa mère, veille à l'éducation de ses enfants. Après des études chez les Frères des Ecoles Chrétiennes à Carcassonne, il exerce un temps le métier de son père puis se tourne vers le journalisme. Ses petites chroniques paraissent alors dans "Le télégramme".

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    © Collection Martial Andrieu

    Lorsqu'il passe le conseil de révision en 1902, on apprend qu'il exerce la profession de librairie à Carcassonne où il réside, 12 rue de la Liberté. Il est réformé à cause d'une hypertrophie du cœur, mais participera quand même à la Grande guerre, sans toutefois pouvoir prétendre en 1933 à la carte d'ancien combattant. Jean Amiel se marie en 1906 et ouvre sa librairie, 50 rue de la gare. En 1919, il est à l'initiative de la création du "Comité Saint-Régis". Le trésorier est Auguste Rougé, rue du Palais prolongée. Cette association organise des procession au tombeau de Saint-François Régis, né en 1599 à Fontcouverte. Jean Amiel qui en l'animateur le plus fervent, rédige une plaquette pour les pèlerins tout en continuant à publier des chroniques dans les journaux locaux.

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    Saint-François Régis

    "Dès 1909 il publie une série de plaquettes intitulées "Mes veillées littéraires" bientôt suivies, en 1911, par une présentation de "La Bibliothèque Publique de Carcassonne" qu'il lui serait bien difficile de reconnaître de nos jours diluée qu'elle est dans une Bibliothèque de l'Agglomération ! En 1919 il révèlera le 1er autographe du poète révolutionnaire et audois, André Chénier; celui-ci n'avait que 9 ans lorsqu'il apposa "d'une main déjà sûre" sa signature sur un acte de baptême le "12ème de Juin 1771". Il se fera connaître vraiment en 1928 en republiant une oeuvre d'histoire locale "L'Histoire des Antiquités et Comtes de Carcassonne" de Guillaume Besse qui ne se trouvait qu'en de rares exemplaires chez les érudits ou les bibliothèques locales." (Au nom de tous les Amiel / Jean-Louis Amiel)

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    En 1929, il écrit "Six ataciens célèbres", "La vie amoureuse et tragique d'André Chénier" et "Le fait de Fontcouverte". "La maison de St André" en 1931, sur l'hôtel particulier de François II de St André, bourgeois drapier. "La Vie et les Mémoires de Delphine Roumieux 1830-1911" en 1936 aux Méridionales à Nîmes et un certain nombre d'opuscules et ouvrages dont "Petite vie illustrée de St J-F de Régis", "Album souvenir de Fontcouverte" et sur des personnalités audoises comme l'écrivain Henri Bataille ou Charles Cros  sur "Le révérend-père Clément Cathary S. J. (1828-1863) Missionnaire de Madagascar" (1957), etc.

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    "Il tira de l'oubli plusieurs figures de l'histoire audoise et d'autres encore comme "Le libraire Jean-Baptiste Lajoux et ses fils (1786-1873)" une famille carcassonnaise de l'édition, ou analysa certains rapports de personnalités, comme "St Jean-François Régis et le St Curé d'Ars" qui ne parut qu'après sa mort, en 1969 ; il fit aussi des communications diverses comme celle sur "Le nom des tours de la Cité" en 1929 à la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude dont il était un fervent membre, article réédité d'ailleurs en 1981."

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    Jean Amiel que l'on appelait également Jean d'Atax, en référence au fleuve Aude ainsi nommé par les Romains, était un brillant autodidacte amoureux de son département. Comme beaucoup de ses semblables, il est tombé dans l'oubli. Grâce à quelques recherches que nous avons entreprises et au travail biographie de Jean-Louis Amiel, nous vous présentons cet hommage. Jean Amiel est mort le 15 avril 1964 à Toulouse.

    Sources

    Au nom des Amiel / Jean-Louis Amiel

    Recensement militaire / ADA

    Annuaire de l'Aude / 1921

    www.nom-amiel.org

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  • Tradition festive disparue : Le tour de l'âne de Carcassonne

    Il était à Carcassonne une tradition festive aujourd'hui disparue, dont l'origine remonterait au Moyen-âge : Le tour de l'âne. Dans un livre de Paul Basiaux-Defrance, l'auteur n'est pas tendre avec cette vieille tradition : "On en a fait une bouffonnerie et la malignité publique y voit plutôt un signe de tromperie et de discorde". Ainsi, le tour de l'âne serait une réminiscence d'un culte mithriaque. Mithra était sous l'empire romain honoré dans notre région. Ont dit également que les corridas en seraient une émanation. L'argument de Basiaux-Defrance prend son sens si l'on considère que le christianisme naissant, voulût interdire les autres religions. Les adorateurs de Mithra auraient créé le tour de l'âne comme subterfuge. A Alzonne, il existe les vestiges d'un temple de Mithra.

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    En dehors des célébrations religieuses et des processions, le dernier marié de l’année, coiffé d’un gibus et vêtu d’un costume noir, parcourait les rues de la Cité à dos d’âne.Il devait également tenir une paire de cornes au bout desquelles pendaient des légumes, comme autant de symboles phalliques.
    Autour de lui une farandole chantait un vieil air « siás coiol paure  òme … », (tu es cocu, pauvre homme).
    En signe d’allégeance, les femmes devaient embrasser les cornes.

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    La fête se terminait par un grand repas et grand bal devant la Porte narbonnaise. 
    L'ouverture du bal débutait par la bataille des « gabels » ; des sarments de vigne avec lesquels les hommes mariés tapaient sur les jeunes pour les faire partir. 

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    © Loupia

    Tour de l'âne à la Cité vers 1920

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    Le tour de l'âne en 1930

    On reconnaît : Laurent Bergé, Cadène, Roger Béteille, Raymond Arino, Jean Roos, Julien Charles, Henri Céreza, Léon Maury, Antoine Sire, Etienne Aribaud, Paul Contié (Marié), Georges Béteille, Eugène Pueyo, Germaine Espanol, Antoine Barrabès...

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    En 1954 : Eugène Pueyo, François Pujet (fait boire l'âne), Marcel Debez (Le marié), Jules Rainaud (trompette), etc.

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    © Martial Andrieu

    Tour de l'âne du 9 juillet 1965

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    Le tour de l'âne se fit également pendant la fête de Saint-Saturnin à la Trivalle et s'exporta dans d'autres quartiers de la ville.

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    Tour de l'âne à Villalbe pendant les fêtes du 15 août 1952.

    Le tour de l'âne, dont la tradition était exclusivement entretenue par des habitants de la Cité s'éteignit en 1976. A cette époque, la cité médiévale devint un lieu de plus en plus touristique dans lequel les anciens citadins n'avaient plus guère leur place. Les maisons furent vendues et transformées en commerces. Si les citadins regrettent qu'on leur ait pris leur cité, ils ne disent jamais la plus-value immobilière qu'ils ont réalisée en vendant leurs biens. Entre 1976 et 1999, date du renouveau avec la création de l'association "Los ciutadins", le tour de l'âne se déplaça en la ville basse.

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    © Droits réservés

    Le tour de l'âne en 1983

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    Le tour de l'âne dans la rue Courtejaire en 1986

    La tradition reprit donc en 1999, mais seulement pour sept années. Depuis 2012, les anciens combattants de l'association "Los ciutadins" ont jeté l'éponge. Peut-être le tour de l'âne est-il mort de sa consanguinité. En effet, il fallait être un citadin pour monter sur l'âne. De nos jours, on fait des procès aux maires qui laissent sonner l'angélus, aux voisins dont le coq chante. Même les ânes seraient défendus par une association de défense animale... Alors chacun rentre chez soi, regarde Michel Drucker le dimanche et ne se mêle de plus rien. Ainsi va la vie, derrière désormais les ordinateurs où paraît-il on se fait plein d'amis... virtuels. Pendant ce temps, on nous transporte la fête de Saint-Nicolas à Cité qui n'a vraiment aucun lien historique ni traditionnel avec le Languedoc. "O tempora, o mores !"

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