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Cinéma

  • "Sans famille" de Marc Allégret a été tourné dans l'Aude en 1934

    La première adaptation du célèbre roman d’Hector Malot « Sans famille » pour le cinéma parlant, est à mettre au crédit du réalisateur Marc Allégret. Si le producteur Pierre Braunberger a écrit une bonne partie du scénario, il ne l’a pourtant pas signé. On doit celui-ci à André Mouëzy-Éon. Allégret considéra ce film comme une saine récréation, mais confiera la fin du tournage dans les studios de Boulogne-Billancourt à Claude Autant-Lara. Toute l’équipe finit même par y aller de son passage à l’écran : Alexandre Trauner et Lazare Meerson (décorateurs), Jacques Prévert et Raymond Bussières.

    sans famille

    Marc Allégret

    Inutile de rappeler l’intrigue de ce roman, connu du tous. Attardons-nous cependant sur les lieux du tournage dans notre département. Lorsque Vitalis (Yanni Marcoux) parvient à soustraire Rémi (Robert Lynen) des griffes de son protecteur, l’action est sensée se dérouler avant Toulouse. C’est la place de la République d’Alet-les-bains, qui au printemps 1934, servira de décor à cette scène. On remarque, par ailleurs, que la fontaine se trouvait à l’époque au centre de la place.

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    La place de la République à Alert-les-Bains

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    Autre place de la République, celle de Limoux. Devant le Grand café du commerce, les deux ménestrels s’installent devant la population pour un tour avec leurs chiens Capi et Zerbino, sans compter le singe Joli coeur.

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    La place de la République à Limoux

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    Le Grand café du commerce

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    C’est ici que Vitalis se fait arrêter et conduire à la maison d’arrêt de Toulouse, sauf qu’il s’agit de celle de Carcassonne. 

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    Entrée de la maison d'arrêt de Carcassonne

    Pendant les deux mois de la détention de son maître, Rémi fait la rencontre d’une péniche sur le Canal du midi. On voit à l’horizon l’église de Trèbes ; les scènes sont tournées peu après, en direction de Carcassonne, au Pont canal de l’Orbiel. Comme autrefois, la péniche avance sur le chemin de halage grâce à la force motrice des chevaux.

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    La fontaine à l'entrée de la Cité médiévale

    Vitalis sort de prison, Rémi l’attend. Ils iront se désaltérer à la fontaine du lavoir près de porte Narbonnaise, à la Cité. Ils retrouveront ensuite la péniche de la riche famille à l’écluse du Fresquel ; très exactement, à la guinguette du Grougnou.

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    L'écluse du Fresquel

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    Le film sortira au mois de décembre 1934 dans les salles de cinéma. Il remportera un énorme succès national et international, grâce au talent de Marc Allégret. Robert Lynen, incarné par Rémi, connaîtra une fin tragique. Engagé dans la Résistance durant la Seconde guerre mondiale, il sera torturé par la Gestapo avant d’être fusillé le 1er avril 1944 à l’âge de 23 ans.

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    Robert Lynen

    Il revint à Carcassonne au théâtre municipal le 7 mai 1940 pour jouer "Le Rosaire". Membre du réseau Alliance à Marseille, il fut arrêté à Cassis en 1943 puis fusillé l'année suivante. 

    Le film est visionnable en cliquant sur le lien ci-dessous

    https://ok.ru/video/1630570351261

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  • Henri Fescourt (1880-1966), un célèbre cinéaste originaire de Carcassonne

    Marcellin Henri Fescourt, cinéaste biterrois né le 23 novembre 1880, était aussi Carcassonnais par sa mère. Nos recherches généalogiques ont abouti à cette conclusion. Le célèbre réalisateur des Misérables (1925), premier film porté à l’écran d’après le célèbre roman de Victor Hugo, passait dans sa jeunesse toutes ses vacances d’été à Carcassonne. Il fallait sans doute qu’il y ait une raison à cela. Nos investigations permettent désormais d’établir avec certitude qu’une partie de sa famille s’y trouvait. Mieux encore, les résultats obtenus identifient les rapports ayant existé entre Fescourt et d’autres personnages connus de notre ville.

    Henri Fescourt est le fils de Marie Louis Charles Fescourt, professeur de lettres au collège de Béziers, et de Jeanne Marie Charlotte Magrou, native de Carcassonne. Son grand père maternel, Etienne Magrou, originaire de Moux, tient une boulangerie dans l’actuelle rue Cros-Mayrevieille à la Cité médiévale. À l’âge de 14 ans, le jeune homme quitte Béziers pour le lycée de Carcassonne afin de préparer le baccalauréat. Il a pour professeur de philosophie, le célèbre journaliste Gustave Téry et fréquente son cousin Henry de Monfreid (1879-1974), son camarade de classe. En compagnie de ce dernier, Fescourt s’éprend de chevalerie médiévale sur les remparts de la Cité. Bientôt, ils se reverront à Paris chez Antoinette, la tante Magrou1.

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    L'ancienne boulangerie d'Etienne Magrou dans la Cité médiévale. M. Vidal lui succéda puis la famille Bacharan.

    Son intérêt pour le cinématographe semble se manifester à cette époque ; au cours d’une conversation, il apprend au début de 1896 que l’on a réussi à animer la photographie. Bachelier es-lettres, Henri Fescourt poursuit ses études juridiques à Paris à partir du mois de novembre 1899 et obtient sa licence deux ans plus tard. Tout en préparant son doctorat, il passe ses loisirs dans l’étude du contrepoint, de la fugue et de l’orchestration. De son propre aveu, ses parents ne l’ont jamais détourné de sa fibre artistique. Fescourt se présente à la Schola Cantorum sur les conseils de Guy Ropartz. Admis dans la classe de composition de Vincent d’Indy, son maître vénéré, il côtoie Eric Satie et Isaac Albeniz.

    À Carcassonne, Henri Fescourt passe tous ses étés. Il a pour amis, le poète Carcassonnais François-Paul Alibert, futur directeur du Grand Théâtre de la Cité : "J’assistais à d’assez nombreuses projections dans la ville de Carcassonne où je passais tous les ans mes vacances, en juillet et en août. Là, après des heures brûlantes, j’allais, le soir, prendre le frais à la terrasse d’un café sous les beaux tilleuls […] Il arrivait qu’une main se posât sur mon épaule : celle du poète François Paul Albert qui habitait Carcassonne. »

    Après son service militaire à Compiègne et Soissons, Henri Fescourt obtient un poste d’avocat stagiaire à la cour d’appel de Paris, puis d’attaché au parquet de la Seine. Il renonce à la musique pour laquelle il ne se trouve pas assez de talent, mais ne rencontre pas davantage de plaisir dans les plaidoiries qu’il donne au civil, au correctionnel ou au conseil de guerre. C’est tout au plus un gagne pain qui ne lui apporte pas grande fortune. Le jeune homme conserve cependant des liens avec les artistes de Saint-Germain-des-près, au café Bonaparte.

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    C’est à partir de 1912 qu’Henri Fescourt commence réellement à s’occuper de cinéma. La société Gaumont l’engage comme scénariste et le réalisateur Louis Feuillade le prend sous son aile. Ce dernier avait tourné quatre petits films muets dans la Cité de Carcassonne , aujourd’hui perdus, dont on conserve uniquement des cartes postales. Feuillade était natif de Lunel, comme le père de Fescourt. Il avait un temps usé ses pantalons sur les bancs du Grand séminaire de Carcassonne, actuelle école privée Saint-Stanislas. Très vite Gaumont propose à Fescourt de passer à la mise en scène et en l’espace de trois ans, ce dernier réalise plusieurs courts-métrages.

    La Grande guerre perturbe pour un temps ses projets. Il élit domicile à Carcassonne chez Madame Limousis, 8 rue du Pont vieux. La boulangerie de ses parents a été vendue à la famille Vidal. 

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    Après quelques projets avortés, Henri Fescourt travaille pour la «Société des Fils d’Art» . En 1921, il quitte la compagnie et rejoint le producteur Louis Nalpas à Nice pour développer un vaste programme de versions filmées des œuvres de grands auteurs français. Fescourt s’attèle à la l’adaptation et à la réalisation de «Mathias Sandorf» de Jules Verne, avec Romuald Joubé dans le rôle-titre. Premier grand succès d’une série de cinéromans qui vont faire du cinéaste l’un des derniers grands maitres de la fin du cinéma muet. Il dirige ensuite Gabriel de Gravone dans «Rouletabille chez les bohémiens» (1922) d’après Gaston Leroux et retrouve Romuald Joubé pour «Mandrin» (1923) de Arthur Bernède. Il est à l’apogée de sa carrière lorsqu’il tourne, en 1925, sa somptueuse version des «Misérables» de Victor Hugo, plus de quatre heures de film partagé en quatre époques, avec Gabriel Gabrio en Jean Valjean et Jean Toulout incarnant Javert. L’année suivante, il publie avec Jean-Louis Bouquet, «L’idée et l’écran», un manifeste sur l’esthétique dans le Septième Art. En 1929, il réalise «Monte Cristo» d’après Alexandre Dumas père, son dernier grand succès, avec Jean Angelo dans le rôle d’Edmond Dantès. Avec l’arrivée du cinéma parlant, le parcours de Henri Fescourt s’enlise inexorablement. Jusqu’au début des années quarante, il va encore tourner huit films qui passerons, pour la plupart, inaperçus par la critique et ne rencontrerons pas le soutient du public. Après le sans intérêt «Retour de flammes» (1942) avec Renée Saint-Cyr et José Noguéro, il abandonne définitivement les plateaux de tournage. Par la suite, de 1943 à 1946, il occupe une chaire à l’«École Technique de Photographie et de Cinéma». En 1945, il représente les techniciens à la «Commission de Contrôle des films». Parallèlement, il donne des cours à l’«Institut des Hautes Études Cinématographiques» (IDHEC) et ouvre un «cours de formation du comédien d’écran» dans le dix-septième arrondissement de Paris. (Site cineartistes.com)

    Henri Fescourt meurt le 9 août 1966 à Neuilly-sur-Seine.

    1. Antoinette Magrou née Bernard en 1841 à Béziers avait épousé Emile Dominique, le frère du grand père maternel d’Henri Fescourt. Ses deux enfants, prénommés Jean (1869-1945) et Joseph  (1883-1951) étaient donc ses cousins. Ils sont connus, l’un pour avoir été un grand sculpteur français, l’autre un très grand médecin biologiste. Pas étonnant que lors des visites à sa tante Henri Fescourt fît la connaissance de Jean Perrin, de Paul Langevin et des époux Curie. Antoinette Bernard était également la tante du grand botaniste français Noël Bernard (1874-1911), fils de son frère. Tous ces Magrou ont un point commun ; ce sont leurs origines du village de Moux dans l’Aude.

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  • Aux origines de la construction du cinéma l'Odeum, rue Antoine Marty

    © A. Machelidon / La dépêche

    Au mois d’août 1926, l’architecte Paul Enderlin présente un projet de construction d’une salle de cinéma dans la rue Antoine Marty, à la demande de Gaston François Deumié. Né à Mazerolles-du-Razès dans l’Aude le 1er février 1893, cet entrepreneur de spectacle a déjà dirigé la saison théâtrale de Pâques à Carcassonne en 1922 et 1923. La municipalité Tomey l’autorise le 26 septembre 1926 a bâtir un immeuble à usage exclusif du cinématographe sur un terrain ayant appartenu à Louis Bertrand. 

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    La façade dans les années 1930

    Le bâtiment, avec sa façade Art-Déco de 20 mètres, sera édifié entièrement en béton armé couvert partie en terrasse, partie avec charpente métallique recouverte de fibro-ciment ondulé. Cinq portes d’accès dont deux pour le bar et le vestiaire, formeront un front de dix mètres de largeur sur la rue.

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    © Isabelle Debien

    Le hall d'entrée en 2006

    Dans le hall, la billetterie disposera de deux doubles guichets à proximité de la direction et de la surveillance. On accèdera à la salle par six portes à partir du hall et par à la galerie par deux escaliers de 26 marches. La salle au parterre comprendra 300 places  (3e catégorie) et 464 places (2e catégorie) ; la galerie, 309 places (1ère catégorie) et 51 places dans les loges. Soit au total avec les strapontins, 1124 places assises. Au-dessous de l’écran, la scène pour loger l’orchestre sera mobile. La cabine de projection construite en béton armé sera accessible par un escalier de service. De nombreuses issues de secours donneront sur la rue Antoine Marty et sur la cour de l’immeuble vers la rue Hugues Bernard. 

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    © Isabelle Debien

    La salle en 2006

    Les conditions de sécurité exigent un poste d’eau muni de tuyaux et de lances au rez-de-chaussée et à l’étage, ainsi qu’un poste de pompier. Le piquet d’incendie ne devra jamais être inférieur à deux hommes pour les représentations. La cabine de projection devra contenir une cuve de minimum un demi-litre, interposée entre le condensateur de lumière et la pellicule.

    Il était en usage à l’époque de donner des noms antiques aux théâtres. À Carcassonne, la nouvelle salle s’appellera l’Odeum ; un lieu dans la vieille cité d’Athènes qui était destiné aux exercices de chant et de poésie. Divers théâtres se fondèrent sous ce nom dans plusieurs états grecs et même à Rome. 

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    © Isabelle Debien

    Gaston Deumié n’entend pas seulement offrir au public des projections de cinéma. Dans un courrier adressé au maire, il sollicite le 9 juin 1927 le classement de l’Odeum en salle de spectacle : « Le but de la direction a été de créer à Carcassonne une salle de spectacle qui ne soit, ni exclusivement populaire, ni exclusivement sélect mais qui puisse réunir à la fois et sans gêne réciproque les places à bon marché, les places moyennes et les places de luxe. » L’inauguration a lieu le 8 octobre 1927 avec la projection du film  muet La châtelaine du Liban, réalisé par Marco de Gastyne. L’orchestre de six instrumentistes dirigé par M. Estève illustre en direct les mouvements et les sentiments des acteurs sur l’écran. L’école de musique de l’Odeum créé le 18 octobre 1928 se propose même de former de futurs musiciens sous la direction de Gabriel Dutrey, professeur de musique au Conservatoire de Toulouse et chef d’orchestre du cinéma. Le nouvel équipement de la salle en parlant avec des appareils Western Electric, viendra mettre fin aux indispensables orchestres du muet, à la fin de l’année 1930.

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    © Martial Andrieu

    L’Odeum fait également la part belle à des pièces de théâtre de boulevard aux titres évocateurs comme Prête-moi ta sœur (1928) et Mon curé chez les riches (1929). Il accueille les conférences politiques comme celle de Philippe Henriot en novembre 1929 ou le Congrès des Jeunesses Radicales en avril 1937. Toutefois, la salle ne perd jamais sa  vocation artistique dont la plus notable est la venue de Joséphine Baker et de ses 19 boys, au mois d’avril 1934.

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    La revue nègre de Joséphine Baker

    À cette époque, Deumié a laissé la direction à François Fargues avant de la reprendre deux ans plus tard. Il se retrouve à la tête de trois établissements culturels après la Libération : l’Odeum, le Grand Casino d’Alès et l’Élysée de Limoux. Ce dernier avait été également construit par Paul Enderlin.

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    L'Élysée à Limoux, œuvre de Paul Enderlin

    Dans les années 1950, Gaston Deumié possède Le Vox, sur le boulevard Jean Jaurès à Carcassonne avant d’en changer l’enseigne le 29 septembre 1956 pour Le Boléro. Il meurt le 26 septembre 1977 à Carcassonne. Son héritier, M. Bonnafous, mettra en vente Le Boléro et l’Odeum en janvier 1979. Le premier sera transformé en garage automobile, le second continuera à être exploité en cinéma jusqu’en 2007. Acquis par la ville de Carcassonne à la société C.G.R, il fait actuellement l’objet de travaux afin d’être aménagé en Maison des associations.

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    © Claude Boyer / L'Indépendant

    Un grand merci à Isabelle Debien pour son aide

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