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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 182

  • Le périmètre non constructible autour de la Cité médiévale. Mais pour qui ?

    Il nous a paru intéressant de retranscrire ci-dessous, une lettre de protestation rédigée en 1967 par le Dr Emile Delteil, propriétaire de la clinique du Bastion, au sujet de la zone non-ædificandi. Ce courrier met en avant les largesses supposées, accordées aux uns et refusées aux autres. A t-on voulu faire payer au Docteur-Résistant, son étrange libération le 19 août 1944 de la prison de Carcassonne et ce qui suivit ? Ou bien était-il encore dans l'administration quelques rejetons de la Ve colonne ?

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    © Pinterest

    "Ce décret d’avril 1959 frappant les propriétaires des terrains situés autour de la Cité, n’a rien de commun avec le périmètre de protection de 500 m, établi par Poincaré le 13 décembre 1913. En effet; celui-ci n’interdisait pas de bâtir, mais soumettait les constructions à certaines normes, en particulier un faitage de 500 mètres, de façon à ne pas masquer la Cité par des bâtiments genre buildings.
    Une demande d’autorisation était simplement nécessaire. De nombreuses dérogations ont été obtenues par moi-même et d’autres propriétaires, en particulier le séminaire, MM. Deniort, Castella, Calvet, etc. La mairie a construit les annexes de l’Ecole Normale en bordure de la rue Camille Saint-Saëns, sans même respecter le retrait classique de 4 mètres sur des terrains payés à l’époque plus de 3000 francs le mètre carré.
    Le 9 avril 1959, parut le décret Malraux, contre lequel nous avons protesté, car il interdisait en principe, toute construction dans un périmètre plus ou moins fantaisiste qui a déjà été modifié plusieurs fois. De nombreuses dérogations ont été obtenues sur la fantaisie de tels préposés, ou à la suite d’influences politiques.

    On a construit parfois à moins de 50 mètres des remparts, des maisons de plusieurs étages, ne respectant même pas le décret Poincaré. On a construit encore côté de la Cité et même à l’intérieur des remparts. On a même avec la permission de qui ? élevé un dépôt de carburants au sommet du monticule qui fait face à la porte Narbonnaise sous le chemin de Montlegun. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce dernier ouvrage n’est pas très artistique. L’EDF vient de construire en bordure de la rue Saint-Saëns plusieurs maisons, dont une dans le prolongement normal de cette rue, aurait dû déboucher en ligne droite sur le milieu de la côte de la Cité et non sans visibilité au pied du monument Combéléran, après avoir fait plusieurs contours dangereux.

    Lorsque le décret Malraux parut, de nombreux propriétaires se sont groupés pour réagir contre ce qu’ils considéraient comme une brimade. Pour défendre leurs intérêts, ils demandèrent une expertise légale qui leur attribua à titre de dommages, une indemnisation de 5000 francs anciens par m2 (75 € d’aujourd’hui, NDLR), alors que les terrains urbains à cette époque, valaient plus. Dans un but de conciliation, nous acceptâmes tous cette estimation, et Maître Follet fit homologuer l’expertise par un jugement d’instance qui donna satisfaction à tout le monde. Personnellement, je devais obtenir pour plus de 5000 m2, une indemnité de 309 375 francs, mais c’est le Ministère des Monuments Historiques et l’administration, qui firent appel à Montpellier, où la Cour réduisit les dommages des 2/3, ramenant mes indemnités à 106 080 francs.
    C’est alors que je fis un pourvoi en cassation, pour lequel, j’ai été débouté.

    J’avais accepté l’expertise qui nous indemnisait sur un taux de 50 francs le mètre carré, alors que le prix des terrains oscillait entre 80 et 120 francs sur le marché de Carcassonne, tarif homologué par l’Enregistrement et les Domaines. De plus, j’avais eu l’autorisation d’y élever une maison et fait à plusieurs reprises l’objet de démarches de la part d’éventuels constructeurs.

    Ces différences sont inexplicables, puisque l’administration a acheté officiellement en zone d’aménagement différé, par conséquence non-constructible, des terrains en friche et inondables, dont voici deux exemples que l’on peut contrôler :

    Terrain Calmet, entre le Pont-vieux et le Pont-neuf, acheté 70 à 80 millions soit 8000 francs le mètre carré (Cité administrative des impôts, NDLR).
    Terrain Sablayrolles-Pelouse au Païchérou, acheté exactement 388 286 francs soit 300 francs le mètre carré. J’insiste, pourquoi cette différence avec mes terrains ? Puisque l’enclos Birot est en ville, parfaitement plat, construitible, d’accès facile, étant en bordure de la rue Saint-Saëns qui en assure la viabilité. On aurait pu facilement y loger une centaine de fonctionnaires à portée de leur travail, à un prix abordable."

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    Anciens terrains Calmet. Actuelle place Gaston Jourdanne et Cité administrative.

    "Je dois avouer que les brimades continuent, puisque on m’a parlé d’un projet pour percer en diagonale sur mes terrains, une rampe d’accès joignant la rue Saint-Saëns (angle de l’Ecole Normale actuellement affecté à la sortie des écoles), à la porte Narbonnaise, malgré une dénivellation qui sur relevé topographique est estimée à 24 mètres. Mais qu’importe ! Pour certains, le but est de rendre mes terrains inutilisables."

    Source

    L'indépendant / 27 novembre 1967

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  • L'éclairage public à Carcassonne du Moyen-âge à nos jours

    Comme toutes les villes du royaume, Carcassonne, au Moyen-âge, était la nuit venue plongée dans l'obscurité la plus totale. Quand les cloches de Saint-Michel et de Saint-Vincent sonnaient l'Angélus du soir et annonçaient le couvre-feu, les échoppes de la "Carriera major"ou de la rue de la Pélisserie se fermaient. Les rues boueuses devenaient alors de véritables coupe-gorges. Au XVe siècle, il existait bien quelques lumières installées aux carrefours des rues, mais comme l'entretien incombait aux habitants, ceux-ci se dérobaient le plus souvent à cette tâche. En juin 1697, sous le règne de Louis XIV, fut promulgué un édit pour l'établissement des lanternes. Suspendues à une potence, elles s'abaissaient et se levaient au moyen d'une corde passée sur une poulie. Toutefois, l'éclairage était assez timide.

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    © Vincent photographies

    A Paris, l'huile remplaça le suif à la suite d'un concours à l'Académie des sciences en 1765. A Carcassonne, il faudra attendre le 10 décembre 1771 pour que l'on installe vingt grandes lanternes à vitres, garnies en plomb, à cul de lampe, avec cordes et poulies. Ce système ne survivra pas longtemps, car seuls trois citoyens de la ville acceptèrent la charge de les placer à leurs frais et de les entretenir : Bages, Pontet et Ferrier. Pour remédier cette défaillance, la municipalité met en adjudication le service d'éclairage par délibération du conseil municipal en date du 7 décembre 1779.

    A cet effet, un devis et un plan sont dressés par Jean Dolbau, ingénieur géographe du roy, architecte et inspecteur des travaux publics de Carcassonne. Le bail est remporté par les sieurs Vidal, Guyot et Malaviaille. Le prestataire installera des lanternes peu de temps avant le 1er novembre et commencera à les allumer le soir de la Toussaint de six heures à quatre heures du matin. Il n'y aura pas d'allumage, les nuits de pleine lune. En 1783, Argand mit au point l'éclairage avec lampe à huile rationnelle à qui Quinquet donna son nom.

    Les rues, places et promenades de la ville, de ses faubourgs et de la Cité comptaient 79 lanternes. Elle passèrent à 136 en 1838, après que l'on a supprimé l'huile trop chère par celle de colza. En 1847, les deux familles Feuillerade et Pagès s'occupèrent respectivement de la Ville basse et de la Cité avec ses faubourgs.

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    Bec de gaz au hameau de Villalbe

    Un changement notable intervint avec l'industrie du gaz, due au Français Philippe Le Bon. Louis XVIII fonde une société royale en 1820 et plusieurs villes adoptent le nouveau mode d'éclairage au gaz. Carcassonne fut la première ville de l'Aude à s'y intéresser. La délibération du conseil municipal du 23 mars 1846 décide que le gaz serait substitué à l'huile à partir du 16 août 1847. L'adjudication en revint à la Compagnie Blanchet, le 10 mai 1846. Initialement prévus en fonte, les tuyaux durent être remplacés par de la tôle en fer étamée et bitumée joints par un long pas de vis. La fonte ne résisterait pas au passage des charrettes ou au un tassement de la chaussée. Compte tenu de l'économie réalisée par l'utilisation des tuyaux en fer, plus chers à l'achat, mais faciles à poser et ne demandant que peu d'entretien, il était demandé à la Compagnie de prolonger leur canalisation jusqu'à la rive droite de l'Aude en traversant le Pont neuf, éclairant ainsi les faubourgs de la Trivalle et de la Barbacane.

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    L'usine à gaz de Carcassonne en 1963

    A la fin de l'année 1846, le travaux de construction de l'usine à gaz débutèrent sur un terrain situé en dehors de la ville appartenant à M. Cabrié. L'usine comprenait une salle des fours couverte d'une toiture en tôle, une salle d'épuration avec ventilateur, une cheminée de 33 mètres de hauteur, deux gazomètres de 400 m2 chacun. On accédait à l'usine depuis l'allée de Bezons, par le chemin dit du "gazomètre". Le directeur ou "fermier" était M. Paul Léonard Pailhiez-Piécour, représentant la Cie Blanchet frères. Le personnel de l'usine était composé d'un contremaître, M. Delmas, de trois chauffeurs de fours : Auguste, Antoine et Pierre. Ils se relayaient toutes les huit heures pour un salaire de 50 francs mensuels. Messieurs Chameau, Sabatier, Charlou et Raymond étaient allumeurs de réverbères et s'occupaient chacun d'une section de la ville. Dans les faubourgs encore éclairés à l'huile, on faisait appel à Marie et Jeanne Bousquatier, ainsi qu'aux épouses Chameau et Sabatier.

    La Cie Blanchet fut mise en difficulté par les événements de 1848. La vile signa un traité avec M. Bellenger, fermier de l'usine à gaz depuis 1849. Dans son cahier des charges, l'entrepreneur devait réaliser les travaux nécessaires pour éclairer au gaz les faubourgs l'Araignon, Barbacane, Trivalle et la Cité, ainsi que la route principale conduisant à la gare de chemin de fer. Au total : 7000 mètres de canalisations nouvelles, 125 becs de gaz dont 20 candélabres et 105 consoles. Chaque bec étant positionné à une distance de 40 mètres et à une hauteur de 4 mètres du niveau du pavé. Le prix du gaz par bec et par heure sera de 3 centimes, pour une consommation de 140 à 150 litres à l'heure. 

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    © Coll. Martial Andrieu

    Dans les années 50, on voit fort bien les gazomètres

    En 1865, l'usine à gaz est cédée à la Société Néerlandaise pour l'éclairage et le chauffage par le gaz basée à La Haye. Le Hollandais M. Gros devint directeur, secondé par un contremaître, M. Mestre. L'usine entreprit des travaux d'agrandissement vers l'Est jusqu'à l'Aude. Un troisième gazomètre de 1500 m3 comprenant 8 piliers en maçonnerie fut construit, puis un autre en 1870 et un cinquième de 5000 m3. Ainsi furent éclairés entre 1868 et 1869, les actuels lieux suivants : Jacobins, Bd Sarraut, Iéna, Laraignon, square Chénier, pont Marengo, Caserne Laperrine, Palais de justice, St-Gimer, rue Antoine Marty et chemin de Montredon. Des bâtiments furent également éclairés progressivement : La gare (1867), la Préfecture et la cathédrale St-Michel (1868) et l'Hôtel Dieu. A la cité, les lices alors pourvues de vieilles maisons de tisserands possédèrent 8 becs de gaz. A partir du 1er juin 1866, la société laissa le gaz dans les canalisations le jour afin que les habitants puissent se chauffer. 

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    Réverbère dans les lices vers 1900

    En 1887, l'usine était reprise par la Compagnie Générale Française et Continentale d'Eclairage. La municipalité faisait stipuler dans un avenant "Le directeur de l'usine à gaz sera toujours de nationalité française".

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    © Henri Alaux

    Les ouvriers et allumeurs de réverbères en 1896

    Elle prit dix ans plus tard le nom de "Société du Gaz de Carcassonne". Elle subsista jusqu'en 1946, date à laquelle elle fut intégrée au Gaz de France.

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    © I.G.N

    Les deux gazomètres et l'usine en 1958

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    © Google maps

    Vue aérienne du site en 2018

    L'arrivée du gaz de Lacq à Carcassonne va sonner le glas du gaz de houille à partir de 1963. Les deux gazomètres, derniers témoins de l'usine à gaz seront rasés au mois d'avril 1974 par l'entreprise Olivier, de Revel. 

    Sources

    Conférence de M.Guérin au C.D.D.P / Octobre 1974

    Exposition "Gaz-Panorama"

    Midi-Libre / Avril 1974

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  • "Le Cid" de Pierre Corneille avec Francis Huster à Carcassonne en 1976

    Francis Huster, désormais parrain du Festival de Carcassonne, n'a pas découvert les planches de notre ville récemment. Sa première intervention remonte au 4 juillet 1971. Jean Deschamps qui l'avait repéré au conservatoire, lui proposa de mettre en scène "Les amours de Jacques le fataliste" d'après le roman de Denis Diderot. La représentation eut lieu dans la Cour du Midi, à l'intérieur du Château comtal avec Jacques Spiesser dans le rôle du Maître. C'est ce même comédien qui, cinq ans plus tard, réalisera la mise-en-scène du Cid de Pierre Corneille dans le Grand théâtre. Le premier grand rôle du répertoire pour Francis Huster à Carcassonne, avec pour décor les remparts de la Cité. Quelle magie !

    "J'ai joué "Le Cid" pour la première fois en costume moyenâgeux en 1976, au Festival de Carcassonne." (Francis Huster / Paris-Match / 1993)

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    © Charles Camberoque

    Francis Huster dans "Le Cid" à Carcassonne le 15 juillet 1976

    Distribution

    Mise en scène de Jacques Spiesser, avec Francis Huster de la Comédie-Française (Don Rodrigue), François Eichotzer (Le Comte) fut remplacé au dernier instant par Claude Dreyfus, Georges Audoubert, de la Comédie-Française (Don Diègue), Yves le Moign (Don Arias), Hervé Briaux (Don Sanche), Patrice Alexandre (Le Roi de Castille), Martine Chevalier (Chimène), Elisabeth Bourgine (Elvire), Léa Anthome (Léonor), Françoise Thuries (L’Infante).

    Merci à Charles Camberoque pour sa photo

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