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Seconde guerre mondiale - Page 54

  • Des témoignages inédits sur l'occupation allemande à Carcassonne

    Pendant plusieurs mois j'ai tenté d'interroger les anciens Carcassonnais dont les souvenirs, encore bien vivants dans leur mémoire, permettent de connaître une autre facette de la vie ordinaire pendant l'occupation que celle des archives. Il était à mon avis intéressant d'entendre ces gens à travers leurs anecdotes.

    Le couvre feu

    Claude Alay et André Malacan, âgés à peine de 16 ans, étaient sortis pendant le couvre-feu lorsqu’ils furent arrêtés à l’entrée de la Cité par une patrouille allemande. Halt ! leur intima un de ces vieux gradés de la Wehrmacht chargés de veiller sur l’antique monument transformé en Quartier général. Que faites-vous dehors pendant le couvre-feu ? Terroristes ?… répliqua le militaire en élevant la voix d’un façon inquiétante laissant peu de place à la négociation. Sans se démonter et le plus naturellement du monde, Claude rétorqua :

    - Nous faisions une promenade digestive.

    - Papiers, Papiers, bitte ! leur intima l'officier vert-de-gris

    Si André Malacan put justifier sans crainte son identité, en revanche Claude Alay tira de sa poche le seul document qu’il avait en sa possession. C’est-à-dire une carte de séjour de ressortissant Espagnol.

     - Vous, désignant le jeune imprudent, pas français. Étranger ! Terroriste ! Grave, très grave. Aller avec moi Kommandantur et partir en Allemagne.

     

          Claude expliqua alors que sa mère avait fait une demande de naturalisation qui était en attente de décision. Après bien des explications, l’allemand décida de les laisser partir :

     - Fichez le camp et que je ne vous revois plus.

    Selon Claude Alay, ils ont eu de la chance de tomber sur un viel allemand qui devait lui aussi avoir des enfants. Ils en ont été quitte pour une belle peur ; l’affaire aurait très bien pu mal tourner.

    Jeux dangereux

    Georges Savi, André Malacan, Jean Jordy et Claude Alay avaient été suffisamment bricoleurs pour confectionner à partir d’un vieux poste à galène, un émetteur. Placé et caché dans le grenier de l’un des amis habitant rue de la digue, ils s’étaient mis dans l’idée par amusement, de faire fonctionner cet appareil illicite :

    "L’Allemagne a perdu la guerre. Hitler est un salaud."

    À plusieurs reprises ce message passa sur les ondes radio, jusqu’au jour où ils furent avertis in-extremis qu’un véhicule militaire équipé d’un radar mobile cherchait à intercepter l’émission du poste radio. Il fut aussitôt camouflé et entièrement démantelé. Les apprentis résistants venait d’échapper au pire…

    Un peu trop près...

    Un jour que je jouais dans la rue, mon père me surpris dans les bras d'un soldat allemand qui sûrement s'était pris de tendresse pour moi. j'avais six ans à peu près...  Il devait avoir, je le suppose, lui aussi un enfant qui l'attendait en Allemagne. Après qu'il m'a reposé, mon père, de la peur me flanqua une paire de gifle dont je me suis longtemps souvenu.

    Les tickets de rationnement

    Nous étions quatre enfants et ma mère était veuve pendant la guerre. Aussi, avions-nous droit à des tickets rationnés en fonction de notre âge : J1, J2 ou J3. Chaque jour mon petit frère de 13 ans allait chercher le pain en rusant la boulangère, qui n'était pas dupe. Il faisait parfois la comédie en pleurant : Ma mère m'avait donné des tickets et je les ai perdus... Ainsi revenait-il quelque fois avec le pain et sans avoir dépensé les tickets. A la maison, j'étais passée experte pour couper des tranches si fines qu'on y voyait la Cité à travers. Tellement nous avions faim, du bout des doigts nous ramassions les miettes sur la table, tels des moineaux. Je ne comprends pas les gens qui aujourd'hui, mettent du pain à la poubelle. 

    Ma mère essayait d'accommoder les plats. Nous mangions les cosses de fèves et de petit-pois... Je sais qu'il n'y avait plus aucun rat dans la rue pendant la guerre... Les chats étaient rares. Heureusement, ma soeur travaillait à la Croix-rouge ; grâce à elle, le quotidien était un peu meilleur. La faim quand on est adolescent et en pleine croissance c'est terrible.

    Les bretzels

    J'apprenais le métier de boulanger chez un artisan, rue Barbès. Malgré qu'ils étaient du côté des bôches, voici comment la patronne m'a sauvée la vie. Hiver comme été j'allais travailler avec un grand manteau dont j'avais décousu la poche intérieur. Ceci me permettait d'y faire tomber des bretzels que je dérobais pour nourrir ma famille. Nous avions tellement faim ; les patrons étant collabos, je n'avais aucun scrupule. Un jour le fils me surpris ; mon manteau était si lourd qu'il était devenu suspect. Il y avait dans la boutique ce jour-là des soldats allemands venant se ravitailler. Le patron fit un scandale devant eux : "Regardez comme il me vole, ce vaurien..." Les allemands qui n'étaient pas prêts à rigoler m'ont dit qu'ils allaient m'envoyer en Allemagne. Je n'ai dû mon secours qu'à la patronne qui ayant besoin de moi, les détourna de leur entreprise. Et sûrement aussi au fait qu'ils faisaient des affaires avec la kommandantur.

    Place Carnot

    Les jours de marché tout était réglementé. Pas question d'accéder à la place librement ; les clients devaient se tenir autour et entendre le coup de sifflet de d'un agent de police pas très commode. À une heure bien précise était donné le signal et gare à celui qui tentait de se faufiler.

    Le faux résistant 

    À la Libération de Carcassonne, le 20 août 1944, des coups de feu retentirent dans le centre-ville. Claude Alay qui venait de se faire opérer des végétations, portait un large turban autour de la tête. Il se cacha sous une charrette à proximité de l’ancienne mairie, dans l’actuelle rue Aimé Ramond. Lorsqu’il en sortit, des Carcassonnais le prirent pour un résistant blessé durant les combats contre l’occupant en fuite. Il eut du mal à expliquer le contraire à la foule béate d’admiration pour ce si jeune patriote.

    Un quartier épargné

    Nous sommes le jour du départ de l'armée allemande de Carcassonne, quand devant la clinique Delteil, deux soldats qui avaient posé leurs bicyclettes se les sont fait voler. Ceci explique qu'aussitôt, la rue de la digue soit gardée à ses extrémités par des soldats en armes. Ils descendent des deux côtés et soulèvent les stores des fenêtres avec leurs mitraillettes. C'est sûr, si un civil sort de chez lui ou passe dans la rue ils vont le descendre. À ce moment-là, une personne va sauver le quartier. Il s'agit de madame Colomine. Elle ouvre sa porte aux soldats et les fait entrer chez elle, où ils prendront le café. Ainsi l'affaire se tassera sans sang versé, mais après la guerre on accusera cette femme d'avoir fricoté avec les bôches.

    Quai Riquet

    Un dimanche du 20 août 1944 mon père ayant été réquisitionné comme chauffeur pour transporter les troupes allemandes, ma mère se rendit chez mes grands parents à Grazailles "villa Beaumont".

    Après le déjeuner mon grand-père m'amena faire une partie de pèche au bord du canal (face à la route minervoise) à hauteur de l'épicerie 'l'Etoile du Midi' - ce qu'il ne faisait jamais. Habituellement, nous allions au fresquel (pont troué).
    Aux environs de 15 heures il y avait beaucoup de mouvements sur la route minervoise et nous entendions des tirs de fusils.
    Mon grand père me mit à l'abri sous une pierre servant d'accès à des jardins derrière nous, nous étions trés protégés.
    Au bout de longues minutes et n'entendant plus tirer, mon grand père sortit de notre abri. Il fut mis en joue par un allemand qui était en poste derrière ces blocs de pierre qui bordaient le canal (toujours présents actuellement).
    Par réflexe mon grand père prit sa casquette et la brandit à l'adresse du soldat. Celui-ci lui intima de la main de se cacher à nouveau.
    Aprés de longues minutes mon grand père entendant la sirène de la Croix rouge, me dit : "il faut sortir" . nous ramassons à la hâte notre attirail de pèche et nous sommes remontés à hauteur de l'épicerie. Là, j'ai pu observer un homme criblé de balles, qui s'était adossé au gros platane face à l'Etoile du Midi. Plus loin, deux autres gisaient à terre. La Croix rouge intervenant se mit à relever les morts et nous recommanda de se mettre à l'abri. Ce que nous fîmes en nous glissant derrière les bâtiments qui longeaient l'épicerie et qui brûlaient.
    Là, au bout d'un long moment mon grand père me dit:" tu vas entendre dans un moment le toit qui va s'éffondrer, ce qui arriva dans un fracas.
    Entendant à nouveau la Croix rouge, mon grand père me dit:" il faut sortir". Là encore un cadavre qui était relevé... nous ne nous sommes pas attardés, nous sommes repassés devant l'épicerie et pris le tournant pour remonter sur Grazailles. Nous ne risquions plus rien!

    Les fusillés

    J'avais sept ans quand mon père me fit monter par une échelle posée contre le mur de la caserne Laperrine, rue basse. Nous n'étions pas les seuls ; il y avait tout Carcassonne. Les miliciens condamnés descendirent en camion depuis le boulevard Barbès. Des cercueils étaient soigneusement alignés. Chacun son tour, firent le même chemin... Confession à l'abbé Pierre-Pont, mise en joue devant le mur du manège de la caserne, les balles crépitent et le condamné tombe, il est déposé dans le cercueil après le coup de grâce. Au suivant... Cette scène a hanté toute mon existence et j'en ai voulu à mon père, car ce n'était pas un spectacle pour un enfant de cet âge. 

    Le procès Bach

    J'habitais dans la rue des chalets en 1945, au moment du procès de l'agent de la Gestapo Bach. Ma mère me dit alors cette phrase :

    "Si tu n'est pas sage, tu n'iras pas au procès"

    Voilà qui doit bien résumer l'humeur du moment...

    Si vous avez également des témoignages de vos familles, laissez-les dans les commentaires de cet article.

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  • Le parvis de la cathédrale St-Michel révèle un épisode méconnu de l'histoire

    Nous avons appris cette semaine que d'ici à l'été 2016, la ville de Carcassonne va restaurer en profondeur le jardin attenant au parvis de la cathédrale Saint-Michel. Il est évident qu'à la suite des travaux menés par l'état sur l'édifice religieux, on ne pouvait difficilement faire l'économie de ce chantier. Le square de l'armistice de 1918 et de la capitulation nazie - nom peu poétique s'il en est - va donc se transformer. Très certainement, on prendra soin des vestiges de la maison Grassialo et de la statue de Jeanne d'arc, dont la fonte est attaquée en surface par la rouille. 

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    Selon les recherches entreprises par Jacques Blanco et communiquées dans le bulletin de la SESA en 2011, cette statue de Jeanne d'arc se trouvait dans un enfeu situé sur le boulevard Barbès à partir de 1914.

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    © Collection J. Blanco

    Elle se tenait sur un socle à l'arrière de la chapelle des Frères des écoles chrétiennes, comprise entre la rue neuve du mail (rue Marceau Perrutel) et le numéro 53 du boulevard.

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    C'est en 1972 que la statue a été déposée et placée dans le jardin attenant à la cathédrale, suite à l'installation du lycée Saint-François dans les anciens locaux des Frères des écoles chrétiennes. Elle a été sauvée grâce à l'intervention de M. Antoine Labarre, historien amateur dont nous sommes fiers d'être les héritiers. La chapelle a été désacralisée et transformée en gymnase.

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    Nous apercevons encore aujourd'hui l'enfeu, sans la statue

     Le 9 mai 1945

    C'est en trouvant une vieille photographie dans une brocante que j'ai pu dérouler le fil d'une pelote constituant un épisode oublié de l'histoire. Je ne disposais que peu d'indices, sinon une mention manuscrite au dos : Fête de Jeanne d'arc - 9 mai 45 - Carcassonne. Grâce à un peu de perspicacité et à l'aide de J. Blanco, nous avons pu conclure qu'il s'agissait bien du même endroit. Le numéro 53 à droite du cliché correspond à une maison qui s'est écroulée dans les années 90 et à droite, on aperçoit une partie du socle de la statue. Restait à savoir pour quelle occasion précise, cet évènement s'est produit.

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    Sur cette photographie prise sur le boulevard Barbès le 9 mai 45, on distingue les musiciens de la Société lyrique Sainte-Cécile et - en bas, à droite - Louis Amiel, le maire provisoire de Carcassonne à la Libération. Ce qui a attiré mon oeil, c'est la plaque en dessous du socle, car sur la photo de la statue dans l'enfeu elle n'apparaît pas. Bingo ! C'est précisément à cette occasion que la plaque a été dévoilée. Quel texte contenait t-elle ? Il suffit pour cela d'aller au pied de la statue située désormais dans le jardin du parvis de la cathédrale.

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    1940 - 1945

    Témoignage de reconnaissance

    au département de l'Aude des

    Lorrains et des Alsaciens

    expulsés de leurs foyers

    en raison

    de leur attachement à la 

    FRANCE

    Renseignement pris auprès de l'abbé Didier Escoupérié, les habitants de Carcassonne ont accueilli chez eux de nombreux réfugiés d'Alsace-Lorraine à partir de 1940. C'était surtout des Lorrains de Metz et des villages alentours. Ils avaient fait le choix d'être Français et avaient fui l'annexion de l'Alsace-Lorraine par les Allemands. Certains de ces réfugiés logeaient dans la rue Chartran et entretiennent encore des relations avec certaines familles Carcassonnaises. En remerciement, une souscription a été levée par eux pour édifier une plaque en la mémoire de cet évènement tragique de leur histoire.

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    La plaque ne pouvait alors qu'être placée sous Jeanne d'arc - la Lorraine - symbolisant la résistance et le combat face à l'envahisseur. Chose étrange, le 8 mai 45 coïncide avec l'entrée de Jeanne d'arc dans Orléans libérée des Anglais en 1429. Par contre, la fête de Sainte Jeanne d'arc (canonisée en 1920) n'est pas le 1er mai... mais le 30 mai, jour de son martyre sur le bûcher de Rouen, en 1431.

    Espérons que lors des travaux dans ce jardin, on prendra soin de cette plaque maintenant que nous en connaissons l'histoire. On pourrait même envisager d'inviter les famille des réfugiés Lorrains ; une bonne occasion pour resserrer des liens. Il faudrait alors refaire une plaque et protéger celle-ci qui est en bien mauvais état.

    Mise à jour de l'article au 21 février 2017

    jeanne d'arc

    Après avoir inauguré le parvis de la Cathédrale Saint-Michel, les services de l'état ont déposé la statue de Jeanne d'Arc. On se demandait bien où elle avait bien passer. Hier, nous avons découvert la statue dans cet état. Elle se trouve dans le jardin du presbytère de la cathédrale attenant à l'hôtel de police. Cet espace appartient à l'évêché. C'est là normalement que la statue devait retrouver un emplacement. Qu'est-il advenu du socle et de la plaque des Lorrains ? Le jardin mal entretenu et au milieu de saletés, laisse entrevoir la pucelle de Lorraine posée comme un vulgaire sac de ciment. Par qui ???

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  • 1939 : L'exode de 450 000 réfugiés espagnols en France

    La guerre civile espagnole remportée par les troupes phalangistes du général Franco sur les Républicains, a poussé plus de 450 000 espagnols sur les routes de l'exode en février 1939. Après la chute de Barcelone, l'afflux de réfugiés n'a cessé de progresser vers la frontière française.

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    Les réfugiés à la frontière du Perthus en 1939

    Le gouvernement français de Daladier refuse d'en premier temps toute intrusion par la frontière, propose ensuite une zone neutre à Franco. Celui-ci décline l'offre indiquant qu'il s'agit de prisonniers de guerre. Le 27 janvier 1939, la France complètement débordée par les événements ouvre ses frontières, uniquement aux civils. Les gardes mobiles et les militaires sont chargés de faire le tri et repoussent par la force ceux jugés à-priori comme des combattants Républicains. Les autres sont fouillés et dépossédés de leurs armes, bijoux, argent liquide...etc. Le lendemain, ordre est donné de les accueillir mais leur nombre (45 000) déjà parqués sur les plage d'Argelès-sur-mer incite le gouvernement français à fermer à nouveau la frontière. À partir du 5 février, le reste de l'armée Républicaine de 250 000 hommes est autorisée à venir en France. Elle s'ajoute aux 250 000 civils déjà sur place. Des avions républicains atterrissent à Carcassonne. On estime à 500 000 le nombre de réfugiés dont un tiers de femmes, enfants et vieillards.

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    Le camp d'Argelès-sur-mer

    La France est débordée et complètement dépassée par les évènements. Les premiers réfugiés sont obligés de construire eux-mêmes des baraquements. En plein hiver, les espagnols ne disposent pas de chauffage, de médicaments, de nourriture et ce n'est qu'au bout d'un moment que l'armée consent à donner des couvertures. Saint-Cyprien est déclaré "zone paludique" ; entre février et juillet 1939, 15 000 personnes mourront de plusieurs épidémies. Il faudra attendre le printemps pour que d'autres camps soient créés au-delà des Pyrénées-Orientales, à Agde et Bram.

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    Le gouvernement parle de "Camp de concentration", comme celui de Bram à 25 kilomètres de Carcassonne. Il est entouré de barbelés et gardé par des policiers français. Ce n'est pas le seul dans l'Aude, il faut ajouter notamment celui de Montolieu ou de Couiza.

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    L'arrivée des réfugiés au camp de concentration de Bram

    On ne peut pas dire que la France fut très glorieuse dans l'accueil des réfugiés espagnols, même si elle fut dépassée par l'ampleur du problème. Ils venaient des régions frontalières telles que la Catalogne ou l'Aragon. L'arrivée au pouvoir du gouvernement de Vichy en 1940 va sérieusement détériorer la condition de ces étrangers. 200 000 seront enrôlés de force des les groupements de travailleurs étrangers fondés par Vichy. Dans l'Aude, ils construiront des routes ou seront employés à la mine de Salsigne. Certains seront déportés dans des camps d'extermination.

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    N'oublions pas que des centaines d'entre-eux ont rejoint les rangs de la Résistance et ont libéré la France des nazis. A Carcassonne, citons la 5e brigade de guérilleros espagnols qui logeait dans la rue Fabre d'Églantine. Ils seront arrêtés par la Gestapo, torturés dans la maison de la route de Toulouse et déportés. Il serait bien que la ville de Carcassonne leur rende hommage dans l'édification d'une plaque en leur mémoire.

    Communication de Marieh Melendez, historienne :

    Pour retracer la chronologie de ces évènements dans le département, les premiers réfugiés de la Guerre d'Espagne à parvenir dans l'Aude arrivent par la mer; ces (déjà)boat-people débarquent dans le Port de la Nouvelle en janvier 1939. La plupart ont embarqué sur des bateaux de fortune et ont été mitraillés par l'aviation nazie et fasciste italienne, sur leur trajet depuis la Catalogne; ces réfugiés qui ont tout quitté, au péril de leur vie, sont épuisés à leur arrivée et demandent asile à la France. Pour ceux qui souhaiteraient poursuivre l'Histoire de ces réfugiés, je vous invite à lire mon article paru récemment dans les mémoires de "l'Académie des Arts et Sciences de Carcassonne". Il y est question d'aspects assez méconnus: des Colonies d'enfants réfugiés, implantées dans la Montagne noire ou au Lac à Sigean, œuvre des Humanitaires suisses, mais aussi des colonies basque et britannique qui s'installent à Narbonne, grâce à la mobilisation d'associations humanitaires. 

    Mais le plus grand nombre de ces réfugiés de la Guerre d'Espagne a été reçu comme "indésirables", dans des camps-casernes, y compris quand il s'agissait de femmes et d'enfants comme dans le camp de Couiza-Montazels, de sinistre mémoire. Faim, épidémies, privation de liberté, barbelés, mortalité infantile très élevée, on est bien loin d'un accueil idyllique. Il s'agit de le reconnaitre pour ne pas renouveler les erreurs du passé. 

    Si en 1939, avec la censure de la presse,la majorité des Français était tenue à l'écart de la réelle situation dramatique des réfugiés d'Espagne, ce n'est pas le cas actuellement, avec les images qui sont diffusées, personne ne pourra plus dire qu'il n'était pas au courant. Il existe depuis ces évènements un statut de "réfugié" (Genève 1950), souhaitons qu'il puisse être appliqué au présent pour toute personne dont la vie est menacée.

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