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Seconde guerre mondiale - Page 56

  • On a fusillé les lampistes et sauvé les criminels de guerre

    Quelle différence feriez-vous aujourd'hui dans l'échelle des responsabilité entre le général SS Karl Oberg et Jacques P, jeune milicien Carcassonnais âgé de 20 ans ? Le premier, chef de la police allemande pour la France entière et nazi convaincu a fait exécuter et déporter des milliers de juifs et de résistants. Il fut à l'oeuvre d'une loi qui promettait la déportation à toute famille qui aurait un "terroriste" en son sein. Le second, simple soldat de la milice y était rentré parce qu'on lui offrait un emploi. Il s'était rendu coupable, sur ordre de ses chefs, d'action contre les maquis et de collaboration avec une puissance étrangère.

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    Karl Oberg sera arrêté par les américains en 1945 en Allemagne. Condamné une première fois à mort en 1946, il est incarcéré à Münich. Extradé en France, un tribunal français le condamne à mort le 9 octobre 1954 pour crimes de guerre. Envoyé à la prison de Mulhouse, il fait appel et sa peine est commuée en prison à vie. Il bénéficie alors de la grâce présidentielle de René Coty (ce dernier avait voté les pleins pouvoirs à Pétain en 1940, cela ne l'a pas empêché d'être Président de la République). Karl Oberg a bénéficié de l'implication active d'une délégation de la R.F.A (République Fédérale Allemande) dans la recherche d'avocats français. Ainsi Jean-Louis Tixier-Vignacourt, patron de l'extrême-droite française et mentor de Jean-Marie Le Pen, fut recruté pour défendre le général SS. 

    "Il est tentant ainsi de décrire une large continuité dans le personnel diplomatique du ministère nazi et de celui de la RFA démocratique." (Jean-Marc Dreyfus, Historien)

    Le Chancelier Allemand Konrad Adenauer insista après de Pierre Mendes-France le 18 janvier 1955 à Baden-Baden, pour obtenir la grâce d'Oberg et de son sinistre copain, Helmut Knochen : "Les Waffen-SS ont été des soldats comme les autres". Selon J-M Dreyfus, Adenauer tenait un double discours à l'extérieur et à l'intérieur de son pays. Le futur traité de l'Elysée était dans la balance et le chantage opérait dans les salons feutrés. Le 15 juillet 1960, la RFA acceptait de verser 250 millions de Deutsche marks aux victimes françaises des nazis. Le 20 novembre 1962, le général de Gaulle fait libérer Oberg et Knochen. Le premier mourra le 3 juin 1965 chez lui et le second, dans son lit en 2003.

    "On n'avait pas tellement envie de se replonger dans l'histoire de ces Allemands qui ont travaillé en France, car ils pouvaient parler de la gênante collaboration des élites françaises."

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    © Wikipedia

    Si la guerre fut mondiale, n'oublions pas qu'en France elle fut également civile. Le changement de régime et les horreurs perpétrées pendant l'occupation, appelaient à la vengeance. Il fallait que le sang coule et sans tarder afin de laver la France, de la répugnante collaboration avec les nazis. N'ayant pas eu les moyens de fuir, Jacques P est arrêté à Carcassonne par la Résistance avec un certain nombre de ses camarades. Emprisonné à la Maison d'arrêt de Carcassonne, il est fusillé contre le mur du manège de la caserne Laperrine, début septembre 1944. Ce jour-là, les miliciens attendent leur tour ; les cercueils les attendent soigneusement alignés. Une brève confession à l'abbé Pierre Pont, la mise en joue devant le peloton de F.F.I, les balles crépitent et au suivant... La foule Carcassonnaise venue en nombre assister au spectacle, comme au bon vieux temps de la terreur, crie et vocifère : traitres, salauds, à mort...etc. Parmi elle, sans doute, se trouvent les dénonciateurs anonymes d'hier ou les adeptes du marché noir, passés en une nuit du bon côté de la barrière.

    Les chefs de la Milice

    Si Jacques P avait eut les moyens de fuir, il ne serait rentré en France comme ces anciens chefs qu'en 1954, au moment il ne risquait plus le peloton d'exécution. Ainsi par exemple, des notables d'un très beau château, condamnés à mort par contumace en 1944 et finalement acquittés dix ans plus tard. Et entre temps, qu'ont fait les chefs de la Milice ? Ils ont émigrés dans l'Espagne franquiste qui les a accueilli à bras ouverts. Je me suis procuré une note classée "Secrète" du 2 janvier 1945, provenant du Commissariat spécial de Carcassonne pour les Renseignements généraux :

    Un informateur signale la réorganisation des collaborateurs et miliciens français en Espagne.

    À Figuéras, la Milice est dirigée par un nommé Martin, réfugié d'Alsace-Lorraine, au service des Allemands.

    À Barcelone, les Miliciens Français ont repris leurs activités, leur siège se trouve à l'Hôtel Continental, où actuellement sont groupés 100 miliciens sous les ordres de Peretti della Rocca, ancien sous-préfet, cousin germain de Piétri.

    L'activité des collaborateurs réfugiés en Espagne est très remarquée par Franco, la phalange et les troupes Allemandes.

    Sources

    Archives de l'Aude

    N-O / Août 2015

    J-M Dreyfus

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Dénoncés et raflés, les juifs de Carcassonne sont morts à Auschwitz

    Ils étaient tailleurs, bijoutiers, comptable, épiciers, propriétaires viticoles ; installés à Carcassonne depuis longtemps ou réfugiés. Ils avaient une vie de famille et des enfants ou célibataires ayant changé leurs noms à consonance étrangère, pour fuir l'implacable chasse au juif lancée par les nazis et l'État Français. Certains de nos parents les ont peut-être croisé dans la rue ou à la boulangerie car c'était des gens comme eux. Et pourtant... ils ont été dénoncés par des Carcassonnais, raflés par des allemands, envoyés à Drancy et déportés vers le camp d'extermination d'Auschwitz. Cette triste histoire commune à tous les juifs, nous la connaissons tous à travers les livres histoire, les documentaires télévisés, les films. Parfois même, elle nous paraît si lointaine et d'une telle ampleur que notre conscience ne voit plus que des chiffres et des statistiques. Il est difficile alors de se rendre compte de l'effroyable vérité lorsqu'elle ne touche pas de près. C'est bien pour cela qu'en épluchant les archives de l'Aude sur l'occupation, j'ai trouvé des noms dans des fiches d'arrestations. J'ai mené l'enquête afin de retracer leur terrible parcours et redonner un peu vie à leur existence réduite en cendres. Il y a tant de familles qui ont tout perdu de leurs oncles, tantes, cousins. Alors si par cet article et en exhumant les archives, je peux leur rendre ce service, ce sera ma petite contribution à ce qu'ils ne tombent pas dans l'oubli...

    Opérations des arrestations

    Les familles de confession juive l'ont toute été grâce à la complicité de dénonciateurs, d'enquêteurs de la Gestapo et de Miliciens. Dans la hiérarchie des responsabilités, on peut nommer : Obertleutenant Dr Fritz Schmidt (chef de la Feldgendarmerie), Oskar Schiffner (Chef de la Gestapo), René Bach (Interprète du SD), SS Franz Schienberk (chauffeur de la Gestapo), SS Karl Wenzel, SS A. Hoffmann. La rafle la plus importante dans Carcassonne et son agglomération, a été opérée le 18 mai 1944. Internement à Drancy puis transport 75 en direction d'Auschwitz. Dans ce dernier, il y avait plus de 1000 adultes et 112 enfants. Ils ont été gazés dès leur arrivée au camp, le 4 juin 1944.

    Transport 62

    Médioni Albert, Léonce né à Constantine (Algérie) le 1er juillet 1899 de David et Anna Bensimon. Marié, une fille. Résidait comme propriétaire viticole à Leuc (Domaine Saint-Charles) et 4 rue des Calquières à Carcassonne. Les allemands sont venus l'arrêter chez lui, le 30 août 1943. Interné à Drancy puis déporté à Auschwitz où il a été assassiné le 20 novembre 1943.

    Lévy Charles né à Ain Temouchkent (Algérie) le 14 février 1907. Marié, un enfant. Comptable à Saint-Denis (Aude). Arrêté le 3 septembre 1943 vers Drancy. Assassiné à Auschwitz le 20 novembre 1943.

    Cahen-Salvador Jean, Georges.Né à Paris le 25 décembre 1908. Conseiller à la Cour des comptes. Ex-candidat au Conseil d'état révoqué par Vichy en raison de sa religion juive. Arrêté à Carcassonne le 2 septembre 1943, où il résidait 13 rue de la Préfecture. S'échappe du convoi 62 en direction d'Auschwitz et se réfugie en Suisse. Conseillé d'état en 1956 puis Chef de cabinet de Michel Debré. Il est décédé le 25 avril 1995.

    Transport 75

    Bloch Louis, né le 2 juin 1893 à Paris (10e). Marié, résidait 31 rue du port à Carcassonne. Arrêté le 18 mai 1944. Déporté le 30 mai 1944 de Drancy à Auschwitz. Assassiné le 4 juin 1944.

    Wolber Pauline, née le 12 juillet 1897 à Zürich (Suisse), mariée 3 enfants. Résidait 9 rue de la mairie à Carcassonne. Arrêtée le 18 mai 1944. Déportée le 30 ami 1944 vers Auschwitz. 

    "Le 8 mai 1944, Oscar fut libéré et revint chez ses parents, où il n'eut pas la joie d'être longtemps près d'eux. Dix jours après, ceux-ci étaient pris par la Gestapo. Oscar eut la chance de ne pas être présent à ce moment-là. il partit pour Toulouse où il réussit à se cacher en travaillant dans une usine de métaux qu'il quittait le 19 août pour prendre les armes et participer à la libération de Toulouse. Il resta dans la résistance jusqu'à début novembre, où une maison de gros le demanda pour l'employer dans des conditions excellentes. Il fit de nouveau une demande de carte professionnelle qui lui fut encore refusée."

    (Oskar Wolber - Musique et patrimoine)

    Wolber Sigismond, né 14 novembre 1885. Tailleur. Résidait avec son épouse et ses 3 enfants, 9 rue de la mairie à Carcassonne. Arrêté le 18 mai 1944. Déporté le 30 mai 1944.

    Dreyfus Suzanne, née le 17 mai 1892 à Colmar (Bas-Rhin) d'Abraham et de Marie Lévy. Résidait 65 route de Montréal à Carcassonne. Arrêtée le 18 mai 1944. Déportée et assassinée à Auschwitz.

    Dreyfus Sylvain, né le 5 janvier 1886 à Colmar (Bas-Rhin). Résidait avec sa soeur 65 route de Montréal à Carcassonne. Déporté le 30 mai 1944 à Auschwitz et assassiné.

    Opazinski Hélène, née le 7 Septembre 1885 à Paris (4e). célibataire. Résidait 36 rue de la République à Carcassonne. Arrêtée le 18 mai 1944 et déportée à Ausxhwitz le 30 mai 1944. Assassinée le 4 juin 1944.

    Opazinski Fanny née Turkeltaub, née le 26 juillet 1902 à Vlotzlavek (Russie). Résidait 36 rue de la République à Carcassonne. Arrêtée le 18 mai 1944 et déportée le 30 mai 1944 à Auschwitz. Assassinée le 4 juin 1944.

    Schneyder Henri, né le 30 décembre 1884 à Paris. Célibataire. Résidait 6 rue Chartran à Carcassonne. Arrêté le 18 mai 1944 et déporté le 30 mai vers Auschwitz. 

    Marcovici Manus, né le 23 mai 1886 à Buzan (Roumanie). Bijoutier. Réfugié de Nice, il résidait à Capendu (château des lierres) avec sa femme et ses quatre enfants. Ils ont été arrêtés le 18 mai 1944. Déportés à Auschwitz.

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    © Robert Marcault

    Selon le site ajpn.org, Manus Marcovici avait été naturalisé français il y a vingt ans. Il vivait avant la guerre, 25 rue d'Angleterre à Nice. Réfugié à Capendu (Aude) au château des lierres avec son épouse Paule, née Gommes-Casseres et ses quatre enfants : Edgar (18 ans), Robert (15 ans), Mireille (13 ans) et Claude (6 ans).

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    Mireille Marcovici

    © Robert Marcault

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    Claude Marcovici

    © Robert Marcault

     Dénoncés parce que juifs, ils sont arrêtés le jour de l'ascension avant le repas de midi, resté sur la table. Son épouse et ses filles sont emmenées sans ménagement dans un berline encadrées de SS. Manus et ses fils, menottes au poignet, seront conduit à travers le village jusqu'à la gare de Capendu. Ils se verront pour la dernière fois sur la rampe de sélection de Birkenau. Seul Edgar et Robert reviendront ; ce dernier ne pèse que 35 kg. Il sera recueilli par le maire de Capendu, le Dr Laffont, qui lui réapprendra à vivre...

    Note du blog

    Selon des statistiques publiées dans le livre de Julien Allaux "La seconde guerre mondiale dans l'Aude" se seraient 38 personnes de confession juive qui auraient été arrêtées dans le département et déportées. On indique que certaines ont été comptabilisées plusieurs fois en raison de leur changement de camp. Selon, une liste que j'ai découverte aux archives il est indiqué que 21 juifs étrangers ont été arrêtés. Voyez la difficulté d'établir un recensement précis, c'est pour cela que j'ai décidé de diffuser ce que j'avais découvert. Retenons que dans notre ville et nos villages et à la vue de tous, des familles entières ont été décimées à cause de leur religion ou parce qu'elle n'étaient pas françaises. 

    Sources

    Archives de l'Aude

    db.yadvashem.org

    apjn.org

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Les lettres de dénonciation sous l'occupation à Carcassonne

    Loi du 25 octobre 1941 votée par le gouvernement de Vichy fait de la dénonciation une "obligation légale".

    Capt avis a population_Vichy 1944.PNG

    En zone sud, c'est la Légion Française des Combattants qui remplit cet office dès 1940. À Carcassonne, son siège se situe au numéro 1 de la rue de Verdun et utilise ses chefs de quartiers dont la plupart sont commerçants, pour surveiller la population. Puisés parmi les anciens de 14-18, un bon nombre d'entre-eux démissionneront de leurs fonctions en 1942, sentant sans doute le mauvais chemin que prend Pétain sur la voie de la collaboration. Les raisons menant à délation sont multiples : Personnes de confession juive, communistes, propos anti-maréchal ou pro-gaullistes, marché noir, réfractaires au S.T.O, résistants, etc...

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    Si la dénonciation est de notorité publique pendant Vichy, on se garde bien de parler de celle qui s'exerça à la Libération ; fortement encouragée par les nouvelles institutions politiques. Dans cet article, j'ai souhaité équilibrer et montrer combien l'homme peut être vil par cupidité ou par vengeance personnelle. Ceci en dehors de toutes considérations morales ou politiques. Voici donc quelques lettres de dénonciation bien de chez nous, provenant des archives de l'occupation.

    Sous Vichy...

    6 février 1942

    (Anonyme)

    Monsieur,

    Mme X de la ferme du Viviès, commune de Arques (Aude), vend du lait fraudé et écrémé à raison de 3 francs le litre alors qu'ailleurs on vend du bon lait à raison de 2,80 francs le litre. Veuillez vous occupez de cela car c'est honteux ce qui se passe dans ces campagnes.

    Camurac, 7 février 1942

    (Anonyme)

    Il est deux ou trois petits morveux de 15 ou 16 ans, qui n'ont trouvé aucun autre amusement que de danser. Ils ne se doutent pas qu'il est interdit de danser surtout à l'heure où la France traverse la période la plus tragique de son histoire. Aux jeunes qui sont là-bas dans les camps en Allemagne, aux jeunes qui se battent en Tunisie, ne pensent-ils pas à tout cela ? Sans doute que M. le maire ne doit pas savoir tout ça, sans cela ils seraient tous en boite, car digne de emploi, assure avec honneur, fidélité et loyalisme les fonctions qu'il occupe.

    Sans Date, dactylographiée

    (Signé S, 49 allée d'Iéna)

    Comment se fait-il que chez Monsieur R, rue J.J Rousseau 7, on ait droit à avoir 1 et parfois 2 à 3 litres de lait alors que personne n'a un régime dans cette maison ? Est-ce simplement parce que ces gens sont riches, qu'ils ont de quoi manger contre le lait, en marchandises quelconques. Le tout est que chaque soir, nous voyons que la bonne de M. R aller chercher le lait, sans compter celui que l'on doit ensuite lui passer en cachette. C'est le laitier D, allée d'Iéna qui fournit ce lait. Pourquoi n'en ont-ils pas eu assez pour leurs clients habituels, alors qu'ils en passent à ceux qui n'y ont pas droit.

    Carcassonne, le 7 septembre (?)

    (Signé par 2 légionnaires)

    Monsieur le Préfet,

    Il serait obligatoire de faire un bon nettoyage dans notre hôpital. Le médecin chef Monsieur S est un hommes dangereux pour la société. Le jour du 14 juillet avec son fils publiquement, ils ont déchiré leur carte de légionnaires. Ils font de la propagande gaulliste, antigouvernementale contre le Maréchal et Laval. Ils parlent dans des termes défaitistes, contagieux, irrespectueux. Cet individu est un anormal, déséquilibré héréditaire, amoral, d'un exemple néfaste ; sa conduite dégoûtante, son cabinet est un office d'avortement pour ses maîtresses. C'est un scandale, avec sa maîtresse l'infirmière T, ils vont au Terminus se saouler à l'éther. Cette infirmière est après cela d'une rudesse méchante avec les malades. Elle se rend coupable de vol du lait au profit de son amant. Avec le cuisinier communiste, nous les avons vu cracher dans les marmottes de la cuisine. Faites Monsieur le Préfet une enquête et vous aurez la vérité. cet homme est dangereux, c'est un scandale une conduite aussi dégoûtante quand on occupe un emploi aussi public, on doit se respecter, il fait partie de l'ordre des médecins et il garde l'essence pour promener son infirmière.

    Azille, le 28 septembre 1941

    (Signé A, ancien combattant légionnaire)

    A Monsieur le Ministre de l'Intérieur,

    Il me serait intéressant Monsieur le Ministre de savoir une petite question au sujet des lois depuis notre nouveau gouvernement. Depuis quand notre chef d'état à autorisé les étrangers résidant en France à insulter notre chef et ainsi qu'à tous les Français comme nous avons entendu de vive voix du sieur Portugais, Joaquim, résidant à la campagne St-jean par Rieux-Minervois, de lâche...etc. Si parfois nous ne sommes pas protégés par nos chefs, que cela va devenir de nos anciens combattants de 1939-1940 ? Tenons à vous signaler ce cas.

    Sans date

    Monsieur le chef,

    Je tiens à vous prévenir qu'il se passe à Sallèles-d'Aude des choses tout à fait injustes. J'ai déjà réclamé à la gendarmerie de Ginestas, mais je vois qu'il n'y a pas eu de suite. Je tiens donc à vous dire qu'il a à Sallèles d'Aude un tailleur réfugié, nommé Rubinstein Adolphe, d'origine Israélite. Il achète du tissu au marché noir et les revend à des prix fous. Il a chez lui tout un stock de tissus, et nous Français nous devons nous laisser faire. C'est une honte. J'espère que vous ferez votre devoir en bon Français et que vous donnerez des suites à cette affaire. Car si cela ne suffit pas, je m'adresserai plus haut. Il y a aussi une jeune fille chez lui qui court dans tout les villages et achète de tout, et marchande avec tous les paysans. J'espère donc que vous y donnerez des suites.

    9 juin 1942

    Monsieur le Directeur,

    Je tiens à vous prévenir d'un fait grave à la tranquillité du pays. Il y a à Sallèles d'Aude un réfugié nommé Silberwasser Adolphe, qui exerce la profession de tailleur dans ce village. Mais c'est une vraie honte ! Il fait du marché noir tant qu'il peut. C'est nous Français qui nous laissons mener par des étrangers venus en France pour nous exploiter tant qu'ils peuvent. Il enlèvent le travail aux Français. Ils viennent jusqu'à Narbonne pour prendre du travail. C'est notre gagne pain qu'il viennent prendre, tous ces étrangers. J'ai déjà écrit plusieurs fois mais je vois que tout cela n'a pas d'effet. Ils vendent des costumes de 3000 à 5000 francs. Alors je tiens à vous prévenir que si vous ne vous occupez pas de cette affaire, c'est à Vichy que je ferai poursuivre l'affaire. J'espère que vous aurez compris. Au nom des Français, merci d'avance.

    Lettre du 4 août 1944

    V. Louis, né le 5 juillet 1898 à Bize (Aude) de Philippine et feue Cros Rosalie, marié, sans enfants, exerce à Bize la profession de camionneur.

    V. a toujours été considéré à Bize comme le principal meneur communiste de la localité. À ce titre, il s'est présenté aux élections cantonales et municipales de 1934 et 1937. Largement battu, il n'en a pas moins continué une active propagande en faveur du Parti communiste. Bien que depuis la démobilisation , il ne se soit pas fait remarquer au point de vue politique, il figure sur la liste "S" de l'arrondissement de Narbonne et il était activement surveillé.

    Vers la mi-juin 1942, il fut accusé par Monsieur L, Président de la délégation spéciale de Bize, d'avoir tenu des propos antinationaux au café Serres. Il aurait déclaré en présence de C (Communiste) et A (Royaliste) : "Le gouvernement que nous subissons ne tiendra pas toujours et alors le mot d'ordre sera celui de Simon de Montfort : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.

    À la Libération...

    Carcassonne, juin 1945

    J'ai l'honneur de porter à votre connaissance un renvoi politique d'un patron coiffeur de Carcassonne, que vous qualifieriez je l'espère de mauvais français.

    J'ai débuté comme apprenti chez Monsieur L, rue Pinel à Carcassonne, le 11 mai 1945 pour avoir fêté la victoire du 8 et 9 mai. Conformément aux instructions de la radio, précisant que la fête de la victoire débutait le 8 après-midi et toute la journée du 9 ; je me suis donc rendue le 8 au matin chez mon qui ne m'a pas retenue pour travailler. Le 9 étant fête officielle, le 10 jour de l'ascension. Je me suis rendue le 11 au matin au salon de coiffure et avec mon camarade apprenti coiffeur Monsieur Gilbert, nous avons eu la désagréable surprise d'être traités de paresseux pour avoir fait fête ; s'adressant à Monsieur Gilbert il lui a indiqué qu'ayant le contrat, il ne pouvait le renvoyer, mais qu'il en supportait les conséquences ; se tournant vers moi, le contrat n'étant pas établi ; il m'a informé de prendre ma blouse et de retourner chez moi.

    Ce renvoi abusif démontre  aisément les idées politiques de Monsieur L, (de nationalité espagnole) il ne peut admettre la victoire Française si ardemment désirée par le peuple français. Il se venge sur une apprentie comme moi, et prouve par ce geste qu'il souhaitait la victoire allemande.

    Les patrons comme Monsieur L, imbus de vengeances politiques contre la classe ouvrière devraient à mon avis être épurés, de tels actes ne devraient pas rester impunis.

    Je sollicite donc Monsieur le Président votre bienveillante intervention auprès de la Commission  que vous présidez, afin qu'elle puisse prendre une sanction des plus sévères contre Monsieur L, qui est un mauvais patron et un mauvais français.

    Ps : Je ne donne aucune suite à l'indemnisation proposée, ce que je désire et qui me paraît justifié ; serait la fermeture de son magasin de coiffure.

    Note du blog

    Sous l'occupation, Carcassonne dépendait du Commisariat aux Questions juives de Montpellier, situé 2 rue Étuves. La préfecture audoise comptait deux délégués. Chaque lettre de dénonciation faisait l'objet d'une enquête de la part des services de police. L'être humain n'a pas changé et si demain...

    Sources

    Archives de l'Aude

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