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Seconde guerre mondiale - Page 55

  • Le dernier ghetto où l'on cause

    C'est le titre d'un article de l'écrivain Robert Brasillach publié en mars 1944 dans le journal national antisémite et collaborationniste "Je suis partout". Ce papier contre Joë Bousquet et ses amis, dénonce l'existence dans la rue de Verdun à Carcassonne d'un salon littéraire, dans lequel se cachent des juifs et des ennemis de Vichy. 

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    "À Carcassonne, se tient un petit cénacle qui comprend l'écrivain juif Benda, l'écrivain hermétique Joë Bousquet, René Nelli, Ferdinand Alquié (professeur de philosophie), Morelli (ex-procureur de la République), Maurice Nogué. Tout ce joli monde attend avec impatience que l'on devine l'arrivée des libérateurs."

    Depuis 1940, la chambre de J. Bousquet accueille les réfugiés du tout Paris artistique et littéraire. Ils fuient la zone occupée et la répression contre les juifs. Ainsi par exemple, Raoul et Agui Ubac, René Magritte, Iréne Hamoir, Louis Scutenaire arrivent à Carcassonne chez Bousquet. La philosophe Simone Weil (1909-1943) préfèrera dormir sur les bancs de la gare de Carcassonne avant de gagner Marseille, malgré l'hospitalité du poète Carcassonnais. Julien Benda se cachera dans le centre-ville dès 1942. A ceux-là ajoutons les visites et relations avec André Gide, Gallimard, Aragon et Elsa, Nancy Cunard... 

    De très nombreuses toiles ont orné les murs de la chambre de J. Bousquet ; peintes à Carcassonne pendant la captivité, offertes ou laissées par amitié au poète. A ce titre, je vous conseille la lecture de l'excellent article ci-dessous consacré aux relations entre le peintre Max Ernst et Joë Bousquet.

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  • Quand Jöe Bousquet tenta de sauver la Cité de la destruction

    Une folle rumeur circula après la Libération de Carcassonne selon laquelle les Allemands auraient miné la Cité en 1944 dans le but de la faire exploser au moment de leur départ. Depuis novembre 1942, la vieille dame de pierre servait de Quartier général à l'État-major allemand. Nous n'avons jamais pu vérifier encore dans les archives si Carcassonne était en passe de brûler comme Paris, en revanche plusieurs démarches ont été menées par divers érudits pour éviter cette possible destruction. L'article ci-dessous vous renseignera davantage.

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    La Wehrmacht n'avait-elle pas rasé Varsovie, Lidice et tant d'autres villes à l'est de l'Europe sans aucun respect pour l'histoire des civilisations ? En cela, voyez que le nouveau nazisme nommé "Daesh" n'a rien inventé. De l'idéologie fanatique du nazisme du XXe siècle, nous passons aux fanatismes religieux en ce début du XXIe siècle.

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    © Maison des mémoires / Centre J. Bousquet

    Le poète Jöe Bousquet écrit un lettre, adressée au préfet de l'Aude le 3 avril 1944, dans laquelle il lui demande de sauver la Cité médiévale. Ce courrier, je l'ai découvert dans un dossier aux Archives départementales de l'Aude.

    Au nom de mes compatriotes et amis je sollicite, Monsieur le Préfet, de votre haute bienveillance des démarches immédiates en vue d'obtenir que Carcassonne soit déclarée ville ouverte.

    La ville la plus ancienne de France et la seule dont la restauration ait constitué un fait mondial est le patrimoine commun de tous les grands pays belligérants. les archéologues et historiens allemands n'ont que l'exemple de notre Cité pour étayer leurs thèmes sur la construction wisigothe et leurs études sur ce point ont devancé et éclairé les nôtres. Les Anglais ont porté un grand intérêt à toutes les commémorations dont la Cité a été l'objet. Les Américains ont pris eux mêmes des initiatives dans ce sens et leur presse a célébré le bi-millénaire de Carcassonne.

    Toutes ces grandes nations se sont montrées déjà accessibles à des demandes comme la nôtre et il nous appartient de solliciter sans hésitation la grâce d'une ville si digne de l'obtenir. Elle est la seule qu'il suffise de nommer pour que la requête paraisse naturelle - et opportune, quand l'occupant, qui n'a à connaître que son devoir militaire, s'apprête à restituer à son rôle historique la ville qui était entrée vivante dans l'histoire. Mais comme tous les belligérants qui savent notre cas hors de pair, ils n'attendent peut-être que notre initiative pour laisser à Carcassonne son caractère éternel et respecter en elle un trésor européen.

    Joë Bousquet

    Commandeur de la Légion d'honneur

    Médaillé militaire

    Croix de guerre.

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  • L'épuration sauvage à la Libération de Carcassonne

    On pourrait toujours rabâcher la belle histoire qui arrange trop souvent la conscience des biens pensants ; celle qui enjolive la vérité sur certains héros tardifs d'hier érigés à la Libération en procureurs de l'épuration expéditive. Assassiner, voler ou tondre ne constitue pas un acte héroïque, loin s'en faut... Lorsqu'on a le temps et la chance de se plonger dans la vraie histoire que l'on trouve dans les dossiers d'archives, on trouvera le discernement nécessaire pour mettre un terme aux idées reçues. Vous savez bien, celles contenues dans certains manuels d'histoire où à la fin les gentils sont très gentils et les méchants, très méchants. Quand on mesure l'étendue de l'âme humaine peut-on sincèrement croire que certains de ces hommes se sont ainsi rangés d'un côté, sans intérêts ni prédation. Laissons donc aller notre esprit critique en évitant autant que possible les préjugés des sentences populaires. Elles n'ont fait que trop de mal en maculant l'intégrité des libérateurs par des actes d'une cruauté sans nom. 

    Si la vraie Résistance au sein des Comités d'épuration a mis en place des Cours de justice dans le respect du droit, afin de décider du sort des collaborateurs et miliciens, il en est qui se revendiquant d'elle ont déshonoré la cause qu'elle défendait. En son sein, des hommes ont assassiné sans jugement à la prison de Carcassonne, torturé et volé dans le canton de Limoux, assassiné le capitaine "Charpentier" parce qu'il avait découvert le vol d'argent parachuté, tondu de pauvres femmes...etc. Le pire c'est que ces misérables ont bénéficié de la loi d'amnistie de 1954 et de l'appui des réseaux politiques auxquels ils appartenaient dans les maquis. Tout cela entachant les valeurs de Résistance, il a fallu sauver ces mécréants.

    Les Carcassonnais, comme ailleurs, se sont acharnés sur des femmes déconsidérées pour avoir couché avec des "bôches". On appelle cela la collaboration horizontale... L'actrice Arletty en fut le symbole d'après-guerre : "Mon coeur est Français, mais mon cul est international" dira t-elle à ses juges. Certaines les ont aimé tout simplement et des enfants sont nés de ces relations, d'autres leur ont soutiré des infos pour la Résistance, encore d'autres se sont révélées indicatrices de la Gestapo.

    L'épuration sauvage

    Peu de temps après le départ des Allemands, des pseudo-résistants vont se livrer dans Carcassonne à des pratiques en dehors des règles de droit. Outre les forfaits contre les miliciens et collabos, les femmes ne vont pas être épargnées par cette répression. Toutes celles- enfin presque - qui seront reconnues sans jugement, sans preuves et le plus souvent sur la rumeur, pour avoir eu des relations avec l'occupant, seront molestées et tondues.

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    C'est dans cette maison bourgeoise, située en haut de la rue de la liberté qu'elles seront livrées à la honte publique et promenées à travers la ville.

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    © secretintelligenceservice

    Les officiers de la Kommandantur 734 de Carcassonne comme le colonel Bodo Gieche ou Frank Raith ont eu chacun des maîtresses françaises avec lesquelles ils ont habité en ville. Pour ce dernier, ce fut 27 rue du 4 septembre. Parmi les horreurs de la guerre, notons l'histoire de cet enfant abandonné à l'écluse du Fresquel au Pont rouge chez Mme X, pendant que ses parents Franz Dierkes et sa maître Élisabeth Sinitzine fuyaient Carcassonne en août 44. D'après le C.N.R.S, on recense 100.000 enfants nés de liaisons entre françaises et soldats allemands. 

    Il n'est pas question d'exonérer les responsabilités de certaines de ces femmes qui ont vraiment collaboré et dénoncé des patriotes. La plupart ont échappé à l'épuration sauvage en fuyant avec leurs amants. D'autres l'ont subi ou ont été jugées par la Cour de justice. L'épuration sauvage a eu raison d'une jeune femme Carcassonnaise tondue sur la rumeur ; elle était vierge... Elle s'est suicidée quelques jours après.

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