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Patrimoine en danger

  • Le Pont vieux menace t-il la sécurité des usagers ?

    Nous ne sommes évidemment pas expert des bâtiments historiques. Chacun son métier et, sur ce point comme sur d'autres, nos compétences restent limitées à l'observation. Cela nous autorise tout de même à poser un nombre conséquent de questions sur l'état de délabrement du Pont vieux. Dans notre souvenir le plus récent, seule la partie exposée au début de la rue Trivalle fut restaurée en 1994 par la municipalité Chésa. De nouveaux arches furent mis au jour en changeant les pierres de taille à proximité de l'ancienne manufacture royale. Le chantier s'arrêta donc ici.

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    Aussi loin que l'on remonte dans le temps, nous n'avons pas trouvé mention de travaux de restauration des arches. Or, c'est précisément sous deux de celles-ci que passent piétons et véhicules. A cet endroit, le constat de délabrement est édifiant pour ne pas dire très préoccupant. Nos photographies parlent d'elles-mêmes.

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    Les arceaux en fer chargés de retenir la structure apparaissent à nu, très altérés par la rouille. Visiblement, leur rôle de maintien du scellement n'opère plus en raison de l'érosion et des infiltrations d'eau dans les pierres. Rappelons qu'il s'agit du plus mauvais grès qu'il soit, provenant des carrières qui se trouvaient non loin de là au Moyen-âge. Ce grès plus que tout autre matériaux s'effrite au fil des âges. Nous avons donc un édifice malade. On peut donc à dessein spéculer sur les dangers encourus par les passants.

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    Toujours en y regardant de plus près. Les service techniques et les élus en font-ils de même ? Le dessus du pont ne se porte guère mieux. A l'évidence, on laisse la végétation s'installer sur les parois ce qui a pour effet de déchausser les pierres. Les joints ont disparu depuis belle lurette. 

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    En d'autres endroits, on remarque les stigmates d'une restauration au ciment dont l'origine est ancienne. Ne devrait-on pas dire plutôt qu'il s'agit d'un rafistolage honteux ? Cela démontre l'intérêt de toutes les municipalités qui se sont succédé pour la sauvegarde de cet ouvrage. Remarquez, chose pareille a été exécutée sur le marbre de la fontaine de Neptune, place Carnot. 

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    Nous pouvons toujours espérer qu'après les travaux de la rue du Pont vieux, la ville veuille bien se pencher sur le cas de son agonisant. Nous entendons d'ici la parole des plus exaltés de la mairie : "Va faren, patienço !" Vieux refrain servi depuis toujours dont la musique se détaille comme une rengaine sur disque de cire. En vérité, tout n'est qu'un question de priorité. Le patrimoine de Carcassonne n'intéresse que par ce qu'il rapporte. C'est le cas de la cité médiévale ; espèce de supermarché à touristes dans lequel on a détruit la singularité de village fortifié. Voyons plutôt le patrimoine comme la variable d'ajustement budgétaire, non comme la ligne comptable d'une ambition. Tout tombe en ruine. ce ne sont pas, aussi louables soient-ils, les travaux sur l'église Saint-Vincent qui matérialisent l'envie des élus. Ce serait peut-être même un alibi pour tenter d'affaiblir les critiques de ceux qui pestent contre l'incurie. L'arbre cache la forêt. Allons voir le Calvaire, la fontaine de Neptune, le pont vieux, l'aqueduc, le bastion... Où passe l'argent ? Sinon, j'ai vu en février de belles affiches faisant la promotion du Festival de juillet 2023...

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    J'en veux pour preuve que le directeur du Comité des fêtes a été promu directeur du service patrimoine de la ville. Sans présumé de ses compétences, le résultat est efficient. Quant à l'animateur du patrimoine nécessaire aux projets du label Ville d'art et d'histoire, il n'est toujours pas nommé depuis trois ans. Dans ce cas, comme dans bien d'autres, comment voulez-vous que l'on traite l'immensité des problèmes laissés en héritage depuis toujours ? Des solutions existent, à commencer par rechercher des mécènes en créant une fondation.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2023

  • L'agonie de "La nef de pierre" d'Ariel Moscovici dans Carcassonne.

    Au début des années 1990 a eu lieu dans notre ville un symposium de sculpture, piloté par Jean-Marc Tilcke en collaboration avec la ville de Carcassonne représentée par Raymond Chésa, le ministère de la culture représenté par le préfet et le Conseil régional, représenté par Jacques Blanc. La mairie devait, à l'issue de la manifestation, faire l'acquisition des sculptures. Ce qu'elle ne fit pas. Le directeur de la Maison du chevalier a décidé alors d'emprunter pour pouvoir les conserver à Carcassonne, une somme totale de 20 millions d'anciens francs (30.000 €). Finalement, un arrangement fut trouvé avec Raymond Chésa afin que les six oeuvres prissent place dans la ville. Contractuellement, un commodat ou prêt à usage fut signé entre les parties. Il obligea la ville à assurer, entretenir et protéger les sculptures.

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    Le square Gambetta avant sa démolition en 2003. On aperçoit l'oeuvre de Moscovici sur la pelouse

    Six oeuvres sont encore présentes sur les rond-points de Carcassonne, mais il en est une qui manque à l’appel. Il s’agit de La nef de pierre d’Ariel Moscovici, sculpteur de renommée internationale. Après des recherches, nous avons retrouvé cette oeuvre, délaissée dans un terrain appartenant aux Serres municipales de la ville de Carcassonne. Elle s’y trouve ainsi entreposée depuis vingt ans. C’est-à-dire depuis le début des travaux pour la construction d’un parking souterrain au square Gambetta. Au centre d’un bassin, au milieu des canards et des cygnes, l’œuvre de Moscovici avait trouvé un emplacement de choix.

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    Alors, nous avons contacté l’artiste afin d’en savoir davantage sur sa sculpture. Ariel Moscovici réside à Montbel dans l’Ariège près de Chalabre ; c’est dans cet endroit retiré qu’il puise son inspiration dans un atelier qu’il partage avec son épouse, elle-même sculpteur. 

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    — La nef de pierre ? Ce n’est pas le nom que je lui ai donné, se rappelle l’artiste. Elle s’appelle en réalité « Entre deux points ». C’est le passage d’une poésie du célèbre auteur Israélien Yehuda Amichaï. Elle commence par : « Entre deux points passe une seule ligne droite… » C’est une idée autant géométrique que spirituelle. Je l’ai développée à travers une série de sculptures présentes dans mon catalogue. Je me souviens avoir travaillé sur ce granit noir du Zimbabwe pendant trois semaines, après son acquisition à Castres. Le travail préparatoire a nécessité la réalisation de plusieurs maquettes en plâtre, essentiellement.

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    Vue du projet présenté pour l'Ecole des arts de Carcassonne

    J’ai également réalisé une demi-sphère. Elle se trouve dans l’École des Arts de Carcassonne (Conservatoire). C’était conçu pour aller sur un bassin mais ils l’ont fixé sur deux pieux. Cela ne représente plus l’idée du départ.

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    La demi-sphère se retrouve dans une alcôve sans cartel

    Nous espérons que La nef de pierre, ainsi dénommée, sortira rapidement des oubliettes. Elle ne mérite certainement pas une telle exposition par respect pour l’artiste. Nous attendons du service culturel de la ville de Carcassonne qu’il veuille bien agir et trouver, enfin, un emplacement plus digne à cette œuvre. Ce ne sont certainement pas les lieux qui manquent dans notre commune.

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    Ce qu'il reste du cartel en marbre au milieu d'une friche

    http://arielmoscovici.free.fr/index.html

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2022

  • La poussière sous le tapis de la Bastide Saint-Louis

    Par suite de l’affaiblissement de l’offre commerciale dans le centre-ville de Carcassonne, nous avons tenté de comprendre les raisons pour lesquelles les enseignes fuient la Bastide. Pourquoi les études de marché ne les inclinent pas à s’y installer. La construction de zones en périphérie ne joueraient pas, elles seules, le rôle de siphon s’il n’y avait pas un problème lié à la paupérisation et au faible nombre de résidants. La Bastide ne compte plus que 2000 habitants. Trois ou quatre fois moins qu’il y a 30 ans. Elle a perdu le conseil général, la chambre d’agriculture, le centre de tri postal, etc.

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    Des réhabilitations de façades

    Aussi, nous nous sommes rendus à la mairie à la Direction des services à la population. Nous en sommes sortis avec un document intitulé « Données urbaines infra communales par quartier ». Cet outil statistique, réalisé précisément à partir des données recueillies et compilées par l’INSEE, nous a permis d’interpréter les graphiques.
    Il n’étonnera personne si nous prétendons que les immeubles de notre Bastide Saint-Louis ont été majoritairement bâtis avant 1949. C’est le cas pour 80 % d’entre-eux et, dans la même proposition, ce sont des locataires qui y résident. Par ailleurs, 25% des logements sont vacants (Le taux le plus important de Carcassonne), car pour la plupart du temps insalubres ou bien rénové mais ne trouvant pas preneur. Seuls 18% de propriétaires vivent à l’intérieur du centre historique. Ceci n’aurait qu’une incidence minime, si ces locataires bénéficiaient majoritairement de revenus au-dessus de la moyenne observée pour l’ensemble de Carcassonne. Or, ce n’est pas le cas. Le revenu annuel moyen d’un habitant de la Bastide s’élève à 12485 € ; les autres 50% sont partagés entre les plus modestes (5000 € annuels) et les plus riches (21196 € annuels). C’est le taux de revenus le plus bas de Carcassonne, avant le quartier du Viguier dont la moyenne s’établit à 14104 € annuels.

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    Des immeubles en ruine menacent de s'effondrer, rue des Etudes

    Les actifs pour 53% d’entre-eux vivent à l’intérieur des boulevards ; les inactifs restent partagés entre les chômeurs (18%), les personnes au foyer (14,5%), les retraités (5%) et les élèves ou étudiants (8,4%). Le pouvoir d’achat des « Bastidiens » ne peut guère atteindre des sommets. La raison principale réside dans les fait qu’ils sont majoritairement employés ou ouvriers. 45% des habitants ont aucun diplôme ou seulement le CAP-BEP. Les cadres et professions libérales ne sont que 5% à résider autour de la Place Carnot. Cette situation est analogue à celle des quartiers Ozanam, Castors, La Conte et Saint-Jacques. De quoi vivent ces habitants majoritairement composés d’hommes et de femmes seules entre 19 et 58 ans ? Les couples avec enfants sont nettement sous représentés. 35,5% subsistent uniquement avec les prestations sociales ; c’est le même pourcentage qu’au Viguier. 26% bénéficient de la Couverture Mutuelle Universelle, comme à La Conte et Ozanam.

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    En centre-ville, à défaut de pouvoir louer à la hauteur de l'argent investi dans les travaux, les propriétaires font de l'optimisation immobilière dans la location saisonnière sur AIRBNB. La Bastide n'est plus que le royaume des boites à clés. Des touristes qui montent visiter la Cité, mais qui en Bastide n'ont accès à aucune ouverture des Hôtels particuliers. Ils cheminent avec un simple plan offert par l'Office du tourisme. Observez également en journée le nombre de volets clos dans les rues de la Bastide...

    Le quartier le plus riche de Carcassonne se trouve à côté de l’ancien hôpital Antoine Gayraud. C’est désormais là que résident les plus fortunés. Autrefois, c’était le quartier du Palais à deux minutes de la Bastide…
    En déplaçant la richesse en périphérie, rien d’étonnant pour la Bastide.
    L’ensemble de ces données est consultable librement.
     
    Sources
     
    INSEE 2011-2018
    Données urbaines infra communales par quartiers / Mairie de Carcassonne
     
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