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Portraits de carcassonnais - Page 8

  • Arthur Mullot (1836-1907), une avenue à son nom et une belle lignée familiale

    Que savons-nous d’Arthur Mullot dont une avenue porte le nom entre le square Gambetta et le Pont Neuf ? Si peu de choses en vérité pour que les historiens se soient mélangé les crayons en croyant retracer son activité. Léon Riba dans « Carcassonne, ses places et ses rues » publié en 1951 qui sert depuis ce temps de référence en la matière s’est trompé sur toute la ligne. Il confond Arthur avec son frère Henry, qui fut nommé Conservateur de la bibliothèque municipale en juin 1909 en remplacement de Pierre Massé. Il indique que l’avenue prit le nom d’Arthur Mullot suite à une délibération du 16 novembre 1918 - bien entendu, Jean-Louis Bonnet reprend cette erreur à son compte dans son ouvrage « Carcassonne d’hier à aujourd’hui ». Ils n’ont pas vérifié qu’il s’agit en fait de la délibération qui entérine ce jour-là la donation de la bibliothèque particulière d’Henry Mullot à la ville par sa veuve, suivant le vœu testamentaire de son défunt mari. C’est commode… Comme Henry - que Riba dit s’appeler Arthur - est décédé le 29 août 1918, le nom de l’avenue a été donné le 16 novembre 1918.

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    En fait, il s’agit bien d’Arthur Mullot - le frère d’Henry - né le 30 juillet 1836 à Carcassonne et décédé dans cette même ville le 14 mars 1907. Le nom à l’avenue a été donné juste après son décès, car avant 1918 l’avenue porte déjà depuis longtemps le nom d’Arthur Mullot. Il suffisait de vérifier, mais comme les délibérations municipales ont disparu pour la période 1896-1908, il aurait fallu regarder les annuaires ou les plans de la ville. J’espère que vous me suivez, car c’est à s’y perdre ! Il est vrai que la vie d’Arthur Mullot fut bien moins passionnante que celle de son frère Henry. On attribua son nom à une artère de la ville pour le remercier d’avoir légué 200 000 francs de l’époque, soit 732 000 euros, au bureau de bienfaisance de Carcassonne au moment de son décès. Le riche propriétaire passa à la postérité, quand son frère reste encore dans l’oubli le plus total. 

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    Ouvrage d'Henri Mullot

    Henri Mullot naquit le 30 avril 1848 à Carcassonne. Elève au lycée de 1856 à 1866, il est capitaine des mobilisés de l’Aude en 1870. Il devient propriétaire du domaine de Caraman près de Montréal d’Aude après l’avoir échangé contre sa Villa-Henri de la route nationale 113. Il gagnera ses galons d’Officiers d’Académie le 6 février 1895, puis occupera diverses fonctions comme Secrétaire du Comité de la bibliothèque municipale (1898), Président de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, Gérant du Syndicat d’Initiative (1906-1909), etc. On ne compte pas non plus les très nombreuses recherches et ouvrages rédigés dont un armorial réalisé avec Henry Sivade. Il finira sa carrière comme Conservateur de la bibliothèque municipale qu’il ne cessera d’enrichir et d’inventorier. Marié à Gabrielle Bié en 1879, la tante du célèbre général de la Grande guerre Georges Brissaud-Desmaillet, né à Carcassonne en 1869 et décédé à Paris en 1948. Celle-ci avait fini par l’adopter en 1924 suite au décès de ses parents. 

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    Notre recherche généalogique nous a poussé à regarder du côté de Jean Gabriel Emile Mullot, le frère d’Henry et d’Arthur. Ce propriétaire fit l’acquisition du château de Pech à Saint-Hilaire d’Aude et sera maire de cette commune de 1880 à sa mort en 1910. Il aura un fils de son union avec Françoise Emilie Fanny Marcerou (1841-1923) :  Gabriel Octave Marie Mullot (1862-1935). L’épouse de ce dernier, Julie Miquel, donnera naissance à Emile Mullot (1892-1982) qui sera maire radical et conseiller général de Saint-Hilaire. 

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    Paul Mullot

    (1921-2008)

    Le plus extraordinaire dans cette trame généalogique c’est qu’Emile Mullot n’est autre que le père de Paul Mullot (1921-2008), maire et conseiller général de Quillan de 1965 à 1995. Cet homme de centre-droit, directeur de Formica, reste dans toutes les mémoires à Quilan comme un homme à l’accent rocailleux et ayant bien géré sa commune. D’ailleurs si l’on regarde bien le portrait d’Arthur Mullot réalisé par Sourou en 1908, on se dit qu’il y a comme un air de famille.

    Sources

    Etat-civil / ADA 11

    Recensement militaire / ADA 11

    Du portrait au 19e siècle / Musée des Beaux-arts de Carcassonne

    Journaux locaux anciens 

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    Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2021

  • Vincent Gambau (1914-1982), compositeur Audois

    Le 2 février 1982 s’éteignait à Cenne-Monestiés dans l’Aude l’un des plus prolifiques compositeurs et arrangeurs français originaires de notre département. S’il est de notoriété publique que la valorisation des acteurs culturels de premier plan n’a jamais été la préoccupation de nos édiles départementaux, que dire de l’oubli dans lequel ils les ont laissé choir. Or, Vincent Gambau possédait le talent, l’envergure et la notoriété nationale qui auraient dû éclairer la vie musicale de l’Aude avec la lumière de la passion.

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    Né le 2 janvier 1914 à Paris dans le 11e arrondissement, Vincent Gambau est issu d’une famille originaire de la catalogne émigré en France au XIXe siècle. Son père, Victor Roch qui avait vu le jour à Carcassonne le 16 août 1887 s’était uni à Jeanne Marie Costesèque, une jeune femme native de Cenne-Monestiés. Typographe de son état, il habitait 17 rue Emile Zola avant de rejoindre la capitale avec son épouse et y vivre 47, rue des Pyrénées. N’y a t-il pas de plus belle adresse pour un enfant du pays ? Sous l’Occupation, Victor Roch Gambau dirige l’économat de la Maison de Sèvres. Dans cette institution fondée par Pétain en 1941, il contribua à cacher et à sauver plusieurs dizaines d’enfants israélites de la déportation.

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    © Maison de Sèvres

    Victor Roch Gambau

    Vincent Gambau débute sa carrière en qualité de professeur d’enseignement public. Directeur honoraire d’un établissement spécialisé de l’Education Nationale, il atteint parallèlement la célébrité de compositeur, critique musical et critique de disques. En 1946, il signe la musique du film Face à la vie de René Chanas dans lequel figure Simone Signoret et Raymond Bussières. Le catalogue de Vincent Gambau s’enrichit de ses nombreuses compositions et arrangements dans tous les domaines de l’art musical : chansons, ballets, folklore, musiques de films documentaires, symphonies, etc. Il harmonisa les chants de la liberté 1789, 1830, 1848, 1870, 1944.

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    Membre de l’Académie du disque, il fut maintes fois lauréat de l’Académie des Beaux-arts pour ses œuvres musicales. Nous citerons le prix Bordin (1946), le prix Bermier (1952) pour son étude « Contribution à l’étude du folklore nééerlandais », le prix Bermier (1952) pour « Berceuse de tous les pays » ;  il avait mis dix ans pour réunir un à un 300 échantillons du folklore mondial, le prix Brémont (1959), le prix de la Société des Auteurs et Compositeurs de Musique (1952) pour une œuvre symphonique. Par ailleurs, Vincent Gambau administra depuis 1969, la Caisse allocation vieillesse des professeurs, auteurs et compositeurs de musique. Depuis 1947, il faisait partie du jury du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris et avait été nommé expert musicien auprès du Tribunal de grande instance de Paris.

    Précisons que les disques de Vincent Gambau se vendirent à plus de 500 000 exemplaires… Cet homme à la carrière musicale si bien remplie, choisit de finir ses jours à Cenne-Monestiés. C’est dans le cimetière de cette petite commune du Lauragais que repose le compositeur. Espérons qu’à la lumière de cet article, le souvenir de Vincent Gambau jaillira à nouveau dans l’esprit de ceux qui l’ont connu.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

  • Claude Cals (1928-2005), avocat et homme de lettres Carcassonnais

    Claude Cals naît en 1928 à Couiza. Elève brillant, il obtient son baccalauréat à l’âge 16 ans et part étudier le droit à Toulouse d’où il sort licencié trois ans plus tard. A 21 ans, il prête serment, enfile la robe d’avocat et s’inscrit au barreau de Carcassonne. Le jeune homme qui avait été éveillé à l’histoire régionale par son professeur de français - un certain René Nelli - et encouragé à écrire par le poète Joë Bousquet, nourrit une véritable passion pour les belles lettres. A côté des compte-rendus d’audience, il n’est pas rare que Cals griffonne des vers… A l’âge de 40 ans, il publie ses premiers essais et des pièces de théâtre sur des personnages épiques qui le fascinent, comme « Don Juan d’Albigès ».

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    Illustration de Jean Camberoque

    Dans « Le rêve foudroyé de Pierre II d’Aragon », illustré par son ami le peintre Jean Camberoque, il met en scène l’échec du roi d’Aragon devant Simon de Montfort. En 1198, Pierre II, comte de Toulouse et Bernard IV, comte de Comminges, se réunissent à Perpignan. C’est cette réconciliation diplomatique, cette union des forces qui, d’après Cals, aurait pu fonder un état occitano-catalan et pérenniser la langue occitane.

    Sur la révolte des vignerons de 1907, « Gloire et mort de Marcelin Albert » inscrit dans le marbre de l’histoire, la vérité dramatique d’une pièce interprétée au Festival de Carcassonne par Jean Davy de la Comédie française en 1987. Nous pourrions également citer « A la bonne heure, Joseph ! » sur le poète paysan Joseph Delteil ou encore, « L’étrange invité de l’abbé Saunière ».

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    Cet homme dont la prose, l’intelligence et l’immense culture se sont évanouies dans les culs-de-basse-fosse de Carcassonne où les sectaires enterrent ceux qui ne pensent pas comme eux, présidait après 1970 l’association Action fidélité au général de Gaulle. Contrairement aux autres héritiers de Nelli, Claude Cals avait choisi de s’opposer au socialisme audois. Lors des élections municipales des 14 et 21 mars 1965, il menait la liste U.N.R qui perdit contre Jules Fil au premier tour avec 30% des voix. Quatre ans plus tard, avec quatre de ses colistiers il entra au conseil municipal suite à une élection complémentaire due au décès du maire.

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    Jean Camberoque et Claude Cals

    Ami de Jean Camberoque, de Claude Marti et du jazzman Jean Osmont, Maître Cals fréquentait des artistes audois de sa trempe dont la jeune génération pourrait s’inspirer. Cet inconditionnel de la musique et de l’art en général, présida l’association « Musique et formes » dans les années 1980 aux côtés d’Isabelle Alay, Louis Andrieu et Claude Serrano dit Claude Musique. Le pianiste Alain Mammozer fit même partie du jury de l’un des concours de piano organisé par l’association.

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    Claude Cals s’est éteint brutalement en mars 2005. Sa lumière éclaire toujours sa fille Odile qu’il a contribué à devenir l’une des danseuses et professeure, parmi les plus doués de sa génération. Quant à son héritage livresque, nous avons tenté ci-dessous d’en dresser un état non circonstancié. Espérons que l’on jouera à nouveau les pièces de Claude Cals…

    Don Juan d’Albigès

    Le rêve foudroyé de Pierre II d’Aragon (4 actes)

    L’étrange invité de l’abbé Saunière (3 actes)

    Gloire et mort de Marcelin Albert

    L’enfant plume

    A la bonne heure, Joseph !

    Jean de Belle Aude (1 acte)

    Le berger des Corbières (œuvre posthume)

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