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Portraits de carcassonnais - Page 4

  • La vie extraordinaire d'Edouard Ourliac (1813-1848), ami de Balzac

    Jean Louis Edouard Ourliac naît le 1er août 1813 à Carcassonne dans l’actuelle rue Aimé Ramond, autrefois Carron de Danty (Section de la Fraternité). On peut situer son habitation entre les rues Courtejaire et Chartrand. Le général, fusillé à Lille en 1816, était un ami d’enfance de son oncle Jean Louis (1771-1849). Ceci peut donc confirmer le voisinage de ces deux familles dans le quartier.

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    Le fils de Jacques Ourliac (1778-1848), négociant en draps, devait sans doute manifester quelques turbulences à l’école pour que son père l’envoyât en pension chez les Lazaristes de Montdidier (Somme). Comment un homme si peu attiré pour le fait religieux, a-t-il pu choisir cette communauté fondée par Saint-Vincent-de-Paul ? Certains conseils d’un prêtre ont sans doute pu l’y conduite. Edouard Ourliac y demeura jusqu’à sa première communion, époque où ses parents vinrent habiter Paris dans la rue Saint-Roch. C’est-à-dire, selon toute vraisemblance, durant l’année 1824. On l’envoya au Collège royal Louis le Grand, où il ne se montra guère plus discipliné. Dans La folle nuit, il s’épanche sur les regrets de ses années d’études : « Tout mon regret dans la suite de ma vie, a été de ne pouvoir apporter dans les affaires sérieuses, dans mes travaux, dans certaines démarches, d’où peut être dépendait mon sort, le zèle, les soins, la religieuse application et tous les efforts attentifs que j’ai employés dans ma jeunesse en des occupations qui semblent moins graves, telles par exemples, qu’une partie de chose aux hannetons, le moulage en plâtre du visage d’un de mes amis, une représentation d’ombres chinoises, une école buissonnière aux près Saint-Gervais, etc. »

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    Quelques temps après avoir quitté Louis-le-Grand, il trouva un emploi dans l’administration des hospices où il resta une dizaine d’années. Entre les rébarbatives additions et annotations dans un cahier, les service des Enfants-trouvés lui conservait quelques loisirs. Il se mit à produire deux premiers livres, dont Jeanne la noire publié en 1833. Cet ouvrage rappelle l’histoire d’une révolte qui, à Carcassonne, pendant la terreur, entraîna Jeanne Establet vers la guillotine. 

    C’est à cette époque qu’Ourliac se lia avec des étudiants qui n’étudiaient pas, qu’il fréquenta les spectacles et ne fit que rêver… Parmi ses amis qu’il fréquente impasse du Doyenné, il y a Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Camille Rogier et Auguste Préault. Toute cette jeunesse vit une espèce de vie de bohème, mais non de misère. Elle s’encanaille, batifole et passe son temps à deviser sur l’avenir : « Edouard Ourliac venait tous les matins nous voir. C’était son chemin pour aller aux Enfants-Trouvés. La plupart du temps, il nous trouvait plongés dans le sommeil des paresseux et des poètes. Chaque jour il nous apportait des Nouvelles à la main […] Nous n’avions pas d’argent, mais nous vivions en grands seigneur. Ces dames de l’Opéra soupaient chez nous vaille que vaille, et daignaient danser pour nous à la fortune de leurs souliers. Edouard Ourliac était le Montfleury de la troupe. »

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    Vers 1840, Ourliac quitta son emploi pour se consacrer pleinement à l’écriture. L’éditeur Desessarts qui venait de publier son roman Suzanne, lui offrit assez d’argent pour se lancer. Il ne quitta plus sa plume dont sortirent Nouvelles, Romans et pièces de théâtre. Sa prose se lit dans la Revue des deux mondes, La revue de Paris et même Le Figaro, à peine créé. C’est Honoré de Balzac qui l’y fit entrer, dit-on. L’auteur de La comédie humaine lui trouvait un talent comparable à celui d’Alfred de Musset. Il lui fit même écrire la préface de César Birotteau, publié pour la première fois au Figaro. C’est peut-être même Edouard Ourliac qui lui proposa le nom des Carcassonnais Birotteau, né comme lui en 1813. Il deviendra plus tard maire de la ville. L’oncle de cet homme fut vicaire général du séminaire de Carcassonne. Est-ce lui qui conseilla au père Ourliac d’envoyer son fils chez les Lazaristes ? Le séminaire se trouvait à deux pas de la maison natale d’Edouard. 

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    Honoré de Balzac

    Balzac, selon les dires de Monselet, considérait Ourliac comme un confrère. Il lui proposa de collaborer avec lui pour le théâtre. Ainsi le Carcassonnais écrivit-il en entier le second acte de Vautrin. Par un malheureux hasard, Ourliac se maria en 1842 avec la fille d’un chef de bureau du ministère de la marine. De cette union, naquit Françoise Caroline le 26 mars 1843. Au fur et à mesure que sa notoriété grandit, sa santé déclina. Les médecins ne donnèrent pas grand espoir au mal de poitrine qui le rongeait. Sa bonne humeur et son esprit taquin s’en trouvèrent altérés. Ourliac glissa peu à peu dans la religion la plus rigoriste et alla s’installer chez son père. Il passa l’hiver 1846 à Pise en Italie, puis accepta une place dans les bureaux de la marine. En avril 1848, Jacques Ourliac fut emporté par l’âge et Edouard sollicita le refuge chez les Frères de Saint-Jean-de-Dieu. Il y mourut trois mois plus tard le 31 juillet 1848. On l’inhuma au cimetière du Montparnasse. Balzac eut ces mots : « Je viens de perdre le merveilleux collaborateur de ma vieillesse. »

    Sa veuve se remaria le 28 avril avec Adolphe Pilleux ; elle finit sa vie en 1867. Sa fille, Claire Marie Françoise épousa Charles Jean Grandmougin, homme de lettres et Chevalier de la légion d’honneur. Elle décéda le 7 décembre 1909 à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 66 ans. Le couple n’eut pas d’enfants et Charles Grandmougin se remaria avec une artiste dramatique plus jeune que lui. Il n’existe donc pas de descendant direct d’Édouard Ourliac dont une rue porte son nom dans Carcassonne depuis 1901. Elle se trouve derrière la caserne Laperrine.

    Sources

    Six acadiens célèbres, Jean Amiel, 1929

    Le Figaro, 16 août 1913

    Cartulaire de Mahul

    Recherches généalogiques

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  • Pierre Léon Parlange (1843-1914), riche négociant en vins

    © Généanet

    Originaire de Saint-Cirgues-de-Malbret dans le Cantal, Pierre Léon Parlange fonde à Carcassonne en 1879 un grand négoce de vins. Il fait bâtir une très belle demeure sur l’actuel boulevard Marcou, au numéro 25. De son mariage avec Jeanne Marie Caroline Lafon (1854-1942), naîtront six enfants dont deux garçons dont nous parlerons plus tard.

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    À l’arrière de son logement, donnant sur l’allée d’Iéna, il installe une cave contenant neuf foudres de 12 000 hectolitres et huit cuves souterraines de 1000 hectolitres.

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    La dépendance compte également un grand garage pour les livraisons. A n’en pas douter, il s’agit d’une famille très fortunée. Elle a développé une affaire lucrative, à une époque où l’exploitation viticole bat son plein dans la région. La consommation en vin de table provenant des parcelles du Minervois et des Corbières est très abondante. Pierre Léon Parlange livre ses commandes dans tout le pays dans des wagons-foudres, depuis la gare de Carcassonne. C’est le Vice-président de la Chambre syndicale du commerce des vins de l’Aude. On voit également apparaître son nom sur la liste conservatrice des élections municipales.

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    Après son décès survenu le 8 juillet 1914 à Carcassonne, ses deux fils Jean et Charles prennent sa succession. Deux ans plus tard, le 2 septembre 1916, ils créent la société « J et Ch Parlange ». Les statuts sont déposés chez Maître Escarguel à Carcassonne. Charles, qui nourrit depuis longtemps des dons de guérisseur s’installe en région parisienne, laissant son frère seul aux commandes. Le bastion Montmorency, acheté par son père à la famille Coste-Reboulh, est vendu à un jeune chirurgien : Émile Delteil. En décembre 1927, la société est dissoute au profit de Jean Parlange qui conduira seul les affaires. Il s’éteint le 17 août 1960 à Bagnères-de-Bigorre sans descendance.

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    La maison Parlange, boulevard Marcou

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  • Léon Bonnemaison (1891-1963), résistant communiste de la première heure.

    Léon Bonnemaison naît à Carmaux dans le Tarn le 18 janvier 1891. Après avoir combattu dans la marine au cours de la Première guerre mondiale, le jeune homme entre à la Compagnie des Chemins de fer du midi. C’est à Carcassonne qu’il fera toute sa carrière de cheminot. Il fonde l’Union locale de la CGT dont il devient le secrétaire en 1926 puis adhère au Parti communiste français. Dans les années 1930, il possède son bureau à la Bourse du travail, rue Voltaire. 

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    Léon Bonnemaison ne fait partie de ces communistes ayant attendu qu’Hitler attaque l’URSS pour s’opposer à la politique de collaboration de Vichy. Dès le mois de juin 1940, il entre en résistance. A cette époque, ce mot n’existait pas encore. Il fallait compter sur les doigts d’une main les français courageux disposés à mener des actions de propagande contre l’illustre Pétain. La France de 1940 est majoritairement maréchaliste. Avec quelques amis dont Albert Picolo, Bonnemaison distribue des tracts. Arrêté sur ordre de M. Allapetite, préfet de l’Aude, le syndicaliste est conduit sous escorte de gendarmes au camp de Rivel-Montbel, le 30 septembre 1940. Faute de preuves sur son activité, on le remet liberté provisoire en 1941. Sans mettre un terme à ses actions, il adhère au Front National, organisation de résistance à l’occupant. Rien à voir avec le parti d’extrême droite, connu sous ce nom et rendu célèbre par Jean-Marie Le Pen. Sur dénonciation, Léon Bonnemaison se fait à nouveau arrêter le 3 mars 1943 à Carcassonne. On le place successivement aux camps de Saint-Sulpice-la-pointe (Tarn), à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) et à la citadelle de Sisteron. Le 8 juin 1944, il parvient à s’en échapper ; deux jours seulement avant sa déportation en Allemagne. Il rejoint le maquis des Basses-Alpes (Alpes de Haute Provence), puis il se cache durant trois mois dans le grenier de sa maison de village.

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    Léon Bonnemaison assiste au procès de René Bach, agent tortionnaire de la Gestapo de Carcassonne

    À la Libération, il participe activement au comité local de libération et sollicite l’internement pour certaines personnes suspectées de collaboration. Au nom de l‘Union locale des syndicats ouvriers de Carcassonne, il demande par écrit que le Dr Tomey soit passé en Chambre civique. L’ancien maire radical de Carcassonne avait été nommé par Vichy, président du Conseil départemental. Il avait également assisté à l’inauguration de la Milice en février 1943 au théâtre municipal. Le comité d’épuration ne retint pas de charge contre Albert Tomey.

    Léon Bonnemaison fait partie du conseil municipal provisoire de Carcassonne à partir de septembre 1944. En avril 1945, il est élu sur la liste conduite par Henri Gout sous l’étiquette communiste. Retiré de la vie publique après sa retraite, il décède le 21 octobre 1963 à l’âge de 72 ans. 

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