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Portraits de carcassonnais - Page 11

  • Félicité Pradher, une grande cantatrice française née à Carcassonne

    Thérèse « Félicité » More naît le 18 Nivôse de l’An VI (7 janvier 1798) à Carcassonne dans la Section de l’Egalité. Son père, Guillaume Raymond More, est l’un des comédiens les plus distingués du midi et possède une voix de Basse-taille. Il deviendra le directeur des théâtres de Carcassonne, Nîmes, Avignon, Perpignan… C’est au sein de ce creuset artistique qu’évolue la petite Thérèse qui déjà à l’âge de cinq ans se fait remarquer sur les planches du théâtre de Nîmes. Elle y interprète le rôle de la jeune paysanne Jeannette dans « Le déserteur », opéra-comique de Monsigny, créé en 1769 à l’Hôtel de Bourgogne à Paris. On la verra ensuite dans « La servante maîtresse » de Pergolèse et « Le devin du village » de Jean-Jacques Rousseau.

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    A dix ans, Thérèse More devient l’idole du public de l’Athénée à Montpellier où elle restera jusqu’à ses seize ans avant de partir rejoindre la capitale. Après plusieurs appels du pied de l’Intendant des Menus-Plaisirs, elle se décide à quitter le midi faute de n’avoir pas pu obtenir une augmentation de ses cachets. C’est en 1816 qu’elle fait son entrée à l’Opéra-Comique dans une reprise du « Calife de Bagdad » de Boieldieu, puis de « Une folie » de Méhul. A cette époque, elle fait la rencontre de Louis Pradher, lui-même élève de Méhul. Il est diplômé du Conservatoire de Paris et compose des œuvres d’opéra-comique et des romances. Thérèse, l’épouse à Paris le 9 novembre 1820 et devient Madame Félicité Pradher, Sociétaire de l’Opéra-Comique.

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    Costume de Mme Pradher dans "Le chalet"

    A ce titre, la Carcassonnaise créé consécutivement les rôles titres du « Chalet » de Adam (1834), de « L’éclair de Halévy (1835), de « Le cheval de bronze » de Auber (1835), de « Actéon » de Auber (1836), etc.

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    Le nom de la soprano Félicité Pradher, figure en très bonne place dans les critiques de la Gazette musicale de Paris et de bien d’autres revues spécialisées, comme l’une des voix les plus remarquables. Elle est la contemporaine de Mademoiselle Mars, originaire également de Carcassonne, à laquelle nous avons consacré un article.

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    Félicité Pradher en 1860

    En 1840, Félicité se retire avec son mari à Gray dans la Haute-Saône où ce dernier décède trois ans plus tard. Elle lui survivra trente-trois ans et mourra à un âge très avancé pour l’époque, le 12 novembre 1876. L’ensemble des ses partitions, des dédicaces de compositeurs furent léguées à son neveu Jules More. Elles sont aujourd’hui rassemblées dans un fonds conservé dans la bibliothèque du Conservatoire du Pays de Montbéliard. 

    Voici donc le nom d’une Carcassonnaise, inconnue chez nous, à rajouter à la liste des personnages célèbres de notre ville. Elle fut une très grande cantatrice française…

    Sources

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • La librairie de la Cité au temps de Patrick Collot

    Il était autrefois dans la rue Clémenceau, une librairie qui faisait la fierté de Carcassonne. Au milieu des rayonnages savamment ordonnés, le lecteur pouvait rester des heures entières à feuilleter les divers ouvrages régionalistes, les romans, les bandes dessinées. Indépendant mais non concurrent, France-Loisirs proposait au fond de ce commerce ce que la librairie n'offrait pas. C'est-à-dire des livres tirés de son propre catalogue, que les abonnés s'était engagés à acquérir dans le mois. La librairie de la Cité avait été fondée par M. Collot père avant de passer entre les mains de fils Patrick qui en fera la renommée.

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    © Patrice Cartier

    Patrick Collot photographié par Patrice Cartier

    Membre d'une fratrie de six enfants élevée par un père ingénieur, directeur d'un laboratoire, Patrick Collot est né au Sénégal. La profession des parents l'amène à déménager deux fois par an ; ainsi la famille pose t-elle ses bagages à Paris, Poitiers, Strasbourg... A l'âge de 45 ans, M. Collot père décide d'abandonner son métier pour se lancer dans le commerce. Il reprend la librairie à Carcassonne qui appartenait à Ginette Lauer, rue de la gare. Au début des années 1980, Patrick qui était sorti de la faculté avec un DESS de psychologie en poche reprit l'affaire du papa. Dès lors, la librairie de la Cité va nouer des liens solides avec les milieux associatifs, politiques et économiques de la ville. Elle devient l'eldorado culturel privé de Carcassonne, grâce aux nombreuses expositions, conférences et dédicaces d'auteurs célèbres. Le sieur Collot qui ne manque pas d'idées et de talent se fait une place dans le petit milieu intellectuel de la ville, non sans attiser les jalousies. 

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    Jacques Dupin

    On ne peut citer toutes les manifestations culturelles organisées par la Librairie de la Cité. Toutefois, souvenons-nous de la venue de Jacques Dupin, ami et expert testamentaire de Joan Miro. Les 14 et 15 mai 1993, il présenta treize grandes estampes à l'eau forte et à l'aquatinte. Les 150 œuvres sorties après la mort du peintre catalan en 1983 n'avaient jamais été imprimées. Il s'agit pour la plupart de lithographies exécutées dans les années 1970. A cette époque, le poète Jacques Dupin était co-directeur de la Galerie Lelong.

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    Vue sur l'exposition

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    Patrick Collot avait également monté une maison d'édition dans laquelle on retrouvait certains livres de Joseph Delteil. On peut citer aussi "La cuisine en Languedoc" d'André Bonnaure" et "Itinéraire en terre d'Aude" de Jean Girou.

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    © Droits réservés

    Patrick Collot aujourd'hui

    Après son départ de Carcassonne, Patrick Collot laissa sa librairie à un Briviste. Elle prit le nom "Les Trois épis", puis fut remplacée par un magasin de vêtements. Aujourd'hui, c'est Séphora. Quant à Patrick Collot, il a repris sa profession de psychologue qu'il exerce à Riez dans les Alpes-de-Haute-Provence.

    Sources

    J.T / FR3 Languedoc-Roussillon

    Photo en une, empruntée à Chroniques de Carcassonne

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  • Lucien Geynes, bienfaiteur de la ville

    Carcassonne a une fâcheuse tendance a oublier tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont donné de leur temps et même de leur argent pour elle. Nous en dressons ici l'amer constat depuis longtemps. Qui se souvient de Lucien Geynes ? Oh! certes pas moi qui n'ai pas eu le chance de vivre les années 50-60. Je ne connais de lui que ce que m'en a rapporté mon père, puisque le sien accompagnait au trombone les musiques du carnaval de cette époque.

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    Lucien Geynes était un mécène ; un de ces chefs d'entreprises à la mode paternaliste des années 60 qui, à la tête d'une société de matériaux donna de son temps et de son argent pour amuser les Carcassonnais.

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    Au sortir de la seconde guerre mondiale, tout est à reconstruire tant d'un point de vue économique qu'humain. Les Carcassonnais se sont déchirés et ceux qui n'ont pas choisi le bon camp pendant le conflit, ont été mis au banc de la société. Dans une petite ville de province, on les connait tous. L'heure est à la réconciliation et pour favoriser cette concorde, quoi de plus innovant que d'organiser des fêtes? Soulignons que les bals étaient interdits sous le régime de Vichy. Des fêtes c'est bien beau, mais où trouver de l'argent car le pays est en ruine? C'est là qu'entre en scène le patron d'une entreprise de matériaux. Son nom ? Lucien Geynes. Dès les début des années 50, il va reprendre avec un succès inégalé les fêtes d'un carnaval moribond depuis longtemps. Il y met de son propre argent et les Carcassonnais adhèrent à son action. Avec trois fois rien, ils fraternisent autour de la construction de chars et de lampions.

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    La construction d'un char dans les ateliers municipaux

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    Les masques au Café Lapasset, place de Gaulle.

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    Comme ici sous les halles en 1958, Carcassonne fait la pige à sa rivale limouxine. Les musiciens de l'harmonie municipale (Andrieu, Rajol, Barrabès, Mattéo...) accompagnent les airs du carnaval. En 1962, tout s'arrête... Pourquoi? Certains disent que la jalousie si coutumière dans notre ville aura eu raison de la philantropie de Lucien Geynes. Quand des hommes de bonne volonté sont trop en vue, on les accuse à chaque fois ici d'avoir une ambition politique. C'est d'ailleurs ce qui crève Carcassonne ! Enfin, c'est ainsi.

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    Les musiciens du carnaval sur la place Carnot

    Le carnaval est gratuit, il créé du lien social et soude les gens à travers un projet commun. N'attendons pas la fin de la prochaine guerre pour nous rendre compte que nous avons besoin finalement de nous aimer, de partager et de rire ensemble. La culture populaire dans une ville est indispensable à la cohésion des citoyens. 

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