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Portraits de carcassonnais - Page 10

  • L'assassinat et les obsèques de Maurice Sarraut à Carcassonne

    © Gallica.bnf.fr

    Le 2 décembre 1943, le fils de l’ancien maire de Carcassonne Omer SARRAUT était assassiné devant sa villa, route de Saint-Simon à Toulouse. Maurice Sarraut avait expiré dans les bras de son frère Albert, après avoir reçu trois balles en pleine tête et plusieurs au thorax. Le patron de la Dépêche de Toulouse, ancien président du parti radical-socialiste, rentrait chez lui vers 18h accompagné par son chauffeur. Au moment où il véhicule se présentait à la grille du domaine, un tireur embusqué déchargeait sa mitraillette en direction de l’illustre journaliste.

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    L'entrée de la villa où fut assassiné Maurice Sarraut

    Maurice Sarraut qui s’était rangé dès 1940 derrière le maréchal Pétain comme bon nombre de fervents républicains membres du parti radical-socialiste, avait pu conserver la direction de son journal acquis à la cause de la collaboration. Les relations entre Sarraut et le gouvernement de l’Etat-français, bien qu’amicales, s’étaient rafraîchies depuis la création de la Milice au mois de février 1943. Les prises de positions et les critiques du vieux journalistes à l’égard du mouvement de Darnand avaient attiré sur lui les plus sérieux périls.

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    L'ancienne villa en 2020

    Pendant que Sarraut se croyait à l’abri du bras séculier de la doctrine Vichyste, les fanatiques fascistes biberonnés depuis longtemps à l’idéologie de l’Action française, ourdissaient leur terrible complot. Henri Frossard, chef de la Milice régionale et persuadé de servir le Christ en servant Pétain, ordonnait à plusieurs de ses sbires la surveillance des frères Sarraut. Parmi eux, Julien Boulanger (1909-1949) - un ouvrier des usines Latécoere - membre du Parti Populaire Français et de la L.V.F et Henri Lefaucheur (1921). Ces deux hommes travaillant également pour la police secrète allemande (Gestapo) seront reconnus coupables et condamnés le 4 août 1949 par le Tribunal militaire de Bordeaux ; l’un à la peine de mort et l’autre, à cinq ans de prison avec sursis. Yves Dousset, l’auteur des coups de feu mortels, avait été abattu le 14 février 1945 par la police à Courbevoie ; ses deux complices qui l’avaient aidé à s’enfuir à bord d’une voiture garée à proximité furent passés par les armes. Il s’agissait de Marcel Saint-Jean et de Giacomini.

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    © ADA 11

    Maurice Sarraut sur son lit de mort

    L’annonce de cet assassinat avait sérieusement ébranlé le pays. Le maréchal Pétain s’était ému de la perte d’un « grand français en réserve ». Pendant plusieurs jours, toute la presse collaborationniste - inutile de le préciser car il n’y avait qu’elle - avait recherché les coupables du côté d’Alger. La propagande désignait les gaullo-communistes comme les responsables de cet  odieux attentat contre un serviteur du pays qu’elle avait peine à regretter. On versait des larmes de crocodiles à Vichy avec tant d’hypocrisie qu’elles n’arrivaient à duper personne. René Bousquet, le chef de la police de Vichy de sinistre mémoire, allait mettre un point d’honneur à retrouver les assassins de son ami personnel. Avec une facilité déconcertante, Henri Frossard et cinq de ses compagnons seront arrêtés le 9 décembre 1943 ; soit une semaine après leur forfait. Ils ne resteront pas longtemps en prison… Bousquet ayant démissionné de ses fonctions le 31 décembre, Darnand les fera remettre en liberté provisoire le 20 janvier 1944.

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    © ADA 11

    Installé dans une chapelle ardente à l’entrée du hall du siège de la Dépêche, le corps de Maurice Sarraut est veillé toute la journée du 5 décembre. Près de 10000 personnes lui adressent un dernier adieu en cette journée, parmi lesquels André Haon (maire de Toulouse) et M. Bézago (Préfet de la Haute-Garonne).

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    Albert Sarraut accueille les anonymes dans le hall

    Le lendemain, la levée du corps s’effectue à 7h40 et prend la direction de Carcassonne pour la cérémonie d’obsèques suivie de l’inhumation. Une foule immense d’anonymes venus de tous les villages de l’Aude patiente sous la pluie à proximité de l’église Saint-Vincent. Monsieur le président du conseil Pierre Laval est représenté par Pierre Cathala, ministre-secrétaire d’état aux finances. René Bousquet est présent au titre d’ami personnel du défunt. Parmi les personnalités politiques nommées par Vichy, MM. Jourdanne (Maire), Emile Marchais (préfet de l’Aude), Bénédetti (préfet de l’Hérault) et Albert Tomey (ancien maire, président du conseil départemental). Après l’absoute prononcée par le chanoine Astruc, le cercueil de Maurice Sarraut est acheminé jusqu’au cimetière Saint-Vincent pour y être inhumé. 

    Le Journal ultra-collaborationniste et antisémite « Je suis partout » relate l’évènement en ces termes : "Les obsèques de M. Maurice Sarraut ont donné lieu à une belle manifestation de solidarité maçonnique. Tous les survivants de la pourriture républicaine étaient présents à Carcassonne ou, du moins, avaient envoyé des messages de sympathie."

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    Sur l’imposant caveau au nom de la famille Sarraut se trouve un bas-relief en bronze, œuvre du sculpteur Auguste Maillard réalisée en 1930.

    Dix années plus tard, le 2 décembre 1953 une plaque en hommage à Maurice Sarraut était dévoilée sur la façade du siège historique du journal. Ce bâtiment situé 57 rue Bayard à Toulouse a été rasé en 1974. Nous ne sommes pas en mesure de dire où se trouve la plaque aujourd’hui. Il s’agissait d’un médaillon sculpté par Alain Gourdon (1930-2014) avec ces mots « A la mémoire de Maurice Sarraut ».

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    Il fut inauguré en présence d’Albert Sarraut, Jean Baylet (directeur du journal), Lucien Caujolle (co-directeur), Madame veuve Sarraut, Mlle Lydie Sarraut, M. Isaac, Roger Caujolle et les anciens de la Dépêche. Ce journal existe toujours sous le nom de La dépêche du midi ; il a racheté l’Indépendant et le Midi Libre.

    Sources

    Fonds Sarraut / ADA 11

    Je suis partout

    La dépêche du midi / 1949 et 1953

    Archives du journal Le monde

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

  • Jacques Olive, ce Carcassonnais devenu animateur à Sud-Radio et ami des stars de la chanson

    Né à Carcassonne en 1947 dans la rue Tourtel, ce fils de bonne famille dont le père exerçait la profession de conseiller juridique tout en se passionnant pour le club d'échec Dame Carcas, passa toute sa scolarité à rêver d’un avenir dans lequel il s’émanciperait des contraintes d’une éducation un peu trop rangée. Sa quête de liberté et d’indépendance, conjuguée avec un caractère déterminé à pousser les portes de la renommée, fit de cet adolescent de quinze ans le plus jeune reporter Carcassonnais de son époque. Quelque temps à peine après son entrée au lycée Paul Sabatier, Jacques Olive s’était résolu à écrire le journal de cet établissement à destination des jeunes de son âge. Dans cette feuille de choux, notre journaliste aidé par son ami photographe Pierre Mournet s’amusait à relater les petites histoires de la vie lycéenne. Rien encore de bien probant, mais un galop d’essai qui ne manquerait pas bientôt d’inquiéter un père, ayant pour son fils d’autres ambitions que celle d’un gratte papier sur fond de paillettes. Il est vrai que les résultats scolaires se ressentaient de cette passion, mais Jacques pouvait compter sur la neutralité de sa mère et sur la bienveillance de ses grand-parents. En dehors de ses heures de cours, on le retrouvait tantôt au milieu du groupe des jeunes du festival d’art dramatique de Carcassonne, tantôt dans les coulisses du théâtre municipal après avoir su dissiper la surveillance du concierge, Monsieur Pédron.

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    Jacques Olive rencontre Bourvil dans son hôtel à Carcassonne

    Le premier fait d’armes de Jacques Olive fut d’obtenir avec culot une entrevue à l’hôtel du Donjon avec Bourvil. La chance du débutant ! Ce jour-là, le comédien se trouvait depuis plusieurs jours à la Cité afin de tourner les dernières scènes du Corniaud de Gérard Oury. C’était au mois de novembre 1963 et le comédien avait accepté avec gentillesse d’accorder une interview à ce jeune insouciant de quinze ans. Micro en main branché à un enregistreur sur bande magnétique offert par papi et mamie, notre journaliste en herbe ne s’était pas départi de son objectif. De ce rendez-vous auquel Louis de Funès n’avait pas souhaité répondre, Jacques Olive conserva un mémorable souvenir ainsi qu’une photographie, hélas mal cadrée, prise par son copain Mournet. 

    Tout auréolé du succès obtenu par l’interview de Bourvil et fort du bruit qui s’était répandu en ville grâce au journal du lycée, notre chasseur de scoop allait obtenir l’année suivante une chronique hebdomadaire dans l’Indépendant : « Entre nous… les jeunes ». A la manière de « Salut les copains », Jacques Olive retranscrivait les interviews qu’il avait eu la chance d’obtenir de Tino Rossi, Jean Ferrat, Charles Aznavour, Georges Brassens, etc. Plus besoin cette fois de louvoyer pour atteindre les coulisses puis les loges du théâtre municipal ; Jean Alary, qui avait pris sous son aile bienveillante le jeune garçon, l’introduisait auprès des vedettes de la chanson de passage à Carcassonne.

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    Jacques Olive et Sylvie Vartan à Carcassonne

    Jacques Olive se souvient encore de ses moments avec Annie Cordy, Jacques Brel, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan ou encore Joe Dassin. Ils avaient tous pour habitude de séjourner à « La croque sel » chez Annie Pavernès, route de Trèbes. C’était le seul endroit dans Carcassonne où l’on pouvait dîner tard après les spectacles ; les stars de l’époque y avaient leurs habitudes. Joe Dassin par exemple, loin de ses « Champs-Elysées », ne ratait jamais une occasion pour aller s’adonner à son sport favori : la pêche à truite.

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    Dans les bureaux de l'Indépendant à Carcassonne en 1966

    Jacques Olive se serait peut-être enterré à Carcassonne s’il y était demeuré, car le projet qu’il nourrissait au fond de lui ne pouvait s’accommoder d’une vie routinière. Dans ses pensées, l’appel du grand large précipitait chaque jour son départ ; il espérait ce navire qui lui ferait prendre la mer. Lorsqu’un jour, une bouteille portant un message s’échoua sur le rivage au pied de notre aventurier : « Direction Radio Andorre cherche animateur pour essais. » Sans crier gare, Jacques Olive expédiait par la poste un florilège de ses meilleures interview de vedettes, conservées sur bandes magnétiques. Par télégramme oblitéré de l’Andorre, la réponse ne se fit attendre que quelques jours :

    « Studios Andorre-la-vieille - Si poste animateur vous intéresse - Stop - Venir pour essais micro - Stop. »

    Après les formalités d’usage inhérentes à tout jeune homme mineur quittant sa famille pour un pays étranger, le jeune homme de dix-huit ans ans grimpait le Port d’Envalira en moins de temps que Julio Jimenez au Tour de France 1964.

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    Jacques Olive se remémore avec émotion la fois où on lui confia l’animation de l’émission vedette de la radio : "Après avoir présenté et mené différentes émissions de la matinale 6/9, le 12/14, ou encore le week-end, la direction me confia dès 1968 l’animation du rendez-vous vedette de la station : Spécial Blue jeans (17/19), carrefour des tubes et du hit parade."

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    Jacques Olive et l'idole des jeunes

     Cette émission en concurrence avec Salut les copains d’Europe n°1 était très prisée des des annonceurs et écoutée par les adolescents du sud ouest. Via les bureaux parisiens de la radio, l’animateur recevait les nouveautés discographiques et les dates des tournées des stars des Yé-Yé qui eut la chance de suivre et d’interviewer. Engagé au bout de trois mois, non sans avoir dû camoufler son accent méridional suspecté de passer mal à l’antenne, Jacques Olive entrait ainsi dans l’intimité des vedettes dont certaines allaient devenir des amies de toujours.

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    Salvatore Adamo, une amitié de cinquante ans

    C’est le cas de Salvatore Adamo qui devait le débaucher de Radio Andorre en 1970 pour lui offrir un poste de second assistant réalisateur et de doublure lumière dans son prochain film. Le jeune Carcassonnais qui rêvait de cinéma mais n’avait pas pu, faute de baccalauréat, entrer à l’I.D.H.E.C (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques), accepta cette proposition. "Je quittais les studios de Radio Andorre pour intégrer ceux de Vincennes à Paris, puis ceux de Belgique et d’Allemagne." Voilà donc une nouvelle aventure dans un monde inconnu, au moment où Jacques commençait à se faire un nom à la radio. L'île aux coquelicots, titre du film d’Adamo avec Pierre Vaneck et Alice Sapritch, ne devait pas rencontrer le succès ; la carrière cinématographique de Jacques Olive s’arrêta là. Pendant une courte période de transition, il assura l’animation des défilés de mannequins représentants du label Woolmark.

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    Jacques Olive et Mireille Mathieu 

    Cet excellent communicant aura su toute sa vie retomber parfaitement sur ses pattes. Son destin  et la chance qu’il sut provoquer, l’ont toujours fait rebondir plus haut que la position dans laquelle il se trouvait précédemment. Lorsqu’il rencontre Bernard Icher - une vieille connaissance Carcassonnaise - ce dernier qui s’est lancé dans la chanson avec Gaston Bonheur pour parolier, l’invite à le suivre en tournée sur la Côte d’Azur.

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    Présenté par son ami à Lucien Jolivald qui recherche une personne pour réaliser des interviews à l’ORTF Nice-Côte d’azur, Jacques Olive remet le costume d’animateur et prend du galon. Entre le Marineland d’Antibes, l’hôtel Majestic pour le Festival de Cannes et Saint-Tropez, il côtoie de près Charles Chaplin, Grâce de Monaco, Gilbert Bécaud, Henri Salvador, Jean Marais, Claude François, Alfred Hitchcoch... Avec Brigitte Bardot, il se retrouve au zoo de Fréjus.

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    Sur le tournage de la Scoumoune avec Belmondo

    Notre jeune Carcassonnais de 23 ans joue à la pétanque avec Yves Montand pendant que Simone Signoret tricote dans un coin, blague avec Jean-Paul Belmondo sur le tournage de La scoumoune et dévore des yeux Claudia Cardinale lors de l’émission « Lundi Vacances » de France Inter.

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    Jacques Olive et Thierry le luron

    Cet amateur de jolies femmes parviendra à faire tomber sous son charme la séduisante Evelyne Leclercq qui, speakerine à l’ORTF passera ensuite à Tf1 avec la carrière que nous connaissons. Jacques Olive l’épouse en 1972, Céline naît de cette union, mais l’idylle ne dure pas et le divorce est prononcé trois ans plus tard.

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    Jacques Olive devait faire partie de la charrette des licenciés de l’ORTF. Sans travail mais pourvu d’un carnet d’adresse à faire pâlir de jalousie les plus grands attachés de presse, l’animateur avait gardé ses contacts avec Radio Andorre. La chaîne concurrente de Sud Radio devait proposer le 1er juillet 1974 à Jacques Olive de tenir à nouveau l’antenne en Andorre. Il revenait à ses premières amours mais se languissait bien vite de son pays natal et souhaitait s’en rapprocher en intégrant les bureaux de Sud Radio à Toulouse.

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    René Coll, Jacques Olive et Michel Sardou

    En 1975, le voilà dans la ville rose à animer les émissions cultes de la chaîne. Le poste d’attaché de presse responsable des relations publiques à Sud Radio qu’il convoitait depuis longtemps s’ouvrit à lui en 1977. Il y resta jusqu’au 1er juillet 1986 où il choisit de voler de ses propres ailes en créant son propre cabinet.

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    Jacques Olive, Raymond Chésa, Jean Alary et Georges-François Hirsch

    Entre temps, la ville de Carcassonne ayant basculé à droite lors des élections de 1983, le maire Raymond Chésa avait nommé Jean Alary à la tête du Festival de la Cité. Jacques Olive n’avait jamais rompu ses relations avec cet homme si généreux et bienveillant qui l’avait fait débuter à l’âge de quinze ans dans le métier. Il l’avait revu au début des années 1970 sur la Côté d’azur quand Jean Alary possédait l’Hôtel des Lices à Saint-Tropez avant qu’il ne le passe à son fils adoptif, Gilles Scagliola.

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    Le Festival de la Cité ayant passé un partenariat avec Sud Radio, Jean Alary exigea que le petit Jacques fût appelé à s’occuper des relations presse. Le car studio de Sud Radio stationna à demeure devant la Porte Narbonnaise pendant toute la durée des festivités avec de nombreux directs. Des artistes prestigieux atterrissaient à l’aéroport de Toulouse Blagnac à destination de Carcassonne, comme les jazzmen Lionel Hampton ou Oscar Peterson.

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    Point presse Jacques Olive et Jean Alary en 1983

    Après avoir passé la matinée à coller ses bandes magnétiques dans le car studio, Jacques Olive partait au Café de la comédie où se tenait le point presse avec FR3 et de nombreux confrères de la presse écrite régionale. A cette époque, Georges Bacou jeune stagiaire de Jean Alary faisait ses débuts. C’est aujourd’hui le directeur du théâtre qui porte le nom de celui qui fut emporté par une crise cardiaque le 17 décembre 1984. Avec le décès de Jean Alary s’arrêtait tristement la collaboration de Jacques Olive au Festival de la Cité.

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    Jacques Olive et Michel Plasson, chef de l'Orchestre National du Capitole.

    La carrière de Jacques Olive se poursuivra ensuite à Toulouse au sein de son cabinet de relations publiques. Travaillant dans l’évènementiel à la promotion des grands rendez-vous tels que le F.A.U.ST (exposition des sciences), la Foire internationale de Toulouse ou encore le Salon des antiquaires, Jacques Olive fut le collaborateur de Jacques Lacassagne pour le parc des expositions, puis de Dominique Baudis, Philippe Douste-Blazy et Jean-Luc Moudenc pour le Grand Toulouse et le Capitole. C’est sans aucun doute le sommet de la pyramide pour cet autodidacte dont l’unique diplôme fut de croire en son destin.

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    Jacques Olive et Philippe Noiret

    S’il a vu disparaître beaucoup de ses amis du show-business les uns après les autres, il conserve toujours d’excellentes relations avec Salvatore Adamo et Michel Drucker.

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    Jacques Olive vit actuellement à Toulouse et rend visite régulièrement à sa maman âgée de 98 ans à Quillan. Après plusieurs semaines de recherches pour le localiser et l’interviewer, c’est avec beaucoup de gentillesse que cet homme m’a spontanément ouvert sa documentation et ses souvenirs. Qu’il en soit remercié.

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  • Pierre Cabot (1918-2019), le dernier collègue d'Aimé Ramond est mort

    C’était le dernier des fonctionnaires du commissariat de police de Carcassonne à avoir côtoyé l’officier de paix Aimé Ramond. Sans aucun doute, le seul survivant qui, à l’âge de 101 ans, pouvait encore évoquer le souvenir de ce martyr de la Résistance exécuté à Baudrigues le 19 août 1944. Pierre Cabot, inspecteur de police judiciaire, s’est éteint chez lui à Villemoustaussou le 17 décembre dernier dans le silence le plus complet. Cet homme discret s’est éclipsé avec le même zèle que celui qu’il appliquait pour traquer les malfaiteurs, lorsqu’il les filait à bicyclette ou avec sa voiture personnelle dans Carcassonne. Pierre Cabot, « au nom prédestiné » comme s’amusait à le décrire Me Pédron lors des audience au tribunal lorsqu’il défendait ses clients en mimant la queue d’un chien, était l’as de la filature et reniflait les truands de loin.

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    © Droits réservés

    Pierre Cabot chez lui en 2012

    Né à Valras dans l’Hérault le 27 septembre 1918 dans une famille de viticulteurs, M. Cabot effectuait d’abord ses études primaires à l’école de Montblanc. Après quatre années d’internat à l’Ecole Pratique Supérieure de Saint-Pons-de-Tomières, il décroche un C.A.P de d’ajusteur mécanicien puis travaille à l’usine Fouga à Béziers. Lorsqu’éclate la Seconde guerre mondiale, au moment où il se trouve sous les drapeaux, Pierre Cabot se retrouve à l’armurerie de son régiment. Démobilisé en 1940, il retourne à la vie civile sans emploi, sans projet, sans argent. Répondant alors à un annonce de concours, il entre à l’école de police avant d’être affecté au commissariat de Montpellier en 1942. Il est ensuite envoyé à Carcassonne en 1943 comme inspecteur stagiaire et rejoint les bureaux de la section judiciaire, au rez-de-chaussée du 11 avenue Arthur Mullot. Pierre Cabot n’a pas beaucoup de chemin à faire pour se rendre à son travail ; il loge 31, square Gambetta.

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    L'officier de paix Ramond, héros de la Résistance

    A l’instar de tous ces collègues, il côtoie l’Officier de Paix Aimé Ramond dans le cadre de ses fonctions. Jamais Pierre Cabot ne se rangea comme beaucoup de policiers du commissariat du côté de la collaboration ; ceci est attesté par les dossiers de l’épuration que j’ai consultés. Il est décrit comme ayant d’assez bonnes aptitudes, dévoué et n’ayant aucune activité connue contre la Résistance. Tout ceci m’a été confirmé par l’intéressé lui-même quand je me suis entretenu avec lui, voilà maintenant un an. Pierre Cabot ne s’est jamais fait valoir auprès de moi comme ayant fait preuve d’un grand courage pendant la tourmente de l’Occupation. Il a rendu des services à Aimé Ramond en dissimulant des papiers, en faisant passer des documents. De son point de vue, le courageux et le héros c’était cet officier de paix qui, au mépris des risques, donnait de sa personne pour libérer le pays du joug des nazis. Dans combien de situation Ramond a-t-il sauvé la vie de résistants en passe d’être arrêtés ? On ne le saura jamais, mais sûrement un grand nombre. Pourtant, toujours selon Pierre Cabot, le service ressemblait à un panier de crabes dans lequel il était difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Si Ramond n’a jamais trahi ses collègues, il en est qui ne vécurent pas avec la conscience tranquille après le 19 août 1944. Là encore, cela reste l’un des secrets les mieux gardés de Carcassonne. Des fonctionnaires de police zélés pour faire respecter à la lettre les directives de l’Etat-Français, on en trouva pour rafler les juifs installés à Rennes-les-bains. Beaucoup parmi eux furent épurés et rayés des cadres de la police en 1945, mais aussi beaucoup de chefs passèrent à côté et trouvèrent l’aubaine d’une mutation dans un autre département. A ce sujet, M. Cabot n’avait guère de bons sentiments et même de la détestation pour un dénommé Bianconi. En revanche, l’inspecteur Germanaud, agent du réseau Gallia, avait toute son admiration.

    Après la Libération, notre policier se marie avec Joséphine Badia dont il aura deux fils, Serge et Hervé. Il est également promu inspecteur sous-chef de la sûreté en 1949. Au service de la République et de l’état de droit retrouvé, il fait preuve de grande qualité dans les résolution des enquêtes dont il a la responsabilité. A cette époque, le commissaire Garnon fait son entrée au commissariat de Carcassonne et va être confronté à l’affaire Cannac. A ce sujet, Pierre Cabot m’a confié avoir considéré Emile Delteil comme un honnête homme ; je respecte son point de vue même si je ne le partage pas.

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    © Archives de la famille Garnon

    Les inspecteurs Ribeiro, Roby, Cautenet, Fontès, Bargeton, Cabanié et Cabot. Au bureau, le commissaire Garnon. Jean Cautenet avait été membre du Corps Franc Lorraine (Maquis de Villebazy)

    Au cours de sa carrière, Pierre Cabot a réalisé plus de mille arrestations bien souvent dans des situations rocambolesques. Michel Sawas qui l’avait consacré un article pour le Petit journal en 2018 avait obtenu le récit du cambriolage de la bijouterie Millet : « C’est en circulant à vélo, la nuit, qu’il a vu deux types avec un gros sac se diriger vers la gare. Il les a suivis et coffrés avec l’aide d’une paire d’agents. »

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    A droite, Pierre Cabot lors d'une arrestation

    Ainsi était Pierre Cabot qui, après une retraite méritée en 1973, alla s’installer dans un pavillon à Villemoustaussou avec son épouse jusqu’à son décès le 17 décembre 2019 à l’âge de 101 ans. Avec lui, c’est une grande page du livre d’or de la police Carcassonnaise qui s’est refermée.

    Sources

    Entretien personnel avec Pierre Cabot

    Le Petit Journal / Michel Sawas

    La dépêche

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