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Portraits de carcassonnais - Page 7

  • La famille Régismanset, illustres Carcassonnais oubliés

    La famille Régismanset qui donna tant de personnages illustres à notre ville a été complètement oubliée par l’ensemble de nos historiens locaux. Le patronyme s’est construit à partir de Régis et de Manset ; il se décline de différentes façons au cours des siècles. En 1755, on trouve dans les registres paroissiaux de Carcassonne Amans Régis dit Manset, puis au fil du temps Régis-Manset et finalement Régismanset. Le nom Manset, originaire du Sud-Est de la France, est un dérivé de Amans issu du latin Amantius. Il nous parait donc plus que probable que les descendants de ce Amans Régis, appelé Manset, ont ensuite accolé le surnom de leur père à leur patronyme Régis.

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    La famille Régismanset possédait cet immeuble jusqu'à la ruelle Perrot

    Jean Régis-Manset, agent de change de son état, marié à Anne Duchon aura trois fils. Si Nicolas (1765-1812), l’aîné, demeurera commissionnaire-négociant en draps, ses deux autres frères embrasseront la carrière militaire. Charles (1766-1819) sera capitaine sans pour autant passer la postérité. En revanche Benoit (1768-1849) connaîtra la gloire après avoir accédé aux plus hautes fonctions de l’armée. Ses états de service sont en tous points exemplaires.

    Né le 5 juillet 1768 à Carcassonne. Il entre au service en 1786 et devient sergent-major, en 1792 à l’armée des Alpes. Il est blessé d’un coup de feu à la jambe gauche, à l’affaire de Raous le 12 juin 1793. Ajoint à l’état-major de l’armée des Pyrénées-Orientales, où il vient d’arriver avec son régiment, le 7 ventôse An 2, il passe adjudant-major, et le 15 Thermidor suivant, chef de bataillon. A la tête des grenadiers des Hautes-Alpes, il s’empare de la redoute du Plat d’Olrey, où les Espagnols se sont fortifiés. Le 30 Floréal An 3, ayant rencontré l’ennemi dans une découverte, il lui livre un combat long et meurtrier. En récompense, le grade chef de brigade lui est conféré sur le champ de bataille ; il fait, en cette qualité, la campagne de l’An 4 (1796). A côté du général en chef Bonaparte à Arcole, il participe aux combats de Belivagna. L’ennemi défend le pont de ce village, malgré le feu nourri, Régismanset s’en rend maître et facilite le passage des troupes françaises. En l’An 6 (1798), il est employé aux armées d’Angleterre, de Mayence et d’Helvétie. En l’An 7 (1799), état revenu d’Italie avec un bataillon de grenadiers et de carabiniers, il sauve la division Montrichard, mise en déroute par l’ennemi qui, avec des forces doubles, vient encore de prendre en flanc celle du général Olivier. Le 5 Messidor de la même année, il arrête avec son bataillon, 8000 alliés, et soutient la retraite de l’armée française pendant la journée entière. A la bataille de Novi, n’ayant sous ses ordres que cinq compagnies de son bataillon, il se précipite sous les yeux même du général Moreau, sur les Autrichiens qui ont percé la ligne française et culbuté les 5e légère, 34e et 80e de ligne. Il les force à une retraite précipitée, leur fait 800 prisonniers et reprend trois pièces de canon. Il contribue sous les ordres du général Masséna à la belle défense de Gênes et reçoit une balle dans la poitrine. En l’An 8 (1800), Régismanset sert en Italie sous le Premier Consul Bonaparte, qui, pour récompenser ses nombreux services, le nomme colonel du 19e régiment d’infanterie de ligne. Il fera la campagne de l’An 9 (1801).

    Rentré en France après la paix, il est fait chevalier de la Légion d'honneur le 11 décembre 1803, officier de l’ordre le 14 juin 1804, et membre du collège électoral du département de l’Eure. De l’an XIII à 1806, il sert à l’armée de Hanovre, et en 1807, il rejoint la Grande armée. Il est fait commandeur de l’Ordre du mérite de Bade. Le 30 novembre 1807, et il est créé baron de l’Empire le 10 juin 1808. En 1809, il fait la campagne d'Allemagne, et le 18 août 1809, il devient commandant supérieur de la place de L’Ecluse. Il est mis en congé de non activité le 27 février 1810, et le 9 juillet 1812, il est rappelé au commandement supérieur de la presqu’île de Monte Argentario, qu’il conserve jusqu’au 1er juin 1814. Il est admis au traitement de non activité le 1er septembre 1814, et il est fait chevalier de Saint-Louis le 17 janvier 1815.Pendant les Cent-Jours, il est employé le 30 avril 1815, comme commandant supérieur de la place de Béthune. Mis en demi-solde lors de la seconde restauration, il est admis à la retraite le 20 mars 1818, et il est promu maréchal de camp honoraire le 29 juillet 1818. Il meurt le 8 juin 1849, à Paris.

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    Charles Régismanset

    Charles Régismanset (1766-1819), le frère de Benoit, aura deux enfants de son union avec Louise Bourdil. Il s’agit de Joseph Charles (1794-1825) et de François (1797-1818). Ce dernier, natif de Nice, épousera l’une des fille de la famille Reboulh dont naîtra à Carcassonne Charles Régismanset (1817-1903), chef de division à la préfecture. Toute cette fratrie habite au n°51 de la rue Aimé Ramond dans l’ancienne demeure des Laperrine. C’est ici qui naîtra Jacques Paul Régismanset (1849-1923) dont nous allons évoquer la brillante carrière d’avocat et de sénateur.

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    Jacques Paul Régismanset

    Jacques Paul Régismanset voit le jour à Carcassonne le 27 février 1849. Avocat, inscrit au barreau de Paris, ensuite avoué près le tribunal de Fontainebleau, il est élu pour la première fois au Sénat le 4 janvier 1891 sous l'étiquette républicaine. Depuis 1878, conseiller municipal de Fontainebleau et conseiller général de Seine-et-Marne entre 1881 et 1892. A son arrivée au Sénat, il s’inscrit au groupe de la réunion de la gauche démocratique dont il devient vice-président. Il se consacre surtout à l’étude des questions juridiques et fait partie de la commission de la réforme du code civil relatif au partage. En 1913, il est élu rapporteur du projet de loi relatif à la liquidation des congrégations. En raison de la ses qualités de tact et d’autorité, il est élu à la vice-présidence du Sénat en 1917 et à celle de la Cour de Justice en 1918. Il fait également partie de la législation civile et criminelle. Lorsqu’en novembre 1922 la question du droit des votes des femmes arrive devant le Sénat, Jacques Régismanset, président de la commission, fait partie de ceux qui s’y opposent. A 22 voix de majorité, les articles présentés sont repoussés par une assemblée composée uniquement d’hommes. Voici comment Jacques Régismanset justifie son positionnement. A l’heure actuelle, où nous assistons à un retour en arrière sur les questions sociétales, il est sans doute intéressant de lire les arguments de cette époque.

    « C’est dans l’intérêt de la femme que je refuse le suffrage féminin. Je ne veux pas jeter la femme dans la mêlée électorale. La Commission a entendu les délégués de groupements fénéminins; l’une des représentantes des syndicats ouvriers nous a déclaré qu’elle avait assez de la tyrannie de l’homme aussi bien dans la famille qu’au dehors. Le mari est souvent un tyran, a-t-elle ajouté. Qu’est-ce la femme au foyer ? Rien ou presque rien. Que doit-elle y être ? Tout ou presque tout. Nous voulons tirer la femme de l’esclavage ; les femmes s’insurgent contre les excès de l’autorité maritale. Nous aurions pu croire qu’on avait réuni dans notre salle de commission toutes les femmes du département de la Seine en instance de divorce (Sourires). Le courant féministe est factice ; les femmes dans leur ensemble ne demandent pas le droit de suffrage. Le leur donner, ce serait transformer la vie de famille, introduire dans cette vie de famille un véritable élément révolutionnaire. En Angleterre, les dernières élections n’ont fait entrer à la Chambre des Communes qu’une femme de plus. Cela prouve qu’au milieu des difficultés actuelles, les électeurs et électrices anglais ont pensé qu’il valait mieux s’en rapporter aux hommes du soin de gérer les affaires publiques. Le moment serait-il bien choisi pour réaliser en France la réforme consistant a accorder aux femmes l’électorat et l’éligibilité ? La situation financière du pays est grave, elle exige des résolutions viriles, a écrit l(‘honorable rapporteur général. Allons-nous donc apporter à l’État des résolutions féminines… Eloignez de la femme le calme amer de la politique (Nombreux applaudissements). »

    Jacques Paul Régismanset meurt le 21 décembre 1923 d’une longue maladie dans une clinique d’Avon. Son petit-fils, Charles Henri Eugène Régismanset (1877-1945), mérite également que l’on s’attarde sur sa carrière.

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    Charles Henri Régismanset

    Né le 21 juin 1873 à Carcassonne de François Régismanset, professeur de lycée, il est une grande partie de sa vie haut fonctionnaire employé au Ministère des Colonies. De 1901 à 1903, il effectue une mission en Ethiopie. Bien que dégagé de toute obligation militaire et malgré son âge, il s'engage en mars 1915, est promu en juin sous-lieutenant (puis lieutenant en 1917) au 13e bataillon de chasseurs alpins. Blessé dans la Somme en 1916, il est cité et obtient La Croix de guerre. En 1917 il est fait à titre militaire chevalier de la Légion d'honneur (il sera promu officier en 1932). Membre de l'Académie en 1922, il est nommé directeur de l'Agence générale des colonies entre 1924 et 1926. Il est ensuite chargé de procéder à l'installation et à l'organisation des juridictions statuant en matière étrangère pour la circonscription d'Alep. Il est nommé alors inspecteur général de la Justice de l'Etat de Syrie et procureur général près la Cour de cassation de l'Etat de Syrie. 

    Poète, romancier, philosophe même avec sa Philosophie des parfums. Ses aphorismes ou maximes témoignent d'une grande finesse d'esprit. Par ailleurs, il est l'un des premiers à avoir écrit sur la « littérature exotique » en tant que genre (1911). Il est décédé en janvier 1945 et repose au cimetière parisien de Bagneux.

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    « Pauvre humanité noire ! Ayons donc au moins la franchise d'avouer que si nous prenons tant de soin de toi, c'est que tu nous parais constituer une inépuisable réserve de main d’œuvre ... Nous entendons que les races africaines rapportent le maximum. Nous voulons que les boules de caoutchouc, l'ivoire, abondent sur les quais de Bordeaux ou du Havre, que les arachides croissent, que l'huile de palme coule à pleins bords. Rien de mieux. Mais que viennent faire ici la science, la justice, la bonté et surtout le progrès ? Je ne souhaite point que l'éducation noire soit poussée trop avant... Tant que les populations seront les plus faibles, elles admettront le droit du plus fort. Le jour où le "plus fort" désarmerait, le jour où elles auraient compris l'admirable mensonge de toutes ces abstractions, elles auraient tôt fait — les Annamites nous en donnent déjà un avant-goût — de dénoncer ce prétendu "contrat d'association", de s'insurger contre la tutelle et l'exploitation européennes. Assimilation irréalisable ou association hypocrite, deux systèmes également en contradiction flagrante avec le fait. » — Essai sur la colonisation, 1912

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  • Hippolyte Champagne (1803-1883), artiste peintre

    Photographie d'un tableau d'Hippolyte Champagne envoyé par un collectionneur

    Hippolyte Champagne naît le 3 frimaire An 12 (25 novembre 1803) à Carcassonne. C'est le fils de l'architecte Jean-François Champagne, auquel nous devons de nombreux bâtiments dans notre ville, et de Marguerite Projet. Nous avons dû partir de zéro afin d'essayer de rédiger une biographie à l'usage des amateurs d'art, car la vie et l'œuvre de cet artiste se sont perdus depuis longtemps. Néanmoins, en farfouillant dans de vieux grimoires, nous avons pu apprendre certaines choses. Hippolyte Champagne fit ses études à l'Ecole Royale de Dessin et des Beaux-arts de Lyon. Il y reçut en 1826 une 1ère mention. Le peintre Philippe-Auguste Jeanron a été de ses professeurs, bien qu'il soit de cinq ans son cadet.

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    Maison et pavillon de la famille Champagne

    A Carcassonne, il résidait dans la maison familiale située rue St-Michel (actuelle rue Voltaire). Il reste un pavillon construit par son père et donnant sur le boulevard Roumens. Membre de la Société des Arts êet Sciences de Carcassonne, Hippolyte Champagne fit régulièrement don de ses œuvres au Sou des Ecoles laïques. L'un de ses œuvres "Paysage au pastel" figure dans les collections du Musée des Beaux-arts de la ville. Parmi d'autres aquarelles, citons "Vue d'une ferme à la Bastide-Rouairoux", "La pierre Lys", "Le chêne après l'orage", "Le moulin", "Effet du matin","Bords de la rivière de l'Aude". Hippolyte Champagne s'est éteint le 13 septembre 1883 à l'âge de 79 ans, rue Marceau. Sa dépouille se trouve au cimetière Saint-Michel dans le caveau de la famille Champagne.

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    Caveau de la famille Champagne.

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  • Jean Alboize (1851-1904), critique d'art Carcassonnais

    Jean Baptiste Alboize naît à Carcassonne le 1er novembre 1851. Son père Jean Dominique est un riche négociant du quartier de la Barbacane qui possède une belle fortune personnelle et plusieurs propriété dont le domaine Sainte-Eulalie à Badens. Après ses études de droit, le jeune Alboize vient à Paris et n’ayant pas de préoccupations matérielles, il fréquente les cercles de la littérature et des arts. En 1881, le retrait d’Arsène Houssaye de la revue « L’Artiste » après trente années de collaboration, permet à Jean Alboize d’en devenir acquéreur.

    Alboize

    © Mario Ferrisi

    Achille Rouquet, Achille Laugé, Jean Alboize, Achille Astre

    Fondé en 1831 par Achille Ricourt avec Jules Janin pour rédacteur en chef, l’Artiste se jette à crops perdu Das la mêlée romantique. Ses collaborateurs s’appellent alors Chateaubriand, Lamartine, Alfred de Musset, Balzac, Mérimée, Gozlan, Sainte-Beuve, Georges Sand, etc. Les beaux-arts sont représentés par Delacroix, Decamps, Huet, Deveria, Roqueplan, Raffet, etc. Achille Ricourt, se débat au milieu de difficultés sans nombre pour continuer sa Revue dans la caisse, disait Monsclet, était plus pleine de roses que d’écus. Enfin, il succombe en 1838, et dépose les armes avec cent mille francs de dettes. Jules Janin lui succède, comme directeur, jusqu’en 1844, soutenu par Delaunay, un dilettante, qui abandonne également la partie après avoir gardé seulement de quoi vivre pauvrement en province. En 1844, Jules Janin cède à son tour sa place de directeur à Arsène Houssaye qui l’occupe, pour la première fois, jusqu’en 1849, époque à laquelle il administrateur du Théâtre-Français, laissant l’Artiste à Edouard Houssaye et Xavier Aubryet. Les nouveaux possesseurs choisissent, pour rédacteur en chef, Théophile Gautier qui demeure à son poste de combat jusqu’en 1860, et ne se retire que devant Arsène Houssaye qui reprend la revue et la garde jusqu’en 1880. C’est de lui que Jean Alboize la recueillir et la continua jusque’à sa mort. (Gaston Schéfer)

    Alboize

    Le 19 janvier 1886, Jean Alboize se marie à Paris avec Jeanne Marguerite Gieules dont il aura deux enfants : Dominique Julien né le 22 novembre 1886 à Paris et Geneviève Louise Claire (1900-1981). En 1892, Il lance un supplément à l’Artiste qui paraît tous les trimestre : « Les peintres-lithographes ) Album de l’Artiste. Toutefois, la revue connaît des difficultés, les ventes s’effondrent et elle ne paraît plus que mensuellement. Alboize continue sa collaboration avec la Revue méridionale dans laquelle, il ne cesse de faire connaître la vie et l’œuvre du peintre Carcassonnais Jacques Gamelin. Aussi, lorsque la Grande encyclopédie et le Grand Larousse prétendent que Gamelin n’était pas coloriste, Alboize s’élève contre cette idée largement reprise dans d’autres journaux. C’est durant l’année 1898 qu’il fonde un Comité pour l’exécution d’un buste de Gamelin ; il sera réalisé par Falguière et inauguré à Carcassonne lors du passage des Cadets de Gascogne.

    Alboize

    Le 3 février 1899, il devient sous parrainage du compositeur Paul Véronge de la Nux, Chevalier de la légion d’honneur. Il ne cesse d’enrichir sa collection d’œuvres d’art et poursuit sa quête de notoriété en faveur de Gamelin. A la société « Les enfants de l’Aude » dont le siège se trouve 85 rue Richelieu, Alboize donne une conférence le 9 juin 1901 sur son peintre favori au milieu d’un parterre d’intellectuels dont les frères Sarraut. Au mois de novembre 1901, Jean Alboize est nommé par le gouvernement au poste de Conservateur du château de Fontainebleau, dont il va faire procéder à la restauration et à l’aménagement de plusieurs salles.

    Alboize

    © Jacques Blanco

    Le critique d’art n’aura cependant pas le temps d’aller au bout de ses projets ; le 4 mars 1904, il est emporté brutalement par une angine de poitrine. Ses obsèques ont lieu au cimetière Saint-Michel à Carcassonne quatre jours plus tard. On ne tarda pas à mettre aux enchères chez Drouot sa grande collection ; il possédait deux Gamelin : « La mort de Socrate (encre de Chine) et Scène champêtre (dessin).

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