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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 329

  • L'arrestation d'André Coste par la Milice Française

    Le policier André Coste - natif de Fanjeaux - était un agent P2 des S.S.D.N (Services Spéciaux de la Défense Nationale) pendant la Seconde guerre mondiale. Après avoir rendu ses services au sein de la Résistance à Paris, il arrive à Carcassonne en octobre 1942 afin d'y remplir plusieurs missions. Elles consistent notamment à recueillir des renseignements de personnes jugées dangereuses pour l'Armée secrète : Miliciens, membres du P.P.F (Parti Populaire Français), agents de la Gestapo, etc... Son appartement situé dans la rue de l'aigle d'or, lui permet d'observer les mouvements dans le Grand café Not de la place Carnot. C'est le siège du P.P.F et le lieu de rendez-vous des miliciens.

    Dans le livre "La Résistance audoise" de Lucien Maury paru en 1980, André Coste raconte son arrestation par la Milice Française en mai 1944. Dans les détails, il explique comment et grâce à qui il a pu finalement échapper au triste sort qui l'attendait. Nous avons trouvé par hasard dans les archives de l'Aude, un document dactylographié de septembre 1944. Il s'agit de l'interrogatoire de l'un des collabos qui l'a fait arrêter ; il nous a paru très intéressant de confronter les deux versions. 

    Le récit d'André Coste

    Le 20 mai 1944, j'avais rendez-vous avec Müller sous-officier d'aviation du groupe Testa. Il avait une chambre dans l'immeuble de la droguerie Arnal, face à la gare, près du café Continental. Notre rendez-vous était fixé à 13 heures dans cette chambre, au deuxième étage, où on accédait par un immense escalier. Nous échangeâmes divers renseignements puis nous décidâmes de ne pas quitter la chambre en même temps. Il partit donc le premier. Quant à moi, je restai trois-quarts d'heures environ avant de partir. Descendu au premier étage, qu'elle ne fut pas ma surprise de me trouver en face de trois miliciens , qui, révolver au point, s'approchèrent, me fouillèrent ; parmi eux un résistant authentique, l'officier de paix Aimé Ramond, du Commissariat de police !...

    Presse de questions, je leur dis que je venais de la chambre au-dessus qu'un ami m'avait prêtée où j'avais rendez-vous avec une fille qui n'était pas venue. Il m'obligèrent à remonter dans la chambre où ils perquisitionnèrent sans aucune autorisation, ne trouvèrent rien de compromettant, sauf des tenues de sous-officier d'aviation qui appartenaient à Müller. Ces tenues les inquiétaient. Ils me demandèrent le nom de mon ami, son adresse, que je donnai. Quelqu'un fut envoyé prendre Müller qu'on trouva fort heureusement. Ce dernier confirma aux miliciens ce que je leur avais dit quant à ma présence dans sa chambre. C'est d'ailleurs "l'alibi" que nous nous étions donné en cas de "coup dur". Mais les miliciens n'en étaient pas tellement convaincus, ils voulurent savoir le nom et l'adresse de cette jeune fille. Je leur dit que je la connaissais à peine depuis trois jours, qu'elle n'agitait pas en ville, mais du côté de Lézignan, qu'elle ne m'avait donné aucune précision sur son domicile et qu'elle s'appelait "Josiane", c'est tout ce que je savais.

    Ce qui m'inquiétait surtout, et me rassurait à la fois, c'était la présence de Ramond avec les miliciens, Ramond qui faisait semblant de ne pas me reconnaître et qui ne m'adressa pas une seule fois la parole. Les idées les plus "moches" me passèrent par la tête. Müller ou Ramond était-il un agent double ? Comment Ramond savait-il que j'étais là ? Tout cela ne me paraissait pas possible. Après un interrogatoire sommaire et une perquisition de la chambre de Müller, qui ne fut pas arrêté, nous quittions cette chambre ; d'autres miliciens étaient en faction au rez-de-chaussée et dans la rue. Je fus conduis au siège de la Milice, Place Carnot, de là, toujours avec Ramond et deux miliciens, au domicile de ma femme, rue de l'Aigle d'or, menottes aux mains. Encore une fois, cette pauvre femme me vit arriver encadré de miliciens pour perquisitionner ; elle fut, elle aussi, interrogée, menacée, en présence de notre petite fille qui n'arrêtait pas de pleurer.

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    Le siège de la Milice à Carcassonne

    Pendant que les miliciens perquisitionnaient dans une pièce qui se trouvait sur le palier de l'appartement, à gauche au premier étage, Ramond et moi, nous nous trouvâmes seuls dans une des deux pièces qui donnaient sur la rue. Raymond qui ne m'avait jusque-là jamais adressé la parole, me dit spontanément :

    - Surtout ne bouge pas, je te sortirai de là, mais-moi faire. Tu n'as rien de compromettant ici ? Sur ma réponse négative, il me fit un petit signe de tête qui voulait die "ça va". Ce furent ses seules paroles.

    Ma femme fut interrogée pendant les deux jours que je restai place Carnot et gardée à vue. Je fus ensuite transféré au lieu-dit "Bouttes-Gach", un ancien asile où étaient stationnés les miliciens de choc qui participaient aux opérations de police, patrouilles et attaques de maquis.

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    L'ancien asile de Bouttes Gach a été rasé, route de Toulouse.

    Un jour, Ramond vint me voir (nous étions seuls) et m'expliqua comment j'avais été arrêté. J'avais été aperçu dans la rue par deux membres du Comité d'Action P.P.F de Carcassonne, Fontvieille et Lamouret, ces deux-là devaient me connaître ou avaient quelques renseignements sur moi. Je les connaissais parfaitement puisque j'avais fait leur fiche, en septembre 1943, et celle de tous les gros bonnets de ce mouvement à Carcassonne, qui avait son siège rue de l'Aigle d'or, même rue que celle de mon domicile. Or, suivi par les deux cités ci-dessous, je ne m'étais pas aperçu que j'étais "filé" ; ça peut arriver même à un ancien policier ! L'un deux avait dû rester sur place et l'autre était allé à la Milice, place Carnot où se trouvait le chef de centaine très connu pour son activité débordante à Carcassonne et dans les environ. F... se rendit avec un autre chef milicien trouver le commissaire de police Fra auquel ils expliquèrent qu'ils allaient procéder à l'arrestation d'un Français et demandèrent l'assistance d'un responsable de la police française. Ce fut Ramond qui fut désigné par le commissaire. La Milice prenait soin lorsqu'elle procédait à des arrestations de Français, d'être accompagnée d'un policier Français, de façon que l'arrestation soit officielle.

    Un jour, au début de l'après-midi, la Milice, comme d'habitude, me descendit au siège place Carnot. Pendant que je l'attendais, sous la surveillance de deux miliciens, je pouvais voir Ramond qui discutait avec un chef de la Milice, celui qui a été fusillé à la Libération. Je fus introduit dans le bureau, Ramond me dit dit à ce moment-là :

    - On va vous amener au Commissariat de police, nous avons quelques questions à vous poser.

    Il passa un coup de fil et bientôt arriva une voiture avec un gardien de la paix. rond monta derrière avec moi, je n'avais pas de menottes, elles m'avaient été retirées dès mon arrivée à la Milice et non remises par Ramond. dans la voiture, il me remit un papier sur lequel était écrit :

    "Arrivés devant la porte du Commissariat, tu me bousculeras et partiras en courant, prends la première rue à droite et rue Voltaire, presque en face de la clinique Delteil au N°X... au premier étage, une porte en face l'escalier, tu entres et tu attends, il n'y aura personne. Tu t'enfermes à clé et ne réponds que si tu entends frapper deux fois à la porte. Tu me rends ce papier." Ce que je fis.

    Arrivés devant le Commissariat dont la porte d'entrée était dans le rue du Crédit agricole Mutuel, j'appliquai les consignes données : bousculade, Ramond fit semblant de tomber et de me poursuivre jusque dans la petite rue qui donne rue Voltaire. Je ne devais jamais plus le revoir. Arrêté avec Myriel le 29 juillet 1944, il périt sur le dépôt de munitions de Baudrigues le 19 août 1944. Grâce à lui qui avait tout prévu, mon évasion réussit sans grand mérite pour moi.

    Je n'oublierai jamais ses dernières paroles lorsque, dans la voiture qui nous ramenait au Commissariat de police, je lui dis qu'il ferait bien de partir avec moi. Il me répondit : "Je ne peux pas, mon travail n'est pas fini."

    Aimé Ramond était employé dans la Résistance au "Noyautage des administrations", au sein même du Commissariat de Carcassonne. Avec certains de ses collègues résistants et au milieu de la majorité des autres, Vichystes, il s'employa à recueillir des informations et à sauver des patriotes. Il mena un exercice périlleux afin de ne pas se faire repérer ; c'est aussi pour cela que l'on retrouve sa signature sur le registre de condoléances de Philippe Henriot, exécuté par la Résistance en juillet 1944 à Paris.

     L'interrogatoire de Fontvieille

    J'appartiens en qualité de membre du P.P.F de la section de Carcassonne, depuis 1932. J'ai fait partie de la Légion Française des Combattants, depuis sa fondation, mais je n'ai pas adhéré au S.O.L ni à la Milice.

    Dès le début de mon entrée dans le P.P.F, j'ai été chargé de faire des adhésions. C'est le nommé J... qui m'a fait entrer dans ce parti, et m'avait plus particulièrement chargé de faire des abonnés au journal "L'émancipation nationale". Je n'ai réussi dans cette dernière opération qu'à faire trois abonnés.

    J'ai adhéré au groupe Collaboration de Carcassonne dès sa première réunion et j'ai été inscrit par un nommé De F, demeurant actuellement à Saint-Papoul. Je n'ai assisté qu'à deux réunions organisées par le groupe Collaboration et la Milice, à savoir : la conférence de Dr Grimm et celle de Henriot. En revanche, j'assistais régulièrement à toutes les réunions et conférences organisées par le P.P.F. Celles-ci avaient lieu en caractère privé et n'étaient qu'ouvertes aux membres du parti.

    Dans quelles circonstances, avez-vous fait arrêter le nommé Coste de la Résistance par la Milice de Carcassonne ? Je vous demande de me répondre en toute franchise.

    Il y a environ quatre mois, j'ai aperçu la présence au café Not du nommé Gayraud et d'un moniteur que j'ai appris par la suite qu'il s'appelait Coste, et qui consommaient à une table voisine de la mienne. Je me trouvais à ce moment-là en compagnie de membres P.P.F ; les nommés C..., I... et Lamouret. Comme je doutais que le nommé Gayraud appartenait à un groupe de la Résistance, nous avons défiguré l'invité de Monsieur Gayraud avec qui il discutait à voix basse et nous avons compris que nous avions affaire à un individu suspect. Lorsque cet individu s'est levé, mon camarade C... est sorti pour voir la direction qu'il prenait. Quelques instants après il est revenu nous joindre nous déclarant qu'il n'avait pas pu se rendre compte où il était passé. Au cours de la discussion qui s'en suivit, le nommé Lamouret nous demanda de faire notre possible pour établir l'identité de cet individu et de son domicile. Bien qu'intrigué par la présence de cet individu à Carcassonne, je ne me suis jamais livré à aucune surveillance sur lui. Je n'ai jamais cherché à savoir ce qu'il faisait et son identité. J'ai toujours cherché à l'éviter, craignant cet individu et le prenant pour un "terroriste".

    Ne revoyant plus cet individu avec mon camarade Lamouret, nous en avons conclu qu'il avait dû quitter la ville. Un mois environ après, j'ai rencontré cet individu au moment où il rentrait dans l'immeuble Arnal qui fait corps avec mon bureau. Comme je sortais de celui-ci, je suis revenu sur mes pas et je suis allé dire à Monsieur Lamouret, mon associé, que cet individu était là. A ce moment-là, il m'a dit : "Je vais prévenir la Milice, faites le guet et regardez qu'il ne ressorte pas." Immédiatement un groupe de miliciens conduit par C de la Reille, s'est rendu sur les lieux et a attendu que cet inconnu sorte de l'immeuble pour l'appréhender. Dès l'arrivée de la Milice, j'avais quitté les lieux sans attendre le résultat de l'opération. C'est à 14 heures 30 seulement que j'ai connu que cet individu avait été arrêté et que la Milice s'apprêtait à la relâcher, n'ayant rien trouvé de suspect sur sa personne et au cours d'une perquisition effectuée à son domicile. C'est mon collègue Lamouret qui m'a mis au courant de cela.

    Par la suite, mon camarade Lamouret devait faire une réflexion suivante : "Il a dû aller rejoindre son ami Gayraud et on n'aurait pas dû le relâcher, car vous le reverrez revenir à Carcassonne avec une mitraillette à la main !" Lamouret a prononcé des paroles par suite de l'absence de cet individu à Carcassonne pendant une période de trois mois environ.

    Je n'ai jamais appartenu ni fourni aucun renseignement aux service de Police allemande. Je sais qu'au sein du P.P.F existait les Comités d'Action chargés de pourchasser pour le compte du Bureau de Placement allemand et ensuite pour le compte de la Gestapo, les réfractaires au S.T.O. Parmi les individus travaillant pour ces organismes, le seul individu que je connaisse et habitant Carcassonne est un nommé M... qui demeure rue Barbès, sur le côté gauche en se dirigeant vers la Place Carnot, sous un porche, et à proximité d'un marchand de primeurs. Je puis vous fournir quelques précisions sur le sus-nommé : C'est le nommé C... qui l'a enrôlé à Carcassonne et l'a présenté à Lamouret.

    M... est allé faire un stage de trois semaines à un mois. Ce stage a eu lieu, si je m'en souviens, vers la fin juillet commencement d'août 1944. En plus du nommé M..., il y avait aussi le nommé B..., réfugié de Toulon demeurant à Axat, et le nommé F... de Castelnaudary.

    J'ai rendu des services notamment aux nommés S..., tripier à la Trivalle et M..., coiffeur domicilié à la Barbacane, et j'ai empêché ceux-ci d'être affectés à l'usine de tuilerie de Limoux. C'est en qualité d'ami Monsieur F... que j'ai obtenu satisfaction.

    Si j'ai agi ainsi vis-à-vis du nommé Coste, c'est que j'ai cru être menacé par celui-ci. Je croyais avoir affaire à un terroriste et être visé par celui-ci en tant que membre du P.P.F. J'affirme que c'est surtout sous la pression des nommés C..., I... et Lamouret que j'ai agi ainsi.

    "Fonfon" a été condamné aux Travaux forcés à perpétuité par jugement de la Cour Martiale, en date du 10 septembre 1944.

    Le nommé Gayraud alias Marty, était un membre important de la Résistance. Nous avons caché volontairement certains noms divulgués dans cet interrogatoire quand nous n'avons pas pu vérifier leur authenticité. Seuls Fontvieille et Lamouret étant cités dans le livre "La Résistance audoise".

    Sources

    ADA 11

    La Résistance audoise / L. Maury / 1980

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  • La légende Carcassonnaise de la fontaine de Charlemagne

    Les chroniqueurs et les actes du XIIIe siècle évoquent la fontaine de Charlemagne, selon Jean-Pierre Cros-Mayrevieille. Dans son ouvrage "Histoire du Comté et de la Vicomté de Carcassonne" publié en 1846, il cite en référence une source contenue dans les archives de la Bibliothèque Royale (Registe Saint-Louis / p.106). Pour autant, il indique que les exploits de Charlemagne à Carcassonne ne sont "qu'un tissu de faits romanesques et invraisemblables". Il semblerait donc que cette légende se soit transformée au fil des siècles en vérité historique grâce à l'appui de certains ouvrages. Prenons en exemple "Histoire des comtes de Carcassonne" écrit sous la plume de Guillaume Besse en 1645. Le chapitre dix-septième, intitulé Naissance de la fontaine de Charlemagne", relate des faits à la gloire de l'Empereur à la barbe fleurie :

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    "Le siège que l'Empereur aurait disposé devant Carcassonne était de ceux-là, et quelques grand nombre de Sarrasins qui vinrent en diverses rencontres jusques au bord de ses retranchemens, leur entreprise ne fut jamais suivie que de la mort ou de la fuite ; en sorte que de la grande tuerie que les chrétiens en firent une  fois au chemin qui va de Carcassonne à Béziers, où est de présent une croix dite la Croix de Berriac, le lieu fut depuis appelé Matoloufiux, tue Juifs. Et, depuis les passages de Potem Colobranum, appelé présentement le Pont d'Oignon ou autrement la Garde Rolland, et celui du Pech Alaric, ayant été soigneusement et courageusement défendus aux infidèles, il s'aduisèrent enfin de faire empoisonner les eaux d'alentour de Carcassonne, ce qui leur réussi si bien que les gens de l'Empereur s'en trouvèrent incommodés à l'extrême, tant de l'eau d'Aude que des fontaines et des ruisseaux, et cela faillit à consumer et détruire toute l'armée.

    Mais par la divine providence la chose découverte par le saint Empereur, il la lance, et la fichant en terre éleva les yeux au Ciel qu'il conjura du profond coeur de vouloir assister de ses grâces, et en même temps, ô miracle ! on vit abondamment couler de l'eau claire comme de l'argent, du même lieu où il tenait la lance fichée, et qui fut suffisante depuis de faire subsister son armée.

    Cette belle et cristalline source qui sans avoir jamais tary que l'on sache, a coulé et coule journellement ses eaux assez prez des murs de notre ville, est celle-là même que nous appelons la, fontaine de Charlemagne, qui est le nom qu'on luy donna dez le moment de la miraculeuse naissance, et qu'elle doit conserver éternellement.

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    © Henri Alaux

    Cette source se trouve sur l'ancien domaine de Charlemagne qui abrite désormais le lycée agricole du même nom.

    "En juin 1992, les élèves entreprirent sous la direction de leurs professeurs, un travail consistant à aménager en contrebas de l'emplacement de la source d'origine un petit amphithéâtre en pierres sèches au centre duquel une nouvelle source jaillit et coule dans un ancien abreuvoir." (Henri Alaux / Carcassonne, quartiers et faubourgs au fil du temps / 2002)

    Toujours selon H. Alaux, cette source a été exploitée en 1913 par MM. Molinier et Sentenac, patrons d'une petite entreprise de glaces. L'idée leur vint de distribuer l'eau de la fontaine décrite comme "absolument saine et pure, stérilisée aux rayons extra-violets avec possibilité de la rendre gazeuse." L'analyse effectuée le 23 mai 1913 qualifia cette eau "de médiocre qualité au point de vue chimique, mais de bonne qualité au point de vue bactériologique." L'eau fut quand même vendue à 0,25 francs le litre.

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    © Christophe Barreau / L'indépendant

    Il est étonnant que nos commerçants de la Cité si prompts à vendre d'ordinaire légendes et catharisme de foire, n'aient jamais pensé - telle l'eau de Lourdes - à proposer aux touristes crédules, ce breuvage aux vertus lucratives. Les voilà avertis ; ils n'ont plus aucune raison de passer à côté.

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  • Le 13 août 1906, le Tour de France automobile à Carcassonne

    Quatre années avant la création du Tour de France cycliste, le journal "Le Matin" lançait du 16 au 24 juillet 1899 le Tour de France automobile. Sur 19 voitures au départ, seules 9 franchiront la ligne d'arrivée après un périple de sept étapes dans l'hexagone. 

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    © BNF

    M. Grillet sur la voiturette Fouillaron

    La seconde édition de cette course, initiée par l'Auto-Cycle-Club de France et organisée par le journal "Les sports", se déroulera entre le 22 mai et le 3 juin 1906. Ce sont cette fois 11 étapes réservées aux légers instruments de locomotion - motocyclettes, tri-cars et voiturettes - qui devront être réalisées sur un parcours de total de 2000 km. Le seul classement des concurrents est calculé par la régularité de la marche avec 30km/h imposés.

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    © BNF

    Départ de la course

    Une panne entraîne un plus lourd handicap... Le départ de la trentaine partants a lieu le 22 mai 1906 depuis la Porte Maillot à Paris ; d'autres engagés ne pourront pas concourir en raison de la grève. Les vedettes du sport comme Guippone, Paul Pons (champion du monde de lutte) et Marius Barriaux.

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    © BNF

    Marius Barreaux sur sa Vulpe

    Dans la catégorie motocyclettes, on aperçoit des Peugeot, Alcyon, Bruneau, Clément, Georgia Knap. Côté voiturettes : De Dion-Bouton, Vulpe et Fouillaron. Cette dernière utilise une courroie de transmission et pas de changement de vitesse à engrenage. Une révolution pour l'époque ! Cette course passera à Carcassonne sans s'y arrêter lors de l'étape Toulouse - Montpellier, le 25 mai 1906.

    Tour de France

    "Le Matin"

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    Voiture Cottereau pilotée par Pâquerette

    La même année, un autre Tour de France, d'une longueur de 6000 km, est organisé du 2 au 28 août par le journal "Le Matin". Le pesage des 65 véhicules engagés à lieu la veille au jardin des Tuileries à Paris de 8 heures du matin à 6 heures du soir. Une foule considérable de curieux et de passionnés accompagne cette journée. Le règlement de la course stipule qu'il s'agit d'un concours de résistance, de régularité et d'endurance. Toutes les précautions de pointage, de contrôle et de poinçonnage seront prises afin d'éviter les fraudes. 

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    Le tricars auto-fauteuil

    Les journalistes du Matin vantent les mérites de Maringue, Baron et Denimal qui pilotent respectivement des Lacoste et Battman de 4 chevaux et demi, 6 et 9 chevaux. Les sept catégories s'élanceront à des horaires différents à partir de 9 heures du matin, avant de conclure cette première étape entre Paris et Deauville, longue de 218,6 km. A 30 km/h de moyenne, l'arrivée est prévue vers 5h49 du soir ; à 45km/h, ce sera avant 4h42. Dans le meilleur des cas, on mettra sept heures pour faire la distance.

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    Motocyclette Bruneau, tiers de litre 

     

    Les étapes

    Paris - Deauville : 281,6 Km

    Deauville - Granville : 171,4 Km

    Granville - Dinard : 148,7 Km

    Sur 41 voitures, 37 sont arrivées. Le véhicule n°47 de M. Rey s'est renversé dans un tournant à Lanloup. Sérieusement contusionné, le conducteur crachait du sang. Ses blessures ne sont pas graves.

    Dinard - Brest 225,5 KM

    Quarante voitures sont parties. Trois objets d'art ont été offerts par la ville et les habitants aux coureurs. Les premières voitures arrivent à trois heures dans le parc de la caserne Fautras.

    Brest - Nantes : 326,5 KM

    38 concurrents se sont présentés au contrôle. Les voitures sont arrivées avant l'horaire réglementaire. Le N° 51 a abandonné.

     Nantes - Les Sables d'Olonne : 157 km

    Les Sables d'Olonne - Royan : 256 Km

    35 concurrents au départ. Le N° 68 qui était resté en panne, a pu réparer et est reparti.

    Royan - Bordeaux : 136,3 Km

    Bordeaux - Biarritz : 271,8 Km

    36 concurrents au départ sont partis ce matin entre 6 et 10 heures. Ils arriveront entre 6 et 7 heures du soir à Biarritz. Les voitures passent par Mont-de-Marsan avant d'arriver sans accident dans la capitale Basque. On remarqua le comte Vinaza avec le prince de Bourbon, M. Rabier le vice-président de la Chambre des députés et d'autres notabilités du monde automobile.

    Biarritz - Pau : 170,6 Km

    Pau - Bagnères-de-Luchon : 135,2 Km

    Bannières-de-Luchon - Carcassonne : 250 Km

    35 voitures au départ qui sont passées dans Toulouse sans s'arrêter. Peu de monde sur le parcours, seuls quelques délégués du Club Automobile Toulousain. Les concurrents ont commencé à arriver à Carcassonne vers 2 heures. Les voitures s'arrêtèrent d'abord sur la place d'armes (actuelle place du général de Gaulle) où elles reçurent des soins, puis pénétrèrent dans le parc établi sur la carrière du 17e dragons, où personne n'a plus le droit d'y toucher jusqu'à la prochaine étape. 6 voitures arrivèrent après les délais.

    Carcassonne - Avignon : 270,3 Km

    Les voitures sont parties ce matin entre 6h29 et 10h5 pour Avignon. Grand animation à Coursan, où les concurrents sont passés entre 8h et 11h45. Arrêt à Béziers. A Sète, les automobilistes prennent une heure de repos. Un vin d'honneur et un petit déjeuner leur est offert au Kursaal. A une heure de l'après-midi, les véhicules passent devant une foule en liesse sur la place de la Comédie à Montpellier, puis à Nîmes à 2 heures.

    Avignon - Brioude : 276,7 Km

    Brioude - Clermont-Ferrand : 159,9 Km

    Clermont-Ferrand - Vichy : 131,1 Km

    Départ pour Vichy en passant par Riom, Loubeyrat, Menat, Saint-Pardoux et Gannat. La première voiture arrive 4h49 ; elle avait quitté Clermont-Ferrand à 1h53.

    Vichy - Lyon : 202,2 Km

    Lyon - Aix-les-Bains : 200,2 Km

    Aix-les-Bains - Evian-les-Bains : 185,1 Km

    30 voitures au départ et autant à l'arrivée. Le N° 59 a fait une embardée dans un fossé à cause d'un excès de freinage.

    Evian-les-Bains - Besançon : 245,3 Km

    Besançon - Gérardmer : 317,4 Km

    Mézières - Amiens : 256,3 Km

    Amiens - Boulogne-sur-mer : 219,5 Km

    Le numéro 37 est arrivé hier soir après la fermeture du contrôle. Il repartit vers Boulogne ce matin avec les 30 autres concurrents.

    Boulogne-sur-mer - Le Havre : 281,6 Km

    Départ vers Le Havre en passant par Abeville, Le Tréport, Fécamp, Etretat.

    Le Havre - Paris : 211,6 Km

    Ils sont repartis de Frascati ce matin vers Paris, via Rouen. L'arrivée s'est faite au pont de Neuilly devant un public nombreux. Sur toute la durée de la course, huit voitures n'ont jamais connu de panne et sont toujours arrivées avant l'heure.

    "Donc, sept concurrents sont classés ex aequo. Certains ont insinué que ce n'était pas la peine de faire 1500 lieues pour obtenir pareil résultat... Le prix qui devait être attribué au gagnant a été divisé en sept parties et ma foi, ce n'est pas du tout la même chose de toucher 25.000 francs ou d'en toucher 3572,40 !  Mais ce sont là des propos de mauvaises langues qui ne peuvent en rien troubler la belle sérénité des vainqueurs. Que pèse un billet bleu en regard de la gloire acquise !" (Le sport universel illustré)

     

    Le classement

    1. De Dion-Boutton 1...............Pellegrin

    1. Darracq II.................................Sire

     1. De Dion-Boutton......................Bardin

     1. Cottereau IV.........................Paquette 

    1. De Dion-Boutton VI..................Didier

    1. Bayard I..............................Dumond

    1. Mercédès..............................Renaux

     

     8. Hérald..................................J.Dubois

    9. De Dion-Boutton V..................Pelisson

    10. Darracq III...............................Siaud

    11. Mototri Comtal II....................P. Pons 

    12. Bayard II...........................Dompnier

    13. Darracq IV...........................Nieuport

     

    Véhicules ayant manqué 1 étape

    14. Darracq V............................Aublanc

    2 étapes

    15. Siddeley.................................Garell

    3 étapes

    16. Mercedes................................Théry

    4 étapes

    17. Siddeley I...............................Stead

    18. Lacoste et Battman...............Deminal

    7 étapes

    19. C.I.A..................................Bardinet

    8 étapes

    20. Alcyon..............................Thiercelin

    9 étapes

    21. Berliet...............................E.V Louis

    22. Lacoste et Battman..................Baron

    13 étapes

    23. De Dion-Boutton et Cie..........Cormier

    24. C.V.R II...........................Couverchel

    17 étapes

    25. C.V.R III................................Robert

    22 étapes

    26. Cottereau I.....................De Verneuil

    23 étapes

    27. Panhard et Levassor............Michenon

    28. Darracq et Cie....................Souchard

     

    Sources

    Le sport, Le matin, la presse, l'express du midi

    Crédit photos

    Collection Jules Beau (BNF)

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