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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 330

  • Quand on apprenait les chansons occitanes dans les écoles de Carcassonne

    Quel contraste! Au début du XXe siècle, le ministère de l'Instruction publique encourageait l'apprentissage du chant et de la musique à l'école :

    "C'est une chose grave de faire apprendre à un enfant une chanson ou un poème. La mémoire d'un adulte est infidèle ; c'est une plage de sable sec où notre travail ne peut laisser qu'une trace incertaine, vite effacée au moindre vent. Mais la mémoire d'un enfant ressemble à ces vieux coffrets d'autrefois où nos grand-mères seraient les plus humbles choses et leurs bijoux les plus précieux. On n'y touche pas pendant des années ; puis, un jour de mélancolie, on ouvre les vieux coffrets, et les pendentifs démodés, les mèches de cheveux, les rubans fanés provoquent l'explosion des souvenirs."

    (Maurice David, Inspecteur de l'Académie de l'Aude)

    Aujourd'hui, seuls nos enfants inscrits à la Calendreta (école occitane) sont susceptibles de connaître ces chants languedociens. Pourquoi ? Tout simplement, l'école de la République a tiré un trait sur l'occitan. Cela ne les gênerait absolument pas qu'il devienne une langue morte, rayant ainsi plusieurs siècles de l'histoire sociologique et ethnologique de notre belle région.

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    L'Europe avait créé la Charte sur les langues régionales en 1992 pour protéger et promouvoir les langues en tant qu'aspect menacé du patrimoine culturel. L'Espagne malgré ses autonomies souvent indépendantistes a ratifié ce traité. La France dans sa tradition jacobine a signé, mais a encore refusé d'inscrire la charte dans la constitution française. Le sénat s'y est opposé en octobre 2015. Toujours cette peur que la République ne soit menacée dans son unité ! Il est vrai que l'apprentissage de l'Anglais dès la maternelle, c'est plus "cool" pour faire plus tard de nos enfants de bon consommateurs rompus à l'économie de ce marché libéral et financier. Nous voyons que la culture a moins de valeur dès lors qu'elle ne peut pas être un acteur de l'économie. Tant pis si c'est au détriment de nos traditions, usages et origines culturelles.

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    Quant à la pratique musicale à l'école... je finirais par être méchant!

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  • Théophile Barrau (1848-1913), le sculpteur Carcassonnais oublié

    Théophile Barrau a rejoint depuis longtemps déjà, la longue liste des artistes dont le talent - consacré dans la France entière - est remisé à Carcassonne dans les tiroirs poussiéreux de la mémoire. C'est pourtant dans cette ville qu'il voit le jour le 3 octobre de l'an de grâce 1848, au numéro 20 de la rue Saint-Vincent (actuelle rue A. Tomey). Son père, Louis Achille Barrau exerce le métier de fonctionnaire et sa mère, Marie Dominique Rossi est femme au foyer. De cette union naîtront deux autres enfants : Ernest et Charles. Ce dernier qui finira sa vie au Mexique sous le nom de Carlos Baron.

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    Théophile souhaite embrasser une carrière artistique et rejoint l'école des Beaux-arts de Toulouse. Il sera l'élève d'Alexandre Falguière. Son ami, Jacques Ourtal (autre peintre Carcassonnais) l'accompagne dans cette aventure. Tous les deux fréquenteront l'atelier d'Alexandre Cabanel, dans lequel ils rencontreront les plus grands artistes parisiens. Barrau fait ses débuts au Salon de 1874 ; ces oeuvres ne cesseront d'être primées. Le 1er octobre 1892, il est promu au grade de chevalier de la légion d'honneur.

     

     1880 

    Médaille 2e classe

    Salon des artistes français

    Paris

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    La poésie française

    Groupe plâtre n° 6074 présenté au Salon

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    Salon de 1880

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    Salon de 1883

    Jardin du Palais des Champs-Elysées

    "La poésie française" sur son socle à gauche (Hors concours).

    Oeuvres achetées par l'état.

    1880

    Médaille de 1e classe

    Exposition internationale de Barcelone

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    Suzanne au bain

    Jardin Joan Maragall (Barcelone)

    1889

    Exposition Universelle de Paris

    Médaille d'argent 

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    Mâtho et Salammbô

    1900 

    Médaille d'or

    Exposition universelle de Paris

    1892

    Centenaire de la bataille de Valmy 

    20 septembre 1892

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    Ce jour-là, à deux heures de l'après-midi, Théophile Barrau lève le drap qui recouvre le monument commémoratif en l'honneur de Kellermann. Il est visible dans la plaine jusqu'à quinze kilomètres. Barrau imagina représenter le mouvement énergique du général, brandissant d'une main son épée et de l'autre ralliant à lui ses soldats. 

    1895

    Musée d'Orsay

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    Suzanne

    1898

    Capitole de Toulouse

     Salle des illustres

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    Pierre de Fermat

    Carcassonne

    "La poésie française" a été installée au coeur du Square Gambetta au moment de son inauguration, le dimanche 29 avril 1888. Un brillant concert fut donné en son honneur au kiosque à musique du square Gambetta par la Société lyrique Sainte-Cécile. Cette statue faisait face à Mercure, sculpté par Ludovic Durand. Après la destruction du jardin par les Carcassonnais sur ordre de l'occupant allemand en 1944, l'oeuvre de Théophile Barrau fut déposée dans la cour du musée des Beaux-arts. Le 1er avril 1950, le chanoine Sarraute note qu'il y avait là les deux statues : Mercure et La poésie française. Leurs membres étaient cassés et paraissaient irréparables. Cela démontre sans doute avec quelles précautions on les avait descendues de leurs socles respectifs. Si Mercure fut ensuite redécouvert aux serres municipales et placé depuis 2013 dans la cour du musée, l'œuvre de Barrau a disparu. Peut-être pas pour le monde, à moins que les employés communaux ne l'aient jeté à la poubelle. Qui sait un jour, on ne finira pas par le savoir ?

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    La poésie au square Gambetta

    Autre monument dans Carcassonne sculpté par Théophile Barrau.

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    Buste de Théophile Marcou

    Cité de Carcassonne

    La ville de Castelnaudary a donné un nom de rue à l'illustre sculpteur Carcassonnais. Sa ville de naissance n'en a même pas fait autant...

    Sources

    Le courrier  de l'Aude

    Généanet

    Kellermann / R.Reiss/ Tallendier

    Mémoires de Gabriel Sarraute

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  • La place Carnot en 1858, par l'architecte Louis Boitte (1830-1906)

    Qui sait si ce n'est pas la plus ancienne représentation connue de la place aux herbes de Carcassonne, que j'ai le plaisir de vous faire découvrir aujourd'hui. Ce lavis porte au crayon la mention suivante :

    Place de Carcassonne, 2 novembre 1858

    Il est signé par l'un des plus éminents architectes français du XIXe siècle

    Louis François Philippe Boitte

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    Au centre de la place, la fontaine en marbre avec Neptune. Le roi des eaux tourne le dos au peintre ; ceci nous donne une indication sur la position dans laquelle il se trouvait au moment du dessin. Il se peut fort bien qu'il était attablé à la terrasse du café qui a précédé l'établissement Julien Not. C'est aujourd'hui, le Crédit agricole.

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    Les néréides supportant la vasque ainsi que les dauphins sont remarquablement représentés. Un détail cependant attire l'oeil... Boitte a dessiné entre les dauphins et le grand bassin, un jet d'eau qui n'existe pas sur l'actuelle fontaine. Est-ce une vue de son esprit ou bien a t-il disparu depuis ? Autre élément troublant : le trop plein d'eau s'écoule au-dessus de la vasque et retombe dans le grand bassin. Ceci peut nous apprendre bien des choses sur le fonctionnement de cette fontaine à cette époque.

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    Louis Boitte à la Villa Médicis

    © Musée d'Orsay

    Louis Boitte naît à Paris en 1830 et entre à l'âge de 17 ans à l'école des Beaux-arts. Après ses études, il voyage énormément et se prépare à passer le concours du Grand prix de Rome, qu'il obtient en 1859. On peut supposer sans crainte de se tromper, que Louis Boitte arrive à Carcassonne par le train depuis la gare d'Austerlitz sur la ligne des Chemins de fer d'Orléans et du Midi. Peut-être se rendait-il en Italie pour passer son concours, quand il fit une halte à Carcassonne pour visiter la Cité médiévale promise aux restaurations de Viollet-le-duc.

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    Vue des remparts ouest de la Cité médiévale

    © Médiathèque du patrimoine

    Le dessin ci-dessus signé par Louis Boitte semble être de la même époque, puisque Violet-le-duc restaure cette partie de la Cité à partir de 1855. La tour carrée de l'évêque est achevée, alors que la Porte d'Aude et le château comtal sont encore à l'état de ruine.

    Les techniques des architectes

    Tous les grands architectes du XIXe siècle maîtrisent l'art du dessin ; cela leur permet d'étudier au plus près les éléments à restaurer. De nombreux dessins de Louis Boitte sont des études réalisées durant son long séjour de quatre ans à la Villa Médicis : ruines de Pompéi, temples romains, statues, etc... Comme son illustre confrère Eugène Viollet-le-duc, il se servira de cette technique pour restaurer le château de Fontainebleau, dont il devient l'architecte en chef en 1877. En 1959, sa famille lègue son important fonds documentaire au Musée château de Fontainebleau ; il sera déposé au Musée d'Orsay en 1986.

    Ce lavis représentant la place aux herbes de Carcassonne est actuellement en vente sur ebay.fr. Il serait peut-être intéressant que la ville de Carcassonne en fît l'acquisition pour la collection de son musée des Beaux-arts. Ce serait dommage qu'un tel document aille alimenter un fonds privé qui sera inaccessible au public pour de très longues années...

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