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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 326

  • La naissance de la Résistance audoise, d'après Roger Stéphane

    Roger Stéphane (1919-1994) de son vrai nom Roger Worms, fut l'un des tout premiers en France à s'engager dès 1941 dans l'organisation des réseaux de Résistance. Né de confession juive dans une famille bourgeoise, homosexuel et militant communiste, il avait sans doute toutes les dispositions pour déplaire au régime de Vichy. Roger Stéphane co-fondera le journal l'Observateur en 1950. Après son suicide en 1994, il sera inhumé au cimetière d'Ivry.

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    © Tout est bien / R. Stéphane / 1989

    Roger Stéphane en costume F.F.I

    Avec l'aide de Jacques Rénouvin (1905-1944), il participe à la création du réseau et du journal Combat. Le 1er octobre 1941, il est envoyé dans l'Aude par Rénouvin qui le charge de l'organisation et de la direction de la Propagande dans ce département. A Narbonne, Carcassonne, Montpellier, il démarche quelques-uns des 80 parlementaires réfractaires de juillet 40, dont on pourrait supposer qu'ils constituent un vivier naturel de résistance depuis que le 14 août, dans son discours du "Vent mauvais" Pétain a annoncé la suppression des indemnités des parlementaires (Source : Enquête sur l'aventurier - 2004)

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    Roger Stéphane raconte avec une grande précision son passage dans notre département et les personnes qu'il a tenté de mobiliser à la cause de la Résistance naissante. Voilà qui devrait poser un regard différent et peut-être complémentaire sur l'histoire de la Résistance locale. Dès les premières années de l'occupation, Carcassonne fut le vivier de la résistance intellectuelle à Vichy. C'est ici qu'elle s'organisa, c'est ici qu'elle mobilisa pour défendre l'honneur perdu de la patrie. Ils n'étaient pas nombreux à cette époque et venaient d'ailleurs... réfugiés de la zone occupée. 

    Narbonne

     6 octobre 1941

    Roger Stéphane débarque à Narbonne dans l'après-midi par le train et assiste à une réunion d'amis chez le Dr Lacroix, maire de Narbonne révoqué par Vichy :

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    Achille Lacroix

    "Après une bonne heure de palabres, de discussions, de questions insignifiantes, nous allons "boire un verre". Les mots sublimes (I) : En sortant, Lacroix dit à un de ses anciens adjoints : "Voyez-vous, mon vieux, c'est le commencement de la revanche." Ne pas s'imaginer un instant qu'il s'agit de la revanche de la France, ni même, ce qui serait moins beau, de la revanche du parti socialiste. Non : il s'agit exclusivement de la revanche de la section narbonnaise dudit parti contre ses adversaires électoraux.

    Il est impossible qu'il n'y ait pas dans cette ville une personne intéressante, une personne à qui parler. Mais je ne l'ai pas trouvée. Il paraît que le groupe d'hier représentait l'élite. Brrr... Les mots sublimes (II) comme je parle à Lacroix de son éventuel avenir politique, il évoque sa popularité : passant dans la rue Droite à vélo, il reçut, pendant cent mètres, vingt et un coup de chapeau. Il les a comptés. Je ne sais pas si je réussirai à faire du bon travail, mais je sens que je sortirai misanthrope de ce métier de "bonimenteur de la Résistance".

    Carcassonne

    Le surlendemain, il passe voir le sénateur Bruguier; il était à Montpellier. Sa femme envoie Stéphane chez un journaliste de la Dépêche qui le reçoit cordialement jusqu'au moment où il lui parle de ce qui l'amène :

    C'est alors l'indifférence la plus extraordinaire que j'ai rencontrée., le silence le plus buté, le plus définitif.  Enfin, suis allé chez le député Gout absent. Donc journée ratée.

    14 octobre 1941

    Visite au sénateur Bruguier qui se dérobe. Il viendra à nous au dernier moment. Je lui précise que nous ne tiendrons aucun compte des amis de la dernière heure. 

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    Le député Henri Gout

    Suis allé ensuite voir un professeur qui remet sa réponse "à huitaine". Découragé, je tente de téléphoner au Dr Gout, député, qui était la semaine dernière dans sa propriété à la campagne. Par un heureux hasard, il est ici et accepte de me recevoir immédiatement. C'est un parlementaire radical-socialiste, dans toute l'horreur de ce terme, doublé d'un petit médecin de province. Il m'indique deux de ses amis que je puis aller trouver en toute confiance, précisant à propos de l'un deux, procureur de la République et retraite : " Je lui disais justement tout à l'heure : si l'on venait me demander de désigner un préfet de l'Aude, je vous désignerais immédiatement."

    Quoique député, le docteur prétend ne connaître personne d'autre à Carcassonne : on le connaît, mais il ne connaît point. Les mots sublimes (III) : "Je puis bien être l'âme d'un mouvement, je n'en puis être l'animateur." Je lui propose de réunir ses amis chez lui pour vendredi, afin que je leur explique de quoi il s'agit. Il accepte, ce qui ne m'empêchera pas d'aller les voir demain matin.

    En le quittant, je flâne dans la ville et entre dans une librairie qui me paraît particulièrement bien fournie. J'y demande, sans grand espoir de réponse affirmative, si l'on connaît l'adresse de Benda et de J. Bousquet. On m'indique seulement où habite ce dernier, que je me décide immédiatement à aller voir, bien que n'étant pas muni de l'introduction de L. Aragon.

    Joe Bousquet est jeune - il ne paraît pas quarante ans - assez plaisant ; sa chambre : assez sombre, seulement éclairée par quelques tableaux surréalistes et cubistes. De nombreux livres. Comme il me reçoit couché, je m'interroge stupidement sur son état : blessé à la colonne vertébrale à la guerre 14-18, il n' a pas, depuis lors, quitté son lit. Il ne manifeste aucune amertume. Il me parle avec enthousiasme des Fleurs de Tarbes, le dernier livre de Paulhan.

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    Julien Benda

    J'ai la bonne fortune de rencontrer chez lui Julien Benda qui me reconnaît aussitôt et manifeste une sympathique curiosité. Nous évoquons l'Ordre et les Volontaires. Nous descendons faire quelques pas ensemble. Il m'entretient de ses projets contrecarrés de départ en Amérique. Il se montre très intéressé par mon activité et me propose de m'emmener demain chez un sénateur de ses amis. Je l'ai trouvé aussi jeune, aussi allant qu'avant la guerre, et surtout, aussi logique, aussi sûr. Rien renié, rien ajouté à ce qu'il ne cessa jamais de proclamer. Etonnamment serein.

    15 octobre 1941

    Longuement vu Julien Benda, d'abord seul, ensuite avec son ami, le sénateur Bruguier. Il ne suffit pas à Benda d'être antihitlérien. Il est germanophobe. Il s'oppose violemment à la thèse des deux Allemagnes. Il n'existe, d'après lui, qu'une Allemagne, et cette Allemagne nous a constamment empêchés de vivre en paix. Il a trouvé trop modéré le traité de Versailles et souhaite que si les Anglais gagnent la guerre, ils mettent l'Allemagne définitivement hors d'état de nuire.

    Comme je m'élève contre ces généralisations abusives, il me demande si les Allemands ne généralisent pas, eux, à propos des Juifs. "Mais c'est précisément contre ces injustices que nous luttons." - "La justice internationale et la justice individuelle sont incompatibles." me répond-il. D'après lui, notre défaite fait partie des multiples tentatives de subversion de la réaction : 4 mai, affaire Boulanger, affaire Dreyfus, 6 février... et 1940. Ce qui distingue celle-ci des autres, c'est que la réaction, en faisant ouvertement intervenir l'étranger, joue le tout pour le tout. Et comme elle perdra...

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    Le sénateur G. Bruguier

    Le sénateur Bruguier : une belle tête d'honnête Français : assez ronde, avec des cheveux gris et des yeux doux. Un léger accent du Midi. Environ soixante ans. M. Bruguier écoute avec intérêt, et me promet son concours, plus exactement ses indications. Je sens ses fils m'envier. Un mot sublime (IV) : "C'est au Sénat qu'est dévolue la mission de sauver la France." Il est sénateur socialiste. 

    Julien Benda me raccompagne fort aimablement à la gare. Nous parlons un peu de Gide, qu'il n'apprécie guère. Pour lui, "Gide est un démagogue, puisque, de son propre aveu, il a besoin d'approbation." Puis il s'élève contre les éloges exagérés que l'on décerne à Bernanos. Certes, cet écrivain est courageux ; mais la confusion dans les esprits est telle que l'on crie au génie, confondant les valeurs morales et les valeurs intellectuelles. Il ne s'agit pas d'établir une hiérarchie entre les valeurs mais une séparation.

    Depuis hier, Benda me répète : "Nous sommes en plein belphégorisme." et développe cette formule. L'ennui est que je n'aie point lu Belphégor et ne sache pas ce qu'est le belphégorisme. Pour Benda, les écrivains doivent se taire, retourner à Kant jusqu'à nouvel ordre. Il a écrit trois livres depuis l'armistice...

    Narbonne

    16 octobre 1941

    Jacques Rénouvin est venu le rejoindre. Réunion chez le Dr Lacroix.

    Carcassonne

    17 octobre 1941

    Il arrive ce matin avec Rénouvin et déjeune chez Auter, restaurant dans la rue de la gare.

    Nous sommes allés ensuite chez le Dr Gout. Aucun de ses amis n'est là, tous se contentant de leur oisiveté. Par contre. Bruguier est venu. Pour le sénateur et il cite de nombreux exemples individuels à l'appui de sa thèse, l'union d'après-guerre ne se fera ni sur les partis, ni sur les idées, mais sur les hommes. Il nous donne d'intéressants renseignements sur la conduite des deux assemblées. En nous quittant, il nous propose de dîner chez lui ce soir.

    Auparavant, Renouvin et moi allons voir Picolo, militant syndicaliste dont Bruguier nous a donné l'adresse. C'est un de ces hommes purs, désintéressés, honnêtes, comme on en trouvait seulement dans le syndicalisme. Nous donnera sa réponse ce soir. Pendant que Renouvin, fait une course, je cause avec lui. Je lui dis qu'à mon sens le malheur de la France réside dans le fait que les partis de gauche sous-estimaient la valeur de la patrie, et les partis de droite la valeur de la liberté. Il me dit : "Croyez-vous que quand nous avons exclu les communistes qui pourtant de bons copains et d'efficaces militants, ce n'était pas par patriotisme ? Ça nous a brisé le coeur." J'aime cette race d'hommes.

    Dîner donc chez Bruguier. Parlé de la crise du socialisme, des responsabilités des socialistes. Il dissimule mal son regret de n'avoir pas été ministre en 1936. Il reproche à Blum de s'être alors entouré de "freluquets". J'ai aimé qu'il dise : "Nous autres socialistes", impliquant dans "ce nous autres" Renouvin qui s'était fâché avec son cousin parce que celui-ci s'était marié avec la soeur de Monnet.

    Quels enseignements ?

    Ces mémoires nous révèlent les difficultés rencontrées par les premiers résistants pour rallier les  parlementaires - n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain - à leur cause. On peut légitimement penser que le premier mouvement de résistance à Carcassonne le 14 juillet 1942 devant la statue de Barbès à l'initiative d'Albert Picolo, trouve son fondement grâce à l'opération d'unification de Roger Stéphane en octobre 1941. D'ailleurs lors de cette manifestation qui réunit 2000 personnes, ne trouve t-on pas en tête de cortège Henri Gout et Georges Bruguier ? Picolo distribuait déjà les tracts de Combat - fondé par Renouvin - depuis 1941 au sein de l'usine de Salsigne. Qui a une avenue à son nom dans Carcassonne ? Albert Picolo  qui fut le premier à y croire ou Henri Gout, le député qui sera ensuite maire de la ville ?

    Elles révèlent également que la Résistance dans l'Aude s'est organisée dès l'automne 1941, grâce à une intervention extérieure au département. Grâce aussi aux intellectuels qui avaient fui la capitale en zone occupée et trouvés refuge chez Joë Bousquet. N'oublions pas les milliers de personnes en juin 1942 pour accueillir le maréchal Pétain à Carcassonne...

    Les passages en italique sont tirés du livre "Chaque homme est lié du monde" de Roger Stéphane.

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  • Le Président : Une création nationale au Festival de Carcassonne 1976

    Le Président est une pièce créée pour le Festival de Carcassonne et jouée par leurs auteurs - Charles Charras et André Gille - du 5 au 17 juillet 1976. A cette époque, la programmation du Festival était assurée par le comédien Jacques Echantillon.

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    Mise en scène par Charles Charras et André Gille avec une décoration et une illustration sonore de Louis Amiel, la pièce compte à ce jour plus de 3000 représentations en France. Cette oeuvre théâtrale d'une durée d'une heure fut jouée pendant huit ans au café-théâtre "Le Fanal" et "Au Bec-Fin" à Paris. Bien qu'écrite sous la présidence de Georges Pompidou, elle égratigne Valéry Giscard d'Estaing sous le pseudonyme d'Edgar. Il possède un stand au marché aux puces tenu en son absence par son ami Mimile.

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    Charles Charras en 1976

    Voilà une époque où notre festival avait une ligne thématique - le théâtre de création. Une manière plus intelligente pour faire parler de lui sur la scène nationale française...

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  • Quand Alphonse Allais parlait de Carcassonne...

    En se plongeant dans la lecture de l'oeuvre d'Alphonse Allais, nous avons découvert plusieurs passages consacrés à Carcassonne. Que ce soit dans ses souvenirs ou dans son imaginaire, il semble que l'univers de la capitale audoise ne soit pas étranger au prince de l'humour moderne.

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    Alphonse Allais

    (1854-1905)

    En 1883, Allais écrit dans la revue "Le Chat noir" qui fait la promotion du célèbre cabaret de Montmartre. On croise également dans ce journal la plume de Verlaine et de Richepin ; Allais en devient le directeur en 1886. Ainsi apprend-on qu'il est l'ami d'un certain Charles Cros (né à Fabrezan, dans l'Aude) dont il vient de découvrir l'invention : le phonographe. 

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    Le 1er octobre 1887, Alphonse Allais écrit dans le Chat noir, au sujet de son séjour à Carcassonne. La version ci-dessous a été modifiée et publiée dans le Gil Blas, en 1892 :

    "Je ne connais pas de spécialités bien notoires à Carcassonne, mais j'y ai rencontré une boue, laquelle aurait pu, très convenablement, figurer dans les sept plaies d'Egypte. Je ne me souviens pas d'avoir jamais contemplé, réunis, tant de boue et si peu de balayeurs. Quant aux balayeuses mécaniques, elles passaient dans un rêve. 

    Oh ! la belle boue ! Copieuse, gluante, d'un beau noir, elle était là depuis pas mal de temps. Nul doute qu'elle y soit encore. On m'a montré le monsieur payé pour l'enlevage des boues et ordures. Rien m'ôtera de l'idée que ce gentleman emploie sa subvention à acheter la fange des banlieues de Carcassonne pour l'étaler de nuit sur les artères de cette préfecture.

    Le même fonctionnaire est également chargé de l'entreprise des vidanges. Cette devise qu'il a adoptée est peinte sur toutes ses voitures : Omnia labore (Historique). J'ai pris ces deux mots latins pour encouragement, plein de tact, aux constipés de Carcassonne. (un bon sujet pour le prochain Salon de Jean-Paul Laurens)*

    Dans le florissant chef-lieu de l'Aude, deux grands spectacles m'étaient réservés : une tentative de décentralisation artistique au théâtre et une séance de boxe et chausson au Conseil général. La décentralisation artistique consistait en un opéra-comique d'un acte, lequel, j'en ai bien peur, n'enlèvera nul prestige à Paris. Je ne peux donner aux lecteurs une idée de la musique, à cause des difficultés typographiques et de la mise en page que cela entraînerait, mais qui m'empêche de faire partager à ces messieurs et dames la joie que j'éprouvai à l'audition du couplet suivant (un des meilleurs de l'oeuvre)

    L'amour est beau comme la soie

    Il est fin comme le satin.

    C'est à mesure qu'on l'emploie 

    Qu'on s'aperçoit qu'il est bon teint

    La séance du Conseil général fut plus gaie ; c'était un dimanche matin. M. Beverini, un Constans avant la lettre, sur un mot d'un M. Fondi de Niort, crut devoir distribuer à cet élu quelques gifles mêlées de beignes. Le petit malentendu entre M. Constans et M. Laur n'est qu'une pâle imitation de cette scène provinciale. Je n'avais jamais assisté à une séance du Conseil général. C'est très drôle, j'y reviendrai.

    Ne quittons pas Carcassonne, sans rendre un double et mérité hommage :

    1° A l'hospitalité si cordiale de quelques Carcassonnais amis du Gil Blas.

    2° A la beauté (exquise jusqu'à l'éperdition) de la jeune fille blonde du buffet de Carcassonne, laquelle semble encavée d'un Botticelli"

    * Allais fait ici un calembour sur le tableau de Laurens "Les emmurés de Carcassonne" (NDLR)

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    "Quelle mine d'observations, que le café-concert de province, pour un gaillard de ma trempe ! Le Palais-de-cristal de Marseille n'a plus de secrets pour moi, non plus que l'Eden de Cette. Quant aux Folies-Narbonnaises, c'est comme ma poche que je les connais, et j'ai passé hier une des meilleures soirées de ma vie à Carcassonne, mi-partie à l'Eldorado et à l'Alcazar.*

    Au point de vue de l'art pur, je n'irai pas dire que les établissements susnommés, dégottent le concert Lamoureux. Non. Le répertoire, notamment, y est plutôt inférieur, et si l'on excepte Jouy et deux ou trois autres, on se demande avec une stupeur mêlée d'effroi quels sont les sinistres garçons charcutiers qui perpétuent de telles littératures et les aides de bourreau qui les mettent en musique.

    * Alphonse Allais fit ici référence à deux cabarets Carcassonnais dans lesquels on donnait des revues, des concerts et des spectacles comiques. Nous avons effectué des recherches afin de retracer leur histoire et leurs emplacements.

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    A l'instar de Paris, notre ville possédait donc deux salles de café-concert : L'Eldorado et l'Alcazar. Sur le premier, nous n'avons trouvé que trop d'informations sinon qu'il fut comme le second, dirigé par la famille Feuillat - négociants en vins, rue de Belfort. L'Alcazar, lui, était scindé en deux établissements qui ouvraient en intermittence suivant la saison.

    L'Alcazar d'été

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    L'Alcazar d'été ouvrait ses portes à partir de la mi-juin jusqu'au début de l'automne. Il était situé à l'angle des rues d'Alsace et de Belfort, dans ce quartier du Palais fréquenté par la bourgeoisie Carcassonnaise. Il possédait un très beau jardin à l'intérieur duquel on entendait les aubades, interprétées par l'orchestre dirigé par Louis Baichère.

    L'Alcazar d'hiver

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    La grande salle de l'Alcazar d'hiver se trouvait 17, boulevard de la préfecture. M. Feuillat avait à coeur d'y  engager des artistes, considérés par la presse locale comme ayant fait les beaux jours des cabarets parisiens : comiques troupiers, chanteuses réalistes, danseuses exotiques, etc... Carcassonne étant une ville de garnison, il fallait émoustiller le militaire. Très souvent, les voisins se plaignaient de l'agitation et des nuisances sonores dans le quartier. Sans compter, les amendes infligées à la direction pour salle de jeu clandestine. Cette salle sert également pour les meetings politiques ; on y entendra le Dr Ferroul. Rien d'étonnant à cela puisque Jean Feuillat fait partie du conseil municipal, dirigé par le maire Antoine Durand.

    En 1901 - une fois le père Feuillat décédé - c'est sa veuve Anne Feuillat qui tint l'affaire avec un gérant nommé Sabot Philibert. Avant la Grande guerre, l'Alcazar d'hiver sera rasé. Sur son emplacement est construit le Modern-cinéma de M. Bonnet ; l'inauguration de la grande salle de projection de 900 places se déroule le 3 juin 1913. Le nom de ce cinéma passera ensuite entre d'autres mains en changeant de nom : La Vox puis Le Boléro. Aujourd'hui, c'est une entreprise de contrôle technique qui occupe les lieux.

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    En 1894, Alphonse Allais a 40 ans. Il se plaint d'avoir de moins en moins de chroniques publiées dans le Journal, dirigé par Fernand Xau. Au mois de mars, il demande à son ami Astre, tailleur à Carcassonne, d'écrire à Xau pour s'offusquer " de l'absence trop prolongée des délicieuses fantaisies de M. Alphonse Allais." Voilà une nouvelle preuve que l'écrivain et humoriste possédait des attaches dans notre ville. Dans Le bec en l'air tiré des Oeuvres anthumes - éditées en 1897 - La vaniteuse localité nous apprend que :

    "Le seul personnage vaguement notoire originaire de Bizemoy-sur-Loreille était un nommé Poncelet, qui fut gouverneur de Carcassonne sous Henri IV. Malheureusement, ce personnage ayant un beau jour livré la ville à l'armée belge (contre une petite somme d'argent), peut-être ne convenait-il pas de perpétuer la mémoire de ce gentleman dont, d'ailleurs, la femme avait eu une fâcheuse tendance à se mêler de ce qui ne la regardait pas."

    Nous espérons que les recherches de ce blog vous satisfont, autant que nous prenons du plaisir à vous les transmettre...

    Sources

    Alphonse Allais / Oeuvres anthumes / 1897

    Alphonse Allais / Oeuvres posthumes

    La presse locale

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