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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 331

  • Souvenirs du quartier des Capucins (Acte 2)

    Les mères de famille se rendaient chaque jour à l'épicerie, afin d'acheter les denrées indispensables à la réalisation du repas du midi. On ne faisait pas de réserves à l'époque ; cette visite permettait de faire un brin de causette. Les produits étaient le plus souvent vendus en vrac et en petites quantités. On trouvait les légumes secs dans de grands sacs de jute, posés au sol ; l'huile dans un baril avec un robinet ; le sucre, dans un tonneau ; le café, dans un bocal. La ménagère n'avait pas besoin de grandes quantités : 1/4 de litre d'huile, 1/4 de café, 1/2 livre de sucre. Une moulinette servait à raper les 50 grammes de gruyère et parfois, on se retrouvait avec des morceaux de la croute... Le beurre était protégé des mouches par un tulle  ; il était débité au moyen d'un fil de fer tendu entre deux tiges de bois. Une fois à la maison, on le conservait dans un bol à l'abri de l'air recouvert d'eau qu'il fallait remplacer tous les jours. Les frigidaires n'existaient pas encore et les quelques glacières contenant de la glace étaient rares dans les maisons.

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    Une grosse boite contenait des sardines vendues à l'unité. On apportait une assiette et on en demandait une ou plusieurs : "Si tu veux, mets un peu d'huile en plus, ça fera saucer le pain." Un jour une maman dit à son fils : "Tiens, va t'acheter une sardine. Fais attention !" L'enfant achète sa sardine que l'épicière lui enveloppe dans du papier ; il revient, triomphant à la maison serrant précieusement son achat dans sa main, mais, hélas, la mère, dans le papier ne trouve rien. La sardine avait glissé et s'était sauvée... dans le ruisseau.

    Dans ces épiceries, on y trouvait aussi du savon de Marseille, de la soude, de l'eau de Javel, du cirage, des bougies, etc...

    La morue

    Le vendredi, dans de nombreux foyers, on mangeait de la morue. Le matin, ce poisson très bon marché était vendu séché et salé trempant pour le dessaler depuis la veille dans une bassine d'eau. Elle était installée bien en vue à l'étal du magasin.

    Le laitier

    À la tombée de la nuit, paraissait chaque soir le laitier. M. Dedieu arrivait à la porte en s'annonçant : Me voilà ! Me voilà ! Parfois c'était Madame Pujol, aidée par sa fille Georgette et une copine.

    Les boulangeries

    Dans les années 1930, il y avait quatre. Trois dans la rue Neuve du mail : Bonnafil, Alazet et Castel. Une rue des Arts qui disparut suite à l'incendie de sa maison : Lannes. 

    Qu'elles étaient aimables et souriantes nos boulangères Mesdames Bonnafil et Castel. Par contre, Mme Alazet, grande silhouette sèche comme un sarment, était peu affable et ses pains pâlots ; il est vrai qu'avec son mari malade et le magasin vétusté, rien ne pouvait porter à la gaité. Que dire de nos boulangers, auréolé de cheveux flamboyants et Joseph Castel, affichant une certaine corpulence, presque toujours en tenue de travail : tricot de flanelle sans manche, ceint autour des reins d'un pagne lui servant de tablier. Son rituel cri de ralliement en frappant ses mains enfarinées : "Juju ! Il y a du monde." Et les pains ! Boules de 2 kg - jusqu'en 1939 - achetées surtout par les ouvriers agricoles du quartier. Il allaient  travailler à la plaine Mayrevieille et emportaient le pain pour le casse-croute. 

    Après la Seconde guerre mondiale, les pains ont diminué de poids. Un travailleur de force avait droit à 550 grammes par jour en 1942. On consommait aussi la fougasse ou fouasse, puis le Charleston. Les fours était chauffés au bois. En 1932, arriva le mazout qui, bien que pratique incommodait le voisinage. Bonnafil fut le premier à utiliser le gaz pour son four, mais la nationalisation de la compagnie du gaz fit augmenter les tarifs. On revint alors au mazout. 

    S'ajoutaient quelques pâtisseries boulangères : gâteaux à l'anis, gâteaux aux fritons, gâteaux à la courge. Enfin n'oublions pas la procession des plats que les mères de famille apportaient, en fin de matinée, chez le boulanger : macaroni au gratin, tomates farcies, etc... Ceci afin qu'ils les mettent au four encore chaud, plats que l'on venait rechercher religieusement à l'heure du repas. Il faut aussi rappeler que sous le four, se trouvait une étuve : on apportait dans un sac du duvet de canard ou de pie, pour faire sécher et empêcher les mites de s'y installer. Le duvet servait par la suite à garnir des coussins et même des oreillers.

    Les fêtes

    Si dans les années 1932-1933, organisées par les membres de la Boule joyeuse, avaient lieu des festivités au Café des Américains (boulevard Barbès), c'était uniquement la fête du boulevard Barbès. C'est après la guerre que fut créée la fête du quartier des Capucins grâce à Antonin et Lucie Lavigne (habitant rue des Rames), Camarasa et son épouse aidés par les prisonniers libérés et les jeunes des Chantiers de jeunesse. Il faut également compter sur Alliaga dit "Le pacha" qui habitait dans la rue Fortuné avec sa femme et sa fille.

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    Outre la fête en elle-même avec son orchestre, dont nous avons évoqué le souvenir dans l'acte 1, d'autres réjouissances burlesques s'ajoutaient à l'évènement. 

    Une pittoresque noce avec des invités déguisés avec dans les premiers rôles, Marius Ramon, Antoine Rouzaud et d'autres gais lurons ; un numéro de cirque avec Aliaga en dompteur juché sur une plate forme, face à Franco  en bête sauvage crachant du feu. Une autre année, toujours Aliaga, en Pacha et auprès de lui, chargé de l'éventer avec une grande feuille de palmier, Lucien, vêtu d'un pagne et barbouillé de noir de la tête aux pieds. Le cheval de Castel transformé en zèbre dont la pluie, malheureusement, détruisit le chef d'oeuvre pictural. Il y eut Joseph, recroquevillé et couché ans un landau, habillé en bébé, coiffé d'un bonnet brodé et à la bouche, une sucette géante. Il fut promené dans les rues par Ségura, déguisé en nounou.

    Une fois, une tombola fut organisée dont le lot était un petit cochon, qu'un brave homme, un peu naïf, promenait dans une petite carriole, dans les rues du quartier et dont il avait la surveillance. Un matin, on lui fit une petite plaisanterie en lui disant : "Pobro amic, nous ont panat lé porc ! D'émotion, le pauvre gardien tomba par terre, raide... disons... dans les pommes. Les plaisantins n'avaient plus envie de rire, heureusement, tout se termina bien. La fête fut interrompue une année ; il y avait eu un décès. Me Pailhès, huissier, habitant rue Alba, s'était noyé en faisait de la plongée sous-marine. Il régnait dans ses soirées, une chaleureuse et amicale ambiance entre toutes les générations ; tous s'en donnaient à coeur joie, dans une gaieté générale.

    Ces souvenirs sont extraits du travail de Simone Dariscon

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  • Pierre Dantoine (1884-1955), caricaturiste Carcassonnais

    Pierre Dantoine est né à Carcassonne le 22 février 1884. Sa famille du côté paternel venait du village de Chalabre dans la Haute-Vallée de l'Aude et du côté maternel, de Camont dans l'Ariège. Huissier de justice de son état, son père Léon mourut à l'âge de 50 ans sur la route de Villardonnel. Victime d'un infarctus, on le retrouva inanimé dans sa voiture à cheval dans la descente du plateau de Grazailles. C'est le cheval qui ramenait le défunt à son domicile. La destinée de Pierre Dantoine en fut bouleversée; à l'âge de 15 ans, il dut arrêter ses études afin de subvenir aux besoins de sa mère et de ses deux frères. On lui trouva alors un  poste à la gare de Carcassonne, avant d'entrer à la préfecture où il finit chef de bureau.

    Dantoine

    Dantoine au 272e Régiment d'infanterie

    Dès l'âge de 12 ans, Pierre Dantoine réalise des dessins à la plume avec une extrême finesse. Son travail à la gare de Carcassonne lui a sans doute permis d'observer les attitudes des usagers. Il croque durant son adolescence des curés, des militaires, de grosses femmes, etc... Ce n'est pas un hasard si le train a toujours attiré l'oeil du dessinateur. Sa fille Lucie raconte ses longues promenades à la Cité avec son père, qui finissaient par l'observations du passage des trains. Sa carrière aurait été tout autre s'il avait accepté de partir pour Toulouse ou Paris, comme cela lui avait été proposé. Peut-être aurait-il fait les beaux jours des journaux nationaux...

    Dantoine

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    © Martial Andrieu

    Son amour viscéral pour Carcassonne l'empêcha de nourrir cette ambition. Cette ville, il la connaissait dans les moindres détail grâce aux longues marches qu'il faisait chaque jour. Tantôt, il s'attablait pour dessiner à la terrasse du café Not (Place Carnot), tantôt au café du musée (square Gambetta). D'ailleurs c'est dans ce square qu'il parcourait les allées sinueuses, se laissant aller à la rêverie.  On y croisait une oie blanche prénommée Marie qui semblait deviser avec les passants. Dantoine connaissait également le nom de toutes les tours de la Cité, ainsi que leur histoire sur le bout des doigts.

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    Jules Rivals, domaine de St-Martin à Montredon

    C'est tout naturellement qu'il participa à l'illustration d'un ouvrage de M. Rivals, dont le titre est L'âme des pierres. Qu'elles soient taillées ou brutes, Dantoine aimait par dessus tout la nature de son pays. Particulièrement, la colline de Pech-Mary par laquelle on accédait par des sentiers sentant déjà la garrigue. Sa fille se souvient des ballades tout autour du Carcassès et de son havre de paix estival à Saint-Martin-le-vieil.

    Dantoine

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    Dantoine c'était un oeil, un sens inné de l'observation. Il lui arrivait de faire la caricature de quelqu'un plusieurs jours après l'avoir croisé. Un témoin de son temps : les premiers touristes à la Cité, le cinéma muet projeté devant le café du musée, les premières jupes courtes et pantalons portés par des femmes coiffées à la garçonne dans les années 1930. Ce n'était pas un mondain. Pierre Dantoine appartenait au Parti radical socialiste et avait soutenu la candidature du Dr Tomey à mairie de Carcassonne. Il lui est arrivé de croquer les adversaires politiques de ses idées, afin de les ridiculiser. 

    Dantoine

    Pierre Dantoine participa à la Grande guerre à Verdun, dans les tranchées en compagnie des poilus. Il a rapporté l'esprit de camaraderie et le sacrifice des plus humbles toujours en première ligne. Antimilitariste convaincu et méfiant vis à vis de la hiérarchie militaire, son pacifisme s'exprima dans ses dessins. Dans de pénibles conditions, il crayonna la vie des tranchées et donna vie à ses personnages dans la langue de notre pays.

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    On publia ensuite son album "La guerre de 14".

    En 1939, l'entrée en guerre de la France annoncée par Daladier, le fit pleurer.

    Dantoine était sans nul doute un humaniste avec un don inné pour le dessin ; lui qui n'avait jamais pris un seul cours. Il ne gommait presque jamais pendant l'exécution d'un trait et ne se servait que de simples instruments. L'ébauche était réalisée au crayon noir, le dessin final à l'encre de chine. La légende, qu'il gardait précieusement dans sa tête, venait après la touche finale à sa caricature. Cet homme d'une grande sympathie remportait l'adhésion de tous. À la préfecture, il offrait ses dessins ; tant et si bien que sa fille n'a jamais su qui avait emporté une série de caricatures de l'idylle d'Hitler avec Mussolini.

    " Ce qui ressort surtout quand je pense à lui c'est cet amour de la paix en lui, autour de lui, s'élargissant en ondes concentriques jusqu'à la paix du monde. C'est un Carcassonnais du début du siècle, né en 1884, mort en 1955, qui a pressenti, sans le vivre vraiment, ce changement de civilisation que nous vivons aujourd'hui. Il n'aurait pas supporté les horizons nouveaux, un accent étranger au nôtre, l'agitation et l'indifférence parisienne, les brumes du nord de la Loire.

    Ce qui ressort c'est attachement, cet affection pour le petit peuple qui l'entourait à l'époque. Elles faisaient partie de son univers. Il y en avait beaucoup dont j'ai oublié le nom et le surnom. Elles ont figuré dans ses dessins, depuis "Pauline" qui vendait des journaux et des réglisses à six sous dans un minuscule kiosque vert près de l'école Jean Jaurès, jusqu'à Chim Boum Boum qui périt lors de la débâcle allemande sous les coups d'un soldat excité par la retraite, en passant par madame Racau, à la face anguleuse, colorée par ce vin du midi qui l'aidait à manier la rame ; pour passer les promeneurs d'une rive à l'autre de l'Aude, près du pont de chemin de fer inaccessible, il n'y avait rien d'autre !"

    (Lucie Dantoine)

    Pierre Dantoine reçut les Palmes académiques en 1926 et fut décoré de la légion d'honneur en 1938. Comme beaucoup d'artistes de son temps qui ne voulurent pas quitter cette ville malgré leurs talents à la dimension de notre pays, Carcassonne les a oublié. Il a fallut attendre 2014 pour qu'une exposition Dantoine voit le jour dans sa ville natale, à l'initiative d'une association. Ceci avait été réalisé depuis longtemps déjà dans d'autres villes. Gageons que cette biographie puisée dans les mémoires de sa fille Lucie, puisse ranimer la flamme de cet humaniste, en symbole des luttes pour les libertés et la paix. Cet article n'arrive pas au hasard dans un calendrier qui commémore les tristes évènements de Charlie Hebdo. Qu'en aurait pensé Dantoine ? 

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  • Souvenirs du quartier des Capucins (Acte 1)

    Difficile aujourd'hui de faire comprendre aux nouveaux habitants de ce quartier de la ville, la raison pour laquelle on le nomme "Les capucins". Le père Anselme, le dernier capucin à la robe de bure de ce couvent - est décédé depuis plusieurs années. Quant aux bâtiments monastiques fondés en 1867, ils ont été rasés en 2002 avec le concours de la municipalité de l'époque.

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    Le couvent avant 2002

    On trouve en lieu et place, une résidence d'un béton déjà ravagé par treize années d'intempéries. Cette destruction attira la foudre des riverains du quartier, mais rien ne sut empêcher l'appât du gain d'un promoteur immobilier, qui n'avait que faire des kermesses de charité du secours catholique... Imaginez-vous la Trivalle sans Notre-Dame de l'abbaye, la Barbacane sans Saint-Gimer ou encore la Pierre blanche sans le Sacré-coeur ?

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    En 1962, un projet avait déjà mobilisé la population du quartier. La municipalité Fil souhaitant réhabiliter les vieilles bâtisses, devait les raser l'ensemble des Capucins. La mode était au immeubles en béton confortables et modernes, dans le style de Saint-Jacques - le Viguier. Pendant six mois, les habitants menés par M. Manceret se sont battus contre ce projet. Grâce aux manifestations, aux pétitions et au fusil de Mme Milhès devant sa porte, la ville rendit les armes. Il faut dire que ce quartier depuis l'attaque du fort du mail au début du XXe siècle, connaît très bien le mot Résistance.

    La naissance du quartier

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    Bordé par l'allée d'Iéna, le boulevard Barbès, la place d'armes et la rive gauche de l'Aude, ce quartier s'est construit entre le Pech Lagastou et la route impériale 119 ; en partie sur les terres de M. Laraignon. D'ailleurs de nombreuses rues portent le nom d'anciens propriétaires de terrains agricoles. On peut comparer le dessin urbain des Capucins à celui de la Bastide St-Louis, en raison de ses rues à angle droit et perpendiculaires. Il y a 100 ans, on compte 502 maisons abritant 1005 ménages pour 3592 habitants ; la population totale de la ville est de 28 868 habitants. Après la Grande guerre, des familles d'immigrés espagnols s'y sont installées, entassées parfois dans une seule et même maison.

    La vie sociale

     Dans ce petit village, les gens vivaient chichement des travaux agricoles ou du traitement des chiffons. D'autres, étaient matelassiers, bourreliers, charbonniers ou tailleurs de pierre, comme Vidallet. Lefarré et Izquierdo avaient choisi la tonnellerie. Pierre et Robert Campagnaro réparaient leurs voitures dans un garage de la rue Alba. À Patte d'oie - le dépôt d'ordures du quartier - accueilli à partir de 1934 la base de production de mortier destinée aux grands travaux de construction de la ville.

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    La jeunesse des années 30

     Le couvent donnait du réconfort moral aux épreuves de la vie et la soupe populaire y était servie. Cependant, la plus grande force aux Capucins, c'était la solidarité entre les habitants de toutes conditions, de toutes confessions, de toutes origines.

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    La jeunesse des années 60

    Le clochard Esquive appelé de son vrai prénom Georges, faisait partie de la famille.

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    Personne n'a oublié Pierre Moffre, le coordonateur de cet élan humaniste. Si vous avez suivi Gino Cervi et Fernandel dans Don Camillo, il est inutile d'en dire davantage...

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    La famille Loustot (Café de l'Industrie)

    On ne se rencontrait pas dans d'austères hypermarchés, mais dans l'une des vingt-cinq épiceries, quatre boulangeries, deux cafés (Industrie et Lapasset). 

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    La boulangerie Bonnafil

    Les loisirs

    Le samedi soir, tout ce petit monde dansait chez Quintilla au Païcherou en sifflant un "blanc" sous la tonnelle. À l'époque, Florent Quintilla ou Paul Chapeau te faisaient passer sur l'autre rive grâce au bac et son fil d'acier, tendu d'un bout à l'autre. Monplaisir d'été - une autre guinguette - attendait les amoureux qui se bécotaient pas sur les bancs publics mais dans le foin d'une grange, à l'abri des regards. D'autres, un peu plus grands, fréquentaient le lupanar du Chat noir, rue Laraignon. Ils y rencontraient les bidasses du 51e bataillon indochinois, en garnison à la caserne Laperrine.

    Les écoles

    Les garçons allaient à l'école publique, située à l'angle des rues du Mail et du 24 février - l'école Barbès l'a remplacé ensuite. L'immeuble appartenait au directeur M. Poux. Les instituteurs s'appelait Tarbouriech, Déjou, Sirven, Bès, Poux... Certains ont connu la règle en fer sur les doigts, la privation de la récré... À une autre époque, le corps enseignant c'était MM. Montech (directeur), Fages, Sadourni, Massine, Calvairac et Mme Avizou. Les filles étaient obligées d'aller à André Chénier.

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    La plaque de l'école Sainte-Marie se trouvait sur le couvent de la place Davilla. Elle a été sauvée par J. Blanco.

    Il y avait également des écoles privées comme celle des Frères de la doctrine chrétienne, rue des Amidonniers. Elle était vulgairement nommée, l'école des frères quatre bras. Ceci à cause de leur tenue vestimentaire : paletot sur les épaules porté en satinette, à grandes manches non enfilées flottant au vent. Les filles allaient à l'ancien patronage Jeanne-d'arc devenu écoles Sainte-Marie et Saint-Michel. Notons également une l'école maternelle des soeurs de Saint-Aignan, à l'angle de la rue des amidonniers et de la rue neuve du mail. Elle a fermé avant 1930.

    Au moment de la construction de la nouvelle école Barbès, des préfabriqués avaient été installés à Patte d'oie pour le filles. Le jeudi, il n'y avait pas classe - c'est maintenant, le mercredi - on allait piquer une tête dans la païchère à Aude. Oui ! Quand tu es des Capucins, tu vas à Aude (le fleuve). On y croisaient ceux du club nautique ; les Crochemore, Septours, Lamy, Séguy, etc... D'autres écoliers se rendaient au patronage (école Saint-Michel), au cinéma "Les Capucines " (rue des Amidonniers), ou chez le scalp des coiffeurs Pécal et Bosc.

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    © Claude Marquié

    Le cinéma "Les Capucines" était tenu par Marcel-Yves Toulzet. C'était une ancienne chapelle... Tout a été rasé pour une résidence immobilière.

    Le catéchisme

    À la sortie de l'école les enfants allaient au catéchisme chez Mlle Pelouze, rue des amidonniers. L'abbé Gironce avait une voix de stentor et ne plaisantait guère, contrairement à l'abbé Lapalu.

    Le Cagadou

    Dans la descente de la rue Marceau Perrutel jusqu'au jardin de Bièche, était le cagadou. Malheur à celui, incapable de parcourir la pente en patin à roulettes sans réussir à se tenir debout. À vélo, l'exploit se résumait à descendre sans user des freins. Le manque de courage excluait tout participant de la bande à "Pichule" alias Gérard Almerge et de ses copains Fanfe, Rigadens, Titan, Baluchon, Villeuch, Guéga, Nano, Escudéro, Boutiole, etc...

    Le sport

    Les soirs d'été, on sortait les chaises devant les portes pendant que les gosses rêvaient aux exploits de l'ASC XIII, en tapant dans le ballon ovale au jardin de Bièche (ASPTT Tennis). Ce dernier était aussi les rendez-vous des embrassades sur la bouche. Les associations sportives animées par des bénévoles comme Alex Lagarde, ne transformaient pas les enfants en voyous des rues. Elles leur donnaient l'esprit de discipline et de camaraderie. On jouait également à la pétanque sur les terrains de Laperrine ou de Macao. Pour le jeu lyonnais, les champions de la boule joyeuse se nommaient Loustot, Ferrer, Fourès ou Fuzier.

    Les fêtes

    Personne n'a oublié la fête du quartier des Capucins avec l'orchestre José Marson, sur la place Joseph Poux. Les farandoles dans les rues, les lampions, les bals... Elle durait deux week-end consécutifs. On allait chercher le buis dans les bois pour la décoration de l'orchestre. Des mains bénévoles réalisaient des guirlandes... "La placette" n'étant pas goudronnée, il fallait aplanir le sol avec de la terre, de la sciure et des planches de bois. Autour de la piste de bal, le cafetier Loustot installait la buvette. Des glaces et des friandises étaient vendues par des marchands ambulants comme MM. Soler, Coma-Pérez ou Alcas. 

    Pendant que José Marson chantait "Oh ! Cathy, Cathy", les gens entamaient la danse des sucettes. 

    Le jeudi après-midi précédant la fête, il y avait le tour de table chez les commerçants et artisans. Le dimanche matin entre 9h et 15h, il se faisait chez les habitants du quartier. En échange d'un morceau de musique joué par l'orchestre, les riverains donnaient un peu d'argent pour financer les festivités.

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    Cet article a été réalisé grâce aux témoignages d'anciens qui ne sont plus là... Citons l'excellent travail de mémoire de Mme Dariscon, tragiquement disparue. Je vous prie de m'excuser si par hasard, il devait y avoir quelques erreurs ou oublis, car je n'ai pas connu cette époque et je n'ai jamais habité ce quartier. Je lance un appel à toutes les bonnes volonté afin d'enrichir ces témoignages. Envoyez-moi vos souvenirs et vos vieilles photos, car il y aura d'autres épisodes à cet article.

    andrieu-martial@wanadoo.fr

    Remerciements

    Alex Lagarde, Jean Lapasset 

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