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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 325

  • La descente "aux enfers" du Païcherou

    Combien de personnes se sont noyées dans le terrible tourbillon des "enfers", à proximité du barrage du Païchérou ? C'est bien entendu très difficile à comptabiliser mais il s'avère que très peu ont réchappé à la noyade à cet endroit. Ceux qui sont revenus de cet enfer-là ont pu raconter avoir été entraînés par le courant dans un immense trou d'eau exerçant une force comparable à celle d'un siphon. Les corps des malchanceux ont été retrouvés plusieurs centaines de mètres en aval du barrage. A la lecture d'articles de presse, nous avons souhaité retranscrire quelques uns de ces faits divers tragiques.

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    "Les enfers" sur la rive gauche de l'Aude au Païchérou

    6 juillet 1879

    Jeudi, le cadavre du nommé Pierre Vidal, limonadier, demeurant rue des Rames, à Carcassonne, a été découvert par un pêcheur à la ligne, à la chaussée du Païchérou, à 4 mètres du rivage. Retiré de l'eau par le sieur Pujol, le cadavre de ce malheureux a été transporté à l'Hôtel-Dieu

    3 mai 1884

    La nommée Brandier Elisa, âgée de 28 ans, sans profession, native de Castres (Tarn), qui habitait à Carcassonne, depuis quatre ou cinq jours, s'est donné volontairement la mort en se jetant dans l'Aude, au lieu dit le Païchérou. Entraînée par le courant qui est très rapide à cet endroit, le corps de cette malheureuse n'a été retrouvé que ce matin, à la chaussée St-jean, par le sieur Vidal, garde particulier.

    30 mai 1885

    Dimanche soir, vers cinq heures et demi, le nommé Gayraud Antoine dit le Rat, âgé de 58 ans, traversait la rivière au-dessous de la chaussée, au lieu dit Païchérou, portant un petit arbre sec sur l'épaule. Arrivé au milieu, il fut entraîné par le courant très rapide sur ce point et disparut sous l'eau. Une demi-heure après, le corps inanimé de ce malheureux fut repêché non loin de la tannerie Massé, et rendu à sa famille par les soins de la police.

    24 juillet 1887

    Aujourd'hui, vers deux heures et demi du soir, plusieurs jeunes ouvriers s'étaient rendus en groupe vers le lieu dit Païchérou, pour se baigner dans la rivière de l'Aude. Ils venaient à peine d'y entrer que tout à coup l'un deux disparut sous l'eau. C'est le nommé Adolphe Meunié, ou Monié, âgé de 22 à 24 ans, originaire de l'Ariège, ouvrier cordonnier, travaillant chez M. Rebelle, maître bottier, rue du marché. Malgré les recherches les plus minutieuses faites, ses camarades n'ont pu retrouver son cadavre. La police et la gendarmerie, prévenues de l'accident, se sont rendues sur les lieux, où de nouvelles recherches ont amené la découverte du corps de Meunié, qui, après les constatations légales, a été transporté à l'Hôtel-Dieu, à l'effet d'être inhumé après délais.

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    10 janvier 1889

    Hier matin à 7 heures, les nommés Gordien Joseph, âgé de 45 ans, Gordien Emile, son fils âgé de 12 ans et Justin Castillano, sujet espagnol au service de Gordien depuis 7 mois, traversaient la rivière sur le bac qui conduit au café de l'île du Brel, lorsque la barrière se ralliant par une corde à la chaîne de sureté se rompit et le bac, ne se trouvant plus retenu par ce lien, s'en alla à la dérive et peu d'instants après chavira dans les flots en y précipitant les trois passagers qui aussitôt furent entraînés par le courant.

    Arrivés à la digue du Païchérou, les trois malheureux sont précipités de l'autre c$oté de la jetée et le jeune Gordien seul à la bonne fortune de tomber à un endroit où l'on recouvrait à peine le sol.

    Le nommé Michel Jordy, âgé de 27 ans, demeurant ruelle Grignan se trouvait sur les lieux ; n'écoutant que son bon coeur, bravant les périls sans nombre qu'il encourait par suite de la crue des eaux, ils précipite à cheval dans les flots et en retire sain et sauf le fils Gordien Emile qui est transporté chez le sieur Capel, jardinier à l'île chez qui les soins les empressés ont été prodigués.

      Le père Gordien et Justin Castillano n'ont pu être encore retrouvés. Ce dernier devait partir aujourd'hui pour l'Espagne.

    24 avril 1893

    De tout jeunes enfants s'amusaient, hier, sur les bords de la rivière, près de la chaussée du Païchérou. Ils traversaient le pont en bois qui passe sur le réal de l'île, appelé en cet endroit "Les enfers", lorsque l'un d'eux eut la malencontreuse idée de donner une poussée à un de ses petits camarades, le petit Roquefort, âgé de 6 ans, qui tomba dans l'eau. Effrayés du résultat de l'action qu'ils venaient de commettre, les enfants se sauvèrent.

    Un brave homme, le jardinier Cappel, qui travaillait tout près, attiré par les cris désespérés que poussait l'enfant, le sauva d'une mort certaine à l'aide d'une gaffe.

    3 août 1900

    Hier, vers 4 heures 1/2 du soir, un jeune homme se baignait dans la rivière d'Aude, près du Païchérou, au lieu dit "les enfers" en compagnie d'une trentaine de nageurs. Soudain, il disparait sans être secouru. La police aussitôt prévenue s'est transportée sur les lieux et a fait des recherches ; mais n'a pu arriver à découvrir le cadavre. Ce n'est que ce matin, vers 6 heures, que les recherches on recommencé et que le malheureux a été trouvé près de l'endroit où il avait disparu. La rivière d'Aude mesure au dit endroit 2,50 mètres d'eau. Le noyé qui ne savait pas nager est le nommé Cazeau Léon Bernard, né le 26 janvier 1876 à Marignac-Lesclares, arrondissement de Muret. Il est célibataire et était occupé à l'Hôtel Saint-Jean Baptiste comme garçon.

    A propos de ce tragique évènement et pour prévenir d'autres malheurs semblables, il nous semble qu'il serait bon d'avertir les baigneurs qu'il y a grand danger à aller à cet endroit, même pour les meilleurs nageurs.

    27 juin 1938

    Le jeune Emile Laffont, 15 ans, domicilié 12 rue de la préfecture, s'était rendu dimanche sur les bords de l'Aude. Le soir venu, il ne regagna pas son domicile au grand étonnement de ses parents qui alertèrent la police, craignant qu'il ne se soit noyé.

    Un de ses camarades, Belbèze Augustin, 14 ans, déclarait en effet que Laffont nageait avec lui vers les 16 heures au Païchérou, dans les parages du lieu dit "Les enfers". La police se rendit aussitôt que les lieux et trouva sur la berge une paire de souliers et des chaussettes.

    Lundi matin, les recherches se sont poursuivies sur les ordres de M. le commissaire central avec la collaboration du brigadier chez Escloupié, du brigadier chez motocycliste et de nombreux agents. Avec des moyens de fortune - la police n'étant pas dotée d'appareils de sauvetage - les agents s'employèrent avec dévouement à découvrir le corps de l'infortuné. Le trou de l'Enfer a été, notamment, longuement fouillé.

    4 août 2006

    Une adolescente de Maquens âgée de 14 ans est noyée en tombant dans "Les enfers" alors qu'elle longeait le fleuve sur un chemin, sous les yeux de sa soeur et de son cousin.

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    © Claude Boyer

    Si vous passez à cet endroit, soyez très prudents. N'y laissez pas vos enfants sans surveillance... On ne revient pas des "Enfers" !

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  • T.E Lawrence (Lawrence d'Arabie) photographia la Cité en 1908

    Thomas Edward Lawrence

    (1888-1935) 

    dit Lawrence d'Arabie, qui inspira le film du même nom réalisé en 1962 - porté à l'écran par l'acteur Peter O'Toole - photographia la Cité de Carcassonne en 1908. C'était bien avant que l'officier et écrivain britannique - auteur des Sept piliers de la sagesse - ne construise son mythe autour du soulèvement des rebelles arabes contre les Ottomans, qu'il a largement encouragé.

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    T. E Lawrence

    Né en 1888 au Pays de Galles, Lawrence fera ses études au Jesus College d'Oxford. C'est dans cet établissement qu'il se découvre une véritable passion pour l'histoire médiévale. En juillet 1908, à la fin de sa première année à l'université , il entreprend la plus longue balade à vélo de sa vie afin de découvrir en France les forteresses du Moyen-âge. Entre la mi-juillet et début Septembre , il aura effectué quelques 3800 km à travers la France. En moyenne, plus de 80 km par jour, tous les jours.

    Au mois d'août 1908, T. E Lawrence fait escale dans la Cité médiévale de Carcassonne restaurée par Viollet-le-duc. Il y trouve le modèle diachronique de la plus importante forteresse : "absolument indescriptible... de toutes les dates : époque romaine, Wisigothe, une splendide tour sarrasine, traces carolingiennes et toute la noblesse du bâtiment médiéval que je n'avais jamais vu, ou attendais de voir."

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    T.E Lawrence écrit à son ami C.F.C Beeson

    Carcassonne. I’m not going to describe that : ‘It's impossible, impious to attempt such a thing : go and see it, expecting to find the greatest thing of your life, and you’ll find one many times finer. How on earth has it remained unknown with its memories and its remains, when people flock to a St. Michel or the Tower of London? It is ten thousand times finer than these, or a hundred like them, rolled into one. I have 40 odd photos, which do it sad injustice, but nothing could do it anything else : and there are no guides, no fees, no tips, no beggars, hardly any trippers : 'this is a paradise of a place, unhappily there’s no hotel.

    Traduction

    Carcassonne . Je ne vais pas décrire cela : « C'est impossible, sacrilège de tenter une telle chose : allez voir, en attendant de trouver la plus grande chose de votre vie, et vous trouverez un grand nombre de fois plus fine. Comment diable est-elle restée inconnue avec ses souvenirs et ses restes, quand les gens affluent vers un Saint-Michel ou la Tour de Londres ? Elle est dix mille fois plus fine que ceux-ci, ou cent comme eux, en un. J'ai 40 photos bizarres, qui font triste injustice, mais rien ne pouvait être autrement : et il n'y a pas de guides, pas de tarifs, pas de conseils, pas de mendiants, presque aucun touriste : «Ce lieu est un paradis, malheureusement, il y a pas d'hôtel .

    Les photographies de Carcassonne prises par T.E Lawrence sont conservées au Liddle Hart Centre for Military Archives, Kings College of London

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    ©telstudies.org

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    ©telstudies.org

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    ©telstudies.org

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    On pourra lire avec profit cette biographie en langue anglaise signée A. Sattin.

    La curiosité n'est pas un vilain défaut si on l'utilise avec sagesse... Que ceux qui m'ont caricaturé en vil polémiste ou archiviste de seconde zone passent pour des imbéciles !

    Sources

    The young Lawrence (A. Sattin)

    The letters of T.E Lawrence / J. Cape / 1938

    The authorized biography of Lawrence of Arabia

    A prince of our disorder / J.E Mack / 1998

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  • Ernest Hemingway sur les remparts de la Cité de Carcassonne

    En 1954, Ernest Hemingway - l'un des plus grands romanciers américains du XXe siècle - entreprend un voyage autour du monde à partir de New-York.

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    Ernest Hemingway en 1939

    Il est accompagné de son ami l'éditeur A.E Hotchner qui deviendra par la suite son biographe. Après être passés par l'Italie, Hemingway et Hotchner font une escale à Carcassonne le 6 mai 1954 ; ils doivent ensuite rallier l'Espagne afin d'assister à la féria de San Isidro de Madrid et rendre visite à Dominguin et Ava Gardner.

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    En 1966 - cinq ans après sa mort - A.E Hotchner nous révèle le passage à Carcassonne de l'auteur du "Vieil homme et la mer" dans la biographie qu'il lui consacre. Nous ignorons s'il existe une version en langue française.

    "The following day our route took us through Béziers to the walled city of Carcassonne in the shadow of the Pyrenees. In Béziers we stopped to ask directions (Adamo never forgave us) of an ancient gentleman who was sunning himself on the steps of the Cathédrale St. Nazaire. As we continued on the way, Ernest said; "Have you noticed that toothless people the world over, regardless of language, sound the same ?"

    In Carcassonne we stayed at the Hôtel de Cité, which is one of the most unique and beautiful hotels in Europe. It has a medieval atmosphere and all its rooms look upon the ramparts of the town. "Most of the wall and the towers of the city are faked", Ernest said, "but the restoration is so wonderful, who gives a damn ?

    When we went down to dinner, Ernest was surprised and pleased when an old New York friend came over to the table to greet him. Ernest invited him to dine with us ans over drinks...

    Traduction

    "Le lendemain, nous primes la route de Béziers à la ville fortifiée de Carcassonne dans l'ombre des Pyrénées. A Béziers nous nous sommes arrêtés pour demander notre chemin à un vieil homme qui lui-même à bronzé sur les marches de la Cathédrale Saint-Nazaire. Comme nous continuions la route, Ernest dit: «Avez-vous remarqué que les gens édentés dans le monde entier, indépendamment de la langue, on le même son?"
    A Carcassonne, nous avons séjourné à l'Hôtel de la Cité, qui est l'un des hôtels les plus uniques et les plus beaux en Europe. Il a une atmosphère médiévale et toutes ses chambres donnent sur les remparts de la ville. "La plupart des murs et des tours de la ville sont fausses", Ernest dit, "mais la restauration est si merveilleuse, qui s'en soucie ?
    Lorsque nous sommes descendus pour le dîner, Ernest a été surpris et heureux quand un vieil ami de New York est venu à la table pour le saluer. Ernest l'a invité à dîner avec nous autour d'un verre...

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    A.E Hotchner

    La biographie de A.E Horchner sur Hemingway fut adaptée à la Tv américaine. Après Madrid, Hemingway et Hotchner partirent pour Cuba ; l'année dernière sortait sur les écrans "Papa : Hemingway in Cuba". Le premier film américain tourné sur cette île depuis 60 ans...

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    On pourra également lire "Le jardin d'Eden" - oeuvre posthume d'Hemingway éditée chez Gallimard. Ce livre inachevé a été commencé en 1946 ; il ne sera édité qu'en 1986. 

    Nous sommes en France en 1946 ou 47, bref juste après la guerre qu’Hemingway a suivie comme correspondant de guerre. Le jeune écrivain David Bourne a rencontré, quelques semaines auparavant à Paris, une jeune femme qui s’appelle Catherine. Elle aussi est américaine et il l'épouse après dix jours. Ils partent vers le sud à Aigues-Mortes avant que de se fixer pour quelques jours au Grau-du Roi. Très vite il apparaît que Catherine a quelque chose qui ne va pas. Elle a des réactions parfois brutales pour des riens et semble tellement aimer son tout nouveau mari qu’elle veut à tout prix devenir lui, ou que lui devienne elle, c'est la question. Dans les gestes de l'amour, elle veut imposer que ce soit elle qui joue le rôle de l'homme ; elle ne se donne pas, c'est elle qui prend, même si David a quelques difficultés à s’y faire.

    Un page de ce livre est consacré à Carcassonne...

    Sources 

    Papa Hemingway / Hotchner / 1966

    Voyage avec E. Hemingway / G. Hily-Mane / 1999

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