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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 324

  • Les Jourdanne : Deux maires, une même famille...

    Gaston Jourdanne

    (1858-1905)

    Avocat de son état - il siège comme élu dans le Conseil municipal du maire Omer Sarraut, en mars 1887. Prenant le contre-pied de son éducation conservatrice et catholique, il se tourne politiquement du côté des anticléricaux du parti Radical. Après la mort soudaine d'Omer Sarraut, il occupe les fonctions de maire par intérim entre octobre 1887 et mars 1888. Sur plainte de l'opposition, qui l'accuse de fraude électorale, Gaston Jourdanne est condamné à un mois de prison.

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    © Chroniques de Carcassonne

    "M. Gaston Jourdanne, a été incarcéré ce soir, à deux et demie. Dès onze heures du matin, les gendarmes se présentaient, porteurs d'un mandat d'arrêt, à la porte de la maison qu'il habite, Grand-rue, 44. Ils sont entrés dans le magasin tenu rue Courtejaire, par Charles Jourdanne, et ont expliqué le motif qui les amenait. M. Charles Jourdanne leur a fait remarquer qu'il était chez lui, et leur a fait comprendre que, s'ils persistaient à entrer, ils s'exposaient à des poursuites graves pour violation de domicile. Ces gendarmes ont fait appel au Commissaire central, qui s'est rendu sur les lieux, accompagné de M. Béziat, deuxième adjoint. Ces magistrats n'ont pu vaincre la résistance opiniâtre de Charles Jourdanne, et ont été obligés d'aller chercher les ordres auprès de M. le procureur de la République.

    Mais la nouvelle s'était bientôt répandue dans la ville, et une foule nombreuse accourait de toutes parts, et attendait sous une pluie battante, le dénouement de cette affaire. M. Gaston Jourdanne après son retour de Lézignan, lundi soir, aurait voulu suivre sa musique, la lyre Carcassonnaise, seulement couvert sur sa tête d'une casquette de musicien en toile blanche. Cette imprudence fut cause que mardi matin, M. Jourdanne ne pouvait plus parler et resta au lit. Les médecins constatant son état lui recommandèrent le repos absolu. Cependant, le Parquet envoyait mardi soir les docteurs Cordes et Rigail qui, après vu le malade, constatèrent qu'une angine catarrhe s'était déclarée.

    Des ordres durent donnés, et la gendarmerie avisée d'aller procéder à dix heures à l'arrestation de M. Gaston Jourdanne. Mais devant la déclaration de la famille Jourdanne, la brigade entière a été appelée pour contenir la foule. Pourtant, force est restée à la loi ; et à une heure et demie, une civière a été requise pour transporter M. Jourdanne à la maison d'arrêt. 

    La foule était nombreuse de la rue Courtejaire à la prison. Quelques applaudissement ont éclaté devant la maison Jourdanne et devant la porte de la maison d'arrêt.

    (Le rappel de l'Aude / 21 juin 1888)

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    A la suite de cette affaire, Gaston Jourdanne ne pourra plus exercer de fonctions électives. Il se retire dans son domaine de Poulhariès à Carcassonne et se consacre pleinement à l'oeuvre félibréenne. L'ancien premier magistrat de la ville rédige de nombreux livres sur les traditions et la culture occitane. Il est également à l'origine du Comité des Cadets de Gascogne en 1898, dont ne nous reste que le feu d'artifice  tiré depuis les remparts de la Cité médiévale. Gaston Jourdanne pourra prématurément en 1905 à l'âge de 47 ans. Une place porte son nom, face au centre des impôts.

    Jules Jourdanne

    (1892-1983)

    naît le 21 novembre 1892 à Carcassonne. Il est le fils d'Alexandre Joseph Paul Jourdanne et d'Aurélie Passérieux, résidants à Cazilhac. Après ses études secondaires, il entre à l'Institut National agronomique et habite à Paris. Durant la Grande guerre, c'est un remarquable officier - lieutenant puis Capitaine - au 3e régiment d'artillerie ; ceci lui vaudra la Croix de guerre et la légion d'honneur. En 1921, Jules Jourdanne épouse Marie-Thérèse Ancelme avec lequel il aura une fille - Magali. Cette dernière se mariera avec Pierre Castel (dit de la Reille). En sa qualité de docteur en droit, il publie en 1928 "Les associations de fonctionnaires et le recours pour excès de pouvoir." En 1938, les époux Jourdanne habitent 3, square Gambetta à Carcassonne.

    Un maire nommé par Vichy

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    En février 1941 - sur décision du gouvernement de Vichy - Albert Tomey démocratiquement élu depuis 1919 à la tête de la ville est remplacé par Jules Jourdanne, maire nommé. C'est le cas - voir ci-dessus - d'un très grand nombre de maires de la zone libre. Jules Jourdanne dont la pensée politique avait suivi celle du maréchal Pétain au-delà de son admiration pour le vainqueur de Verdun, rassemblait toutes les qualités pour administrer Carcassonne selon les lois de Vichy. Le 11 mars 1941, le conseil municipal de Carcassonne compte dans ses rangs : MM. Combe, Nelli, Grossetête, Carrière, etc... (source : ADA 108W32)

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    Le Conseil départemental de l'Aude nommé par Vichy

    D'après l'historien Claude Marquié, Jules Jourdanne refusa de toucher ses indemnités de maire et se serait contenté d'expédier les affaires courantes de la ville, sans prendre une part active aux lois coercitives de Vichy. C'est ce qui sans doute lui a voulu de ne pas être inquiété à la Libération. (Les dimanche dans l'histoire / La dépêche)

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    © Martial Andrieu

    Jules Jourdanne, Philippe Pétain, le préfet Cabouat

    Le 14 juin 1942, Carcassonne reçoit la visite du maréchal Pétain et lui adresse un accueil des plus fervents. Ci-dessus, le maire Jules Jourdanne sort de la maternité de Carcassonne avec à ses côtés Philippe Pétain et Jean Cabouat, préfet de l'Aude. Le 24 août 1944, Louis Amiel - Président du Comité de Libération - remplace Jules Jourdanne qui se retire dans son domaine de Samary, situé à Caux-et-Sauzens. C'est dans ce village qu'il est inhumé depuis 1983.

    Généalogie

    Quel lien de parenté entre Gaston et Jules Jourdanne ? Le grand-père de Jules - Pierre Guillaume, né le 11 février 1827 - était le frère du père de Gaston - Jean-Pierre Hippolyte, né le 26 février 1822. Leurs parents : Alexandre Hippolyte (Marchand de cuirs) et Marie-Françoise Rieussec, habitant rue St-Vincent (actuelle rue Tomey). 

    Sources 

    Gallica

    ADA (Etat-civil et recensement militaire)

    Le rappel de l'Aude

    Merci à J. Blanco pour son aide iconographique

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  • La statue de la fontaine rue Pont vieux, a t-elle disparu ?

    Qu'est-il arrivé à la vieille fontaine de la rue du Pont vieux ? C'est la question se sont posés quelques amoureux du patrimoine, en observant sa disparition soudaine du paysage de ce quartier de la ville. On a d'abord pensé qu'afin de réaliser le ravalement du mur de derrière, on avait dû naturellement déposer la vieille dame. En fait, ce n'est pas tout à fait cela...

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    L'ensemble du socle en pierres de taille qui permettait à la statue de s'élever à quatre mètres de hauteur - donnant une perspective monumentale aux piétons arrivant du Pont vieux - a lui aussi été supprimé. D'après les renseignements que nous avons obtenus, c'est pour des raisons de sécurité que la statue a été enlevée.

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    Il est vrai pour l'avoir constaté moi-même, que l'arrière de la sculpture n'était plus tenu que par des arceaux rouillés rendus apparents par l'effritement du grès. Toujours d'après nos sources, une restauration serait à l'étude mais impossible, compte tenu de l'état de fragilité de la pierre. Il pourrait alors être envisagé de réaliser un moulage afin d'en faire une copie. C'est en effet une technique qui a fait ses preuves à Carcassonne - la statue au sourire dans l'enfeu de la Porte Narbonnaise en est un exemple. Avec un bémol, toutefois... L'état est bien plus riche que les finances actuelles de la commune. Le budget ténu de la ville de Carcassonne permettrait-il cette restauration ? On voit mal comment la mairie pourrait refaire cette statue dans l'immédiat, à moins de lancer une souscription ou à faire appel au mécénat d'entreprise. Tiens, en voilà une idée !

    Nous avons des craintes motivées par les usages du passé - les municipalités passent, les projets trépassent et finalement s'oublient. Des décennies après, un nouveau Martial Andrieu viendra soulever l'épineuse question : Mais où est donc passée la statue ? On la retrouvera aux serres municipales transformée en un caillou informe, à cause de nombreuses années passées sous les intempéries. 

    Un peu d'histoire

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    Selon les travaux de l'historien Henri Alaux, cette statue aurait été sculptée avec des matériaux provenant de la première fontaine monumentale érigée au XVIIe siècle, place Carnot. Jean-Louis Bonnet explique qu'en 1808, il y avait à cet endroit quelques sculptures et une espèce de rocher qualifié de Neptune ; sur décision municipale, il aurait été vendu car jugé ridicule au moment de recevoir l'Empereur Napoléon 1er. Toujours selon M. Bonnet, la statue actuelle représentant un femme avec une cruche aurait été installée au milieu du XIXe siècle.

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    D'après mes recherches, les habitants du quartier venaient chercher l'eau à cette fontaine sur la place du Barry. Le "barry" en occitan désigne un quartier, comme du reste le barrio en castillan.

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  • Le 18 octobre 1905, le célèbre Buffalo Bill est à Carcassonne

    William Cody (1846-1917), alias Buffalo Bill ; la figure mythique de la Conquête de l'ouest américain pose ses bagages avec sa troupe à Carcassonne, lors d'une tournée en France.

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    Le grand chef Sioux Sitting Bull et Buffalo Bill

    Le chasseur de bisons et le chef indien participent en 1885 à la tournée en Amérique du nord du Buffalo Bill's Wild West. Il s'agit de la troupe fondée en 1882 par le célèbre trappeur retraçant des épisodes de la Conquête de l'ouest. En 1889, Sitting Bull n'obtiendra pas l'autorisation de se rendre sur le vieux continent lors de la tournée européenne. 

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    En 1905, plus de cent villes françaises accueillent le Buffalo Bill's Wild West dont Carcassonne, le 18 octobre. Au dernier moment, les autorités militaires de la ville décident de ne pas donner l'autorisation à la troupe de s'installer sur le champ de tir de Romieu. La morve des animaux faisait craindre la propagation éventuelle d'une épidémie. C'est donc sur le champ de courses de la Fajeolle que se produira le spectacle.

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    L'express du midi

    "Pour traverser l’Atlantique, il fallut seize bateaux pour transporter l'ensemble des huit cents hommes ainsi que les cinq cents chevaux de la troupe. En France, il ne fallait pas moins de trois trains spéciaux pour les conduire de ville en ville. Les cinquante wagons américains, représentant une longueur de près d'un kilomètre étaient précédés par des fourgons de tête mis à disposition par des compagnies régionales qui fournissaient également ceux fermant la marche. Les wagons- lits du convoi, possédaient la particularité d'être deux fois plus longs que leurs homologues Européens, et, fait remarquable, celui du Colonel Cody était un véritable appartement composé d'une cuisine, d'une vaste salle à manger, d'une petite chambre occupée par ses domestiques, d'une chambre à coucher ainsi qu'un cabinet de toilette.

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    Buffalo Bill au milieu de ses hommes

    Pendant que les hommes de la troupe procédaient a l'érection des tentes, les indiens en faisaient de même en dressant leurs tepees. Il ne fallait que deux heures pour emmener tout le matériel, soit mille deux cents pieux, quatre mille mats, 23000 m2 de toile, trente mille mètres de cordages, près de huit mille sièges et pas loin de dix mille pièces de bois et de fer indispensables. .Des centaines de tentes surmontées des drapeaux de toutes les nations devaient offrir une vision contrastant singulièrement avec les remparts de la vielle Cité. On peut penser que grâce aux trois grandes dynamos alimentant ce campement cosmopolite, Carcassonne connut ainsi ses premières illuminations.
    Les représentations avaient lieu généralement à deux heures de l'après midi et à huit heures du soir. Bien que les acteurs puissent être exposés aux intempéries, il en était tout autrement des spectateurs, ceux-ci bénéficiant de l'abri d'une immense tente rectangulaire.

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    L'ouverture du spectacle se faisait au son d'un pittoresque orchestre de cow-boys, alors que Buffalo Bill en grande tenue, se présentait lui-même accompagné de ses cavaliers. Il faut souligner que le colonel mettait un point d'honneur, en faisant pénétrer les indiens à sa suite, de les valoriser constamment. S'enchaînaient ensuite des exhibitions de cavaliers, de cow- boys, d'indiens en nombre aux costumes chatoyants, de Mexicains, d'Arabes, d'authentiques samouraï et même de cosaques. Des «Western-girls», ainsi que des sqaws, offraient aux badauds médusés un tableau d'un exotisme inoubliable...

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    A Carcassonne, on vint de fort loin pour admirer cette représentation unique en son genre. Il faut dire que dans l'organisation, rien n'était négligé pour la promotion, d'innombrables affiches étaient placardées dans les villes et villages environnants faisant aujourd'hui le bonheur des collectionneurs." (sudinsolite.com)

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    "Bien que 10.000 personnes assistaient au spectacle de l'après-midi. Ce fut de midi à deux heures un va-et-vient continuel et une interminable théorie de piétons se dirigeant vers l'hippodrome. Le spectacle de Buffalo sans être extraordinaire, valait d'être vu pour son originalité. Mais ce qu'on a avalé et rapporté de poussière !"

    (L'express du Midi)

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