Dans un domaine près Roullens, le corps à moitié déchiqueté d'un chef résistant était retrouvé souillé par une explosion provoquée la veille. Aussitôt, quelques charognards avertis se précipitaient sur les lieux et ôtaient de la dépouille mortelle, la chevalière, le mouchoir et quelques papiers dans la poche du blouson. Fallait-Il qu'ils soient bien renseignés pour que dès potron-minet, leur mauvaise conscience leur conseillât ce triste forfait. Chemin faisant, ils croisaient un ami vautour, chirurgien de son état, avec lequel ils firent le trajet jusqu'à la grande ville. Là, devant l'hôtel de ville où siégeait un marchand de fromage auréolé d'un titre remporté dans les alcôves de la trahison, ils déposèrent ce qu'ils venaient prendre sur l'infortuné défunt : Chevalière, mouchoir brodé J.B et les papiers manuscrits. Chirurgien et marchand de fromage, entre charognards de compagnie, autour d'un déjeuner à la clinique devisèrent sur la bonne fortune.
A 80 kilomètres de là, une veuve pas encore éplorée allait apprendre des Vautours repus et par télégramme, la triste nouvelle. Nous sommes le 27 août, soit 8 jours après le terrible incident. Avertir une veuve, une semaine après ? Que ceci est troublant ! On avait trouvé le corps le 20 août, inhumé le malheureux le 23 à Roullens, exhumé son cercueil le 26, prévenu la veuve le lendemain. Au cours d'une grande farce goldoniene, avec beaucoup de pleurs et de cinémas, les vautours organisèrent la parade autour des boulevards. Tout le cirque s'y trouvait, même les plus honnêtes. On enterra Bringer le 31 août, cette fois dans le caveau du marchand de fromage. Fallait bien se racheter, pour ces gens quel hommage ! Quant aux papiers manuscrits, ils ne furent pas rendus à la veuve mari. Ainsi se termina, le testament de Bringer et les preuves gravées dans un bout de papier, que les traitres avaient été désignés.
___________________________________
© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019