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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 149

  • Le testament d'Aimé Ramond a-t-il été falsifié ?

    Le 19 août 1944 à Baudrigues sur la commune de Roullens, l'officier de paix Aimé Ramond était exécuté avec plusieurs autres résistants. Arrêté chez lui le dimanche 30 juillet 1944, Ramond avait passé vingt jours dans une cellule de la Maison d'arrêt de Carcassonne. Parmi les éminences grises de l'armée des ombres, se trouvaient également Jean Bringer (Myriel), chef des FFI, et le docteur Emile Delteil. Notons, bien entendu, qu'ils furent interrogés par les agents de la Gestapo. Chacun se trouvait seul dans une cellule, mitoyenne l'une des autres. Quelques temps après la Libération de la ville, on trouva sur le mur de la geôle occupée autrefois par Ramond, un testament gravé en occitan. il dit ceci : "Ceci est mon testament. Je laisse ma vie dans cette affaire, je souhaite que mes parents choisissent Albert Ramond de Libourne comme héritier à moins que ma chère Henriette s'y oppose." Nous ne remettons pas en question l'authenticité de ce texte qui paraît avoir été écrit par le résistant. La référence à sa famille est telle qu'il n'y a pas de place pour le doute. Ramond devait se savoir perdu à ce moment-là. L'usage de l'occitan voulait sans doute tromper les gardiens allemands sur la signification de ce message.

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    Sur une autre partie du mur, se trouve une autre inscription. Elle a attiré mes suspicions... Nous voyons que l'inscription en titre ressemble au testament : "Lieutenant Ramond Aimé arrêté le 30-7-44". Elle a été gravée par la main de Ramond ; la saignée est profonde dans le mur. Observons maintenant la partie inférieure ; le calendrier et le texte semblent avoir été écrit en même temps. Si j'étais prisonnier, je ferais d'abord un calendrier avant d'écrire un testament. Or, tout ceci ne peut-être que postérieur à celui-ci puisqu'on parle de la date du 19 août 1944, jour de la mort de Ramond. A quoi voulez-vous en venir, me direz-vous ? Le calendrier et le texte qui l'accompagnent ont été rédigés après la mort de Ramond. Pourquoi ? Pour faire apparaître la date du 19 août et le nom du Dr Delteil. Je vous passe l'étude graphologique qui mettrait en évidence, la différence de formation de certaines lettres avec celles du testament. Par exemple, le T... 

    Maintenant résonnons avec des éléments historiques. Dans ses dépositions, le Dr Delteil indique que Ramond lui a fait passer son testament avant de mourir. Nous ne voyons pas comment puisqu'ils n'étaient pas dans la même cellule. Admettons toutefois qu'ils aient pu se rencontrer sur la passerelle et que Ramond ait glissé ce papier dans la poche de Delteil. On ne sait jamais. Comment alors se fait-il qu'un gars qui écrit qu'il va partir avec ses camarades et le Dr Delteil pour un camp d'internement le 19 août, fasse passer ses dernières volontés à celui qui part avec lui. Un testament se donne à la personne qui va sortir ; ainsi pourra t-elle le transmettre à la famille du condamné. Cette version semble improbable et purement fabriquée... Sans compter que le Dr Delteil ira dire devant les enquêteurs que Ramond avait parlé à un mouchard placé dans sa cellule par la Gestapo. Un officier de paix, rompu aux méthodes d'interrogatoires, aurait-il pu ainsi se faire piéger ? Bien entendu, le Dr Delteil raconte à qui veut l'entendre qu'il n'a dû sa libération qu'à son mutisme. Et s'il avait été libéré plus tôt ?... Le résistant F. Barthez, membre du réseau Cotre à Ferrais-Des-Corbières, note dans ses mémoires que Delteil a été libéré en même temps que sa femme de la prison de Carcassonne. C'était le... 17 août 1944. On peut s'interroger sur la disparition du registre d'écrou, qui existait encore à la police politique mise en place après la Libération. Sans ce registre, il nous est impossible de vérifier les dates d'entrées et de sorties des prisonniers. Par chance, le Dr Delteil, encore lui, avait recensé les noms et les adresses de tous. Avec quoi, l'a t-il fait ? L'histoire a retenu que le Dr Delteil est sorti le 19 août avec l'ensemble des prisonniers non exécutés à Baudrigues parce qu'il n'avait pas parlé. C'est vrai que les Allemands étaient magnanimes avec ceux qui se taisaient, surtout avec la cravache et le nerf de bœuf. Ils sont plusieurs dans l'histoire comme Jean Moulin qui n'ont pas eu cette chance.

    Ma conviction est que le Dr Delteil est sorti avant le 19 août, qu'il a parlé comme l'affirme l'épouse de M. Barthez dans sa déposition. Qu'on a fait disparaître le registre d'écrou. Qu'il a bénéficié de complices résistants emprisonnés comme lui et libérés, pour raconter la même chose que lui. Après quoi, on a inscrit dans le mur de la cellule de Ramond, le texte affirmant que Delteil y était encore le 19 août. Sachez encore que le Dr Delteil a été un des premiers à se rendre à Baudrigues et qu'il a tenu chez lui pendant plusieurs mois les débris de la lettre d'adieu de Bringer et ceux de Ramond. Craignait-il que ces derniers y fassent des révélations le mettant en cause ?

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  • Faisons la rue de la Gare en 1935 !

    Dans les années 1930, la rue de la Gare - qu'aucun Carcassonnais digne de ce nom n'appelle Georges Clémenceau -connaissait une grande activité. Tous les commerces y étaient représentés. Les boutiques rivalisaient de talent pour afficher leurs plus belles vitrines et la nuit, tout brillait de mille feux. Certaines d'entre elles étaient encore éclairées avec des ampoules en filament de carbone. Les plus modernes s'équipaient de la grande nouveauté de l'époque : le néon. Un progrès qui faisait rouspéter les inconditionnels de la T.S.F, accusé de brouiller la réception. Le cinéma Le Rex dont la belle enseigne en néon clignotait toute la nuit, fut l'objet d'une plainte de la part des riverains. En ce temps là, la rue de la Gare n'était pas piétonne, mais le peu de véhicules en circulation ne posait pas les problèmes d'aujourd'hui.

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    Dès la nuit tombée, après la sortie des bureaux, des usines, des commerces locaux, tout le monde se retrouvait rue de la Gare. Jeunes, moins jeunes, notables, personnalités... De six à sept, ce cortège arpentait les Champs Elysées Carcassonnais à partir du café La Rotonde jusqu'à la mairie. Le sens unique était respecté ; les promeneurs venant de la Rotonde étaient à droite ; au retour, ils viraient à gauche. Et pendant plus d'une bonne heure, les promeneurs "faisaient la rue de la Gare". Cela à pas lents et mesurés, en grillant moules cigarettes. Les jeunes se retrouvaient en parlant du prochain bal ou de la prochaine fête de quartier - la ville en compatit une dizaine. Les autres évoquaient leurs problèmes quotidiens. Les notables parlaient politique, faisait en refaisant les gouvernements, critiquant ou approuvant la gestion municipale. Parmi ces notables assidus de l'artère principale de la ville, citons les avocats Georges Soum, Bousgarbiès, Colondre, Sigé, Morelli, Bourdel ; les docteurs Philippe Soum, Papou, Mourgues, Albert Tomey, Pinel, Lapeyre ; les adjoints au maire, Manas, Jordy, Dons ; les journalistes Descadeillas (La dépêche), Pic (Le Télégramme), Bonnafous (L'écho), Barré et Dat de Saint-Foulq (L'éclair), Jammes (Le Midi Socialiste), Artozoul et Pidoux (Le Petit Méridonnal), Toulzet (Le Sud), Barrière (L'Express du Midi), etc.

    La seconde religion de Carcassonne était le rugby avec les anciens de l'A.S.C qui avaient joué à XV : Victor Depaule, Fernand Gayraud, Cadenat, Séguier, Nadal, Vassal, Caruesco, Joseph Raynaud, Cassagneau, Darsans, Bastié, Jean Roux, Casterot, Aguado, Cassignol, Jean Fau, Fraisse. L'ancien international Jean Sébédio, Hæner, Duchamp, Domayron, Tautil, Marre, Alexandre Renaud, François Andrieu, etc. L'A.S.C cycliste n'était pas en reste : René Bernat, Pedron. Les membres du Comité des fêtes comme Bernon, Faustin Farges, Maza, Jean Estrade. Les boxeurs Gaby Nunez et Boyé.

    Pour ce qui concerne les commerces, remontons la rue de la gare en partant depuis la place Carnot sur le côté droit : Cordonnerie Malgrat, bijouterie Marguet, courtier en vins Génie, confection Reynès, pâtisserie Huc Robert, photographe Bernon, maroquinerie Bourdier,

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    Confiserie Larène

    bijouterie Tarisse, bijouterie Vincent Millet, mercerie Bénédetti, Epicerie fine Larène, poissonnerie Henriette Faure, maroquinerie Courtines, droguerie Bugnard,

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    Bijourterie Mary, aujourd'hui Courir

    tabacs Porte, pharmacie Crépinet, bijouterie La Gerbe d'or, teinturerie Sicre, porcelaine Pagès, pâtisserie Tournié, bijouterie La Carillon, articles de chasse Artozoul, pâtisserie Cavaillé-Bièche, quincaillerie Ourliac, pharmacie, Hall de La Dépêche, parfumerie Charles et Lizon, Modes Roussel, Café La Rotonde.

    Redescendons de l'autre côté... Le Continental, bijouterie Jaurès, tabac La Régence, épicerie Depaule,

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    Les chaussures Alary,

    graines Elite et Clause, librairie Cros, coiffure Cazanou, tissus Bouchara, pâtisserie Cathala, opticien Dumont, pâtisserie Célestin Gau, Banque, Le Petit page de Mme Pouilhès, jouets "Au père Noël" de Kromer, graines Cathala,

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    Les Galeries de Paris, aujourd'hui Monoprix

    Les Galeries de Paris, chapellerie Arnal, Electoménager Falcou et Calvayrac, Maison Lalanne, Chaussures Bailly, maroquinerie Salse,

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    Quincaillerie Cuin, aujourd'hui Célio

    chaussures Bellan et à l'angle de la place Carnot le bureau de tabac Jordy.

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    Les chaussures Bellan, aujourd'hui B.N.P

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  • L'insurrection carliste de 1832 à Carcassonne sous la Monarchie de juillet.

    Après la prise de pouvoir des Orléanistes et l’avènement de la Monarchie de Juillet en 1830, un personnage politique fait son apparition. Il s’agit d’un banquier, régent de la Banque de France qui devient le 13 mars 1831 le Président des Conseil des Ministres de Louis-Philippe 1er. Périer s’était retrouvé rapidement nanti d’une grande fortune, ayant fondé un banque s’occupant d’armement maritime, du commerce de bois, de manufactures, etc. Il était également actionnaire de la Compagnie des Mines d’Anzin. Il était doué d'un tempérament autoritaire, d'un caractère souvent vif et de manières parfois brutales. « Je me moque bien de mes amis quand j'ai raison, disait-il ; c'est quand j'ai tort qu'il faut qu'ils me soutiennent. » Après avoir été Libéral sous la Restauration, Périer siège au Parti de la Résistance (Centre droit). Sa politique économique est marquée par son soucis de la reprise des affaires et n’hésite pas à réprimer la révolte ouvrière des Canuts à Lyon. C'est ce qu'on devait appeler désormais « le système du 13 mars », fondé sur la marginalisation du roi, la solidarité du cabinet et de la majorité parlementaire et la soumission de l'administration, ce qu’on désigna en deux mots : « une dictature libérale ».

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    Casimir Périer

    (1877-1832)

    Difficile de réconcilier tous les français après la Révolution française et d’assurer une stabilité institutionnelle. La Monarchie de Juillet va être confrontée aux attaques des partisans d’Henri V qui considèrent Louis-Philippe comme un usurpateur et par les Républicains. Ces derniers affichent leur hostilité au pouvoir coiffés de rouge dans les rues de Paris. Ces deux factions n’ont qu’une idée en tête renverser le pouvoir en place. Bien entendu, s’ils ont les mêmes desseins, ils n’ont pas les mêmes idéaux mais l’impopularité de Périer plaide en leur faveur. Son exercice du pouvoir autocratique dans une France miséreuse entraîne Louis-Philippe dans sa tourmente ; une aubaine pour les putschistes….

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    La duchesse de Berry

    Les Carlistes fervents partisans de la branche des Bourbons sont menés par la Duchesse du Berry ; ils rêvent de ravir le trône aux Orléans. La mère du jeune Henri V, Comte de Chambord, fomente depuis son exil un Coup d’état afin d’assurer la régence, en rétablissant la Monarchie absolue. Pour arriver à ses fins, elle tente de raviver les guerres de Vendée et tout ce que la France compte de Légitimistes. A la fin du mois d’avril 1831, elle débarque à Marseille où elle pense trouver des milliers de partisans prêts à la suivre. Le mouvement d’insurrection dans la ville phocéenne est réprimé, le drapeau tricolore est arboré sur le clocher de Saint-Laurent où les insurgés avaient placé le drapeau blanc. Quelques chefs ont été arrêtés. Des recherches sont faites contre ceux qu’on présume avoir été les moteurs secrets.

    A Toulon et à Castelnaudary des mouvements ont été également tentés sans succès par les Carlistes. La troupe de ligne et la Garde nationale de Toulon, de Marseille et de Castelnaudary ont vivement réprimé l’attentat d’une faction impuissante. Les criminels projets de la dynastie déchue avaient pour buts de s’étendre au Midi de la France.

    « On ne doit pas se faire illusion ; dans tout ce qui se passe depuis un mois à Paris comme dans les départements, les vrais coupables, les instigateurs ce sont les carlistes, tantôt agissant à front découvert, et tantôt se cachant sous le bonnet hideux et sanglant de l’anarchique Montagne. Des jeunes gens, entraînés par la fougue de l’âge ; séduits par des passions ardentes mais généreuses, ont pu tomber dans le piège tendu par les Carlistes, et devenir leurs dupes et leurs instruments. »

    La ville de Carcassonne n’échappa pas aux émeutes au début du mois de mai 1832. La foule des conspirateurs massée sur le Jardin royal (actuel square Chénier) s’en prit à la troupe chargée de faire respecter l’ordre. Un jet de pierre atteignit en plein front Pierre Louis d’Arnauld, Commandant le département de l’Aude. Amené dans la chambre qu’il occupait dans la maison Debosque, il sera retrouvé mort le 6 mai 1832 à 8h du matin par le chirurgien-major Antoine Marie Bertrand, médecin au 6e régiment de chasseurs à cheval. D’après une biographie du XIXe siècle, Vicomte d’Arnauld, Maréchal de camp, serait mort d’apoplexie foudroyante. Pierre Louis d’Arnauld qui avait survécu aux batailles de l’Empire décédait ainsi à l’âge de 60 ans.

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    Armes de la famille d'Arnauld

    La Monarchie de Juillet sera renversée en 1848 avec pour conséquences l’abdication de Louis-Philippe. La deuxième République s’installait alors au pouvoir, mais pour combien de temps ? Quant à la duchesse de Berry, son intransigeance ne permettra pas aux Bourbons de revenir au pouvoir après la chute du Second Empire. Elle incita son fils le Comte de Chambord, pressenti pour le trône, a refuser le drapeau tricolore. L'histoire de France tient finalement à peu de choses...

    Sources

    Recherches / Synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    ADA 11 / Registre des décès 1832

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