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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 148

  • Les parachutages dorés sur le département de l'Aude

    Mon père aimait à raconter dans les repas de famille ce que mon grand-père, petit artisan menuiser à la Barbacane, s'amusait à répondre aux inspecteurs des impôts venus le contrôler. Martial Andrieu ne manquait pas d'humour... Dans les années 1960, lorsqu'il recevait les charges inhérentes à son activité d'artisan, il lui arrivait de mettre un peu de temps avant de les régler au fisc. Des préposés des impôts se pointaient alors à son atelier pour réclamer la douloureuse. Mon grand-père sortait la phrase magique : "Croyez-vous que l'argent me tombe tous les matins en parachute devant la porte ?" A l'époque où mon père le racontait, j'étais trop jeune pour comprendre. Surtout, je ne m'étais pas comme aujourd'hui, intéressé de très près à l'histoire de l'Occupation dans l'Aude. J'ai découvert que le grand-père qui n'aimait ni les Allemands, ni leurs suppôts français, devait en connaître un rayon sur la soie tombée du ciel. Le pauvre, il est mort dans l'honnêteté avec sa petite pension d'artisan sans n'avoir pu monter une usine de meubles. Là, où certains sont devenus hôteliers ; des rentiers immobiliers, transporteurs routiers... Le parachutage doré n'était pas tombé dans la rue Dujardin-Beaumetz, mais dans quelques lieux bien connus de certains.  Au début du mois de juillet 1944, c'est 1 million et demi de franc à destination des maquisards qui disparaît dans la nature. Jean Bringer, le chef des FFI, est furieux !!! "Je vais trouver les coupables ; il me les faut, dit-il à sa femme." Le 29 juillet 1944, il est arrêté par la Gestapo... Curieuse coïncidence, n'est-ce pas ? Alors, j'ai cherché depuis des mois... Oh ! pas à Carcassonne. Et j'ai trouvé, j'ai trouvé ce qu'il y a de plus mauvais dans l'homme : la vanité, le pouvoir, l'argent !

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    Prenez Bringer (Chef FFI né à Vincennes) et Charpentier (chef parachutages, né à Neuilly-sur-Seine) qui ne sont pas issus de Carcassonne, chargés d'homologuer des terrains de parachutages. Prenez des résistants verreux qui les entourent mais qui eux connaissent fort bien la géographie de l'Aude. Bringer leur demande de trouver des terrains pour qu'il les homologue, afin que les alliés puissent larguer armes et argent pour aider les patriotes à libérer la France. Les verreux font parachuter sur de petits maquis fantomes puis le jour J, leurs complices s'emparent des fonds. Bringer furieux de la perte de cet argent, mène l'enquête et est sur le point de démasquer les coupables. A ce moment, les chefs verreux montent une conjuration et font arrêter Bringer et Ramond par la Gestapo au moyen d'agents français travaillant pour les nazis mais infiltrés dans les maquis. Ces résistants verreux ont un réseau de renseignement dans une clinique dans lequel ils jouent le double-jeu.

    Après quoi, ils font porter le chapeau à certains résistants authentiques de ces maquis pour se dédouaner.
    Bringer et Ramond sont exécutés à Baudrigues le 19 août, sans que la Résistance Carcassonnaise n'ait tenté de les libérer. Le Dr Delteil est le seul relâché et puis les autres s'ocupent de détruire les preuves, grâce aux postes qu'ils prennent au sein du Comité départemental de libération.
    Bringer est un martyr à vie mais eux ont le pouvoir politique et l'argent des parachutages.

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  • Le chef-d'oeuvre de Louis Lacombe, artisan plâtrier Carcassonnais

    Les plus humbles sont très souvent les plus méritants, il conviendrait ne pas l'oublier... C'est l'histoire d'un Carcassonnais né le 12 mai 1856 dans une famille miséreuse, comme il en existe tant dans la Cité médiévale à cette époque. Guillaume et Julie Lacombe exercent la profession de tisserand et habitent dans une vieille demeure accrochée à la Barbacane près du château comtal. C'est pour ainsi dire une espèce de bidonville dans lequel on subsiste grâce aux manufactures de draps pour un salaire de misère. Là, a vu le jour Louis Lacombe.

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    Louis Lacombe dans son atelier

    Cet homme singulier n'a pas suivi le métier de ses parents ; il s'est formé pour devenir artisan maçon. Plus exactement, plâtrier. Après son mariage avec Marie-Elisabeth Lannes en 1879, il a installé son atelier dans le faubourg de la Trivalle, numéro 138. Cigalet - c'est son sobriquet - voue une véritable admiration pour sa Cité à tel point qu'il envisage d'en faire une maquette. Chaque jour que Dieu fait, il monte chez la vieille dame de pierre. A l'aide d'un mètre ruban, il mesure lui-même la largeur des créneaux. Avec une corde, il pointe sa mesure afin de relever la hauteur des tours. Pas question d'être dans l'à-peu-près, car Cigalet veut que sa maquette soit parfaitement à l'échelle de 1/100e. Les remparts font deux kilomètres de long... Les cinquante tours et les cinq portes d'entrées sont d'une fidélité qui défie l'imagination. On y reconnaît chaque fenêtre, chaque mâchicoulis, chaque tuile. La maquette fait 20 mètres de périmètre et 4,50 mètres de diamètre.

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    © Monuments nationaux

    Détail de la maquette

    Ce qui impressionne, c'est le temps qu'à mis notre artisan pour réaliser cette œuvre : 40 années ! Tout son loisir y passa et quand on voit la beauté de sa Basilique Saint-Nazaire, on ne peut être qu'admiratif. Quand son travail fut achevé, Louis Lacombe en fit don à la Cité et on l'exposa dans une des salles du château. Jusqu'à sa mort en 1933, le petit plâtrier de la Trivalle faisait lui-même visiter son œuvre en noyer au touristes. Il reconstituait l'embrasement de la Cité avec des ampoules rouges... 

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    La basilique Saint-Nazaire et Saint-Celse

    La consécration suprême vint après sa mort, le 4 avril 1961, lorsque le Ministère de la culture classa la maquette à l'inventaire des Monuments historiques. Si vous visitez l'intérieur du château comtal vous verrez encore la sublime Cité de Carcassonne de Louis Lacombe. Le petit plâtrier devenu architecte miniaturiste.

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  • Léon Noubel (1908-1967) a donné son nom à une cité H.L.M

    Dans le quartier de la Trivalle sur l'emplacement de l'ancienne brasserie Fritz Lauer, on a construit une cité H.L.M qui porte le nom de Léon Noubel. Les anciens se souviendront de la haute cheminée qui dominait à cet endroit, dernièr vestige du passé industriel de Carcassonne. On peut imaginer aujourd'hui, le nom de Léon Noubel étant devenu éponyme, qu'aucun des locataires de cet ensemble d'appartements ne connaît la vie de cet illustre concitoyen. Nous avons donc souhaité lui rendre hommage et rappeler ce qu'il fut.

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    La Cité Léon Noubel, rue Flandres-Dunkerque

    Léon, Pierre Noubel naît le 10 novembre 1908 à Carcassonne. Comme beaucoup d'enfants de cette époque, il perdra son père lors du conflit mondial de 1914-1918. Adopté par la Nation, il réussit son certificat d'études primaires à l'école de la Cité. Toute sa carrière professionnelle se fera dans les Postes d'abord comme porteur de dépêches et de télégrammes, puis en tant que contrôleur des P.T.T au tri postal. Avec son épouse Irène et son fils unique Claude Noubel né en 1931, le couple vit dans la demeure familiale au 95, rue Barbacane. Sous l'Occupation allemande, Léon Noubel fait de la résistance Carcassonnaise au sein du N.A.P (Noyautage des Administrations Publiques) des Postes. C'est donc naturellement qu'il se retrouve en 1945 au Conseil municipal de la ville présidé par Henri Gout. Il y sera rappelé plus tard par le maire socialiste Jules Fil. "Pierrou" comme aimaient à l'appeler ses amis, avait toujours sa porte ouverte et se montrait d'une grande serviabilité. On le voyait au stade Domec en train d'encourager les vedettes de l'ASC XIII, mais on plus grand plaisir sur trouvait à l'Oun. Qu'est-ce que cela ? C'est le nom que les anciens donnaient à la place Saint-Gimer lors de fête du quartier. Une époque où les gens se retrouvaient pour déguster les escargots... 

    Léon Noubel était fier de ses trois petits-enfants dont l'aînée, France-Hélène née en 1957. Son fils Claude a sans doute aujourd'hui achevé sa carrière d'inspecteur des impôts à Châteauroux. Que dire de ses arrière petits-enfants Dorian et Alman ? Espérons désormais que la Cité Léon Noubel inaugurée après la mort de celui dont elle porte le nom, emporté par une embolie pulmonaire le 16 février 1967, ne vous soit plus totalement plus inconnue. 

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