Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 147

  • 700 000 Francs et 30 Louis d'or dans un parachute de l'O.S.S

    Sous l’Occupation, le réseau de renseignements AKAK était un groupe de résistance travaillant pour l’O.S.S (Office of Strategic Service) près du Consulat américain à Barcelone. Son chef Camille Fort avait initié et créé ce mouvement en parvenant à l’étendre à la France entière. A Carcassonne, il peut compter sur quelques agents occasionnels parmi lesquels l’abbé Courtessole, Antoine Arnal (Pezens), Madame Larregaine et André Rigail.

    Office_of_Strategic_Services_Insignia.svg.png

    Insigne de l'O.S.S

    Le 7 juin 1944, AKAK installe un campement près de Villeneuve-Minervois, précisément au hameau de Pujol-de-Bosc, dans lequel les hommes du réseau recherchés par les Allemands pourront se planquer et recevoir des parachutages pour la Montagne noire. Il y en aura cinq au total entre juillet et août 1944.

    Le 22 juin, Camille Fort se fait arrêter par la Gestapo à Toulouse dans l’une des chambres du réseau avec deux valises de documents sur lui. Les agents de la police secrète allemande avaient été avertis à l’avance, puisqu’ils eurent tout à loisir de mettre aussi la main sur les archives. Amené au siège du S.D, Camille Fort est alors interrogé selon les méthodes les plus violentes par l’équipe de choc de la police secrète allemande. En fait, que des français… Il y a là Georges Pujol, Jean-Marie Dedieu, André Carrera, Milher et Ladislas Raux. 

    Capture d’écran 2019-03-01 à 09.36.00.png

    © Encyclopédie de l'Ordre nouveau

    Georges Pujol

    La tête du réseau étant décapitée, on prend la décision de tenter de faire libérer Camille Fort. Comment ? Attaquer les armes à la main la prison Saint-Michel de Toulouse serait une pure action suicidaire. Alors, on envoie Casa l’un des membres du réseau, négocier avec l’équipe de choc de la Gestapo. Le contact ayant été établi ; il leur est promis une rançon d’un montant de 700 000 francs plus 30 Louis d’or et leur exfiltration vers l’Espagne. Marché conclu !

    Au début du mois de juillet 1944, un opérateur radio saute en parachute au-dessus de Pujol-de-Bosc avec le montant de la rançon financée par l’O.S.S de Barcelone. Le sous-lieutenant André Blanc porte sur lui près de 100 000 euros d’aujourd’hui sur lui. 

    GESTAPO-siège.jpg

    Le siège de la Gestapo à Toulouse, 2 rue Maignac

    A Toulouse, informés de la réception du colis, les cinq anciens tortionnaires libèrent Camille Fort la veille de son exécution : « Le 6 août, extrait de ma cellule et menottes aux mains nous prenions tous ensemble la route de l’Espagne… qui bizarrement sur la volonté de Casa bifurquait vers notre maquis. Là, il fallut convenir que nous ne pourrions pas aller par nos propres moyens en Espagne ; un avion qui ne devait jamais venir fut demandé à Alger. Et Gestapo, et mon frère, et Jacqueline, et équipe de renseignements de combat nous vécûmes tous ensemble. » Tous ces alliés de circonstance seront hébergés chez des personnes n’appartenant pas au réseau mais lui rendant service, comme Caze à Villarzel-Cabardès et Azalbert à Pujol-de-Bosc qui les  approvisionne en vivres et veille sur les opérations de parachutages. Il y a également les membres AKAK pour le secteur : Dr Jourtau de Caunes-Minervois et Louis Raynaud (Rollet) de Villeneuve-Minervois.

    2013.12.220022.jpg

    Le hameau de Pujol-de-Bosc

    Les agents de la Gestapo resteront à Pujol-de-Bosc dans l’attente de passer en Espagne, jusqu’au 25 août 1944. Soit une vingtaine de jours avec les résistants du coin. Entre-temps, Miller et Raux qui avait tenté de fausser compagnie avec une part du gâteau seront exécutés par leur ancien copain Dedieu, d’une balle dans la tête. Ce dernier n’oublie pas prendre les 150 000 francs que Raux avait sur lui. A la Libération, les trois anciens gestapistes restant seront arrêtés puis traduits devant une Cour martiale et condamnés à mort le 8 septembre 1944. Le 13 septembre 1944, ils tomberont sous les balles d’un peloton d’exécution à la caserne Cafarelli.

    L’histoire ne dit pas ce que sont devenus les 700 000 francs et les 30 Louis d’or… Gageons qu’ils ont dû être restitués aux Américains. Quant à un réseau travaillant pour les Yankees avec d’anciens gestapistes à côté d’un maquis communiste comme celui de Trassanel, au moment où ce dernier sera décimé le 8 août 1944 par une attaque Allemande. Cela fait désordre... Et Louis Raynaud qui appartenait aux deux formations, mais qui n’était pas à Trassanel le 8 août 1944.

    1144923805.2.jpg

    René Bach, interprète du S.D à Carcassonne

    Pourquoi donc avoir gardé ces traitres à cet endroit jusqu’à la Libération ? L’abbé Courtessole raconte qu’on avait proposé de l’argent à Bach et la vie sauve s’il faisait libérer Jean Bringer, mais lorsqu’il apprit ce qu’on avait fait à l’équipe de la Gestapo toulousaine, il dit : « Il me feront le même coup. » Comment Bach a-t-il pu apprendre l’arrestation de ses collègues puisqu’elle est postérieure au massacre du Baudrigues le 19 août 1944 ?

    Après son départ de Carcassonne le 18 août 1944, Bach a été arrêté par la Gendarmerie dans le Vaucluse. Pourquoi donc est-ce Louis Raynaud qui est allé le chercher pour le ramener dans l’Aude ? Pourquoi donc l’a t-on amené directement à la mairie de Villeneuve-Minervois pour l’interroger et pas à Carcassonne où siégeait le Tribunal militaire ?

    Toutes ces questions restent encore en suspens…

    Sources

    Archives militaires / Vincennes

    ______________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • La villa Odette, renferme un secret historique...

    Villa Odette
    Si vous prenez à la sortie de Carcassonne, la route minervoise en direction de Mazamet, regardez de l'autre côté du canal du midi. Au bord de celui-ci et au pied de la colline de Grazailles, se trouve depuis fort longtemps la Villa Odette. Elle est située juste en face de l'embranchement qui mène au lotissement de la Prade. Il s'agit d'une maison à la campagne, là où les carcassonnais allaient se rafraîchir les fins de semaine ou pour les vacances d'été. Un havre de paix jusqu'aux années 1950. On y retrouve le félibre et rédacteur de la Revue méridionale Achille Rouquet, qui avait une maison au milieu des vignes dans ce qu'il appelait Castelgrazailles.

    villa odette

    Bien moins connu est son passé pendant la Seconde guerre mondiale... Dans cette petit maison vécurent Jesus Rios, sa femme et leur fille. Ce réfugié républicain espagnol, ancien commissaire de la 234e Brigade de guérilleros du XIVe Corps pendant la Guerre civile, y tint une réunion importante. Entre le 15 et le 20 décembre 1941, c'est là que le Parti Communiste Espagnol en exil décida d'engager la lutte armée en France contre l'Allemagne et le gouvernement de Vichy. Découlant de ce rendez-vous, la délégation du Comité Central du P.C.E créera la XIVe Corps de guérilleros espagnols. Chaque militant fut appelé à délivrer la France de l'envahisseur nazi et de ses suppôts. La villa Odette est donc un site historique ; l'acte fondateur de la lutte des Républicains espagnols pour la liberté. 

    Villa Odette

    Une photo de ma collection de plaques de verre, montre la Villa Odette au début du XXe siècle. D'après Alfred Raucoules, cette petite maison appartenait à deux soeurs de la famille Courtine qui vendait des sacs à mains en face Monoprix (24 rue de la gare)

    Sources

    Les brigadas internacionales / Josep Sanchez Cervello / 2015

    Maquis i Pireneos / Sanchez i Agusti Ferran / 2009

    _________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2019

  • La veuve, le marchand de fromage et le chirurgien

    Dans un domaine près Roullens, le corps à moitié déchiqueté d'un chef résistant était retrouvé souillé par une explosion provoquée la veille. Aussitôt, quelques charognards avertis se précipitaient sur les lieux et ôtaient de la dépouille mortelle, la chevalière, le mouchoir et quelques papiers dans la poche du blouson. Fallait-Il qu'ils soient bien renseignés pour que dès potron-minet, leur mauvaise conscience leur conseillât ce triste forfait. Chemin faisant, ils croisaient un ami vautour, chirurgien de son état, avec lequel ils firent le trajet jusqu'à la grande ville. Là, devant l'hôtel de ville où siégeait un marchand de fromage auréolé d'un titre remporté dans les alcôves de la trahison, ils déposèrent ce qu'ils venaient prendre sur l'infortuné défunt : Chevalière, mouchoir brodé J.B et les papiers manuscrits. Chirurgien et marchand de fromage, entre charognards de compagnie, autour d'un déjeuner à la clinique devisèrent sur la bonne fortune.

    A 80 kilomètres de là, une veuve pas encore éplorée allait apprendre des Vautours repus et par télégramme, la triste nouvelle. Nous sommes le 27 août, soit 8 jours après le terrible incident. Avertir une veuve, une semaine après ? Que ceci est troublant ! On avait trouvé le corps le 20 août, inhumé le malheureux le 23 à Roullens, exhumé son cercueil le 26, prévenu la veuve le lendemain. Au cours d'une grande farce goldoniene, avec beaucoup de pleurs et de cinémas, les vautours organisèrent la parade autour des boulevards. Tout le cirque s'y trouvait, même les plus honnêtes. On enterra Bringer le 31 août, cette fois dans le caveau du marchand de fromage. Fallait bien se racheter, pour ces gens quel hommage ! Quant aux papiers manuscrits, ils ne furent pas rendus à la veuve mari. Ainsi se termina, le testament de Bringer et les preuves gravées dans un bout de papier, que les traitres avaient été désignés.

    ___________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019