Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 145

  • L'insurrection carliste de 1832 à Carcassonne sous la Monarchie de juillet.

    Après la prise de pouvoir des Orléanistes et l’avènement de la Monarchie de Juillet en 1830, un personnage politique fait son apparition. Il s’agit d’un banquier, régent de la Banque de France qui devient le 13 mars 1831 le Président des Conseil des Ministres de Louis-Philippe 1er. Périer s’était retrouvé rapidement nanti d’une grande fortune, ayant fondé un banque s’occupant d’armement maritime, du commerce de bois, de manufactures, etc. Il était également actionnaire de la Compagnie des Mines d’Anzin. Il était doué d'un tempérament autoritaire, d'un caractère souvent vif et de manières parfois brutales. « Je me moque bien de mes amis quand j'ai raison, disait-il ; c'est quand j'ai tort qu'il faut qu'ils me soutiennent. » Après avoir été Libéral sous la Restauration, Périer siège au Parti de la Résistance (Centre droit). Sa politique économique est marquée par son soucis de la reprise des affaires et n’hésite pas à réprimer la révolte ouvrière des Canuts à Lyon. C'est ce qu'on devait appeler désormais « le système du 13 mars », fondé sur la marginalisation du roi, la solidarité du cabinet et de la majorité parlementaire et la soumission de l'administration, ce qu’on désigna en deux mots : « une dictature libérale ».

    Perier,_Casimir.jpg

    Casimir Périer

    (1877-1832)

    Difficile de réconcilier tous les français après la Révolution française et d’assurer une stabilité institutionnelle. La Monarchie de Juillet va être confrontée aux attaques des partisans d’Henri V qui considèrent Louis-Philippe comme un usurpateur et par les Républicains. Ces derniers affichent leur hostilité au pouvoir coiffés de rouge dans les rues de Paris. Ces deux factions n’ont qu’une idée en tête renverser le pouvoir en place. Bien entendu, s’ils ont les mêmes desseins, ils n’ont pas les mêmes idéaux mais l’impopularité de Périer plaide en leur faveur. Son exercice du pouvoir autocratique dans une France miséreuse entraîne Louis-Philippe dans sa tourmente ; une aubaine pour les putschistes….

    La-duchesse-de-Berry-aristocrate-star-et-putchiste-ratee.jpg

    La duchesse de Berry

    Les Carlistes fervents partisans de la branche des Bourbons sont menés par la Duchesse du Berry ; ils rêvent de ravir le trône aux Orléans. La mère du jeune Henri V, Comte de Chambord, fomente depuis son exil un Coup d’état afin d’assurer la régence, en rétablissant la Monarchie absolue. Pour arriver à ses fins, elle tente de raviver les guerres de Vendée et tout ce que la France compte de Légitimistes. A la fin du mois d’avril 1831, elle débarque à Marseille où elle pense trouver des milliers de partisans prêts à la suivre. Le mouvement d’insurrection dans la ville phocéenne est réprimé, le drapeau tricolore est arboré sur le clocher de Saint-Laurent où les insurgés avaient placé le drapeau blanc. Quelques chefs ont été arrêtés. Des recherches sont faites contre ceux qu’on présume avoir été les moteurs secrets.

    A Toulon et à Castelnaudary des mouvements ont été également tentés sans succès par les Carlistes. La troupe de ligne et la Garde nationale de Toulon, de Marseille et de Castelnaudary ont vivement réprimé l’attentat d’une faction impuissante. Les criminels projets de la dynastie déchue avaient pour buts de s’étendre au Midi de la France.

    « On ne doit pas se faire illusion ; dans tout ce qui se passe depuis un mois à Paris comme dans les départements, les vrais coupables, les instigateurs ce sont les carlistes, tantôt agissant à front découvert, et tantôt se cachant sous le bonnet hideux et sanglant de l’anarchique Montagne. Des jeunes gens, entraînés par la fougue de l’âge ; séduits par des passions ardentes mais généreuses, ont pu tomber dans le piège tendu par les Carlistes, et devenir leurs dupes et leurs instruments. »

    La ville de Carcassonne n’échappa pas aux émeutes au début du mois de mai 1832. La foule des conspirateurs massée sur le Jardin royal (actuel square Chénier) s’en prit à la troupe chargée de faire respecter l’ordre. Un jet de pierre atteignit en plein front Pierre Louis d’Arnauld, Commandant le département de l’Aude. Amené dans la chambre qu’il occupait dans la maison Debosque, il sera retrouvé mort le 6 mai 1832 à 8h du matin par le chirurgien-major Antoine Marie Bertrand, médecin au 6e régiment de chasseurs à cheval. D’après une biographie du XIXe siècle, Vicomte d’Arnauld, Maréchal de camp, serait mort d’apoplexie foudroyante. Pierre Louis d’Arnauld qui avait survécu aux batailles de l’Empire décédait ainsi à l’âge de 60 ans.

    Blason_famille_fr_Pierre_Louis_Darnauld_(baron).svg.png

    Armes de la famille d'Arnauld

    La Monarchie de Juillet sera renversée en 1848 avec pour conséquences l’abdication de Louis-Philippe. La deuxième République s’installait alors au pouvoir, mais pour combien de temps ? Quant à la duchesse de Berry, son intransigeance ne permettra pas aux Bourbons de revenir au pouvoir après la chute du Second Empire. Elle incita son fils le Comte de Chambord, pressenti pour le trône, a refuser le drapeau tricolore. L'histoire de France tient finalement à peu de choses...

    Sources

    Recherches / Synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    ADA 11 / Registre des décès 1832

    _______________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Le Carcassonnais Etienne Laborde, officier de l'Empereur Napoléon 1er

    Etienne Laborde naît à Carcassonne le 3 décembre 1782 et est baptisé le lendemain dans la paroisse Saint-Sernin. Son père, Jean Laborde, occupe les fonctions de greffier à l’Hôtel de ville et sa mère, Jeanne Marie Menot, ne travaille pas. 

    Le 3 octobre 1793, le très jeune Laborde rejoint le 2e régiment de ligne dans lequel il occupe successivement les fonctions de caporal, fourrier, sergent et sergent-major. Le 7 juin 1809, il est en Espagne lorsqu’il reçoit son brevet de sous-lieutenant. Le 14 octobre 1811, le lieutenant Laborde suit son régiment en Allemagne, fait la campagne de Russie et passe Capitaine le 8 avril 1813 au moment d’entrer en Saxe.

    « M. Laborde s’est constamment distingué par son zèle pour le service, sa bonne conduite et sa bravoure, notamment au combat de Soltonanska en Russie le 23 juillet 1812, où cet officier, alors lieutenant de grenadiers au 85e de ligne, a sauvé la vie au grenadier Dranet, qui était de la même compagnie, tué de sa main un soldat russe, et blessé grièvement deux autres au moment où ces trois soldats russes allaient massacrer le grenadier Dranet, qui était tombé en leur pouvoir : c’est en récompense de cette action qu’il a été décoré de la Croix de la Légion d’honneur ! »

    Pendant le combat, il avait été blessé d’un coup de feu à la joue. Le 17 novembre suivant à Viasma, c’est au genou qu’il fut frappé. Parmi les actions courageuses de notre Carcasosnnais, ajoutons la note suivante : « Le 12 janvier 1814, M. Laborde reçut l’ordre de M. le général de Cambronne de partir à onze heures du soir de Langres (Haute-Marne) avec 150 hommes pour se réunir à un détachement de 600 hommes, commandé par le lieutenant-colonel Albert, du deuxième régiment de grenadiers, à l’effet d’aller attaquer 1200 Autrichiens qui s’étaient établis dans un village à une lieue et demie de Langres. M. Laborde, qui était placé avec 150 hommes à la sortie du village par où l’ennemi a cherché à se sauver, lui a fait beaucoup de mal, en a blessé plusieurs de sa main et a fait un grand nombre de prisonniers : c’est en récompense de cette action qu’il a été fait officier de la Légion d’honneur. » Ceci lui valut d’être élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur le 21 février 1814.

    Lorsque l’Empereur est exilé à l’île d’Elbe, ce dernier le choisit pour l’accompagner au sein du Bataillon-Napoléon avec grade de Capitaine adjudant-major, le 13 avril. Cette présentation avait été faite sur proposition du général Cambronne. Etienne Laborde eut l’occasion de rencontrer un autre Carcassonnais célèbre, le Baron Peyrusse, payeur de la couronne. Ce dernier se tenait à Orléans lorsque Laborde, gardien du trésor de l’Empereur garni de quarante-deux millions, s’y rendit afin de déposer le dernier fourgon contenant huit millions. Notons que les hommes qui accompagnaient l’Empereur portaient tous la cocarde tricolore jusqu’à l’embarquement. Cet embarquement d’évasion pour lequel il fut le premier averti le 26 février 1815. Le 1er mars pour Cent Jours, Napoléon remettait le pied en France et reprenait son pouvoir. La fidélité de Laborde sera récompensée par le grade de Chef de bataillon des chasseurs à pied de la Garde impériale.

    comment-les-francais-ont-gagne-waterloo,M227163.jpg

    La bataille de Waterloo

    Lors de la bataille de Waterloo, il se tient aux côtés du maréchal Ney. Sous la Seconde Restauration, il est rétrogradé au rang de capitaine et passe dans la Légion de l’Aude. Il reçoit la Croix de Saint-Louis le 25 mai 1825. Après 1830, on lui octroi les fonctions de Commandant de la place de Cambrai. Dix ans plus tard, alors que l’ancien officier profite de sa modeste retraite à Paris, il se rend à Londres et rencontre le prince Louis-Napoléon pour lequel il n’est pas inconnu. Avec dix-sept autres conjurés, il prépare une action à Boulogne-sur-mer contre le pouvoir de Louis-Philippe 1er, Roi des Français.

    Dans la nuit du 5 au 6 août 1840, Louis-Napoléon Bonaparte débarque avec une cinquantaine de conjurés près de Boulogne-sur-Mer. Prendre la ville, la sous-préfecture et la mairie nécessiterait trop d’effectifs. Les conjurés décident de se rendre à la caserne du 40ème régiment d’infanterie pour que celui-ci apporte les renforts nécessaires. La tentative est un échec. Contraint de fuir, Louis-Napoléon et quelques complices montent dans un canot pour rejoindre leur bateau. Des coups de feu éclatent, le prince est blessé, le canot chavire et les fugitifs sont recueillis. Arrêtés, ils sont traduits devant la justice royale.

    Le procureur général du Roi près de la Cour des Pairs, Franck Carré, les rend coupables « le 6 août 1840 d’un attentat dont le but était de détruire, soit de changer le gouvernement, soit d’exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité royale, soit d’exciter la guerre civile, en armant ou en portant les citoyens ou habitants à s’armer les uns contre les autres. » Etienne Laborde fera deux ans de prison à Chaillot dans la maison du docteur Pinel.

    Capture d’écran 2019-01-03 à 09.58.55.png

    Signature d'Etienne Laborde

    Après la Révolution de 1848, Louis-Napoléon se présente à l’élection présidentielle - la première au suffrage universel. Il est élu et laisse son siège de député de la Charente-Inférieure à Etienne Laborde qui siègera à l’Assemblée du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851. Ce bonapartiste se retrouve à droite dans l’hémicycle. Après le Coup d’état du Prince Président devenu Napoléon III, Il est nommé comme Gouverneur du Palais du Luxembourg où siège actuellement le Sénat.

    Etienne Laborde meurt à Paris (VIe arrondissement) le 31 juillet 1865 à 82 ans ; un très bel âge pour l’époque. Son unique fille Gabrielle mourra 18 ans avant lui à l’âge de 29 ans à Carcassonne chez le sieur Borrel, 6 rue Pinel alors qu’elle visitait cet apprêteur de draps.

    Capture d’écran 2019-01-03 à 11.51.10.png

    Ouvrage d'Etienne Laborde / 1840

    Sources

    Recherches / Synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    Le plutarque de 1847 / Biographie des hommes du jour

    ADA 11 / Etat-Civil

    Cour des Pairs / Procès-Verbal / 1841

    _____________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Des origines du square Sainte-Cécile à celui de Gambetta

    Ils ne sont plus guère nombreux les Carcassonnais qui ont vu encore debout l'ancien square avec son kiosque à musique, sa cascade, ses micocouliers, ces cygnes, sa grotte, etc. Bientôt, il ne nous restera plus que les photos et quelques livres de notre histoire locale pour apprendre ce qu'il fut avant le mois de mars 1944.

    En 1240, le Couvent des Cordeliers à l'Est de la Cité est détruit lors de l'insurrection de Trencavel. Saint-Louis ordonne sa reconstruction sur l'emplacement de l'actuel Square Gambetta. En 1355, le Prince Noir ne laissera que des ruines après avoir incendié la Ville basse. Le Couvent des Cordeliers est rebâti en face de la Porte de la rue Mage (rue de Verdun). Lors des guerres de religion, sur ordre de l'autorité militaire, le couvent sera rasé afin de défendre la ville contre les Huguenots. Les matériaux resteront sur place jusqu'en 1589 ! Une grande partie d'entre eux permettra de construite le Bastion de la Figuère (aujourd'hui disparu) et l'enceinte ceinturant la ville. Il faudra 4050 charrettes de pierres pour réaliser ce travail. A la Révolution, ce terrain est attribué à Hyacinthe Robert et devient en partie un jardin potager : "L'Horte des Cordeliers". La partie Ouest est dévolue aux Marchands de charbon et de bois. La construction du Pont neuf entre 1841 et 1846 aura pour effet de niveler le sol. Le 18 janvier 1880, le nouveau square adopte sa forme rectangulaire. Le travaux ne débuteront finalement que sous le Second-Empire, après 1859. Maisons et dépendances sont expropriées ; en attendant, la place sert pour la vente de bijoux, cirques, représentations théâtrales, etc. Quand le square est enfin achevé, il prend le nom de Sainte-Cécile, la patronne des musiciens.

    Capture d’écran 2018-12-20 à 12.01.34.png

    C'est le 7 juillet 1883, par décision du Président de la République, que le Square change de nom. Il faut honorer Léon Gambetta, avocat et homme politique. Les Carcassonnais se divisent entre les partisans de la musique à qui on enlève l'identité, les ceux de la République fiers que l'on distingue Gambetta. Comme pour la place aux Herbes, les vieux Carcassonnais disaient encore "Square Sainte-Cécile". La place Carnot c'est moins poétique, d'autant plus que le Président de la République Sadi Carnot avait été victime d'un assassinat perpétré par un anarchiste italien. 

    135.jpg

    On avait cru que la guerre et ses bombardements avaient épargnés Carcassonne. Hélas, c'était sans doute sans compter sur les lois de la stratégie militaire, capable de toutes les destructions. Au mois de mars 1944, les Allemands qui occupent toujours la ville, décident de raser le Square Gambetta. Depuis le débarquement en Provence, ils craignent que les alliés ne rentrent dans Carcassonne par la route de Narbonne. Afin d'avoir une vue dégagée depuis la rue de Verdun, ils décident d'abattre tout ce qui se trouve dans cette ligne droite vers le Pont neuf. Ils ne vont pas se salir les mains... Comble de l'ignominie de cette armée barbare, ils vont exiger que les Carcassonnais le fassent eux-mêmes. Des hommes sont requis par la municipalité, beaucoup traînent les pieds. D'autres, sont menacés de représailles.

    Capture d’écran 2018-12-20 à 11.59.12.png

    C'est avec lenteur que le square disparaît. Dès le 27 mars 1944, la cascade est démolie. Dans l'après-midi, le romantique kiosque à musique est attaqué. A 18 heures, il est à terre.

    019.jpg

    © ADA 11 / Chanoine Sarraute

    Le square le 25 août 1944

    Le 28 mars, les poissons des bassins et les cygnes majestueux sont recueillis et mis en d'autres lieux privés. Seuls, les platanes des allées sont préservés grâce un employé communal. Le centre du square se retrouve complètement rasé et transformé en glacis. Des vestiges de ce square se trouvent chez des particuliers. Certaines statues ont été mises à l'abri, d'autres n'ont jamais été retrouvées.

    _________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018