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Carton rouge - Page 9

  • La ville de Carcassonne, à côté de la plaque avec le peintre Jean Camberoque

    Il y a 100 ans, naissait le 23 février 1917 le peintre Carcassonnais Jean Camberoque. Ses peintures, ses céramiques et ses sculptures en béton contribuèrent largement, à diffuser une notoriété qui dépassa nos frontières. Cet autodidacte fut tout de même encouragé dès ses débuts par Joë Bousquet : "Il a voulu faire de l'espace la mesure du ciel". Le poète qui avait dans sa liste d'amis des peintres surréalistes tels que Max Ernst ou Tanguy, leur présenta le jeune Camberoque. Ainsi débuta la carrière de ce Carcassonnais pétri de talent mais qui n'eut, comme beaucoup d'autres, que le malheur de s'attacher à sa ville natale. Il disait que le ciel au-dessus d'elle avait la couleur d'une coquille d'huitre.

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    © Charles Camberoque 

    Artiste prolifique et d'une curiosité absolue pour les nouvelles techniques ; il suivit une formation dans les ateliers de Sant Vicens à Perpignan. C'est là qu'il développa son art pour la céramique, allant jusqu'à créer de nombreuses œuvres qui figurent encore dans bien des bâtiments publics : écoles, collèges, foyers de jeunes travailleurs... Si les mairies dans leur ensemble ont respecté cet héritage, soit en le restaurant (à Narbonne), soit en le déplaçant (à Trèbes), d'autres (à Carcassonne) sont allés jusqu'à le détruire.

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    La maison natale du peintre, 39 rue A. Marty

    Le 15 novembre 2006, une plaque à la mémoire de Camberoque était apposée sur la façade de sa maison. On la doit au Club Soroptimiste de Carcassonne ; association philanthropique dont la présidente avait été Yvonne Camberoque, épouse du peintre. A l'initiative de Pascale Chinaud, ce souvenir indique au passant la présence de l'artiste en ce lieu. En présence de son fils Charles, de sa petite fille Nina et de son épouse Yvonne, on dévoila cette plaque. Dans l'assistance, quelques amis comme Gisèle Jourda et Jacques Arino. Gérard Larrat, le nouveau maire de Carcassonne prononça un discours.

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    © Nathalie Amen-Vals / Midi-Libre

    Avant-hier nous publions un article, concernant la destruction d'une partie de la céramique réalisée par Camberoque à l'école Jules Ferry, avenue Jules Verne. Les services de la mairie ont délibérément percé une ouverture dans le mur et posé une grille en fer.

    http://musiqueetpatrimoinedecarcassonne.blogspirit.com/archive/2017/06/22/une-oeuvre-originale-de-camberoque-vandalisee-a-l-ecole-jule-225669.html

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    Après le percement de la porte et la pose de la grille en 2017

    J'ai saisi aussitôt la ville de Carcassonne afin d'obtenir des explications sur le vandalisme d'une œuvre d'art. Située sur l'espace public, dans une école primaire dont elle a la responsabilité. D'après mes recherches, cette céramique aurait été réalisée lors de la construction de l'école. Le 1% de l'état obligatoire consenti à une œuvre d'art dans le cadre d'un édifice public, donnerait une caractère juridique à cette destruction. 

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    Au moment des travaux en 2008

    Nous avons obtenu par mail les "explications" des services techniques de la ville de Carcassonne.

    "Les travaux de création d'un sas pour la piscine du Viguier, ont été réalisé en 2008 .

    Ces travaux n'ont eu aucune incidence sur la fresque de Mr Camberoque, qui était déjà dégradée à cette date depuis de nombreuses années.

    Il semblerait que la fresque se soit dégradée dés le début de sa mise en place du fait d'une mauvaise adhérence entre les céramiques et le support.
    Les équipes municipales ont récupérés et conservés une partie de ces carreaux."

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    Derrière le mur, une porte a été murée mais il valait mieux en créer une autre

    Finalement à Carcassonne, il est permis à des employés communaux de maçonnerie de juger de l'état de dégradation d'une œuvre d'art. Inutile donc d'alerter la DRAC, ni les héritiers du peintre.

    Que par chance, la dégradation était pile à l'endroit où il fallait percer une porte puisqu'ailleurs elle semble en bon état.
    Que cela justifie aussi une saignée dans la céramique pour installer une grille en fer.
    Que "cela n'a eu aucune incidence puisqu'elle était dégradée", alors que l'œuvre est désormais tronquée d'un tiers. En effet, un tableau de Dali amputé d'un tiers resterait -il toujours un tableau de Dali ?
    A carcassonne, on peut détruire tout sous prétexte que c'est dégradé. Qu'attend-on pour raser la Cité ?

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    A Trèbes, la mairie a rasé la salle des fêtes dans laquelle se trouvaient des céramiques de Camberoque. Elle ont été réinstallées sur un mur, à la sortie vers Villalier.

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    A Limoux, la céramique réalisée en 1969 accueille toujours les visiteurs de la cité blanquetière.

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    Sur le Lycée du Dr Lacroix à Narbonne (1960)

    Cette œuvre a été réalisée au moment de la construction du lycée vers 1960 et en constitue le « 1% artistique ». Cette procédure de soutien à la création, instaurée en 1951, au départ dans le cadre des nouveaux bâtiments de l’Education Nationale, a été créée à l’initiative du sculpteur audois René Iché (1897-1954). Le coût de cette oeuvre a été de 2372 NF, c’est-à-dire 1% du budget de la construction du lycée (part de l’État). La céramique de Carcassonne a dû être réalisée dans ce cadre ; c'est donc un bien de la Nation.

    http://cache.media.education.gouv.fr/file/Ressources/88/4/Fiche_1_-_Lacroix_-_Narbonne_449884.pdf

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    Anciennement sur la route de Gruissan, cette céramique de Camberoque a été restaurée en 2013 et placée contre la façade de l'Office du tourisme de Narbonne-plage. On citera également celle de l'école André Pic de Port-la-Nouvelle.

    Avouez qu'à "Carcassonne, ville d'art et d'histoire" cela la fiche un peu mal. Continuons donc à laisser la maçonnerie municipale s'occuper du devenir de nos œuvres d'art...

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  • Une œuvre originale de Camberoque vandalisée à l'école Jules Ferry

    Dans ce quartier populaire de Carcassonne, la presse se fait très souvent l'écho des faits divers de vandalisme perpétré par certains individus désœuvrés. Or, le vandalisme ne saurait-être assimilé particulièrement à une population, une communauté voire une jeunesse. Il existe bel et bien un autre type de saccage inodore mais loin d'être indolore. Nous voulons parler de celui des cols blancs ; ceux qui a longueur d'année se chargent de diffuser la morale et le civisme, à travers l'école et la police. 

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    Il y a quelques jours, je suis tombé sur un documentaire de 1969 réalisé sur le peintre Carcassonnais Jean Camberoque. Il est sans doute inutile de le présenter, car nous avons déjà fait un article et nombreux sont parmi vous, ceux qui le connaissent. Dans ce film diffusé pour la télévision régionale, Camberoque évoque son travail de céramiste et comment il en avait fait l'apprentissage. En 1949, alors qu'il passait dans la région de Castelnaudary, il s'arrêta chez un potier céramiste. Il s'intéressa à la matière de l'émail, particulièrement à la couleur des pots et des assiettes. Elle pouvait se prêter à des réalisations murales et leur donner un peu de gaité. Ainsi, il fit un séjour dans une poterie en se familiarisant à la technique - les couleurs qui sont crues ne rendent leur éclat qu'après la cuisson. Ce n'est qu'après cette période d'initiation, que Camberoque réalisera une œuvre en céramique sur la façade du collège du Dr Lacroix à Narbonne en 1960. Signalons au passage, que la sous-préfecture de l'Aude a prix soin de faire restaurer l'ensemble des œuvres du peintre, se trouvant dans sa juridiction. C'est très certainement peu de temps après, qu'une céramique décorera l'entrée de l'école Jules Ferry dans le quartier du Viguier à Carcassonne.

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    Voici l'œuvre dans son intégralité en 1969

    "Cette œuvre en céramique réalisée pour l'école Jules Ferry est au fond symbolisée par ce mouvement un peu joyeux des enfants. Le tout, dominé par ce poème d'Eluard qui s'appelait "Liberté", dont j'ai écrit quelques phrases en haut de la céramique. J'ai essayé de traduire une espèce de gaité, de joie de vivre. J'espère y être arrivé." (Jean Camberoque / 1969)

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    Piqué par ma curiosité coutumière, j'ai envoyé un ami prendre des photographies sur place. A dire vrai, j'étais loin de m'attendre à pareil vandalisme sur une œuvre d'art. Un peu comme si le Conservateur du Musée des Beaux-arts de Carcassonne avait cisaillé en deux un tableau de Gamelin pour faire de la place, la céramique subit un sort identique. Au fond, n'est-ce pas un musée à ciel ouvert avec une valeur pédagogique, puisque situé dans une enceinte scolaire ?

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    A une date que nous ne saurions déterminer, une partie de la céramique a été supprimée afin de réaliser une porte d'accès. On peut estimer qu'un bon mètre et cinquante centimètres ont été détruits. Déjà, une grille en fer du plus bel effet est venu s'appuyer sur les carreaux avec une saignée dans le mur. Plus loin, la pose d'un interphone a supprimé une dizaine de carreaux. Si cette œuvre gênait les nouveaux aménagement indispensables à la vie quotidienne de l'école, on aurait pu chercher à avertir les héritiers du peintre. Tout simplement, rechercher une autre solution qu'une basse manoeuvre de maçonnerie exécutée avec l'assentiment de la mairie et de la direction de l'école.

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    Le poème de Paul Éluard sur la liberté, a été amputée de ses deux premiers vers. N'est-ce pas là, un beau symbole ? Les responsables ne pourront pas affirmer qu'ils ne connaissaient pas l'auteur de cette céramique. Elle est signée en bas et à droite... Hier, j'ai informé le cabinet du maire de Carcassonne. Au-delà de cas, cela pose la question de l'avenir des ouvres d'art sur l'espace public de notre ville. Depuis longtemps, je réclame la constitution d'une commission afin de les inventorier. Le désert n'est pas assez grand à Carcassonne pour ceux qui veulent y prêcher...

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  • Depuis 50 ans, ce mobilier urbain qui n'a pas changé dans Carcassonne...

    Il y a exactement 53 ans, la municipalité de Carcassonne faisait procéder à l'élargissement du Pont neuf et de l'avenue du général Leclerc, afin de supprimer un goulot d'étranglement à cet endroit. Le pont réalisé en 1844, devenu trop étroit pour la sécurité des automobilistes et la fluidité du trafic, allait connaître une véritable cure de jouvence. Le montant total de l'opération avoisinait les 1 400 000 francs.

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    © Droits réservés

    Les travaux en 1964 sur le Pont neuf

    Ainsi que l'on peut le voir à gauche sur la photo ci-dessus, on fit passer les câbles électriques sous le nouveau tablier en béton. Pour quelle raison ? En 1961, la ville avait engagé en plusieurs tranches, la mise en éclairage public de l'avenue Leclerc depuis le square Gambetta. Les vieux Carcassonnais se souviennent encore qu'avant 1964, seul l'astre lunaire faisait office de réverbère. Des lampadaires modernes et du plus bel effet pour l'époque, allaient enfin illuminer leurs soirées d'hiver. A Carcassonne, on aime visiblement conserver les vestiges urbains des Trente glorieuses. 

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    Le nouvel éclairage public vers le Pont neuf

    On remplaça donc les vieux candélabres par des lampadaires de 125, 250 et 400 watts. Montant total de l'opération, près de 1 500 000 francs. Ce qui peut nous paraître extraordinaire, c'est qu'après 53 ans on n'ait pas changé ce vieux mobilier urbain. 

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    Aujourd'hui, les lampadaires de 1964 sont toujours en place depuis le Pont neuf jusqu'en haut de l'avenue Leclerc. Certes, me direz-vous, mais s'ils fonctionnent à quoi bon les changer ? Il se trouve que cette avenue qui devrait être magnifique, est tout simplement notre entrée de ville depuis Narbonne. Celle par laquelle les touristes transitent, lorsqu'ils quittent l'autoroute à Trèbes pour accéder au parking Gambetta. Celle où ils admirent la Cité depuis le Pont neuf... Bref, c'est toute l'avenue qui devrait être repensée car sa perspective n'a rien d'engageante. Surtout, elle donne d'entrée une image vieillotte de la ville, classée à l'UNESCO. Ne parlons même pas des lauriers roses, en guise de végétalisation afin de séparer les deux voies en leur centre. A part masquer, un radar à 50 km/h...

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    Vu sur le Pont neuf élargi en 1964

    En même temps que l'on élargissait le pont, la ville créait une voie d'accès vers la Trivalle. Le café Calmet et autres artisans furent priés de partir et l'on fit l'actuelle place Gaston Jourdanne. Là encore, on devrait rendre un peu plus chatoyant cet endroit où l'anarchie du stationnement, donne un fâcheuse impression sur le touriste. Rien n'y a été entrepris depuis 53 ans.

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    La place Davilla en 1973

    Comme nous sommes un peu taquin, nous avons fait le même constat place Davilla. Tiens ! Les lampadaires de 1964. La place qui comprenait une espèce de rond-point en son centre, venait d'être repensée en 1973.

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    Si le lampadaire au premier plan a été remplacé il y a deux ans, pour quelles raisons conserve t-on encore celui (plus haut) sur la place où se trouvent les commerces ? Un peu d'homogénéité n'aurait pas fait de mal. Combien de temps, faudra t-il encore attendre pour que ceux de l'avenue Leclerc soient enfin changés ? Si notre petit article pouvait seulement faire avancer un peu les choses...

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