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Carton rouge - Page 12

  • La dyslexie des transcripteurs du cadastre Carcassonnais

    Nous pourrions continuer à nous amuser autour des plaques de rues de cette bonne ville de Carcassonne, tant les coquilles sont nombreuses et variées. Pour s'en dédouaner chaque nouvelle municipalité qui a eu à affronter la critique a cherché à botter en touche : "Ce n'est pas nous, c'était déjà là avant". Comme chaque enfant pris le doigt dans le pot de confiture... Sauf que là, il ne s'agit pas d'enfantillages mais de respect pour les personnages de l'histoire de France, auxquels on doit rendre l'hommage qu'ils méritent. Dans un article publié hier, un journal local relate la communication de la mairie selon laquelle l'ensemble des erreurs va être corrigé. Reprenant le sempiternel refrain "elles étaient là, avant nous", le responsable explique qu'une commission extra-municipale d'historiens et de passionnés, va être mise en place pour pallier désormais à toutes ces erreurs. Là, on voudrait bien sourire mais cette personne ignore que cette commission existe déjà - sûrement parce qu'elle ne se réunit jamais. Sous la municipalité précédente, Madame Martinez - 1ère adjointe - présidait ce cénacle chargé d'attribuer les nouveaux noms de rues et d'en modifier les erreurs. On comptait déjà dans ses rangs MM. Marquié et Bonnet - deux érudits incontestés. Il semblerait que l'efficacité des réunions n'ait pas permis de transformer sur le terrain, les bourdes inscrites sur les panneaux. Pourquoi ? La réponse se trouve dans l'article d'hier. Le responsable explique que c'est le service technique - pas le service culturel, ni du patrimoine - qui s'occupe des modifications et des remplacements des plaques. Autant demander à mon boucher de faire vêler les vaches ! Je rappelle que est "Carcassonne, ville d'art et d'histoire" et "Patrimoine mondial". Ajouterions- nous le label "Ville d'improvisations" ?

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    Les services municipaux font plus de shopping dans les Galeries Lafayette, que d'histoire avec le Marquis de la Fayette. Quant à la particule, elle ne prend jamais de majuscule. 

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    Jacques Offenbach devenu subitement suédois fait un come-back, mais c'est loin d'être comme Bach. Dans cette rue, j'avais fait changer les plaques en 2012. Une seule résiste encore, juste pour se démarquer ou pour rappeler le peu de sérieux de nos communaux.

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    Je me suis amusé à faire le tour du quartier - je suis taquin. A des endroits, la rue Beethoven est seulement indiquée par des numéros. Je croyais que c'était les numéros de ses symphonies... Non, c'est pour faciliter la vie du facteur.

    Le cadastre

    Au service du cadastre Carcassonnais, on doit recevoir la charge en héritage depuis des décennies. Comment expliquer alors qu'ils soient tous atteints par une dyslexie aigüe ? Nous avons observé que de très nombreux noms de quartiers ont été modifiés en dépit de toute recherche historique. Cela ne tient qu'à une lettre, mais qui change radicalement l'histoire locale. Plaignons les chercheurs lorsqu'ils doivent analyser et confronter les plans anciens avec ceux d'aujourd'hui...

    Quelques exemples

    La FerraNdière est devenue La FerraUdière

    (Zone du côté de Salvaza)

    CucurLis est devenu CucurNis

    (Route de Toulouse)

    Le domaine de MoUreau devient MoReau

    (Route de Berriac)

    St-Jean de BrucaFel devient St-Jean de BrucaTel

    (A Grazailles)

    Le chemin de MaleLait devient MaTelait

    (A Villalbe)

    GrazailleS devient Grazaille

    Le GPS

    Autre inconvénient - non sans conséquences - les GPS perdent la boussole. Par exemple, à Villalbe... La rue Joseph Comes (1893-1979) - un ancien conseiller municipal du hameau - prend le prénom de Jean. Pourquoi ? Sur la plaque, il est inscrit J. Comes. La ville ne savait plus si c'était Jean, Joseph ou peut-être encore Josabeth. Au petit bonheur, on a opté par Jean. Manqué ! 

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Carcassonnais, vous n'avez pas honte ?

    C'est un choc, un véritable sentiment d'horreur ! Le poids des mots, le choc des photos ; pour reprendre le slogan du plus connu des magazines de reportages. Comment a t-on pu laisser faire cela dans une ville comme Carcassonne dont le nom historique résonne de l'orient à l'occident ? On vous aura parlé sans doute de ces prédateurs immobiliers étrangers sans foi, ni loi, connus pour avoir pillés nos châteaux.

    Vous a t-on expliqué que dans notre ville, on a laissé faire les mêmes pratiques ? Là, à deux pas de la place Carnot et du centre historique que l'on appelle La bastide Saint-Louis... Oui, nous sommes coupables de ne pas nous y être intéressés, comme tous ceux ayant eu en charge cette ville qui, à des degrés divers, auront fermé les yeux sur ce saccage. Mais bon sang, à qui profite le crime ? Car, on n'en est pas ici à un coup d'essai; on pourrait d'ailleurs dresser la liste exhaustive des bâtiments historiques laissés à l'état de ruine par le fait d'une escroquerie ou d'un je m'en foutisme général. Oh ! bien sûr, on ne sait que trop qu'il ne faut pas gêner les personnes au sein de relations politiques. Ah ! C'est lui le propriétaire ? On ne va pas l'emmerder, toute sa famille vote pour nous. Voilà, comment pendant des décennies le patrimoine de Carcassonne s'est retrouvé ruiné et aux mains de marchands de sommeil bourgeois qui vont à la messe le dimanche et logent la semaine, de pauvres hères dans des conditions indignes de salubrité. La C.A.F leur règle l'addition, mais eux ne manquent jamais de pester en public contre toutes ces aides sociales que l'on distribue aux assistés et aux immigrés. Pourtant, on trouve des roumains dans leurs bobinards désaffectés qui, pris de saturnisme remplissent la salle d'attente de leurs cabinets.

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    Au n°77 de la rue de Verdun, caché par des moellons du plus bel effet, se trouve un hôtel particulier du XVIIIe siècle construit par Guillaume Castanier, propriétaire de la manufacture royale de la Trivalle.

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    Guillaume Castanier

    Si ce bâtiment est actuellement fermé de la sorte, c'est qu'il a été squatté à la suite d'un projet immobilier qui a mal tourné - un de plus à Carcassonne. En fait, il s'agirait même d'une escroquerie d'après les journaux locaux.

    Les faits remontent à 2000.
    La société montpelliéraine CTMO (groupe Quarate) est spécialisée dans la réhabilitation d'’immeubles situés dans des centres-villes sauvegardés, à des fins de défiscalisation. Vingt-sept personnes, disséminées dans la France entière, ont ainsi été démarchées pour un investissement de type “loi Malraux” concernant l’'hôtel particulier Castanier-Laporterie, au 77 de la rue de Verdun.

    "On nous proposait des affaires clefs en mains avec toute l’apparence de la légalité", explique Jean-Pierre Ghilini, qui aurait perdu 170 000 euros dans l’opération. Problème, les travaux n'’ont jamais commencé malgré le déblocage des sommes. Pire, la société a été mise en liquidation judiciaire en 2007.
    Face à l’ampleur de l’affaire (Ndlr : 18 chantiers du groupe Quarante seraient concernés), le dossier a finalement été confié à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille en 2006. Depuis, l’'affaire est toujours en cours. "Plusieurs juges d’instruction se sont succédés et il a été extrêmement difficile de rassembler tous les papiers", raconte Me Renucci-Pepratx.

    (Le Midi-libre)

    Ainsi, pendant des années l'immeuble est resté ouvert aux courants d'airs. Qui s'en souciait ? Fort heureusement, la Bastide étant en secteur préservé, l'hôtel particulier ne pouvait être rasé. Vous savez qu'à Carcassonne, nous avons des experts ; ils laissent pourrir un bâtiment jusqu'à ce qu'il soit ruiné.  C'est à ce moment-là qu'intervient un bailleur social pour raser et édifier quatre étages de béton avec le concours d'architectes, spécialisés dans la construction de cages à poules. Au mois d'octobre dernier, il a pu être visité par des particuliers dans le cadre d'une future vente aux enchères publiques. C'est grâce à la contribution de l'un d'entre eux que nous diffusons ces photographies, non pas pour dénoncer mais pour alerter sur l'état de péril imminent de l'Hôtel Castanier-Laporterie.

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    Dans les années 1990...

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    Au même endroit en 2016

    Suivez le guide, attention à vous...

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    L'entrée par la rue de Verdun

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    Cour intérieure, accès aux étages

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    Façade donnant sur la cour

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    Vue sur la cour depuis le 1er étage

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    Le balcon du 1er étage

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    Escalier d'accès avec ses tomettes d'origine

    C Cage escalier plafons eventrés du deuxieme etage Photo MHM.jpg

    Une partie du plancher écroulée

    C cage escalier premier etage porte donnant sur terrasse Photo MHM.jpg

    C'est pour un très gros chat, sûrement

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    Les infiltrations d'eau font des ravages

    C poutres et gravas venus du toit sur le premier etage Photo MHM.jpg

    Accès aux salons XVIIIe

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    Une très belle pièce ajourée

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    Ici, on a emporté la cheminée

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    Là, les ornements en plâtre...

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    Même la tuyauterie en cuivre...

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    Les stucs n'ont pas été épargnés

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    L'arrière du bâtiment donne dans la rue Aimé Ramond. C'est par là que rentrait le carrosse tiré par des chevaux, remisé ensuite dans les écuries.

    Venez avec moi à Albi...

    Un autre patrimoine mondial de l'UNESCO met en valeur ses hôtels particuliers et les propose à la visite dans le cadre de l'Office du tourisme.

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    Hôtel de Castelnau

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    Hôtel de Gorsse

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    Hôtel de Reynes

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    Hôtel de Saunal

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    Hôtel Decazes

     

    Albi, chef-lieu du Tarn (49 342 habitants) - Patrimoine UNESCO

    Carcassonne, chef-lieu de l'Aude (46 724 habitants ) - Patrimoine UNESCO

    20 ans de retard ! au moins...

    Crédit photos pour Albi

    La dépêche

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Scandales et gâchis à la Bibliothèque municipale de Carcassonne

    Comment la ville de Carcassonne qui court depuis tant d'années après un pôle universitaire, pourra t-elle un jour s'en prévaloir sans une médiathèque, outil indispensable à tout chercheur et étudiant ? Comment l'état et la région pourraient-ils s'investir dans un tel projet, alors même que Carcassonne est dans l'incapacité depuis cinq ans de remplacer feu l'ancienne bibliothèque municipale ? Voilà un sujet qui ne manque pas d'audace et qu'il vaut mieux - pour la compréhension de tous - reprendre chronologiquement depuis le début...

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    Depuis 1861, Carcassonne possédait une bibliothèque municipale installée dans l'ancien Palais de justice, situé au début de la rue de Verdun. C'est même à cet effet que les locaux furent acquis par la ville ; le musée des Beaux-arts n'y viendra que quelques temps après. Cette bibliothèque s'enrichit grâce aux dons de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne ; les membres de cette association savante sont à l'origine du fonds constitué par de nombreux et inestimables incunables. Flamenca, monument anonyme de l'amour courtois, exhibe ses sobres pages de parchemin parcourues du texte en occitan. Dans la même armoire, les œuvres de Saluste consignées dans un livre du XVe siècle partagent les rayonnages avec un livre d'heures en latin rehaussé d'une enluminure pleine page sur parchemin, les œuvres de Quintilien ou encore un Policraticon de Jean de Salisbury du XIVe siècle...
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    © La dépêche

    Jusqu'en 2011, la bibliothèque reçut ses lecteurs dans sa vieille salle de lecture, au premier étage du musée des Beaux-arts. Les livres poussiéreux se trouvaient rangés et à la vue du public dans l'ancienne bibliothèque des moniales de l'abbaye de Lagrasse - elle a été démontée depuis sans que l'on sache où elle se trouve. Alors que la ville de Narbonne s'était dotée d'une belle médiathèque numérisée en centre-ville depuis le début des années 2000, Carcassonne utilisait encore les fiches cartonnées du XIXe siècle dans un local sans sortie de secours, ni système pour réguler la température. Il était temps pour les élus de prendre en main l'avenir de la Bibliothèque municipale...

    La bataille électorale

    A la fin de son mandat, le maire de Carcassonne M. Gérard Larrat annonce la réalisation future d'une médiathèque sur les terrains de Prat-Mary, en bordure de la route de Limoux. Lors de la campagne des élections municipales de septembre 2009, l'équipe de l'opposition socialiste dénonce l'implantation d'un bâtiment à l'extérieur de la ville qui n'aura pour vocation que de tuer sa fréquentation. Arguant qu'il faudra un véhicule pour s'y rendre, la liste "Tous pour Carcassonne" déclare - si elle est élue - qu'elle achètera le bâtiment de l'ancien EDF au square Gambetta. C'est là qu'elle aménagera la médiathèque en promettant de refaire l'ancien square, rasé pour un parking souterrain. Le maire sortant, répond qu'il faudrait d'abord que l'EDF soit vendeur - ce qui n'est pas le cas - et que l'implantation à Prat-Mary se justifie par le fait de sa position géographique au coeur de la Communauté d'Agglomération.

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    © La dépêche

    L'ancien EDF au square Gambetta

    Les élections municipales de 2009 sur fond d'invalidation pour fraude électorale, sont remportées par l'équipe de Jean-Claude Pérez. Immédiatement, son adjoint à la culture M. Alain Tarlier qui endosse également la présidence de l'Agglo, annonce que la ville va se porter acquéreur de l'ancien EDF. Il y a un os... Le préfet souhaite y installer l'ensemble de ses services. Quant au président de l'Agglo, il propose 2,6 millions d'euros pour ce bâtiment. C'est une promesse de campagne, Alain Tarlier fera la médiathèque à cet endroit.

    "Gérard Larrat, qui ce week-end affirmait sur son blog que « la médiathèque ne se fera pas à Gambetta ». Le maire déchu affirme que « ce projet n'est pas réalisable ». Et réaffirme que le sien, à Prat-Mary, était (forcément) le meilleur, raison pour laquelle il avait l'assentiment des élus de l'Agglo. Sauf qu'un « travail pédagogique » a été fait avec les édiles en question et que, désormais, c'est le projet de Gambetta qui fait l'unanimité. Seul point qui suscite quelques roumégances : ce n'est pas demain la veille que la Culture et les médias auront un écrin digne de ce nom."

    (La dépêche /9 février 2010)

    Un an plus tard, on apprend dans la presse que l'état renonce à investir les locaux de l'EDF laissant à la ville l'opportunité d'y faire sa médiathèque. L'arbitrage du premier ministre M. Fillon a plaidé pour la construction de locaux sur le boulevard Barbès. La voie est libre pour la médiathèque à Gambetta, mais le préfet rappelle à M. Pérez que ce bâtiment est en zone inondable - c'est d'ailleurs pour cela que l'état y a renoncé. Idem pour le terrain d'en face qui en plus doit être dépollué, mais là encore la ville indique qu'elle n'en fera qu'un lieu d'exposition.

    Le désherbage

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    Au mois d'août 2011 - en plein été et à la vue de tous - la bibliothèque municipale de Carcassonne passée sous la responsabilité de la Communauté d'agglomération effectue un désherbage. Les locaux doivent faire place nette car M. Tarlier envisage un agrandissement du musée des Beaux-arts dans l'ancienne salle de lecture. Les livres doivent être déménagés dans un local loué au Crédit agricole à Montquiers ; il faut faire de la place.

    Des centaines de livres et de revues sont jetées dans une benne à ordures dans la rue de Verdun. Alors que les gens se précipitent pour récupérer des ouvrages, des érudits alertent le président de l'Académie des Arts et des Sciences de Carcassonne. Une passe d'arme d'échanges musclés s'engage alors entre M. Gérard Jean et le conservateur de la bibliothèque ; il n'hésite pas à parler de Bibliocauste, car selon lui, il se trouve dans cette benne des ouvrages de valeur. Gérard Jean écrit au préfet et saisit les autorités culturelles de l'état ; de leur côté MM. Tarlier et Mercadal promettent un procès en diffamation au président de l'Académie - Gérard Jean sera relaxé par le tribunal en janvier 2015. Le conservateur de la bibliothèque tombe en dépression et se met en arrêt pendant plusieurs semaines.

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    Emmanuel Pidoux

    © La dépêche

    Le 20 août 2011, M. Pidoux indique que tous les livres ont été transférés à Montquiers dans un bâtiment loué au Crédit agricole. Les incunables se trouvent aux archives départementales ; le reste des ouvrages est dépoussiéré et nettoyé afin de supprimer la moisissure. L'entrepôt dans ce bâtiment n'étant que provisoire, la nouvelle médiathèque ouvrira en 2015 à Gambetta. 

    Habiller Paul pour déshabiller Jacques

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    L'oeuvre de M. Tarlier fait son chemin... On éjecte la bibliothèque sans projet concret, pour agrandir à grands frais le musée des Beaux-arts. En janvier 2013, le musée se dote de nouvelles salles consacrées à l'art contemporain dans les anciens locaux de la bibliothèque. Durant l'été, elles accueilleront le parcours d'art contemporain, évènement culturel ambitieux pour Carcassonne. Pendant ce temps, l'ancien EDF qui devait servir de médiathèque devient le siège de la Communauté d'Agglomération, alors même que l'ancienne Roseraie - avenue du général Leclerc - avait été achetée pour à cet effet pour 2 millions d'euros à Habitat Audois. C'est aujourd'hui un bâtiment désaffecté - toujours propriété de l'Agglo.

    Jean-Luc Roux interpelle "Au départ, la médiathèque devait être aménagée dans les bâtiments d'EDF. J'en déduis que vous souhaitez garder le siège de l'Agglo dans le site actuel. Mais alors que va devenir le site de la Roseraie que vous avez acquis ?".

    Jean-Marie Mercadal a souligné l'importance de la localisation de la future médiathèque, comme liaison entre ville basse et ville haute. "Pour la Roseraie, nous trouverons d'autres destinations lorsque nous aurons une opportunité", a rajouté le vice-président. 

    (L'indépendant / Janvier 2013)

    Toujours plus fort

    Toujours en ce mois de janvier 2013, le conseil de l'Agglo entérine l'acquisition d'un terrain appartenant à GDF rue Pierre Germain, juste en face des anciens locaux de l'EDF qui devaient servir de médiathèque. Par coup de baguette magique, ils sont devenus le siège de l'Agglo. C'est sûr, ce terrain de 1,2 ha verra la construction de la future médiathèque à l'horizon 2016. L'acte de vente a été signé chez un notaire le jeudi 24 janvier 2013. Coût : 600 000 € alors que les domaine l'avaient évalué à 355 000 €

    A cela, il faut ajouter 120 000 € de frais de cabinet d'étude pour la conception du futur bâtiment, dont la destinée se trouve entre les mains d'un comité de pilotage. Un concours d'architecte désignera celui qui sera en charge de sa réalisation. Il est dit que les travaux débuteront au début de 2014. Grain d'sel, situé rue Fédou, devra être libérée pour la réalisation d'un musée archéologique. Il y a toutefois un hic... Le terrain de GDF est non seulement en zone inondable, mais il faut encore le dépolluer. Le coût de cette opération reste flou... La facture totale s'élèverait finalement à 19 millions d'euros pour un bâtiment de 4300 m2.

    "Gilbert March, seul contre cette délibération, s'est ému du coût : "Vous m'aviez promis qu'elle ne coûterait pas plus de 10 M€!". Même réflexion pour Jean-Paul Ferrif qui s'est abstenu lors du vote : "Le recours systématique à l'emprunt est risqué." Tamara Rivel, élue de Carcassonne, s'est interrogée sur le devenir des antennes existantes. Grain d'Aile, située à la halle à la volaille, se transformerait en salle d'exposition ; Grain d'Art subsisterait ; et Grain d'Sel, deviendrait un musée de la préhistoire, selon Jean-Marie Mercadal.

    L'adjointe au maire chargée de l'urbanisme s'est étonnée que son service n'ait pas été consulté, - à l'exception du risque inondation -, pour l'intégration de cet outil dans ce quartier de Carcassonne. Erreur en partie réparée hier car l'élue fera partie du jury qui choisira le maître d'œuvre, alors que sa participation n'était pas initialement prévue."

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    Le projet de la médiathèque

    © La dépêche

    En novembre 2013, parmi les 120 candidatures reçues quatre projets d'architectes ont été retenus pour le sprint final. Il s'agit de Rudy Ricciotti, de Odile Decq, de Loci Anima et du cabinet Du Besset-Lyon. Le budget est passé en dix mois de 19 M à 23 M d'euros. Il est prévu que les travaux débutent au début de 2015 pour une livraison fin 2016. Selon Alain Tarlier, c'est "un projet pour les 50 à 60 ans à venir"

    La fin des illusions

    Après des élections municipales de 2014 favorables à l'équipe de Gérard Larrat, un nouveau conseil d'agglomération se met en place. Celui-ci désigne comme président le socialiste Régis Banquet en remplacement d'Alain Tarlier. Malgré une assemblée largement favorable à la gauche sortante, le député et ex-maire de Carcassonne J-C Pérez n'obtient pas de Vice-présidence. C'est dans ce climat de règlement de comptes - dans tous les sens du terme - que va se décider le sort de la médiathèque.

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    © L'indépendant

    Au mois de mai 2014, Régis Banquet reconnaissant maladroitement qu'il n'a l'image d'un homme de culture - comme c'est regrettable ! - indique que "Cette année, nous avons inscrit au budget de l'Agglo ce qui était prévu : la suite du concours d'architecte et les études. La médiathèque, comme les autres projets, fera partie de toutes les réflexions que nous mènerons sur les ajustements budgétaires. Mais, contrairement à ce qui a été dit, rien n'est décidé !". 

    Un million d'euros pour rien 

    Le 16 janvier 2015, le président Banquet renvoie aux calendes grecques le projet de médiathèque initié par son prédécesseur : "C'est un projet infaisable". En vérité, sa réalisation plomberait pour de longues années le budget d'investissement de l'Agglo, d'autant plus que la facture de 23 M pourrait s'alourdir au final. Si l'on en croit La dépêche du 5 avril 2014, ce sont pas moins de 960 000 € qui ont été déboursés par la collectivité pour un projet renvoyé sine die. 

    La facture se compose ainsi : 600 000 € (achat du terrain) + 120 000 € (cabinet d'étude) + 60 000 € de dédommagement aux quatre candidats architectes = 960 000 €. Voilà donc une belle affaire pour les comptes publics.

    Un lapin sort du chapeau

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    Grain d'aile

    © Aude tourisme

    Le 11 avril 2015, on apprend que la ville de Carcassonne souhaite reprendre l'espace aménagé sous les halles, occupé par la médiathèque Grain d'aile. Il s'agit d'un lieu de lecture de la presse, d'emprunt de livres récents et de CD avec libre accès à internet. Grain d'aile avait été aménagé par la municipalité Pérez avec le concours de l'Agglo. La nouvelle municipalité avance que ce lieu est très dispendieux en chauffage l'hiver ; elle souhaiterait en faire un centre d'exposition culturelle - comme c'était le cas avant la perte de la mairie par Gérard Larrat. Plus d'un an après, Grain d'aile est toujours là pour la grande joie des habitués.

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    Au même moment, un lapin sort du chapeau de l'Agglo. Elle pourrait acheter à la Mutuelle de l'Aude, le bâtiment que celle-ci met en vente sur l'avenue Roosevelt. Soit à près de 2 km du Square Gambetta ! Retour à la case départ : 10 ans de perdus et 1 M d'euros plus tard pour une querelle géographique. La dépêche indique alors, qu'il faudrait débourser 8 à 10 millions pour l'achat de l'immeuble, avant de tout mettre en oeuvre pour sécuriser les ouvrages. Ce projet serait toujours en veille...

    Montquiers

    Ce qui devait n'être que provisoire s'est installé dans la durée. Les ouvrages sont toujours entreposés dans des locaux non adaptés près du domaine de Montquiers. Le bâtiment est loué au Crédit agricole depuis 2011 pour la somme annuelle de 120 000 € (Source : La dépêche). Cela fait donc 600 000 € à rajouter à une facture déjà insoutenable. Ce n'est d'ailleurs pas prêt de changer de si tôt.

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    D'après les informations que nous avons, il y aurait un gardien pour sécuriser le site. Concernant le risque de sinistre, le bâtiment ne serait pas aux normes actuelles. La bouche incendie ne se trouverait pas à une distance suffisante et ne délivrerait pas assez de pression pour une intervention optimale des services de secours. Il est urgent pour les élus de l'Agglo de prendre la mesure des risques de l'anéantissement de plusieurs milliers de livres, en grande partie irremplaçables. 

    960 000 € (projet médiathèque) + 600 000 € (frais de location depuis 2011) = 1 540 000 € de dépensés en pure perte.  Carcassonne mérite mieux que toute cette gabegie.

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    La médiathèque de Narbonne

    © CAUE

    Sources

    La dépêche

    L'indépendant

    Magazine de l'Agglo

    Tracts campagne élections municipales 

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