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Carton rouge - Page 13

  • Comment la plus extraordinaire collection de tableaux de peintres surréalistes disparut de Carcassonne...

    Toute sa vie durant le poète Joë Bousquet ne cessa d'acquérir, d'échanger voire de se faire offrir des toiles de maîtres, comptant aujourd'hui parmi les plus côtés de la peinture surréaliste. On estime à près de 150, le nombre d'oeuvres ayant transité par la chambre du 53, rue de Verdun. Jamais personne n'a été en mesure de recenser avec précision et dans le détail, le catalogue complet des toiles faisant partie de la collection Bousquet. Pierre Cabanne et Yolande Lamarain s'y sont essayés avec brio dans leur ouvrage paru en 2005, mais d'une façon incomplète ; leur enquête se base sur les échanges épistolaires de Bousquet, dans lesquels il évoque certaines de ses acquisitions. De notre côté, nous avons voulu pousser plus loin en recherchant ces toiles d'après les ventes chez Drouot, Sotheby's ou encore Christie's. Certains de nos efforts ont été récompensés, car d'autres tableaux peuvent désormais s'ajouter à la liste de Pierre Cabanne. Ce sera le fruit d'un prochain article...

    À l'évidence, Joë Bousquet - aidé dans sa tâche par Paulhan et d'autres connaisseurs - eut le nez creux et l'intelligence de comprendre que ces artistes quasi anonymes à son époque, allaient prendre une tout autre dimension dans le futur. Ces toiles achetées entre 1930 et 1950 pour 3000 francs en moyenne atteignent des sommets. Pour exemple en 2011, deux tableaux de Max Ernst se sont vendus chacun 2 millions et demi d'euros et 840 000 euros chez Sotheby's - Bousquet en a possédé 28. Ne parlons même pas des toiles de Magritte qui séjourna quatre mois à Carcassonne en 1940 ; elles dépassent le million d'euros - Bousquet en possédait 8.

    Alors comment cette fabuleuse collection a t-elle pu quitter Carcassonne après la mort du poète, alors même qu'il avait souhaité qu'elle ne fût pas dispersée ? 

    Le testament de J. Bousquet

    Il faut d'abord savoir pour comprendre ce qui va suivre que le poète fut "excepté de succession" par son père. Autrement dit, de l'immense fortune du Dr Bousquet il n'en vit presque rien... Dans l'ouvrage "Hypocrisies de Joë Bousquet" (François Berquin / Presse universitaires Septentrion / 2000), le poète Carcassonnais tente d'expliquer les raisons pour lesquelles il a été déshérité par son père. On retiendra deux idées forces : son père a cru que son fils mourait avant lui ; son père n'a pas voulu faire hériter un enfant qui n'était pas de lui. Qui peut raisonnablement étudier la personnalité de Bousquet, sans jamais avoir eu connaissance de cette profonde cicatrice ? Nous vous laisserons lire son émouvant poème "Le déshérité" ; sa nièce - Marie-Denise Aurengo- se confie au mémorial du Chemin des dames :

    "On le lit la larme à l’œil parce que c’est quand même ahurissant, avec la vie qu’il a eue, qu’il ait pu savoir écrire une chose pareille. J’ai essayé de le faire mettre en chanson, j’avais écrit à Yves Duteil et Yves Duteil m’a répondu une lettre très aimable en me disant qu’il n’avait pas le temps en ce moment mais qu’il aurait aimé pourvoir mettre en musique le texte d’un homme qui a dû tellement souffrir dans sa vie. Lisez-le, je trouve qu’il est merveilleux ce poème."

    En ce qui concerne Yves Duteil, l'excellent Jean Pidoux m'avait raconté que le chanteur de "la langue de chez nous" avait habité dans sa jeunesse à Carcassonne dans la rue Marceau.

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    Joë Bousquet rédige un testament en 1943 déposé chez Llobet à Carcassonne. Certains en ont connaissance - ce n'est pas mon cas n'étant pas du sérail templier de la rue de Verdun. Impossible donc de vous dire ce qu'il contient. A défaut, nous nous obligeons à passer par d'autres chemins... Ainsi, sommes-nous tombés sur un courrier de Bousquet en date du 10 octobre 1946, adressé à James Ducellier. Ce dernier fut l'homme de confiance et l'ami du poète qui lui légua un nombre conséquent de toiles de Ernst et plusieurs exemplaires inédits de ces écrits. Dans cette lettre, Bousquet est en train de corriger les épreuves de la Connaissance du soir (Editions Gallimard) et fait établir pour Ducellier un exemplaire de tête se distinguant des dix (Hors collection) nominatifs sur papier couleur - imprimé à son nom et chiffré à part.

    Le poète souhaite créer un cercle Joë Bousquet afin "que pourvu de personnalités morales, ce cercle puisse hériter de mes tableaux et de mes livres." Il s'inquiète de savoir s'il y a avantage financier à faire hériter le cercle, car il ne veut pas que son testament puisse être annulé, où s'il vaut mieux désigner un ou deux exécuteurs testamentaires. Savoir comment domicilier la collection : "mon désir étant que tout reste en place au 53, rue de Verdun. L'exécuteur testamentaire c'est évidemment toi, et à défaut Nelli. Il y aura en outre un lien avec Paris à prévoir officiellement. Soit Paulhan. Car je ne veux pas qu'après mon départ, le cercle se ferme et se provinciale. C'est malheureux la tendance de Nelli. Et ce serait la sclérose.

    Une salle J. Bousquet au musée

    Après un incendie en 1942 et la mise à l'abri des toiles pendant l'Occupation dans un endroit que nous ignorons, le musée des Beaux-arts de Carcassonne ouvre à nouveau en 1948 ; René Nelli occupe alors le poste de conservateur. En 1951, après la mort du poète, le président de la Société des amis de Joë Bousquet souhaite ouvrir au sein du musée, une salle dans laquelle seraient exposées des toiles surréalistes provenant de la collection de l'illustre personnage. Le leg de Bousquet a été partagé entre cinq héritiers membres de l'association ; Nelli leur propose de mettre en dépôt leurs tableaux. Lui-même s'engage à titre d'exemple à déposer des oeuvres provenant de sa propre collection, dont certaines ne viennent pas de chez Bousquet.

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    © Musique et patrimoine

    Cette salle Joë Bousquet constituée essentiellement à ses débuts d'oeuvres surréalistes et abstraites, a finalement perdu tout intérêt au début des années 1960. D'abord, comme le note René Nelli "la collection a été dispersée tout de suite après la mort de Bousquet par la famille et vendue misérablement ; ensuite, un concours de circonstances a amené "les amis" à venir retirer leurs dépôts à partir de 1961. L'année précédente, un gros collectionneur de Carcassonne vendit tous ses Max Ernst - il s'agit sûrement de James Ducellier qui les déposa à la Galerie André-François Petit de Paris. Des marchands d'art firent alors pression sur les cinq personnes ayant confiées des tableaux au musée. Ils revinrent tous sur leur parole - la plupart avaient donné ces tableaux - sans signer de donation définitive. Ainsi furent retirés 3 Ernst , 1 Beaudin, 1 Arp, 1 Dali. Certains confiés à Piet Moget pour les vendre à Paris. On compte parmi leurs propriétaires, deux professeurs de philosophie à la Sorbonne originaires de Carcassonne, un professeur de philosophie et syndicaliste de l'Hérault et la soeur de Bousquet.

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    L'oiseau

    (Max Ernst - Circa 1925)

    La salle Joë Bousquet avait perdu ses pièces maîtresses ; seules subsistaient celles de la collection de Madame Georges Roumens - c'est-à-dire un Ghika et un Metzinger. La ville fera l'acquisition de "Académie de femmes" (Charles Kvapil), "Quai de Conti "(Marquet) et de la tapisserie "Soleil" de Marc Saint-Saëns. Cette dernière s'est longtemps retrouvée accrochée au-dessus du lit de Bousquet. Quant à l'état, il déposera un Guigou, "La cité de Carcassonne" (Valémi) et "le buste de Joe Bousquet (Salomé Vénard).

    L'affaire du Dr Jean Girou

    Jean Girou - érudit local et membre de plusieurs sociétés savantes - favorisa grandement le rayonnement touristique du département de l'Aude à travers le Syndicat d'initiative (ESSI), dont il fut le président jusqu'en 1963. Cette année-là il se confie dans un courrier à Nelli : "Merci d'abord pour le témoignage d'amitié dans mon éviction scandaleuse de l'ESSI à Carcassonne menée par Sablayrolles avec la complicité de Drevet, Noubel et Bonnafous. Il indique avoir eu l'intention de donner sa bibliothèque locale et régionale au Conseil général et au musée, faire une salle Jalabert (10 tableaux) et offrir 10 autres toiles modernes.

    "Je ferme le robinet !"

     Si son portrait peint par Achille Laugé a été offert au musée de Montpellier, en revanche il compte venir reprendre ce qu'il a laissé en dépôt dans celui de Carcassonne : Le portrait de sa femme par Laugé, Une femme nue en pied de Derain, une lithographie de Toulouse-Lautrec représentant Blum à la Revue blanche, son portrait par Desnoyers, "place de la concorde" par Delaunay et "Jeune fille" par Hermine David.

    "Après les manifestations de reconnaissance supprimées par la municipalité !!! Je tiens à récupérer ce que j'ai en dépôt dans votre musée."

    Jean Girou venait également d'écrire une pièce de théâtre en cinq actes "Trencavel et la Louve de Pennautier". Il espérait qu'elle puisse être jouée à Carcassonne, mais l'envoi du texte à Jean Deschamps et Jean Alary, n'a même pas suscité un accusé de réception de leur part.

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    ©Musée de Narbonne

    Jean Girou par Desnoyer

    La démission de René Nelli

    Nelli, déçu et amer d'avoir été ainsi lâché par ses amis, ne va pas être au bout de ses peines en ce début d'année 1963 : "La création de la salle J. Bousquet me valut plus de sarcasmes que d'encouragements". Alors que le musée des Beaux-arts de Carcassonne est fermé depuis deux ans à cause d'une voie d'eau dans la toiture, une tribune signée par un étrange Jean Bedos de Castelnaudary au sujet de la salle Bousquet, va déclencher une polémique dans laquelle la gestion de Nelli se trouve mise en cause.

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    © jacques-zwobada

    Pierre Cabanne à l'Institut du Monde arabe en 1993

    Utilisant un nom d'emprunt (Jean Bedos de Castelnaudary), le journaliste et critique d'art Pierre Cabanne signe une tribune dans le numéro 916 du journal "Arts". Pourquoi un pseudonyme ? Le journaliste est né à Carcassonne ; ce fut un ami de René Nelli puisqu'il lui a offert plusieurs de ses toiles en 1948. 

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    "Je me renseignais et j'appris que les tableaux prêtés par les héritiers de Joë Bousquet avaient été vendus à Paris par l'intermédiaire d'une galerie (André-François Petit, ndlr) et les soins d'un médecin de la ville assisté d'un peintre étranger installé dans la région (Piet Moget ?, ndlr), lesquels, évidemment, avaient largement trouvé leur compte dans l'opération !"

    Le 5 juin 1963, M. Jean Châtelain - Directeur des musées de France - demande des comptes au Conservateur de Carcassonne en lui demandant de s'expliquer sur ces révélations. Le lendemain, René Nelli écrit au maire de Carcassonne - Jules Fil - pour lui annoncer sa démission.

    "Comme les musée est très en désordre, je crois qu'il ne serait pas prudent d'annoncer tout de suite qu'il n'y a plus de conservateur. Cela pourrait tenter les voleurs. Et je tiendrais à passer l'inventaire au nouveau conservateur, après recensement des objets fais en sa présence."

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    René Nelli

    Le 12 juin 1963, Robert Mesuret - Inspecteur des musées de province - prend la défense de R. Nelli dans un courrier à Pierre Cabanne. Il met en évidence les contradictions et la méconnaissance de l'accusateur en ce qui concerne les collections du musée. Comment un illustre inconnu (M. Bedos) peut-il être si renseigné sur la collection Bousquet, alors que l'établissement est fermé depuis deux ans. Le conservateur n'avait aucun pouvoir de s'opposer à la reprise des tableaux par leurs propriétaires. Ces oeuvres auraient pu rester à Carcassonne, à condition que la ville s'en soit porté acquéreur et que cela lui soit proposé. 

    "Nous voyons souvent des collectionneurs qui ont refusé de vendre à un musée, se laisser tenter par des opérations occultes qui échappent au regard du fisc. Et si nous nous souvenons que ceux-ci sont tous des légataires, nous comprenons qu'ils redoutent les agents des finances, que la législation française, moins favorable que celle des pays étrangers, n'a pas su exclure des opérations faites soit à titre onéreux, soit à titre gratuit, au bénéfice des Musées."

    Ce même M. Mesuret indique cinq jours plus tard :

    "Bien que M. Nelli soit assuré qu'un article aussi malveillant ne puisse trouver un écho ni auprès de M. le Ministre, ni auprès de vous-même, Monsieur de Directeur, il n'a pas laissé d'en être contristé, voire surpris, car M. Cabanne qui est originaire de Carcassonne est son élève et son obligé."

    Il loue la thèse de René Nelli sur "L'érotisme des Troubadours" à la Faculté des lettres de Toulouse et son implication au sein du Laboratoire d'Ethnographie de l'Institut d'Etudes Occitanes où en tant que fondateur, il a fait déposer les collections au Musée Paul Dupuy. La ville de Carcassonne n'a jamais consenti à créer un poste de conservateur à temps plein. Nelli ne touchait qu'une petite indemnité...

    Le 1er octobre 1963 - sans chercher à le retenir - le maire Jules Fil entérine la démission de René Nelli. Il sera remplacé par René Descadeillas - Docteur es-lettres - qui a été correspondant de la Dépêche sous l'Occupation. On avait réussi à avoir la peau de Nelli... Mais qui ?

    Épilogue

    La grande valeur morale de René Nelli ne saurait être remise en cause. Le soutien du Ministère des Affaires culturelles aux arguments du conservateur suffit à le conclure. A contrario, il semblerait qu'à Carcassonne l'on ait obtenu la tête de Nelli par le truchement d'une Kabbale orchestrée dans l'ombre. Jalousies ou vengeances ? En l'état, nul ne peut le savoir.

    Quant à la collection Bousquet... Le Musée des Beaux-arts de la ville pourrait encore aujourd'hui détenir la plus fabuleuse collection surréaliste au monde. Comme l'a écrit Nelli :

    "On ne peut pas demander à des particuliers peu fortunés, pas collectionneurs du tout, et peu enthousiasmés par la ville, de faire à la municipalité des cadeaux aussi somptueux."

    Notons également que le musée prenait l'eau et que ce fut le prétexte pour que les héritiers viennent reprendre leurs toiles. Il a été délivré un reçu à chacun d'entre eux, lesquels pour des raisons diverses sont repartis avec leurs biens. Par exemple, celui-ci vendit à Paris la sculpture de Jean Arp afin d'acheter un nouveau véhicule... L'histoire ne dit pas si le produit des ventes aurait pu aller une Fondation en l'honneur de la mémoire de leur illustre donateur - cela se saurait. Si vous voulez contempler désormais la collection Bousquet, il vous faudra vous rendre à : Musée Dali (Figueras), Musée Thyssen (Madrid), Museum of Art (New York), Musée d'art moderne (Paris), Kunsthaus (Zurich), etc...

    Vendues pour pas grand chose en 1962, ces toiles valent aujourd'hui plusieurs centaines de milliers d'euros. Elles ne retourneront jamais à Carcassonne...

    rené nelli

    La tombe de J. Bousquet à Villalier

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  • Faut-il débaptiser la rue Georges Clémenceau à Carcassonne ?

    Après l'armistice de 1918, on n'a pas tari d'éloges à l'égard de celui qui fut considéré comme l'architecte de la victoire des troupes françaises contre l'armée du Kaiser.

     Georges Clémenceau - rappelé à la tête du gouvernement en 1917 par un Raymond Poincaré qui le détestait - exerça les fonctions de Président du conseil et de Ministre de la guerre jusqu'au début de l'année 1920. "Le père la victoire" jouit d'une telle popularité qu'il put sans doute se racheter une virginité dans les livres d'histoire racontés aux élèves. Sait-on pour autant que le "Tigre" ou le "premier flic de France" s'opposa farouchement aux ouvriers le qualifiant de "briseur de grève" ? Sait-on qu'il n'hésita pas à envoyer la troupe, à faire tirer sur les grévistes. A paris, il interdit une manifestation qui se fait quand même aux cris de "Vive les poilus !" et "A bas Clémenceau". Bilan : 300 manifestants et 400 policiers blessés ; deux morts.

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    Le 8 juin 1920, la municipalité radical-socialiste du Dr Albert Tomey donne à l'ancienne rue de la gare, le nom de Georges Clémenceau - il ne mourra que neuf ans après. La capitale audoise n'a pas visiblement honte d'honorer la mémoire de celui qui, treize années plus tôt, avait maté dans le sang la révolte des vignerons du midi. Quelle vergogne ! Dans presque aucune des villes et villages de l'Aude, vous ne trouverez une artère à la gloire de Clémenceau. Une belle rue en plein centre de Carcassonne, là où Marcellin Albert et Ernest Ferroul attendront plus de soixante ans pour en avoir une près du cimetière La Conte. Un bel enterrement de première classe pour l'histoire locale.

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    Le 26 mai 1907, Marcellin Albert accompagné de près de 25 000 manifestants affamés défilent en haut de la rue de la gare. La raison ? L'autorisation de l'importation des vins Algériens pour les couper avec les vins médiocres de la métropole. La surproduction grâce à la fraude est une des conséquences du marasme économique dans le midi - les viticulteurs crèvent de faim. Ceci profite aux grands propriétaires viticoles favorables aux radicaux-socialistes de Clémenceau.

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    Victime du 139e de ligne à Narbonne

    Le 19 juin, le maire de Narbonne - Ernest Ferroul - est arrêté et emprisonné à Montpellier. À Narbonne, l’inspecteur de police Grossot, l'un des auteurs de l’arrestation de Ferroul, est pris à partie et mis à mal par la foule. Pour le dégager, il est donné ordre à la troupe de tirer sur les manifestants. Les coups de feu font cinq morts dont une jeune fille, âgée de 20 ans, Julie (dite Cécile) Bourrel qui se trouvait là par hasard, venue à Narbonne en ce jour de marché. Il y a de plus 33 blessés qui gisent à terre.

    Le mépris de Clémenceau pour Marcellin Albert

    Pourchassé par la police, Marcellin Albert se réfugie à Paris pour tenter de rencontrer Clémenceau. Le 22 juin, l'Assemblée nationale refuse de le recevoir. Le lendemain, il est reçu au ministère de l'Intérieur par Clémenceau qui lui fait la promesse de réprimer la fraude, si Marcellin s'engage à convaincre les manifestants d'arrêter la rébellion. Il accepte, mais a le malheur d'accepter les cent francs que lui tend Clémenceau pour payer le billet de retour. Après son départ, la presse relayera l'évènement savamment orchestré par Clémenceau pour faire passer Marcellin comme vendu auprès de ses supporters. A son retour, il manquera de se faire lyncher. Grâce à l'intervention de Jean Jaurès, une loi anti-fraude sera votée au parlement le 29 juin 1907.

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    À l'heure où les élus socialistes de l'Aude font pousser des éoliennes sur la montagne noire, ils s'apprêtent à faire détruire un vestige historique de l'histoire locale : La maison du Dr Ferroul au Mas-Cabardès. Au même moment, le chef du gouvernement actuel - grand admirateur de Clémenceau - tente de réformer le code du travail à n'importe quel prix... Comme aurait dit mon oncle mineur à Salsigne : An virat la vesto* ! Je lui répondrais alors ceci : "C'est la faute aux éoliennes... es le vent que le a virat*.

    * Ils ont tourné la veste

    * C'est le vent qui les a changé

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  • Notre-Dame de la parade s'est fort mal rhabillée...

    Pour ceux qui ne connaissent pas Notre-Dame de la parade, il s'agit d'une vierge à l'enfant qui veille sur la paroisse de Saint-Vincent depuis fort longtemps. Dans un passé pas si lointain, elle faisait l'objet de toutes les dévotions ; on la sortait les jours de processions à travers la ville. Pour se convaincre de son aura, il n'y a qu'à regarder le nombre d'ex-voto accrochés à côté d'elle dans l'église Saint-Vincent. Notre-Dame de la parade se trouvait protégée dans une alcôve avec ses riches habits offerts par l'impératrice Eugénie et Napoléon III - le couple impérial a ainsi fait de nombreux dons lors de son passage dans l'Aude en 1852.

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    N-D de la Parade vers 1910

    On ne sait trop pourquoi, ni comment la vierge s'est retrouvée dépourvue de ses beaux habits. Depuis l'ouverture de ce blog nous avons très souvent posé la question suivante : "Mais où donc se trouvent les parures de N-D de la Parade ? " Pas plus du côté du sacristain, que du curé ou que de la mairie qui a la charge de l'église, on a été dans la possibilité de me répondre. C'est que le sujet dérange... Ce ne sont pas n'importe quels habits, ce sont ceux offerts par Eugénie de Montijo.

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    N-D de la parade dans sa nudité

    Il y a tellement de choses qui ont été données provenant de cette église - comme un vitrail récemment restitué par un particulier de la Bastide... Doit-on s'étonner de ne plus retrouver les habits de la vierge ? Or, il arrive parfois à Carcassonne quelques miracles. Pardonnez-moi, il me faut rectifier deux lettres : mirages.

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    Lors des travaux actuels dans l'église St-Vincent, on a sorti la vierge de son alcôve. Je pense que mon intervention auprès de madame la conseillère municipale en charge du patrimoine a porté ses fruits et je la remercie. Voilà donc N-D de la Parade qui s'est rhabillée. A un détail près... Ce ne sont pas - selon toute vraisemblance - les habits offerts par l'Impératrice Eugénie, si on les compare à la photographie de 1910. Il s'agit plutôt d'une belle chasuble de prêtre enroulée autour de la statue. A l'évidence, il n'a pas été possible d'en trouver une à la taille de l'enfant.

    Le mystère reste entier...

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