Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Carton rouge - Page 6

  • La fête de la mort du roi Louis XVI à Carcassonne

    Un de mes amis Carcassonnais, fervent monarchiste, s’était mis en tête avec la bénédiction de la Maison de France et l’assentiment du curé desservant la basilique St-Nazaire, de faire célébrer une messe pour le repos de l’âme de Louis XVI chaque 21 janvier. C’est en effet le jour où le dernier roi de France perdit la vie sur l’échafaud, place de la Révolution à Paris. Cet ami dont je connais parfaitement les bons sentiments de paix et de piété, parvint à ses fins et jusqu’à présent, nul trouble à l’ordre public ne vint déranger cet évènement suivi par une poignée de fidèles. Le 21 janvier dernier, la célébration prit un tournant différent hors les murs de la basilique St-Nazaire. Quelques militants politiques de l’Action française venus de Toulouse - mouvement nationaliste, monarchiste et profondément anti-républicain fondé par Charles Maurras - arboraient  sur le parvis des bannières à la gloire de leur mouvement. Un peu plus loin, une autre poignée de jeunes antifascistes de l’extrême gauche - tout aussi démocrates - s’était donnée rendez-vous afin de manifester leur contestation. Que croyez-vous qu’il advint ? L’affaire tourna au pugilat sur la place Marcou entre les deux factions rivales. Au passage, sur la place la plus républicaine de Carcassonne ! Marcou dut sans doute faire un tour complet dans sa tombe… Les journaux locaux relayés par la presse nationale se firent écho de ces troubles qui déjà s’étaient produits à St-Etienne l’an dernier. La République laissa faire...

    executionlouisxvi.jpg

    Le 21 janvier 1795, la municipalité de Carcassonne fêtait l’Anniversaire de "la juste punition du dernier roi des français", selon les termes de la loi. Tous les habitants étaient invités à célébrer la Liberté et la République. 

    « Nous étant rendus dans la grande salle de la maison commune pour célébrer l’anniversaire de la juste punition du dernier roi des français, époque à jamais mémorable ou un peuple libre s’est affranchi de la Tyrannie, après avoir été annoncé par la proclamation faite publiée et affichée le 30 nivôse dernier contenant invitation à toutes les autorités constituées, tant civiles que militaires, les fonctionnaires publics, les employés dans les administrations, la gendarmerie nationale, la compagnie des vétérans, la colonne mobile, les notaires publics, les instituteurs de la jeunesse, les professeurs des écoles centrales et leurs élèves, les membres du jury d’instruction, les musiciens et amateurs et tout les citoyens des deux sexes.

    Un grand nombre des invités et une prodigieuse quantité de citoyens s’étant assemblés dans la maison commune. Il aurait été fait lecture à haute voix de la loi du 23 nivôse dernier, après laquelle lecture nous nous serions rendus avec tout le cortège sur la place de la Liberté où il a été fait plusieurs décharges d’artillerie, chanté des hymnes analogues avec la musique instrumentale.

    En sorte que l’anniversaire a été célébré par acclamation conformément à la loi du 18 floréal an II de la loi du 23 nivôse an IV et à l’arrêté de l’administration centrale du département  de l’Aude du 30 nivôse dernier. »

    image.jpg

    © L'Indépendant

    Le 21 janvier 2020 à la Cité

    Le 21 janvier 2020, où était la République pour permettre que l’on conteste ses valeurs ?

    _____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

  • La taverne des besogneux à l'épreuve de la vertu

    Chers lecteurs,

    Je voudrais remercier les personnes - toujours les mêmes - qui de temps en temps laissent en commentaire un mot gentil et d’encouragement à l’adresse de votre serviteur. Je ne doute pas que dans la conscience des autres - les silencieux - se manifeste parfois une pensée de considération ou d’estime pour l’ensemble du travail accompli sur ce blog. J’ai longtemps essayé de comprendre les raisons pour lesquelles les historiens, les sociétés savantes  ou encore peut être des universitaires s’abstiennent de commenter alors même qu’ils pourraient apporter des éléments complémentaires aux sujets. La seule réponse que j’ai pu me figurer c’est leur timidité, leur humilité ou la peur que leur signature ne devienne un objet ostentatoire. Alors, je dis à tous ces vertueux de la conférence et de la thèse : Osez ! 

    Hélas, nous ne pouvons vous garantir ici, une coupe de blanquette accompagnée de petits fours autour d’une compagnie de notabilités ou de vedettes à photographier. Celles que nous vous présentons ne sont plus de ce monde, mais nous les tirons du fond de l’oubli afin que vous puissiez les rencontrer. Dans vos prochains écrits, vous ne manquerez sans doute pas à la lecture de nos modestes productions, de vous en faire de grands amis. Tirez donc une santé en leur mémoire dans vos cénacles parfumées où l’on se pâme de gloire la boutonnière en fleur et la rosette au revers de la veste. Ici, c’est la taverne des besogneux qui, à défaut de gloire, s’enorgueillissent du savoir qu’ils reçoivent, avec le mérite des pauvres. Les classes laborieuses doivent être vertueuses, sinon qu’est-ce qu’il leur reste ? Eh ! bien, c’est cette vertu qui libère les esprits étroits dans lesquels, le sectarisme plonge dans les ténèbres les partisans de la culture entre soi. L’étude historique mérite autre chose que son embrigadement dans une chapelle politique, une caste idéologique ou encore, une miséricordieuse bénédiction religieuse. La vérité se regarde par le prisme subjectif de notre conscience, dépouillée des dogmes.

    Martial Andrieu

  • A propos du concert P. Lacombe à Salsigne

    A la suite du concert dédié à Paul Lacombe et Déodat de Séverac le 7 août dernier à Salsigne, nous avions rédigé un article le 27 août dans lequel nous regrettions que l'œuvre du compositeur ait été dénaturée par la guitare. Notre réflexion visait uniquement à défende l'œuvre du compositeur, qui n'a jamais été écrite pour ce merveilleux instrument. Nous n'avons pas été invité à assister à cet évènement musical. Notre chronique s'est donc uniquement basée sur l'article du correspondant local de l'Indépendant, auquel nous avons répondu, toujours dans le but de défendre la mémoire de Paul Lacombe. Il nous semblait que le biographe du Maître pouvait s'octroyer le droit d'exprimer sa réprobation pour ce qui concerne les arrangements à partir d'originaux. Dans les jours qui suivirent nous avons reçu une mise au point du guitariste M. Bernard Revel, nous demandant de rétablir la vérité sur le programme du concert présenté à Salsigne.  Nous la publions ci-dessous :

    Paul Lacombe a été servi par 4 artistes de grand talent totalement dans les versions originales.
    Au Piano, nous avons entendu Intermède de Concert et Danse à 5 temps, 3 duos pour violon et Piano et 6 airs chantés par Josep Cabré, Sarah Rodriguez accompagnés au piano.
     
    Nous avons en plus arrangé les thèmes de "Mascarade" de P. Lacombe pour créer des
    petites scènes de Commedia dell'Arte entre Arlequin et Colombine.
    Nous avons été surpris par le succès de l'adaptation de ces œuvres dans le monde du théâtre
    et trouvé un certain sens ludique et dramatique chez ce compositeur peut-être pas que "debussien"

    La musique de "salon" était aussi celle des cabarets parisiens puisque Yvette Guilbert a chanté
    les vaudevilles que nous avons adaptés à la guitare. L'arrangement en est tellement simple
    que la guitare a totalement respecté l'harmonisation et le contrepoint du piano.
    Ces deux instruments ont toujours partagé ce répertoire...
    Il se trouve que ces chansons, la plupart humoristiques et mêmes grivoises, sont l'œuvre de
    Deodat de Séverac. Des personnages du théâtre de Courteline ont été choisis pour incarner
    les protagonistes des chansons.
    Nous avons tout de même honoré Deodat avec "La poupée chérie", "le Cheval" et "Stances à
    madame de Pompadour" au piano, 3 chefs-d'œuvre.
     
    Le courriel de M. Revel se termine ainsi
     
    Monsieur Andrieu, je regrette pour vous de ne pas avoir participé à ce concert,
    mais je pense que nous n'avons pas la même façon de rendre la musique.
    Je respecte votre travail et n'en parle en mal à personne...
    Le concert a connu un succès au delà de ce que j'espérais et nous avons offert de Lacombe
    des airs raffinés et subtils qui ne passent pas toujours facilement auprès de tous les publics.
    Servis dans un mélange de genres et confrontés à un répertoire léger,
    ils sont fait l'unanimité.
    Le résultat est tel que nous allons donner ce concert partout où il sera possible de le donner.
    Si vous en avez le courage, et c'est de courage qu'il s'agit (peut-être avez-vous trop de sentiment
    de proximité avec Lacombe) vous pourriez même totalement changer votre avis.
     
    Citant Germaine dans les Cloches de Corneville, opérette de R. Planquette : "Ne parlez-pas de mon courage !" Car, le courage c'est de passer trois ans dans les archives, les bibliothèques nationales et internationales, les musées et les brocantes pour trouver trace de Paul Lacombe. Le courage c'est d'écrire une biographie à compte d'auteur avec ses propres deniers sans aucune subvention, de la publier et d'en tirer une immense satisfaction. Le courage c'est de dénoncer l'incurie des responsables culturels de ce département pour ce qui concerne Paul Lacombe. Le courage c'est d'aller porter la musique de Paul Lacombe à des gens comme Alain Duhault à Radio Classique. Le courage, enfin, c'est d'avoir beaucoup dépensé d'argent pour que d'autres puissent organiser des concerts. La proximité avec Paul Lacombe ne m'aveugle pas, mais au contraire, le respect pour sa mémoire m'éclaire.
    ______________________________
     
    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019