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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 5

  • L'usine de bérets basques de Carcassonne

    Le 30 juillet 1928, l’Union Chapelière Française est fondée par Gervais Villa. L’industriel possède dans la Haute-vallée de l’Aude, les usines de chapeaux d’Espéraza et de Couiza qu’il regroupe sous la même raison sociale. À Carcassonne, Villa fait bâtir une usine de bérets basques sur des terrains appartenant à la famille Castel. L’entreprise Fiorio de Limoux se voit confier la charge de construire le bâtiment d’un seul bloc en bordure du chemin de la Reille. Au mois de janvier 1929 débute la production de bérets. Plus de deux cents ouvriers, principalement des femmes, travaillent en deux équipes de 5 h du matin à 21 h. La production bat son plein grâce à l’exportation vers l’Amérique du Nord. En 1936, l’Angleterre passe elle aussi de nombreuses commandes avant que la concurrence Tchèque ne vienne, l’année suivante, faire chuter l’activité. 

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    L’industrie du béret sera affectée par une crise hypothéquant l’avenir. Des usines verront le jour aux USA et en Grande Bretagne. Des troubles à Madagascar et en Indochine obligent ces deux colonies à fermer la réception des marchandises. La fiscalité française rend la concurrence étrangère plus compétitive.

    Après la Seconde guerre mondiale, 10 000 bérets sortent chaque jour de l’usine, confectionnés par une centaine de salariés. L’exportation vers l’Afrique noire maintient une activité principale contrainte de se diversifier. En 1949, on fabrique aussi des bonnets et des écharpes.

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    La salle des métiers à tricoter

    Achetée à Mazamet, au Cap ou en Belgique, la laine mélangée à l’usine est expédiée aux filatures spécialisées de Castres, Pau ou Lavelanet d’où elle revient en bobines de fil appelées « fromages ». Ce fil est ensuite tricoté sur des métiers rectilignes spéciaux (114 au total) d’origine française. Le tricot est remaillé avec des fils spéciaux en laine très solide qui atteignent 40 000 mètres au kilo sur des machines de provenance américaine. Le béret, au stade primaire, est pesé sur une balance de précision et son poids, qui oscille entre 50 et 60 grammes, détermine sa taille. Il est pressé dans des foulons en présence de savon qui lui enlève les impuretés . Il est teint dans des teinturiers modernes en acier inoxydable, mis sur des formes circulaires, laissé 24 heures à l’air libre, gratté pour faire ressortir le poil au moyen de chardons. Autrefois naturels, ils étaient fournis par les établissements Cambriels de Carcassonne. Le béret est ensuite rasé de l’extérieur par des raseuses qui lui donnent l’aspect uni. Il ne reste plus qu’à éliminer les articles présentant la moindre imperfection, à garnir l’intérieur d’une coiffe et d’un écusson multicolores ou unis que fournissent des usines de Saint-Étienne ou de Lyon, à poser le cuir qui détermine le tour de tête et calculer la taille en pouces. Le cycle normal dure une douzaine de jours.

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    A partir de 1950, la crise chapelière a pour effet de ne plus pouvoir proposer de travail, car il lui impossible de renouveler son personnel. C'est 60% des moins de 21 ans qui quittent Espéraza et Couiza en direction de Quillan et Limoux, villes dans lesquelles de nouvelles industries se créent. Cinq ans plus tard, il ne reste plus que trois fabricants de cloches. Le COFIC fait transformer par l'I.C.A et l'U.C.F les matières premières qu'elle achète. Le 26 mars 1955, la faillite de l’Union Chapelière Française est prononcée pour défaut de masse. Raoul de Rochette rachète l’affaire le 7 novembre 1958. Il acquiert un fonds de fabrication et de vente de bérets avec la contremarque Perly pour 90 millions de francs. En 1974, la cheminée de 26 mètres de haut qui dominait le quartier est abattue et le bâtiment sert d’entrepôt textile pour la société SERMO.

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    Aujourd’hui, l’usine usine de bérets basques est un bowling.

    Sources

    Midi-Libre du 7 juin 194

    Revue d'économie méridionale / 1959

    Bulletin des annonces civiles et commerciales

    Remerciement à M. Camille Chapot.

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  • Eugène Stüblein (1832-1899), premier météorologue de l'Aude

    Stüblein. Voilà un nom qui ne sonne pas très Audois. Cette famille originaire de Saint-Avold en Meurthe-et-Moselle s'installa dans notre département à la faveur d'un concours de circonstances. Unique héritier de la marquise de Poulpry, le duc de la Rochefoucauld, devenu propriétaire de la forge de Quillan, plaça son entreprise sous la surveillance de François Louis Esprit Stüblein, son homme de confiance. Ce dernier vint s'établir dans l'Aude. Lorsque quelques années plus tard, La Rochefoucauld vendit la forge au maréchal Clauzel, Stüblein fut propulsé directeur d'un pensionnat à Sigean. Dans cette ville naquit Charles Louis Eugène le 10 septembre 1832.

    Instituteur de son état, le jeune Eugène s'était voué à l'astronomie dès son plus jeune âge. Malgré la rusticité de ses instruments, il parvint à créer un observatoire sur le plateau de Sauzils-Bouiche près Espéraza. La société des agriculteurs de France dans sa séance du 5 février 1883 note que "le plateau de Sauzils-Bouyche serait de bonnes conditions topographiques pour l'établissement d'une observatoire météorologique, et que cet observatoire pourrait rendre de réels services à la science du temps en général, et aux agriculteurs du Sud et Sud-Est de la France."

    Stublein

    Les prévisions météorologiques étaient si précises que Stüblein collaborait avec divers journaux comme Le petit Marseillais, L'Eclair, Le temps ou encore La dépêche. Stublein des Corbières, ainsi qu'il se faisait appeler, donnait également des conférences sur la météorologie, l'astronomie et l'importance de la création des observatoires régionaux. Le 12 janvier 1889, au théâtre de Béziers, il démontra l'influence des tâches solaires sur le temps et la révolution du soleil sur lui-même.

    Eugène Stüblein rendit l'âme le 2 février 1899 aux Sauzils, emporté par une courte maladie. Marié à Rose Marie Joséphine Bertrand Lacapelle (1836-1906), sa fille Corentine (1861-1922) était la grand-mère d'Henri Tort-Nouguès et la mère de Maria Sire.

    Crédit photo 

    Sylvie David

    Sources

    Bull. Société des agriculteurs de France - 1883

    Mythologie du trésor de Rennes-les-château / Descadeillas

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  • De profundis

    Défendre les intérêts du patrimoine historique de cette ville, c’est malheureusement faire un peu de politique malgré soi. Sur ce point, je reconnais être souvent dans une position esseulée d’équilibriste, quand cela m’insupporte. Il n’est pas facile de défendre une cause sans être suspecté. De quoi ? Enfin, pas besoin que je vous fasse un dessin.
     
    Pourtant, croyez-moi, je voudrais tellement que nos élus de tous bords et même ceux qui se taisent opportunément en espérant leur heure, aient du respect pour ce que nos anciens nous ont légués.
     
    Quel marché de dupes pour certaines associations, de veules apeurés de perdre quelques subventions, une courtisanerie ou l’esprit de brochure s’élève parfois en modèle de l’érudition, une petite bigoterie qui fait la génuflexion devant Pilate.
     
    Pendant ce temps, notre patrimoine crève. Alors pourquoi donc n’autoriserait-on un spectacle bruyant dans l’église Saint-Vincent, quand on laisse un groupe de heavy métal au Festival faire trembler les vitraux de Saint-Nazaire (Motorhead). Le prochain c’est pour juillet.
     
    La vérité c’est que pour quelques piastres, on ne ne respecte plus rien même plus l’art sacré. Il se trouvera toujours quelques Judas pour se renier.
     
    Ainsi soit-il.