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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 3

  • De profundis

    Défendre les intérêts du patrimoine historique de cette ville, c’est malheureusement faire un peu de politique malgré soi. Sur ce point, je reconnais être souvent dans une position esseulée d’équilibriste, quand cela m’insupporte. Il n’est pas facile de défendre une cause sans être suspecté. De quoi ? Enfin, pas besoin que je vous fasse un dessin.
     
    Pourtant, croyez-moi, je voudrais tellement que nos élus de tous bords et même ceux qui se taisent opportunément en espérant leur heure, aient du respect pour ce que nos anciens nous ont légués.
     
    Quel marché de dupes pour certaines associations, de veules apeurés de perdre quelques subventions, une courtisanerie ou l’esprit de brochure s’élève parfois en modèle de l’érudition, une petite bigoterie qui fait la génuflexion devant Pilate.
     
    Pendant ce temps, notre patrimoine crève. Alors pourquoi donc n’autoriserait-on un spectacle bruyant dans l’église Saint-Vincent, quand on laisse un groupe de heavy métal au Festival faire trembler les vitraux de Saint-Nazaire (Motorhead). Le prochain c’est pour juillet.
     
    La vérité c’est que pour quelques piastres, on ne ne respecte plus rien même plus l’art sacré. Il se trouvera toujours quelques Judas pour se renier.
     
    Ainsi soit-il.

  • Les progrès du patrimoine historique Carcassonnais ?

    Il m'arrive certaines fois de songer qu'il vaudrait mieux que je ne sache rien, à défaut de fermer les yeux sur l'inexorable détérioration de notre patrimoine historique. En vérité, c'est plus fort que moi. Mon oeil, attiré par une porte entrouverte, ne peut s'empêcher d'encourager mon pied à en pousser l'accès. Une fois dans la place, il n'est pas rare que l'engouement se trouve ébranlé par une bien triste découverte. Pénétrons par le porche d'un ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle situé dans la rue Victor Hugo n°14. Il s'agit de l'hôtel Boulhonnac, photographié par Jean-Louis Bonnet dans son livre La bastide en poche, publié en 2007.

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    Depuis la cour intérieure, on accédait par un superbe escalier aux appartements d'un riche marchand drapier. Monsieur Bonnet indique qu'il date du XVIIe siècle.

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    Voici donc l'escalier photographié en 2007, mais depuis... Depuis des squatters sont passés par là. Le derrière d'une maison de la rue Tomey donnant dans la cour menace de s'effondrer ; la ville a dû prendre un arrêté de péril imminent à l'encontre du propriétaire. La commune a acquis l'ancien hôtel particulier.

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    Voici le résultat en 2025, soit 18 ans après. Les entrées des trois grands arcs ouvrant sur l'escalier ont été murés avec des briques. On vient d'installer des tirants afin que le mur d'en face ne s'écroule pas. Que fait donc la commune de l'ancien hôtel particulier, à deux pas de la place Carnot ? Ce n'est hélas pas un cas isolé à l'intérieur d'une bastide classée en secteur sauvegardé depuis 1995.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2025

  • Que devient le plus grand mausolée romain découvert en France ?

    Au début de l'année 2008, lors d'un sondage archéologique préventif sur un terrain de 2ha situé sur le hameau de Montredon destiné à être transformé en zone pavillonnaire, les chercheurs firent une extraordinaire découverte. Il s'agit de l'unique mausolée de l'Empire romain en grand appareil (16m2) découvert en Gaule jusqu'à aujourd'hui. Selon l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives), il aurait été édifié pour servir de sépulture au premier colon envoyé par Rome pour administrer Carcassonne entre 50 et 40 avant J-C. La pierre verticale servait à obstruer l'entrée du temple.

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    Il ne s'agit pas seulement d'un mausolée, mais aussi d'une voie romaine ainsi que des vestiges d'une villa. On construisit tout autour un lotissement en écrasant la voie romaine sur le site fouillé par l'INRAP. Le mausolée fut conservé, mais enterré afin de le préserver le temps que la ville ait un projet pour lui. La parcelle devint communale et fut gelée en 2012 afin qu'aucune construction ne puisse s'y élever. Depuis quinze ans, le plus grand mausolée romain découvert en France dort sous terre et tout le monde semble l'avoir oublié. Nous avons voulu savoir ce que devenait le champ, mais sans plan nous eûmes peine à le retrouver. Usant d'artifices en comparant des photographies, nous sommes parvenus à le localiser précisément au moyen d'images satellites. 

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    En 2025, sur cette parcelle on observe que le champ est creusé par les sillons d'une charrue. C'est très commode pour conserver un site archéologique que l'on dit préserver. Si le terrain est communal, comment se fait-il qu'il soit travaillé ? La ville l'a t-elle loué à quelque agriculteur, ou bien l'a-t-elle vendu ? En tous cas, il semble qu'elle n'ait cure d'un trésor archéologique dont personne ne sait plus vraiment où il se situe.

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    Le champ est à l'état de labour actuellement. Il est grand temps de donner un musée archéologique à Carcassonne, précisément sur cette parcelle en y intégrant le mausolée, sans le déplacer. Je crains fort, hélas, que cela n'intéresse pas nos décideurs. Ils préfèrent céder les parcelles à des promoteurs de logements sociaux ou de centres commerciaux, quitte à détruire les vestiges de notre civilisation.

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