Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 238

  • Qui a assassiné M. Rouzaud-Roche en septembre 1944 à Carcassonne ?

    Voilà un nouveau sujet non élucidé qui va faire réagir dans les chaumières... Nous sommes au mois de septembre 1944 ; Carcassonne est libérée de l'occupant allemand depuis le 20 août. Jean Bringer et des résistants arrêtés et internés à la prison de Carcassonne ont été exécutés au château de Baudrigues près de Roullens. Nous savons que le dénommé Chiavacci, pseudo résistant FTP et surtout personnage d'une faible probité, a dénoncé le chef de la Résistance audoise à la Gestapo. C'est lui et quelques acolytes qui se faisant passer pour la Résistance, tortureront et voleront une famille de Limoux. A mettre également à leur crédit, la torture et l'assassinat sans jugement du comte Christian de Lorgeril détenu à la prison de Carcassonne depuis la Libération, et dont au moins l'un de ses fils était en fuite après sa participation à la Franc-garde (organe de la Milice). Alain de Lorgeril sera condamné par contumace à la peine de mort en 1945 pour, entre autre, ses faits d'armes contre le maquis des Glières.

    Nous savons également qu'à cette même période, Noël Blanc alias Charpentier, envoyé par Londres pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent parachutée pour la Résistance, sera retrouvé calciné sur la route du Mas-des-cours. Présenté comme traître par Delteil, il a été tué dans la clinique du Bastion d'un coup de révolver par le Dr Cannac. Or, Charpentier n'était pas un traitre mais avait sans doute découvert, qui avait dérobé l'argent du parachutage. Cet argent aurait profité à plusieurs personnes bien informées de Carcassonne, issues de la résistance locale.

    Le Dr Cannac sera retrouvé mort dans la clinique du Dr Delteil au début des années 1950. Ce jour-là après avoir reçu un appel téléphonique des docteurs résistants de Carcassonne, il décidera rapidement de se rendre à Carcassonne. Le Dr Cannac avait été s'établir à Antibes après la Libération. Selon un membre de sa famille, le docteur se serait vivement disputé avec ses interlocuteurs. Il n'était pas dépressif, ajoute ce témoin. Dans la nuit, il couche à la clinique Delteil et est retrouvé agonisant le lendemain matin. Ses "amis" indiquent qu'il s'est suicidé, or il sera démontré que le docteur a été empoisonné. A t-on voulu faire taire le Dr Cannac sur ce qu'il allait révéler au sujet des parachutages ? Il y aura un procès qui mettra en évidence des circonstances troublantes pouvant incriminer le Dr Delteil. La loi d'amnistie le sauvera du bras séculier de la justice.

    Capture d’écran 2017-03-09 à 13.32.07.png

    La belle jardinière

    Nous en venons donc à l'affaire Rouzaud-Roche... Ce commerçant tenait depuis des décennies avec son épouse, le magasin de vêtements "La belle jardinière". Ce commerce situé dans un bâtiment Belle époque, se trouvait dans la rue de Verdun. Aujourd'hui, il s'agit du Syndicat d'initiative. M. Rouzaud-Roche appartenait à la Résistance ; le lieutenant FFI Haguenauer lui avait présenté l'envoyé du général de Gaulle à Carcassonne. Selon le témoin, le commerçant Carcassonnais aurait servi de boite à lettres pour la Résistance locale. Homme de bien, humaniste et Franc-maçon, M. Roche aurait même caché des juifs pendant la guerre. Que s'est-il passé ? Toujours selon le témoin dont le père travaillait dans ce commerce, M. Rouzaud-Roche aurait été pris de vomissements terribles au mois de septembre 1944. Son agonie a duré trois jours ; il serait mort empoisonné. Par qui ? Mystère !... Des documents retrouvés aux archives, nous indiquent que M. Haguenauer a réclamé en décembre 1944 à plusieurs commerçants Carcassonnais impliqués dans la résistance locale, ses affaires provenant de la spoliation dont il fut l'objet opérés par Jules Barrière (administrateur des biens juifs) : sa bibliothèque de livres et plusieurs costumes. C'est pour ces derniers qu'il mit Mme Rouzaud-Roche en demeure de les lui rendre.

    Capture d’écran 2017-03-09 à 13.30.43.png

    Plus nous avançons dans nos enquêtes historiques et plus nous découvrons qu'une partie de la résistance Carcassonnaise, aurait été impliqué dans des affaires pas très nettes. A t-on livré Bringer, tué Charpentier et empoisonné Cannac et Roche parce qu'il avaient découvert le manège frauduleux de certains ? C'est là, toute la part de l'énigme... On peut s'interroger sur les liens entre l'argent et des pratiques de barbouzes au nom de la Résistance.  

    _____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Henry Dupuy-Mazuel (1885-1962), directeur du "Monde Illustré" et maire de Verdun-en -Lauragais

    3293832216_2.jpg

    Henry Dupuy-Mazuel est né à Perpignan le 17 mai 1885 et décédé à Nice, le 24 avril 1962. Il fréquente en 1900 le collège de Castelnaudary, puis prépare l'Ecole navale. Attiré finalement par le journalisme, il abandonne ses études et débute à "Je sais tout", collabore à "Fémina" et fait sa carrière au "Monde illustré" dont il devient le rédacteur en chef puis le directeur. Officier de la légion d'honneur et Croix de guerre, il est élu maire de Verdun en Lauragais (Aude) du 10 décembre 1919 au 18 mai 1929.

    1927246989_2.jpg

    Outre ses pièces de théâtre: Alerte (3 actes, théâtre François Coppée), Match de boxe (3 actes, théâtre des variétés), L'intrus (1 acte, théâtre des variétés) en 1912; Les anges gardiens (4 actes, théâtre Marigny) en 1913; Molière (4 actes, théâtre de l'Odéon). Henry Dupuy-Mazuel est surtout connu pour deux de ces romans à succès qui seront portés à l'écran: Le joueur d'échec et Le miracle des loups. Le premier nommé sera l'oeuvre de Raymond Bernard en 1927. A partir du second ont été réalisés deux films tournés à Carcassonne; l'un en 1924 (Raymond Bernard) et l'autre en 1961 (André Hunebelle).

    939207750.jpg

    L'adaptation du roman est confiée à A.P Antoine et il s'agit du premier film historique muet. La mise en scène est assurée par Raymond Bernard et la musique, composée par Henri Rabaud (Auteur de l'opéra, Marouf savetier du Caire). Les principaux acteurs sont Vanni Marcoux, Charles Dullin et Yvonne Sergyl. Le film a nécessité de nombreux figurants dont un régiment d'infanterie de Carcassonne et des habitants de la ville. Sur cette photo, on voit M. Céréza (habitant de la cité) devant le chateau comtal. Le miracle des loups fut projeté en avant première à l'Opéra Garnier en présence de Gaston Doumergue, alors Président de la République. Puis, au Capitole de Toulouse dont l'orchestre était dirigé par M. Combaux. Il y a une trentaine d'années, le film projeté à nouveau en hommage à Henri Rabaud à l'Opéra Garnier. Aujourd'hui, le film a été restauré et numérisé et l'on peut le voir à la BNF. On attend, une projection dans le théâtre de la cité avec l'orchestre du Capitole.

    177931766.jpg

    Le miracle des loups dans son adaptation faite par Jean Halain en 1961 et réalisé par André Hunebelle, ne plut pas du tout à Dupuy-Mazuel. Celui-ci considéra que l'on avait soustrait d'une manière fantaisiste la substance de son roman. Le film fut tourné à Carcassonne, au lac de St-Ferréol et sur le vieux pont de Rieux en val avec Jean Marais, Jean-Louis Barrault et Rosanna Schiafinno.

    3099318758.jpg

    Autre contribution au cinéma, mais cette fois comme scénariste: Le tournoi dans la cité. Ce film dont la bobine originale a été perdue dans l'incendie de la cinémathèque de Paris dans les années 1960, a été tourné pendant les fêtes du bimillénaire de la cité en juillet-août 1928. Il a été reconstitué depuis et est projeté parfois à la cinémathèque. Le scénario s'attira la réprobation des historiens locaux en raison d'un prétendu tournoi pour la visite de Charles IX et de Catherine de Médicis en 1545. Un fait imaginaire, mais qui fit polémique.

    3251197572.jpg

    Henry Dupuy-Mazuel a beaucoup apporté au département de l'Aude en qualité d'élu, mais aussi de romancier et scénariste. Il était propriétaire du château de Ferrals sur la commune de Saint-Papoul et avait succédé aux barons de Roquelaure et à leur héritier M. de Virien, ami intime de Lamartine.

    Je remercie vivement Monsieur Armand de Pradier d'Agrain (petit-fils d'Henry Dupuy-Mazuel) pour son aimable collaboration à cet hommage.

    ______________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2017

  • L'inauguration de la plaque en hommage à Pierre Sire dans la Cité

    Dans la Cité de Carcassonne, ont peut apercevoir une plaque sur la façade d'une maison de la rue Porte d'Aude. Cette maison appartient à Madame Sylvie David, la fille de M.Henri Tort-Nouguès descendant des écrivains Pierre et Maria Sire. 

    sire.jpg

    Cette plaque a été apposée en 1978 afin de remplacer la précédente, qui ne mentionnait pas le nom de Maria Sire. Et pour cause... C'est le 24 octobre 1948 qu'un hommage est rendu à Pierre Sire († 1945) par ses amis, la famille et les Carcassonnais en présence de Jean Lebrau, René Nelli, Ferdinand Alquié, Henri Tort-Nouguès. Une première plaque est ainsi dévoilée.

    plaque commémorative cité sire 22.jpg

    Ce jour-là le poète Jean Lebrau (1891-1983) prononça un discours, que nous avons la chance de pouvoir vous communiquer. Quel trou culturel avons-nous creusé dans ce département depuis la morts de ces intellectuels audois, à tel point que l'on préfère désormais valoriser ceux qui nous sont étrangers.

    Jean Lebreau.jpg

    Jean Lebrau pendant son discours

    J'apporte à la mémoire de Pierre Sire avec l'hommage très ému de mon amitié, celui de la Société des Gens de Lettres.

    Et le vent aux cyprès des collines lointaines

    Portait le noir secret des songes de la mer...

    Lunettes noires Max Savy à verifier.jpg

    Ces deux vers de Pierre Sire pourraient servir d'épigraphe à son oeuvre et à sa vie inséparable de son oeuvre, de l'oeuvre de Pierre et Maria Sire. Le vent, les cyprès, les collines, la mer, tout y est, mais aussi le noir secret qui était peut-être pressentiment d'une trop prompte destinée, ou, plus systématiquement encore, le secret auquel Joë Bousquet obéit lui aussi quand il parle du "Midi noir", noir à force de lumière, secret sous les paroles dont on peut bien lui faire renommée tapageuse sans forcer les retraites où des êtres comme Pierre Sire, ne cessent pas de faire oraison.

    Public.jpg

    Ses paroles notre ami ne les dispersait point au vent. Mais une telle réserve ne pouvait éloigner que les indignes et c'est bien ce qui tout d'abord attirait chez lui pour retenir sans retour. Elle est dans l'oeuvre comme elle était dans l'homme et il n'est pas surprenant qu'un îlot des étangs septimaniens ait inspiré à Pierre et Maria Sire, le très beau livre pour lequel des amis avaient souhaité et auraient obtenu le Grand Prix de prose que l'Académie des Jeux Floraux décerne rarement dans on intégralité, si une main d'ombre, un fiel anonyme n'avaient fait échouer ce juste projet. Basile hélas... a toujours raison même contre l'évidence. Cette ombre de l'envie ne pouvait atteindre Pierre Sire mais les amis qui voulaient pour le livre, le laurier toulousain n'ont pas perdu le goût de ce fiel. "Le Clamadou" n'en pas moins intégré au paysage littéraire français, si l'on peut dire, cette côte où le ciel, la terre, les eaux recomposent sans cesse un mirage qui n'est jamais le même un seul instant ; Moréas aimait ces étangs, et disait avec sa superbe coutumière : Je les ai chantés dans "les stances"...

    Bien qu'ainsi tu te couronnes

    D'une écume au goût amer,

    Etang, qui, pâle, frissonnes,

    Tu n'es pas encore à la mer.

     

    Non, c'est la ligne menue

    De ce sombre azur là-bas

    Qui mon âme a seule émue,

    Mes yeux ne la quittent pas

     

    Ils dévorent la distance

    Mes yeux, coureurs sans repos, 

     Mais mon amour les devance

    Et se mêle avec les flots.

    plaque commémorative cité sire 3.jpg

    On ne peut désormais traverser cette étrange région, d'une miroitante mélancolie, sans penser au "Clamadou" et voilà pourquoi il n'eût pas été superflu d'attirer sur ce livre, au lent et sûr cheminement d'ailleurs, l'attention d'un plus large public par une distinction académique. 

    A propos de Paul Lacombe, dont la musique est elle aussi inséparable de nos paysages, François-Paul Alibert écrivait un jour : Il n'y a pas plus de musiciens régionalistes que de peintres ou poètes régionalistes ; les artistes qui s'en réclament n'ont jamais rien compris à la réciproque inclusion du particulier et de l'universel. Où que ce soit, un buisson de roses, une treille en fleur, un ruisseau qui murmure, une nuit d'étoiles, un chant de rossignol ne sont point d'ici ou de là, mais de partout et de toujours, et suffisent, quelle que soit la langue où l'on s'exprime, de la plus simple à la plus savante, à vous faire découvrir les subtiles relations, les secrètes correspondances qui se nouent et se dénouent entre toutes les beautés de l'univers sensible et spirituel. 

    plaque pierre sire1.jpg

    Mais, une autre fois, parlant à Perpignan de Déodat de Séverac, que tant d'affinités rapprochent à Pierre Sire, disait : Cette expression, ce rythme qu'il puisait d'abord, semble t-il, au sein même des forces naturelles, Déodat de Séverac les devait avant tout à son génie et aussi à l'amour qu'il nourrissait pour le coin de terre où il était né.

    Ainsi l'oeuvre qui se rattache au coin de la terre où elle est née atteindra t-elle tout naturellement à l'universel si elle a des ailes assez fortes, et nous ne dirons pas de l'hirondelle qu'elle est régionaliste parce que volant dans l'univers, d'un continent à l'autre, elle reste cependant fidèle et revient au nid grumeleux sous la tuile languedocienne.

    Si pour beaucoup d'entre nous le petit village de Grèzes est désormais inséparable des poèmes d'Albert, parmi les plus chers, ou cette thébaïde sentant la résine et la rose sèche, entre Montlegun et Palaja, des plus sensibles pages de Joë Bousquet, il n'en résulte pas qu'Albert et Bousquet sont des écrivains régionalistes, pas plus que Pierre et Maria Sire.

    Puisque le souvenir de Déodat de Séverac est venu se lier, comme ces bouquets de bleuets et d'épis qu'on met aux croix des rogations, à la mémoire de Pierre Sire, ne faut-il pas remarquer que ces deux artistes, ces deux inspirés du Languedoc avaient essentiellement demandé au sol, non seulement tous les secrets de cette inspiration, les aliments de leur feu, de leur génie, mais encore aux vents qui ne le laissent jamais en repos, le vent aux cyprès des collines lointaines. Tous ces airs d'autrefois dont il est le grand répertoire, pour les avoir écoutés aux portes des veillées, sur la glèbe ou sur l'onde, ou près des amoureux quand il les circonvient comme pour les obliger à se serrer davantage, l'inépuisable folklore de notre terre dont Pierre et Maria Sire furent et restent les patients, les scrupuleux, les initiés mainteneurs, les sourciers.

    Des coteaux de Saint-Félix aux criques catalanes, aux virgulions bocages de Créer, Séverac accomplit sa destinée, tôt abrégée comme celle de Pierre Sire, attentif à la moindre des ces chansons populaires auxquelles musique et poésie doivent souvent leurs frémissements les plus profonds.

    plaque pierre Sire19131.jpg

    Des garrigues de Narbonne où le cyprès lui donna, lui montra la leçon de son intégrité et de sa flamme, aux coteaux de la Malepère si dépouillés eux-mêmes sous le brasillement des genêts, jusqu'à cette maison qui est devant nous comme un visage toujours vivant, Pierre Sire accomplit lui aussi son destin, fidèle à cet idéal de bonté, de justice, de ferveur dans l'accomplissement de sa tâche, de ses tâches, idéal qui n'est autre que l'idéal chrétien qu'on soit croyant ou non, sur lequel il paraissait se replier soudain comme pour en retrouver la force aux heures difficiles, dans le doute de l'oeuvre à laquelle on s'est donné, dans les graves conjonctures où il se trouvait mêlé, conjonctures militaires qui durent lui faire maintes fois serrer les dents, conjonctures civiques éprouvant de chères amitiés. L'après-midi dominicale où je le vis pour la dernière fois ici même il s'était préoccupé, un pli douloureux sur le front, que des erreurs qui se commettaient et de sa vaine impatience à les corriger, lui qui n'avait jamais fait durant les sombres jours que ce qu'il fallait faire, que ce que chacun de ses amis aurait fait s'ils avaient pu toujours regarder en lui.

    Sa bonté se manifestait sous toutes les formes, à l'égard des bêtes - Sire était une âme franciscaine - comme à l'égard des gens, et qu'on me pardonne, serait-ce en souriant, de rappeler ici un trait qui me toucha tout particulièrement. Mêlé un jour à une partie de chasse, à son coeur défendant j'imagine. Pierre Sire prit son chien dans ses bras pour lui faire traverser un chaume. Le poète n'avait pas réfléchi un instant que son geste serait comique aux yeux de ses compagnons. Il n'avait pas vu que les entailles du chaume et pensé tout de suite que son chien pourrait se blesser. Il suffit d'un geste pareil pour en conjurer bien d'autres et il dut bien y avoir au bord du champ quelque fleur pour regarder Pierre Sire d'un oeil attendri.

    Ce n'est qu'une image, pas une image d'Epinal nous montrant le soldat à la guerre ou l'instituteur à son pupitre, mais une image de légende. Pierre Sire devait les aimer comme il aimait les enfants, prédestiné à devenir pour eux le meilleur des maîtres quand il écrivait : "Ne peut devenir votre ami que celui qui est digne d'entrer au coeur de votre enfance." Il pensait aussi sans doute que pour pénétrer le coeur de l'enfant, il faut d'abord être son ami. Ce n'est pas donné à tout le monde et voilà pourquoi la profession d'instituteur qui fut la mienne, n'est pas un métier mais une vocation, une mission des plus difficiles, des plus délicates.

    pierre002121.jpg

    Pierre Sire

    Une image... mais oui. Pourquoi plutôt que de la revoir exténué, brisé, à bout de vie sur un lit de souffrance, ne songeant d'ailleurs qu'à nous laisser par ses derniers mots, bonté suprême, comme un viatique dont chacun pourrait se souvenir pour bien aborder à son tour le ténébreux passage, ne pas l'imaginer, le voir encore s'en allant à travers le chaume, son chien dans les bras, et puis disparaissant dans cette lumière de nos étés où tout s'abolit ?... Pour moi, cela m'est doux comme son poème tout plein de silence, "à l'heure où le village est vide"...

    Pierre Sire, vous écriviez :

    Les seuils

    Ne gardent pas l'empreinte

    De ceux qui partirent.

    Mes pas derrière moi

    Ne laisseront que le silence...

    03 Maison Henrie et Régine Tort Nougues.jpg

    La maison de Pierre et Maria Sire à la Cité

    Nous n'avons pas voulu qu'il en fût ainsi, du moins aux yeux des passants car en chacun de nous, vos amis, c'est souvent que vous tenez votre promesse :

    Un matin, 

    A l'heure des maisons abandonnées

    Je reviendrai

                                                                                             JEAN LEBRAU, 24 octobre 1948

     

    Merci à Mme Sylvie David pour son aide

    __________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017