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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 241

  • La visite des petits-fils du roi Louis XIV à Carcassonne en 1701

    De retour d'Espagne où ils accompagnèrent leur frère le duc d'Anjou - plus connu sous le nom de Philippe V d'Espagne - les deux princes s'arrêtèrent à Carcassonne entre le 20 et le 22 février 1701. Il s'agissait pour Charles de France (1686-1714), duc de Berry, et son frère Louis de France (1682-1712), duc de Bourgogne, d'un voyage pédagogique afin de découvrir le royaume.

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    Charles de France

    Après avoir déjeuné à Alzonne et laissant Pennautier sur la gauche, ils avaient traversé le Canal du Languedoc à l'écluse de Foucaud. Imaginons l'escorte de 1500 chevaux tirant carrosses et chariots, se présentant à quatre heures de l'après-midi du 20 février 1701, à la porte de Toulouse. Près de 1200 gentilshommes en armes les y attendaient. La porte de Toulouse était située à l'entrée de la rue Mage (rue de Verdun), côté place Davilla.

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    Louis de France

     C'est à l'hôtel de Poitiers (actuel collège A. Chénier) que furent menés les deux princes. L'évêque de Carcassonne Mgr de Grignan, le beau-frère de Madame de Sévigné, y avait sa résidence d'été. Le grand-père des deux adolescents y avait séjourné en 1759. Nous avons déjà écrit un article à ce sujet.

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    Hôtel de Poitiers, rue de Verdun

    Le lendemain, ils assistèrent à la messe en l'église Saint-Vincent après qu'ont leur eût présenté l'eau bénite. Ils entendirent également le discours d'un quart d'heure prononcé en guise de bienvenue.

    "Ils ne furent point à l'église des Dominicains fondée par Saint-Louis  et qui avait un des manteaux royaux de ce prince, lequel manteau ils ont eu la folie de découper pour en faire des chasubles."

    Dans l'après-midi, il visitèrent Carcassonne sans toutefois se rendre à la Cité, jugée inintéressante. La Manufacture Royale de la Trivalle eut les honneurs de leur présence devant près de mille personnes au travail. Les deux princes teintèrent même une pièce de 60 aunes chacune, ce qui leur procura beaucoup de plaisir.

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    La manufacture royale de la Trivalle

    "Les rues sont larges (pour l'époque) et tirées au cordeau, en se traversant en carré. Les maisons n'ont pas un bel extérieur mais elles sont propres (jolies) en dedans. Au milieu de la ville, il y a une grande place, qui est gâtée par la halle qu'on y a bâtie. On voit dans cette place une fontaine élevée en rocher, d'où il sort plusieurs jets d'eau, aussi bien que six chevaux marins en pierre, qui sont autour du rocher dans le bassin qui l'environne." (Journal du duc de Bourgogne)

    Avant le départ, au matin du 22 février 1701, les deux frères entendirent la messe au couvent des Cordeliers puis repartirent en barque par Trèbes. Le duc de Bourgogne remarqua en passant l'aqueduc de l'Orbiel. A Azille, on les reçut avec "un petit feu de joie et une illumination". La barque royale avait été préparée par Pierre Paul Riquet ; on y servit un splendide repas.

    Ce n'est qu'en Avril qu'ils regagnèrent Versailles. Ils moururent en 1712 et 1714 laissant le trône à l'arrière-petit-fils de Louis XIV. 

    Source

    Une visite princière à Carcassonne / Léon Charpentier / Bonnafous 1901

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • La construction de la passerelle entre Maquens et St-Jacques-le Viguier

    Lors de la construction de la Rocade-ouest, les élus avaient posé immédiatement le problème de la séparation des quartiers du Viguier et lotissement Saint-Jacques III. Ces démarches ont été couronnées de succès au mois de février 1981, avec la mise en place d'une passerelle au-dessus de la rocade, qui permet dorénavant de relier les deux quartiers. 

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    © Google maps

    Cet ouvrage monumental de 21 tonnes et 40 mètres de long, commandé par la Direction de l'Equipement, est arrivé par train spécial. La passerelle a été débarquée directement sur la rocade par une grue gigantesque.

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    © Droits réservés

    La passerelle en gare de Carcassonne

    Elle a été installée en seulement une journée, au-dessus de la route menant à l'actuelle Zone de la Ferrandière. Les piétons des deux quartiers auront dû attendre trois ans pour pouvoir passer d'une rive à l'autre. 

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    © Droits réservés

    Au moment de fixer la passerelle sur la structure en béton

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  • Le triomphe de Suzanne Sarroca dans sa ville natale, le 1er mai 1962

    Le 21 février 1961 est constituée dans une salle du théâtre municipal,"l'Association des choeurs du Festival de Carcassonne". Cette formation de chanteurs Carcassonnais amateurs, puisée au sein du choeur de la cathédrale St-Michel, était dirigée par Georges Cotte et Jean Amiel. Elle devait participer aux productions des opéras programmés durant la période du Festival de la Cité.

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    © P. Hyvert

    Pierre Hyvert (debout), Jean Amiel (centre), Georges Cotte (droite)

    Les choeurs du Festival allaient se distinguer le 22 juin 1961 au théâtre municipal dans "l'Hommage à Camille Saint-Saëns" dirigé par Georges Cotte avec les solistes de l'Opéra de Paris dont Myriam Djavan (soprano), Geneviève Leroy-Thiebaut, contralto de l’Opéra (Dalila); Maurice Blondel, ténor de l’Opéra (Samson); André Jonquères, baryton de la Radio-Télévision (Le Grand Prêtre).

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    © P. Hyvert

    On reconnaît Mlle Mailhac, Mme Jean Amiel, Mlle Bels, Zélie Lacoste

    Carcassonne possédait en ce temps-là non seulement un choeur amateur très important, mais également une Harmonie municipale avec des éléments primés dans les conservatoires du musique. 

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    © P. Hyvert

    Pierre Hyvert, Jean Malaval, Marius Laffargue, Sablayrolles, Mlle Mailhac, Mme Escoupérié

    L'année suivante, Jean Alary qui avait en main la direction du théâtre municipal, eut l'idée de monter une production de Faust - le chef d'oeuvre de Charles Gounod. Cet opéra composé d'après la pièce de Goethe, reste encore de nos jours, le plus représenté à l'Opéra de Paris. Le désir d'Alary fut de proposer à la soprano Carcassonnaise Suzanne Sarroca, qui allait avec la Scala de Milan inaugurer l'ouverture de l'opéra de Genève quelques mois plus tard, le rôle de Marguerite. Il se mit alors en relation avec Louis Nègre - son mari et impresario - afin de la faire chanter pour la première fois dans sa ville natale. La fille d'une épicière de la rue Trivalle devenue star internationale de l'Art lyrique, acceptait de se produire à Carcassonne, alors qu'elle triomphait à Milan, Rome, Paris et New-York. C'est là toute la délicatesse et l'humilité de Suzanne Sarroca, qui même à 90 ans, ne l'ont toujours pas quittées. 

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    © P. Hyvert

    Les chœurs de Faust à la Cité

    Tenez-vous bien ! La distribution de ce Faust à Carcassonne rassemblait ce qui se faisait de mieux comme chanteurs français à cette époque.

    Dr Faust : José Luccioni (1er acte) et Paul Finel

    Marguerite : Suzanne Sarroca

    Méphistofélès : Xavier Depraz

    Valentin : Michel Dens

    Siébel : Mireille Martin

    Dame Marthe : Colette Gérardin

    Wagner : Georges Borrot

    Le Grand orchestre de Toulouse fort de 36 instrumentistes, les choeurs du Festival de Carcassonne, de Nîmes et de l'opéra de Toulon étaient dirigés par Georges Gayral. Les décors provenaient du théâtre du Capitole de Toulouse. C'est la maîtresse du ballet du Capitole - Simone Techeney - qui avait réglé "La nuit de Walpurgis". On peut retrouver son interview en cliquant ci-dessous.

    https://www.youtube.com/watch?v=MTq5NfMWjQY

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    Paul Finel, Suzanne Sarroca et Xavier Depraz

    Au cours du troisième acte, au moment où Suzanne Sarroca (Marguerite) chantait "Anges purs, anges radieux", son mari qui avait été pris d'un malaise dans la journée, succombait à une embolie pulmonaire. On la tint à l'écart de la nouvelle jusqu'au moment où dans la voiture, elle effectuait le trajet du retour vers sa maison natale, rue Camille Saint-Saëns. C'est là qu'elle apprit le décès brutal de Louis Nègre à l'âge de 59 ans. Ce grand chanteur et professeur de chant au conservatoire de Toulouse fut inhumé à Carmaux dans le Tarn.

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    Louis Nègre

    Les représentations de ce Faust à Carcassonne resteront inoubliables pour tous les amoureux de l'Art lyrique, mais surtout bien tristes pour Suzanne Sarroca. Elles prouvent s'il le fallait que notre ville possédait des éléments de valeurs à la tête des orchestres, des théâtres et des chœurs. Aujourd'hui, nous allons simplement écrire avec fatalité et pour ne fâcher personne qu'il s'agissait certainement... d'un autre époque. Que chacun se fasse une idée du niveau actuel

    Sources

    La dépêche / Le Midi-Libre

    Remerciements

    Pascal Hyvert et Arlette Moulin

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