La ville de Carcassonne possède en ses murs et plus exactement à l'intérieur de l'église Saint-Vincent, la plus ancienne représentation du roi Louis IX, connue à ce jour. La statue n'est pas contemporaine de Saint-Louis, fondateur de la Bastide qui porte son nom, mais selon le Bulletin archéologique de 1909 (Paris / Imprimerie Nationale), elle aurait été sculptée peu après 1320.
Pendant près de six siècles, elle fut exposée dans une niche du portail ouest de l'église donnant sur l'actuelle rue Albert Tomey, sans que l'on y porte grand intérêt. Après la Révolution française, Alexandre Lenoir chercha en vain une statue de Saint-Louis parmi les monuments détruits. Finalement, il prit pour modèle une statue de Charles V qu'il avait en double et pendant une cinquantaine d'années, les sculpteurs et les peintres se sont appuyés sur les traits de Charles le sage pour donner figure au fils de Blanche de Castille.
La statue de Saint-Louis en 2017
Dans le courant du XXe siècle, on mit les quatre statues à l'abri à l'intérieur de l'église. Elle s'y trouvent toujours, fort mal exposées et dans un presque total anonymat.
"Le saint roi, canonisé en 1297, porte la couronne dont les fleurs de lys ont disparu ; sur son bras droit dont il manque la main, la couronne d'épines ; enfin il tient le sceptre de la main gauche. On n'aperçoit plus qu'un fragment de la sainte couronne. Il reproduit exactement la forme de la précieuse relique pour laquelle la Sainte-Chapelle fut construite et qui est aujourd'hui dans le trésor de Notre-Dame : un faisceau de joncs marins autour duquel était entrelacé le rameau épineux. Le sceptre est brisé et a perdu la fleur de lys qui le surmontait. La robe est retenue au col par un fermail quadrilobé sur lequel est sculptée une figure qui, à travers l'usure de la pierre, paraît être celle de la Vierge. Le manteau relevé sur l'épaule droite vient ensuite entourer le bas de la robe pour produire un effet de plis contrariés. La tête est fort belle. Elle est empreinte d'une gravité douce qui traduit le caractère du saint roi. Elle reproduit les traits sereins et nobles du buste en or repoussé de la Sainte-Chapelle qui contenait la partie supérieure de son crâne, mais que nous ne connaissons, il est vrai, que par la gravure. On y retrouve même les larges boucles de cheveux qui entouraient ce chef célèbre. L'ensemble de la statue donne bien l'impression que laisse le portrait de Joinville."
(Extrait du Bulletin archéologique de 1909)
Deux des quatre statues dans leur niche au début du XXe siècle.
Pendant longtemps, on vint du monde entier à Carcassonne pour copier ce que l'on considérait comme l'unique représentation fidèle de Saint-Louis. Aujourd'hui, faute de communication et pour ne pas fâcher les quelques mauvais coucheurs sectaires du coin, on tient cette statue dans une quasi obscurité.
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Commentaires
Conserver ainsi le souvenir de celui qui nous a imposé une "bastide" (pas vraiment) bien quadrillée pour qu'elle soit mieux surveillée, qui a contribué à tant de croisades ... Franchement, Carcassonne n'a pas de mémoire ou pas de fierté !
Je sais que je vais en fâcher quelques-uns mais je leur conseille de réviser l'Histoire...
L'Histoire ne se "révise" pas. Elle est. Il ne s'agit pas de fâcher ou pas. On ne doit considérer que les faits et surtout ne pas tomber dans le piège grossier de l'anachronisme. Dans ces conditions, le roi Louis IX doit avoir toute sa place dans l'histoire et la mémoire carcassonnaise.
Sur beaucoup de sujets il y a en France l'histoire officielle et la véritable histoire. Depuis la révolution l'histoire officielle est souvent une histoire révisée. Révisionnisme et négationnisme en sont les deux mamelles. Heureusement nous sortons péniblement de cette chape de plomb. Louis IX est un des personnages les plus lumineux de notre histoire, ce devrait être une grande fierté pour tous les carcassonnais d'avoir laissé sa trace dans notre ville.
Si tuer (ou faire tuer plutôt) des personnes au nom de la religion catholique rend un chef de guerre "lumineux", bien sûr qu'il l'a été ! J'admets que le terme de "réviser" que j'ai employé pouvait prêter à confusion : il ne s'agit pas pour moi de révisionnisme mais de relecture des faits et je maintiens que les actes perpétrés sous le règne de Louis IX ne me semblent relever ni de la "lumière" ni de la "sainteté" (encore que pour moi ce dernier terme ne signifie pas grand chose).
Quand je parle de "roi lumineux" je pense à la manière dont Louis XI a géré le pays ce qui est bien entendu l'essentiel. Quant aux croisades, qui tournent à l'obsession dans l'esprit de certains, il n'y a rien de lumineux ni de glorieux puisqu'il s'agit de guerre et que la guerre est toujours triste et horrible. Les croisades, pour faire court, étaient des expéditions qui émanaient souvent du peuple car les seigneurs se faisaient tirer l'oreille pour partir, dont le but était de défendre les peuples chrétiens massacrés par les musulmans. Tient, c'est pas nouveau! A cette époque les occidentaux n'étaient pas totalement avachis et quand ils ont appris que leurs frères chrétiens étaient obligés de se convertir ou de mourir, ils sont partis à leur secours.
C'est Louis IX et non Louis XI ... Saint Louis.
J'ai " révisé mon histoire ". Elle m'a été enseignée par nos professeurs émérites du vieux lycée de la rue de Verdun. A l'époque on apprenait l'histoire par ordre chronologique. Mes professeurs m'ont, donc, appris que Louis IX n'a organisé que 2 croisades la 7ème 1248-1254 et la 8ème 1270. Cette dernière fut décimée par une épidémie à Tunis et le roi lui même périt le 25 août 1270. Votre affirmation "Qui a contribué à tant de croisades" est, donc, exagérée. D'autre part, c'est au nom du Christianisme que les croisades ont été organisées pour libérer les lieux saints, dont les musulmans étaient maîtres depuis 636. C'était aussi pour lutter contre l'expansionnisme islamique et leur désir de conquête des terres chrétiennes par le fer et le sang. Il suffit d'observer la situation en Egypte et le massacre des Coptes pour se faire une idée de ce qu'était la vie quotidienne à l'époque d'un chrétien en terre musulmane.