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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 235

  • Dans les cachots de Carcassonne du XVIIIe au XXe siècle...

    Au cours du XVIIIe siècle et jusqu'à la Révolution, les condamnés n'étaient plus emprisonnés dans la Cité. La prison, appelée également la geôle, avait été déplacée au début de la rue Mage (actuelle, rue de Verdun) et occupait un petit bastion à gauche débordant sur le boulevard.

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    © Google maps

    De l'entrée de cette prison, il subsiste la porte dans l'immeuble du n°2 de la rue de Verdun, occupé par un caviste. Selon plusieurs études rédigées dans les années 1920 dans le bulletin de la SESA, ce bâtiment devait avoir un aspect fortifié puisqu'au cours de travaux pour ouvrir un couloir, on dut percer un mur qui comportait une meurtrière.

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    Une cellule de la prison

    L'immeuble comportait une douzaine de cellules à l'étage et d'autres dans le sous-sol, qui sert aujourd'hui de cave au marchand de vin. Les bas-flancs de pierre (photo ci-dessus) servaient de couchette aux prisonniers.

    "Si on descend pour la visite des lieux, on remarque le soubassement du couloir en pierre taillée et au bas de l'escalier, le départ rond d'un autre escalier hélicoïdal comblé. Probablement, il desservait une souricière pour conduire les détenus peu communs au Palais de justice (Présidial), situé en face du côté droit de la rue (aujourd'hui, Musée des beaux-arts)." Antoine Labarre.

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    L'ancien Présidial, rue de Verdun

    Élevé en 1657 lors du transfert de la justice qui siégeait à la Cité dans les dépendances de l'Évêché - peut-être au logis de l'inquisition - le Présidial vint s'établir dans la rue Mage. Malgré la transformation de la façade durant le Premier Empire, le tribunal garde encore la disposition des salles du XVIIe siècle. En entrant à gauche le prétoire ; en face, le concierge et une écurie ; à l'étage, la bibliothèque et les archives. Le Présidial rendit la justice à cet endroit jusqu'en 1861, date à laquelle l'actuel Palais de Justice fut construit en face de l'actuelle préfecture de l'Aude.

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    © ADA 11

    Construction du Palais de justice

    Vers 1830, le Conseil général fit construire une gendarmerie et une nouvelle prison, afin de remplacer les anciennes geôles de la rue de Verdun. 

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    La prison et la gendarmerie face au square Gambetta vers 1910

    Ces bâtiments se trouvaient sur l'emplacement actuel du groupe scolaire Jean Jaurès, inauguré en 1928 par le Président de la République M. Gaston Doumergue. Ils ont été rasés à cette occasion.

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    Il reste quelques grandes cellules dépourvues de grilles dans le sous-sol de l'école Jean Jaurès, au niveau du préau. Gageons que dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, un conférencier obtiendra l'autorisation de les faire visiter au public.

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    Portes des cellules en réemploi dans le jardin d'un particulier

    Au temps où les coupables étaient emprisonnés et jugés en la Cité, les exécutions avaient lieu sur le Prado. Là, y fut pendu à un arbre pour cause de duel le 21 décembre 1591, l'avocat général Gibron. AU XVIe siècle, celles-ci se faisaient au-lieu dit "Les justices", en bordure de la voie romaine (avenue H. Gout) dans le parc du chirurgien Héran. On y dressait les touches patibulaires. Il a été trouvé en ce lieu des pièces de monnaies d'époque romaine.

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    A la Révolution, Jeanne Establet - dite Jeanne la noire en raison de son teint basané - accompagnée de Chanard et de Boyer, assassins du Procureur général syndic Verdier, furent guillotinés en décembre 1792 sur la place Carnot. Les petits délinquants étaient exposés au pilori sur la place des halles, actuelle place Eggenfelden. Un rond de pavés marque encore aujourd'hui l'emplacement de ce pilori.

    Sources

    La prison de Carcassonne / C. Boyer / Bull. SESA 1923

    Le présidial de Carcassonne / J. Sablayrolles / Bull. SESA 1929

    Antoine Labarre et remerciements à son fils Louis

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Les Pandores et les Bigophones Carcassonnais

    Fondés au début du XXe siècle, les Pandores et les Bigophones étaient deux groupes carnavalesques Carcassonnais qui ont totalement disparu du paysage, à la fin des années 1950. 

    Les Pandores

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    Les Pandores dans l'hôtel de ville de Carcassonne

    Le mot pandore est communément employé en argot afin de désigner un policier ou un gendarme. Il serait une francisation de "pandour" ; soldat d'un milice qui faisait partie de l'armée hongroise appelé ainsi, car venant de la ville de Pandur au XVIIe siècle. À Carcassonne, on a voulu brocarder le gendarme en le singeant et en reprenant sa tenue vestimentaire. Le Pandore se présentait sous la forme d'une carcasse en bois recouverte de toile, munie d'une tête de cheval et d'un balai en guise de queue, dans laquelle s'installait un homme. Lors du carnaval, il leur arrivait de s'élancer vers la foule en flagellant leurs victimes de leur queue enduite de poussière, toiles d'araignées, urine ou d'excréments.

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    Pandores à Narbonne en 1912

    Le groupe des Pandores Carcassonnais mettra fin à ses activités en 1958

     

    Les Bigophones

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    Les bigophones dans l'Hôtel de ville de Carcassonne

    Le Bigophone est une espèce de musicien burlesque, qui fait du bruit avec des instruments en carton ayant la forme d'un cornet. Comme leurs concurrents "Les Pandores", ils se manifestaient durant le carnaval en défilant sur les boulevards en ordre serré.

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    © ADA 11

    La bannière des Bigophones devant l'école Jean Jaurès

    Lors d'une réunion au Grand Café Glacier chez Mialhe, boulevard Roumens, ils se reconstituent en 1951 et participent aux fêtes de quartier. Sept ans plus tard, ils disparaissent définitivement. Les fécos Carcassonnais, inspirés par ceux de Limoux remplaceront nos traditionnels Pandores et Bigophones.

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    © ADA 11

    Adiù paure carnaval...

    Source

    Folklore / 1987 / J. Marrot

    Dictionnaire encyclopédique

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Unique au monde ! La plus vieille statue de St-Louis est à Carcassonne.

    La ville de Carcassonne possède en ses murs et plus exactement à l'intérieur de l'église Saint-Vincent, la plus ancienne représentation du roi Louis IX, connue à ce jour. La statue n'est pas contemporaine de Saint-Louis, fondateur de la Bastide qui porte son nom, mais selon le Bulletin archéologique de 1909 (Paris / Imprimerie Nationale), elle aurait été sculptée peu après 1320.

    Pendant près de six siècles, elle fut exposée dans une niche du portail ouest de l'église donnant sur l'actuelle rue Albert Tomey, sans que l'on y porte grand intérêt. Après la Révolution française, Alexandre Lenoir chercha en vain une statue de Saint-Louis parmi les monuments détruits. Finalement, il prit pour modèle une statue de Charles V qu'il avait en double et pendant une cinquantaine d'années, les sculpteurs et les peintres se sont appuyés sur les traits de Charles le sage pour donner figure au fils de Blanche de Castille.

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    La statue de Saint-Louis en 2017

    Dans le courant du XXe siècle, on mit les quatre statues à l'abri à l'intérieur de l'église. Elle s'y trouvent toujours, fort mal exposées et dans un presque total anonymat.

    "Le saint roi, canonisé en 1297, porte la couronne dont les fleurs de lys ont disparu ; sur son bras droit dont il manque la main, la couronne d'épines ; enfin il tient le sceptre de la main gauche. On n'aperçoit plus qu'un fragment de la sainte couronne. Il reproduit exactement la forme de la précieuse relique pour laquelle la Sainte-Chapelle fut construite et qui est aujourd'hui dans le trésor de Notre-Dame : un faisceau de joncs marins autour duquel était entrelacé le rameau épineux. Le sceptre est brisé et a perdu la fleur de lys qui le surmontait. La robe est retenue au col par un fermail quadrilobé sur lequel est sculptée une figure qui, à travers l'usure de la pierre, paraît être celle de la Vierge. Le manteau relevé sur l'épaule droite vient ensuite entourer le bas de la robe pour produire un effet de plis contrariés. La tête est fort belle. Elle est empreinte d'une gravité douce qui traduit le caractère du saint roi. Elle reproduit les traits sereins et nobles du buste en or repoussé de la Sainte-Chapelle qui contenait la partie supérieure de son crâne, mais que nous ne connaissons, il est vrai, que par la gravure. On y retrouve même les larges boucles de cheveux qui entouraient ce chef célèbre. L'ensemble de la statue donne bien l'impression que laisse le portrait de Joinville." 

    (Extrait du Bulletin archéologique de 1909)

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    Deux des quatre statues dans leur niche au début du XXe siècle.

    Pendant longtemps, on vint du monde entier à Carcassonne pour copier ce que l'on considérait comme l'unique représentation fidèle de Saint-Louis. Aujourd'hui, faute de communication et pour ne pas fâcher les quelques mauvais coucheurs sectaires du coin, on tient cette statue dans une quasi obscurité. 

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