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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 152

  • Joseph Poux, l'historien de la Cité de Carcassonne.

    © ADA 11

    Joseph Poux naît à Carcassonne dans la rue du Pont vieux, le 11 avril 1873. A l’âge de dix ans, il perd son père et part avec sa mère rejoindre sa famille à Albi. Dans la ville Tarnaise, il fait de brillantes études au lycée Lapérouse et décroche son baccalauréat le 16 octobre 1892. Reçu 6e au concours de l’Ecole Nationale des Chartes, Joseph Poux en sort avec le diplôme d’archiviste paléographe en 1898 et intègre les Archives de l’Ariège. Quatre ans plus tard, sur recommandation du ministre Delcassé, l’historien est nommé archiviste de l’Aude. Lorsqu’il arrive à Carcassonne, Joseph Poux est d’abord frappé par l’exiguïté des locaux ne permettant pas un classement un optimum des collections. L’endroit est poussiéreux et malcommode ; le nouvel archiviste départemental entreprend alors ce que l’on nomme dans le jargon professionnel : un désherbage. C’est-à-dire qu’il procède à l’élimination des papiers inutiles : « C’est peu d’être suffoqué, durant de longues heures, par l’épaisse et noire poussière qui se dégage des laisses empilées dans les coins les plus inaccessibles, il faut encore procéder à l’examen attentif de chaque article, interpréter de son mieux la lettre des instructions, peu précises souvent, qui règlent les suppressions, et endosser la responsabilité délicate de débarrasser les séries sans les appauvrir. » A cette époque, les Archives départementales se trouvent dans un local adossé à la Préfecture de l’Aude ; elles déménageront dans les années 2000 dans un nouveau bâtiment d’une grande fonctionnalité en-dessous de Grazailles. 

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    Les anciennes Archives de l'Aude, rue Jean Bringer

    Animé d’une grande puissance de travail, Poux multiplie les publications et les mémoires dans les Annales du Midi et les bulletins des sociétés savantes. Muni de documents innombrables, l’historien s’assigne une mission après avoir entendu le sous-secrétaire d’état aux Beaux-arts Dujardin-Beaumetz, déplorer une étude sérieuse sur la Cité de Carcassonne. Joseph Poux qui dans sa jeunesse avait assisté aux restaurations de Viollet-le-duc, se met à l’ouvrage. Il écrira l’histoire de la Cité et annonce ainsi son programme : « L’ouvrage que nous projetons d’écrier contribuerait à combler une lacune que tout le monde déplore. Il s’agirait de prendre le monument à son berceau, de déterminer étape par étape tous les détails de son développement organiquie entre le XIIe et le XIVe siècle (L’épanouissement), de suivre pas à pas l’incessante désagrégation de l’œuvre à travers 500 ans d’inutilisation pratique et de quasi-abandon (La décadence), de caractériser enfin la physionomie nouvelle imprimée à des ruines par le talent puissant, mais inégal, de Viollet-le-Duc (La restauration). »

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    La tour de la Chapelle avant les restaurations

    D’une façon méthodique à l’aide de fiches, Poux réalise ce tour de force et publie avec le concours de son ancien camarade Edouard Privat, les cinq gros volumes entre 1927 et 1937. Il s’agit là de l’ouvrage de référence par excellence qu’il convient de posséder dans sa bibliothèque. Si vous manquez de place, sachez qu’il existe du même auteur un « Précis historique, archéologique et descriptif de la Cité de Carcassonne » édité en 1923. Il sera traduit en Anglais, trois ans après.

    Joseph Poux décède le 9 juin 1938 à Carcassonne et est inhumé au cimetière de la Cité. Pouvait-il en être autrement ? A la fin de l’année 1938, une stèle est érigée par souscription dans le jardin du Prado à proximité de la Porte Narbonnaise, avec en son centre un médaillon de bronze sculpté par Ducuing. Mes demandes de restauration de celle-ci sont restées longtemps vaines, jusqu’en 2015 où Jean-François de Mialhe, alors conseiller municipal en charge de la Cité, a pu rendre sa dignité à ce monument.

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    Dans le quartier des Capucins le nom de Joseph Poux est associé à une place depuis le 10 décembre 1940. Il est bon de savoir qui étaient ces grands Carcassonnais dont on le nom n'évoque plus rien. Reste leur œuvre qui se perd depuis la disparition des René Nelli, Gaston Bonheur, Joe Bousquet, etc. Tous ces érudits Audois qui avaient une envergure au-delà des frontières du département emportant l'histoire de chez nous avec eux. 

    Sources

    C-M Robion / Joseph Poux / 1988

    Jean Girou / La vie des personnages célèbres de l'Aude / 1940

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  • La légende de l'âne de Notre-Dame-de-la-Santé près du Pont vieux.

    Il était une fois, un pauvre âne, abandonné par ses maîtres au pied de la Cité. Exactement en une pauvre maison de la ruelle de la Petite côte, faisant face aux remparts. Pas de foin pour la bête. Pas le moindre picotin d’avoine. pas la moindre poignée de paille pour servir de litière à cette pauvre créature aux longues oreilles. Martin était le nom de cet âne délaissé par ses maîtres, à lui tour, démunis, pauvres à ne pouvoir le dire, envisageaient de quitter Carcasso, soit pour aller vers les rivages de la mer, tendre des filets, ou accomplir de maigres besognes aux alentours de Saint-Nazaire et aussi mendier leur pain dans une ruelle du Plô, où de riches marchands de draps, avaient leurs opulentes résidences.

    L’âne Martin, n’avait plus sa place en son écurie de la Petite côte de la Cité. Il le comprit très vite. Un jour, en cette veille de Noël, Martin, dont la minceur des flancs était éloquente, ne voulut plus être à la charge de ses maîtres. Il rompit sa légère attache de corde usée, traversa le quartier de la Barbacane et franchit le Pont vieux aux arches si jolies. Il arriva ainsi aux alentours de Notre-Dame-de-la Santé. Où allait-il ? Il ne savait. Mais, dans on petit cerveau d’âne, tout lui était préférable à la misérable existence qu’il avait chez ses maîtres, qui l’aimaient bien, cependant, mais qui ne pouvaient plus assurer sa subsistance. 

    Donc, ses vieux sabots usés portèrent ses pas à hauteur du Pont vieux, face à la chapelle.

    Légende

    Notre-Dame de la Santé

    Il faisait presque nuit. Cependant une lumière étrange guida l’âne Martin. La Fée Esclarmonde, qui, comme chacun le sait, est la protectrice de Carcasso, le prit par la bride, cela avec des gestes très doux. Elle pria Martin de pénétrer dans le sanctuaire. Il le fit avec réticence. Un âne pénétrer dans le lieu saint, pensez-vous !

    L’âne après maintes hésitations, entra dans l’oratoire à peine éclairé par des maigres lumignons cireux. Et, ô miracle divin ! L’âne se mit à parler ! Il exprima sa tristesse, sa honte d’être à la charge de ses maîtres, son incapacité; à cause de sa vieillesse, de ne pouvoir travailler la maigre terre dont jadis il s’occupait en trainant le soc. Un âne, à vingt-cinq ans, n’est plus bon à rien. Il valait mieux mourir. Et Martin avait songé à cela, préférant s’étendre au pâle soleil de décembre, au bord de la rivière Atax, en attendant la mort, que de donner d’autres soucis à ses anciens maîtres. Et c’est pour cela qu’il les avait quittés.

    Mais Esclarmonde veillait. 

    Elle enleva  le manteau d’or, de pourpre et d’azur, qui couvrait ses épaules et en couvrit l’âne Martin. Elle déposa un baiser sur ses narines humides et passa ses longues mains douces tout au long de ses flancs.

    La pauvre bête retrouva des forces et ses yeux se remplirent de larmes. Des larmes d’âne, combien cela peut être émouvant !

    Esclarmonde parla avec tout son cœur et Martin l’écoutait avec grande émotion. 

    « Martin, dit-elle, désormais c’et toi qui fera le bonheur des jeunes mariés de Carcasso, en notre Cité. Tu vas avoir l’honneur, pendant les siècles à venir, de porter sur ta croupe, la jeune épousée de l’année, lors de la fête de Saint-Gimer. Le jeune époux, grâce à toi, sera très fier de tes services et les habitants du Carcassés te feront cortège, une fois l’an et seront heureux de te recevoir chez eux avec force picotins d’avoine et nombreux épis de maïs. »

    Ainsi, grâce à Esclarmonde, la fée de Carcasso, fut institué le « Tour de l’âne », vieille tradition, qui, après plus de mille ans, se perpétuait en notre Cité de Carcassonne jusqu’en 2010. Cela à la grande surprise des touristes « gens du nord » qui ignorent nos traditions.

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    © La dépêche

    Le dernier Tour de l'âne à la Cité en 2010

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  • Ce maire de Carcassonne qui fut violoniste dans l'orchestre de Jo Bouillon

    © Chroniques de Carcassonne

    Dans les années 1930, un jeune étudiant en pharmacie à la faculté de Montpellier avait pour habitude avec ses camarades  de passer du temps dans une brasserie de la Place de l'Œuf. On y rencontrait des peintres, des poètes... Ce jour-là, la formation du célèbre Jo Bouillon (1908-1984) passait avec ses 35 musiciens dans la capitale languedocienne, pour une série de galas. Assis à côté du chef d'orchestre, Antoine Gayraud qui deviendra en 1971 le maire de Carcassonne, entra en conversation avec Jo Bouillon. Celui-ci lui fit part de son embêtement car son premier violon venait de le quitter subitement pour effectuer sa période militaire des 28 jours. Gayraud ne se démonta pas et lui glissa : "Je suis violoniste, si vous voulez." Bouillon l'invita à passer une audition au théâtre lendemain, au cours de laquelle Antoine Gayraud fut engagé  le temps que le violoniste attitré ne réintègre la formation. A cette époque, l'orchestre Jo Bouillon se situait comme l'égal de celui-ci de Ray Ventura, quelques temps avant la gloire de Jacques Hélian.

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    © Pinterest

    Jo Bouillon et son épouse, Joséphine Baker

    En 1948, le directeur du théâtre municipal de Carcassonne M. André Valette, reçut l'orchestre de Jo Bouillon. A la fin du concert, Antoine Gayraud se rendit dans la loge du chef au premier étage du théâtre. Accueilli les bras ouverts, notre futur maire se remémora les souvenirs passés. Jo Bouillon lui réserva même une surprise... Celle de l'arrivée de sa femme, la célèbre Joséphine Baker qui passa la porte pour les rejoindre. S'adressant à Antoine Gayraud avec de sa voix des îles, l'ancienne meneuse de revue, lui lança : "Tony, tu n'as pas changé mon petit." La soirée se termina au Grand Hôtel Terminus avec le couple Bouillon et Marcel-Yves Toulzet qui rapporte cette anecdote.

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    Un disque de Jo Bouillon

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