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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 116

  • Léon Vassas, l'architecte du Grand théâtre de la Cité

    Natif de Montpellier où il voit le jour le 13 mars 1870, Léon Vassas fait d’abord ses études à école privée Notre-Dame en 1882. Cinq ans après, c’est à l’Ecole régionale des Beaux-arts dans la classe d’architecture qu’il suit les cours de M. Gontès. L’élève est doué et sous le parrainage de son professeur, il est admis en mai 1889 à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. La ville de Montpellier lui octroie même une bourse d’études. Au mois de décembre 1896, Léon Vassas sort diplômé de la prestigieuse école grâce au sujet sur lequel il a travaillé : Une salle de concert.  Inspecteur des travaux du Grand Palais des Beaux-arts et architecte à l’Exposition Universelle de 1900, il arrive à Carcassonne en 1901 où il nommé, suite au décès de Saulnier, inspecteur des édifices diocésains. Architecte de la Cité avec Boeswillwald, il participe aux derniers travaux de restauration sous la conduite de ce dernier et fait raser les dernières maisons dans les lices.

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    © Généanet

    Parmi les réalisations publiques de Léon Vassas, il faut mettre à son crédit l’Hôtel de la Cité dont il dessine les plans dans un style néo-gothique, le Grand Théâtre sur l’emplacement de l’ancien Palais épiscopal en 1908 exécuté par l’entreprise Adroit, la table d’orientation inaugurée le 25 juillet 1909 par le Touring-Club de France, le monument à Cros-Mayrevieille dessiné par Boeswillwald, les Bains-Douches derrière l’école Jean Jaurès en 1910, etc. En dehors de Carcassonne, Vassas a participé en 1898 à la reconstruction du théâtre d’Evreux ; il dessina les plans de l’école-mairie de Villeneuve-Minervois en 1910.

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    Les Bains-douches

    Parmi les réalisations privées, la maison Lamourelle dans le pur style Art-Nouveau est connue des Carcassonnais. On ne peut pas en dire davantage de la maison à l’angle du boulevard Jean Jaurès et de la rue de la Liberté qui appartient à la famille Pech de Laclause. Elle ne manque pourtant pas d’intérêt dans un quartier entièrement remodelé après la destruction du Bastion de la Figuère.

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    Maison Lamourelle, avenue Pierre Sémard

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    Maison Pech de Laclause, boulevard Jean Jaurès

    Si Léon Vassas - architecte remarquable pour l’ensemble de ce qu’il a laissé dans notre ville - ne bénéficie pas de l’hommage que son œuvre mérite, c’est pour des raisons liées à l’Occupation. Suite aux très mauvaises actions de l’un de ses fils contre la Résistance, on a rayé de l’histoire locale la mémoire de la famille Vassas de la ville de Carcassonne. Léon Vassas, chevalier de la légion d’honneur et Officier de l’Instruction publique, décéda dans sa maison du 90, boulevard Barbès, le 12 novembre 1948. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière Saint-Michel.

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    Le caveau Vassas-Sabatier à St-Michel

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  • Marius Esparseil, l'architecte Haussmannien de Carcassonne

    Marius Esparseil représente sans doute l’un des plus éminents architectes de notre ville. A défaut d’éléments biographiques sur sa vie et son œuvre, il nous a paru important de porter à la connaissance de tous le fruit de nos recherches. Les aspects de ses réalisations pour le compte de l’administration communale sont plus ou moins connues. Il n’en est pas de même pour les immeubles privés dont il a dressé les plans et que nous avons tenté de retrouver à travers la ville.

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    Blaise Marius Esparseil naquit le 9 septembre 1841 d’un modeste entrepreneur plâtrier au n°29 de la rue de la Gaffe. Le métier de son père n’ayant guère d’attraits à ses yeux, le jeune Esparseil passa ses journées chez Honoré Prache, son professeur de dessin au lycée. Après ses études dans cet établissement et suite au décès prématuré de son père, Marius alla s’installer à Paris avec sa mère. Il avait alors seize ans lorsqu’il débuta comme rapin à l’atelier Blondel avant d’être admis à l’Ecole des Beaux-arts dans la classe de MM. Jay et Train. Ces derniers enseignaient l’application des arts à l’industrie. En 1863, il obtint sa première médaille de dessin architectural et une deuxième en construction, mais échoua aux épreuves de l’oral. Il renonça aux travaux de l’Ecole des Beaux-arts pour se consacrer exclusivement à la construction et aux affaires.

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    © Wikipedia

    Lycée Chaptal à Paris

    C’est à cette époque que la capitale en pleine transformation a besoin d’architectes. Le professeur Train, nommé au VIIIe arrondissement, s’attache le jeune Esparseil et le fait débuter dans l’administration comme conducteur de travaux de la ville. Sous les ordres de M.Train, notre Carcassonnais travaille à la construction du collège Chaptal et à la restauration des voûtes de l’église de la Madeleine. Les principales façades des avenues Ney et des Champs-Elysées, les portes monumentales à oeil de bœuf de l’avenue de l’Opéra en partant de la Comédie française, Esparseil en a tracé les plans.

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    Avenue de l'Opéra à Paris

    Quant à Blondel, il lui fait dessiner et exécuter les plans de la façade de la Belle Jardinière, un grand magasin du Quai de la mégisserie. Plus tard, Esparseil sera attaché comme inspecteur des travaux à la construction de l’Hôtel des Dépoôts et Comptes courants.

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    © Wikipedia

    La Belle Jardinière, Quai de la mégisserie à Paris

    Marius Esparseil revint à Carcassonne en 1871, il mit son expérience au service de Carcassonne en tant qu’architecte de la ville. On n’évoquera pas ici les bâtiments communaux ; d’autres s’y sont attardés à maintes reprises. Il nous paraît plus pertinent d’exposer aux lecteurs, les magnifiques constructions privées qu’il offre encore de nos jours à nos regards. Après cet article, gageons que vous les regarderez avec une autre œil… Vous remarquerez les similitudes entre les façades des immeubles de caractère Haussmannien des avenues parisiennes et les nôtres.

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    © Collection Martial Andrieu

    A l'angle de la rue du marché (Tomey) et du Séminaire (Victor-Hugo), Marius Esparseil dresse les plans de l'immeuble de la sellerie Bastide. En 1877, le bâtiment est achevé. Vous y passez devant presque tous les jours.

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    L'ancienne sellerie Bastide aujourd'hui

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    Sur le boulevard de la préfecture (Jean Jaurès), Marius Esparseil a dressé les plans de cet immeuble pour le compte de la famille Gourguet vers 1875.

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    La Maison Gastilleur, construite avant 1885 sur le boulevard Marcou, en face du Calvaire. C'est là que vécut le sénateur-maire Théophile Marcou, oncle de Marius Esparseil.

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    En 1885, l'immeuble de la famille Fafeur sort de terre au square Gambetta. Il s'agit de l'une des plus belles façades de la ville. On retrouve le style de l'architecte avec ses ornements caractéristiques de la fin du XIXe siècle.

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    Dix ans avant sa mort qui survint le 6 juin 1900, Marius Esparseil acheva le très bel immeuble Combéléran. Il se trouve sur la place Davilla et fut occupé par le docteur Albert Tomey.

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    Marius Esparseil, connu également pour la recherche minière dans l'Aude, laisse un patrimoine architectural remarquable dans Carcassonne qu'il faut inventorier. Espérons qu'à la lumière de ce modeste travail, certains auront envie de l'approfondir.

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  • Isidore Dougados, neveu de Venance et maire de Carcassonne

    Nous poursuivons nos biographies inédites des maires de Carcassonne dont on n’a jamais évoqué le souvenir avec Jean François Charles Isidore Léon Dougados, plus communément appelé Isidore. Né à Conques-sur-Orbiel lé 12 janvier 1818, il est le fils François Dougados, propriétaire, et de Marie Vialatte.

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    Jean François Dougados, dit Venance

    Ce qui pourrait intéresser de nombreux lecteurs, c’est sa filiation avec Jean François Dougados dit Venance (1762-1794), poète et révolutionnaire bien connu de nos historiens qui finit sur l’échafaud. En effet, le père d’Isidore - Jean Dougados, régent des écoles à Villegailhenc - était le frère de Venance. Une biographie de ce dernier écrite dans Mosaïque du Midi en 1841 par Isidore Dougados, rend hommage à son oncle.

    Isidore Dougados débute sa carrière d’avocat à Carcassonne en 1844 puis devient bâtonnier du barreau de la capitale audoise. Impliqué dans la vie publique et fortement apprécié de ses pairs pour ses talents d’orateur et de fin lettré, ses opinions politiques seront difficiles à cerner. En 1848, après la chute de Louis-Philippe, Dougados se rapproche des socialistes avant d’entrer par la suite au parti conservateur. Sous le Second Empire, il adhère au plébiscite de mai 1870 ordonné par Napoléon III, mais avec la fin du bonapartisme le neveu de Venance fait un retour vers la Monarchie. Aux élections du 8 juillet 1871, il soutient la candidature du légitimiste Ouvrier de Villegly. En octobre, il est battu dans le canton de Conques par Amédée Bausil.

    Deux ans plus tard, il donne son patronage aux candidatures bonapartistes de Peyrusse et de Castel. Bref, Isidore Dougados obtient la confiance de tous, sauf celle des Républicains. Aussi, lorsqu’en 1874 la ville de Carcassonne se cherche un maire et que le préfet de l’Aude se heurte à plusieurs refus de candidatures, Isidore Dougados accepte en dernier recours. Il est alors nommé par le gouvernement dit de l’Ordre moral, par le maréchal Mac Mahon, Président de la République, en vertu du décret du 25 février 1874. Il s’entoure des adjoints Paul Vidal (Capitaine en retraite) et Guiraud Cals (Architecte diocésain et inspecteur des monuments historiques). Le gouvernement de l’Ordre moral fondé sur la coalition des droites, prépare la troisième Restauration qui verrait bien le Comte de Chambord accéder au trône de France. En fait, il s’agit d’une gouvernance liberticide et réactionnaire dont la municipalité Dougados va faire les frais.

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    Patrice de Mac Mahon

    Le 31 mai 1876, Isidore Dougados écrit à ses administrés qu’il remet sa démission de maire au Président Mac Mahon. Déjà, au mois d’avril, il avait considéré que son autorité était contestée suite à des déclarations ministérielles sur la loi des maires. La ville sera administrée provisoirement par trois conseillers municipaux dans l’attente d’une nouvelle nomination.  Après son départ de la mairie, l’ancien premier magistrat poursuivra ses activités d’avocat et de Juge suppléant au tribunal civil. Membre de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne, il rédigera plusieurs mémoires de grande valeur. Citons, pour exemple en 1856 : "Le dernier Juge-Mage en la Sénéchaussée et siège présidial de Carcassonne."

    De son mariage avec Julie Lucie Cayrol (fille de l’architecte), naîtront deux fils. Le premier, Jules, sortira premier de sa promotion à l’école polytechnique en 1877 et fera sa carrière comme ingénieur des Mines à Rive-de-Gier. Le second, Henri, embrassera la carrière d’avocat à Rodez.

    Le 20 mars 1885 s’éteignit à Carcassonne Isidore Dougados. Lors de son inhumation, on notera l’absence de réprésentants du conseil municipal et de la préfecture. Les temps politiques avaient changé et on considéra que l’ancien maire n’avait jamais été Républicain. Son corps fut enseveli au cimetière Saint-Vincent où il repose encore de nos jours dans l’anonymat le plus complet. Nous avons découvert sa filiation avec Venance Dougados, mais peut-être que certains en avaient connaissance. Dommage que le rapprochement n’ait pas été fait.

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