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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 114

  • La chapelle de l'Hôtel-Dieu édifiée par Guiraud Cals en 1866

    L’administrateur des Hospices de Carcassonne sollicite par lettre en date du 17 octobre 1862, la municipalité de la ville afin qu’elle lui accorde l’autorisation d’édifier une chapelle à l’Hôtel-Dieu. Ce projet serait financé par quelques personnes pieuses qui désireraient rester anonymes. En fait, il s’agit d’un don généreux de la Mère supérieure et des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul afin que les malades de l’hôpital puissent assister aux offices. L’alignement accordé par la ville le long de la place du pont à bascule (actuel boulevard Camille Pelletan) n’est validé qu’après la présentation des plans dressés par Guiraud Cals, architecte diocésain et inspecteur des Monuments historiques. Ce dernier a également dessiné le mobilier d’autel, les stalles et le confessionnal. Les sculptures de l’édifice sont l’œuvre de Ragot. Après des recherches, il s’agit d’Antoine Ragot dont la famille était originaire de la Haute-Marne. Il décèdera le 30 septembre 1865 dans sa maison de la Cité, après une attaque d’apoplexie dans la chapelle peu avant sa livraison en mars 1866.

    Les travaux de construction du bâtiment, adossé à l’Hôtel-Dieu du XVIIIe siècle, débutent au mois d’août 1863. L’église à l’architecture romane caractéristique du style transitoire du XII et XIIIe siècle présente des ogives sous les voûtes de l’édifice. Les travées au nombre de six, soutenues par des contreforts en pierre blanche et grise, sont éclairés par des vitraux. Le toit en ardoise avec des gargouilles en pierre grise soutenues par des colonnettes, s’étend du nord au sud.

    A l’intérieur, la chapelle se termine par une tribune spacieuse communiquant de plein pied avec les salles du premier étage destinées aux femmes. De cette tribune, les sœurs ou les malades peuvent assister aux offices. La balustrade en pierre blanche qui la ferme du côté de la nef est comme sculpture et ornementation, le morceau principal du mouvement, car l’autel n’est pas à vrai dire une partie intégrante. Le chœur est séparé de la nef par un appui de communion en fer repoussé et doré, d’un beau travail. L’autel qui en occupe le milieu, est une œuvre remarquable. Cet autel est en pierre blanche décoré, dans le soubassement, par des colonnettes trilobées. Au fond de chaque triblobe se trouve une rosace contenant des feuillages et fruits sculptés avec beaucoup d’art. 

    Le retable, le tabernacle et l’expositoire qui le surmonte sont également en pierre blanche. Ce retable est un magnifique bas-relief représentant trois scènes de l’enfance du Sauveur : l’Adoration des Mages, le Massacre des innocents et la Fuite en Egypte. Le tabernacle est orné de feuilles d’érable. L’encadrement du retable est en vigne vierge. ces feuillages sont découpés et sculptés d’une manière remarquable. L’expositoire a 1,50 mètre de hauteur sur 0,70 m de côté, dégagé par des faisceaux de colonnettes à chapiteaux sculptés. La partie supérieure a la forme d’un donjon du XIIIe siècle avec crénelage et trous de hours.

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    La chapelle avant 1977

    Les côtés de cet ensemble sont flanqués de colonnettes octogonales, à parements sculptés, avec fleurons à feuilles de figuier, qui retiennent des crosses de 1,50 m de hauteur en cuivre repoussé et doré. Ces crosses n’ont d’autres fonctions que de supporter les lampes de la réserve ; elles complètent un ensemble d’architecture pur du XIIIe siècle. Au fond du chœur, et dominant l’autel, apparaît une statue de la Vierge posée sur un culot et surmontée d’un dais en pierre délicatement travaillés, l’un et l’autre dans le style des autres sculptures. Les lustres, les lampes attachées aux crosses, les chandeliers, la croix et les girandoles sont en parfaite harmonie avec le caractère architectonique de l’autel. Ce mobilier est en cuivre repoussé et doré comme les crosses et émaillé par des perles de différentes couleurs.

    La consécration de la chapelle de l’Hôtel-Dieu a lieu au mois de mars 1866, par Mgr de la Bouillerie, évêque de Carcassonne. La messe sera chantée accompagnée à l’harmonium avec des œuvres du R.P Hermann Cohen.

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    Ce que Guiraud Cals avait mis trois ans à construire, sera rasé en quelques jours par l’entreprise Depaule en 1977 sur ordre des fossoyeurs municipaux du patrimoine de notre ville qui sévirent durant cette période… On voulut faire un hôtel de ville qui ne vit jamais le jour et le trou béant servit en parking sauvage jusqu’en 1983. Sept ans après, la salle du Dôme sortit de terre. On ne sauva que le Dôme de l’ancien hôpital, grâce à l’intervention de l’abbé Jean Cazaux.

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    Les restes de la chapelle dans un terrain du côté de Berriac depuis 1977

    Sources

    Le courrier de l'Aude / 1866

    Délibération du CM de Carcassonne

    Etat-Civil / ADA 11

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Louis Edouard Bosc, un Saissacois élu maire de Carcassonne

    Louis Edouard Bosc naît à Saissac le 27 janvier 1803 de Paul Antoine, propriétaire, et de Valentine  Valade. Issu d’une famille aisée de riches agriculteurs de la Montagne noire, le jeune Bosc sort diplômé de la faculté de médecine et s’installe à Carcassonne. En 1835, il fait preuve d’un grand dévouement lors de l’épidémie de choléra qui touche les villes de Gruissan et de Castelnaudary dans lesquelles il se porte au chevet des malades. L’année suivante, le docteur Bosc convole en justes noces avec Anne Claire Zoé Roucairol à Carcassonne et de cette union naîtront deux enfants : Abel qui ne survivra que onze ans et Marie, décédée en 1922.

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    L'ancien Hôtel de ville de Carcassonne

    Le 17 juin 1849, le préfet de l’Aude installe le nouveau Conseil municipal qui choisit Louis Bosc pour occuper les fonctions de maire de Carcassonne. A ses côtés, Constantin Fages et François Cazaben comme adjoints et Birotteau, Malbosc, Verguet, Croux, Bellemannière, Vié-Andrieu, Lignières, Pastre, Rolland, Laperrine, Cros, Mandoul et Fourinal comme conseillers municipaux.

    Sous le mandat de Bosc, la municipalité votera le financement des travaux du Palais de Justice. Elle dessinera les contours du futur quartier du Palais. Sur le plan politique, Louis Bosc accueillera Louis Napoléon Bonaparte en grandes pompes à Carcassonne le 2 octobre 1852 par ses mots :

    « Prince,

    La ville de Carcassonne est heureuse de vous recevoir dans ses murs. Chef du corps municipal, je suis fier d’un titre qui naguère me permettait d’être auprès de vous l’interprète de ses sentiments, et me donne aujourd’hui le droit d’offrir à Son Altesse Impériale, les clefs de notre cité.

    Entrez, Prince, les vœux de nos concitoyens vous appellent ; continuez au milieu de nous, cette marche triomphale qui, sur votre passage, fait éclater les transports les plus vifs, résumés tous dans ce cri, symbole de l’ordre et de la gloire : « Vive l’Empereur !

    Ici, comme partout, Dieu empruntera la voix du peuple pour manifester ses desseins sur la France ; puissent nos acclamations, expression d’une respectueuse impatience, hâter le jour où la main puissante qui vous guida pour vaincre l’anarchie posera sur votre front cette couronne héréditaire qui doit clore l’ère de nos révolutions.

    Vive Napoléon ! vive l’Empereur ! »

    La municipalité Bosc issue de la liste de l’Administration, dans laquelle ne se retrouvent que de riches bourgeois de la ville, n’est guère enclin à favoriser la parole ouvrière. Le maire refuse de reconnaître la légalité des Cercles ouvriers, au sein desquels les citoyens ont parfaitement le droit de se réunir dans un but non politique. En 1852, Louis Bosc qui s’était présenté dans le canton de Saissac échoua à se faire élire contre Besaucèle. Il est nommé par décret impérial Chevalier de la légion d’honneur le 21 janvier 1854. Arguant un manque de temps et le désir de s’occuper de ses propriétés, il démissionne de ses fonctions de maire de Carcassonne en décembre 1853. Son premier adjoint Fages assure l’intérim avant que Roques-Salvaza ne soit nommé après les élections du mois d’août 1855.

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    Le château d'Escourrou à Saissac

    Louis Bosc, outre sa profession de docteur en médecine, possède plusieurs propriétés. A Cavanac, le domaine de Lafarguette. A Carcassonne, le domaine d’Alibert à l’entrée de la route de Toulouse. A Saissac, Pratmoulis, Le Poularié, Saigne Villemagne et Escourrou. Dans cette dernière propriété il est le premier à expérimenter le traitement des terres par la chaux en 1856.  Des fours à chaux se sont établis dans les bois de la Montagne noire uniquement en vue de répondre aux demandes croissantes de l’agriculture. Les Mémoires de la Société Centrale d’Agriculture en France dans son édition de 1881, décrivent Louis Bosc comme « Un des meilleurs agriculteurs de la Montagne, et qui mériterait de l’être comme l’un de ses bienfaiteurs. »

    Louis Edouard Bosc meurt dans sa propriété d’Escourrou à Saissac le 8 juillet 1885 à l’âge de 83 ans. Ses obsèques sont célébrées deux jours après dans ce village de la Montagne noire. Depuis ce temps, la République ayant remplacé le Second Empire, Louis Bosc avait été oublié et son passage à la mairie, remisé dans un cul-de-basse-fosse. 

    Sources

    Délibérations du CM de carcassonne

    Etat-Civil / ADA 11

    Le passage de Louis Napoléon dans le Midi de la France

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  • L'allée des Soupirs, le rendez-vous amoureux de Carcassonne

    Nous sommes au milieu du XIXe siècle et la ville de Carcassonne jusque-là enfermée à l’intérieur des anciennes fortifications de la Bastide Saint-Louis, rasées après la Révolution, cherche à s’étendre à l’Est. Pour exemple, l’actuel boulevard Jean Jaurès matérialise du côté de la préfecture l’emplacement d’une partie des remparts, avec en vigie le bastion de la Figuère. En traversant le boulevard à l’Est, ce ne sont que champs et pâturages. Bientôt un nouveau quartier va sortir de terre entre l’avenue Antoine Marty au nord, le boulevard J. Jaurès à l’Ouest, l’Aude à l’Est et le square Gambetta au Midi. Il s’agit du faubourg du Palais, ainsi dénommé depuis l’édification du Palais de Justice sur un terrain de 5764 m2 acquis par le Conseil départemental en 1849 à Emmanuel Teisseire. Notons que ce dernier avait été Juge honoraire au Tribunal de Première Instance de Carcassonne…

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    De l'autre côté de l'allée des Soupirs vers 1900

    Petit à petit les propriétaires vont vendre leurs parcelles et à partir de 1870 de belles maisons font faire leur apparition le long du boulevard. D’abord, la commune leur achète sur le devant, des mètres carrés de terrains afin de dessiner l’actuelle contre-allée du boulevard de la Préfecture (Jean Jaurès). Celle-ci va prendre un nom poétique qui s’est hélas perdu dans le temps : Allée des soupirs. Une promenade pour les amoureux… Aujourd’hui, c’est plutôt l’allée des gaz d’échappement.

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    Le Palais de Justice et l'allée des Soupirs

    Perpendiculairement à l’allée des soupirs, la municipalité va tracer de nouvelles rues et aligner les nouvelles constructions. Regardez-bien ! Elles ne sont que le prolongement des rues de la Bastide Saint-Louis, hors ses murs. La rue d’Alsace (rue Neuve Saint-Jean ou des Tripiers) prolonge la rue de la Liberté ; la rue du 4 septembre prolonge la rue de Strasbourg (rue neuve Saint-Vincent) ; la rue Barbès prolonge la rue Fédou. Dans le quartier du Palais, toutes les artères sont à angles droits comme la Bastide construite en damier par Saint-Louis. A cette époque, nos édiles possédaient encore une vision de l’urbanisme adapté à l’histoire de leur ville. 

    Prenons maintenant l’allée des soupirs à partir du laboratoire Blanc-Lançon à l’angle de la rue A. Marty. Jusqu’à la rue d’Alsace, ce terrain appartenait à la famille Journet, fabriquant en papeterie. En 1872, le sieur Gustave Daguet, agent d’assurance, demande l’autorisation de bâtir à côté de la maison récemment édifiée par Achille Cros.  

    Entre les rues d’Alsace et de Strasbourg, la famille Salaché avait construit une fonderie avant 1859 sur l’emprise actuelle du garage Métropole. Il faut dire que l’ensemble des parcelles de ce secteur lui appartenait. Les deux frères Salaché, Guillaume et François, avaient décidé le 13 mars 1859 de se séparer. Seul François († 21.02.1885) continua le métier de fondeur-mécanicien avec son fils Alexandre Casimir († 24.02.1886) et formalisa l’entreprise en une société le 24 mars 1868, ayant pour siège 7, allée des soupirs. Faute d’avoir su prendre le tournant de la viticulture, François Salaché qui n’est que fondeur va rencontrer des difficultés financières. Son fils ne souhaitant pas reprendre l’affaire, celle-ci est vendue en juin 1873 à Sicre frères. François Salaché reste tout de même directeur de l’atelier. En octobre 1877, la liquidation de la société Sicre entraîne la fermeture de la fonderie qui possédait un droit au bail jusqu’en 1881. Entre-temps, François Salaché avait mit en vente sa maison de l’allée des soupirs à côté du café du Palais.

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    © Christophe Marty

    Sur le caveau de la famille Salaché, on remarquera l’équerre et le compas, symboles des Compagnos du devoir mais aussi de la Franc-maçonnerie. En effet, François avait été élevé Maître-maçon le 4 juillet 1861 à la loge « L’étoile de la vertu » de Lézignan.

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    Maison édifiée par l'architecte Léopold Petit

    A côté de la fonderie Salaché, Victor Feuillat ouvrit une salle de spectacle appelée « Alcazar d’hiver ». On y vit les débuts de Mistinguet ! Le 3 juin 1913, l’Alcazar fut détruit pour laisser place au Modern-Cinéma de M. Bonnet puis au Vox et au Boléro. C’est maintenant, un centre de contrôle technique pour les automobiles. Une partie de ces terrains appartenaient au colonel Amans-Constant Ricard de Villeneuve.

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    Immeuble édifié par Marius Esparseil, place V. Basch

    Poursuivant notre chemin, nous arrivons sur les terrains d’Emmanuel Teisseire sur lesquels le Palais de Justice fut édifié. Tout autour de l’imposant bâtiment, la ville avait acquis 1524 m2 en avril 1851, quatre parcelles pour donner de l’air à la structure. C’est l’actuelle place Victor Basch, anciennement place du Palais où nous remarquerons l’immeuble construit par Marius Esparseil au numéro quatre. Jusqu’à la rue Fédou et l’actuel Groupe scolaire Jean Jaurès, les terrains étaient la propriété d’Emmanuel Teisseire, un descendant d’Eugène Castel.

    Sources

    Presse locale ancienne

    Recensement de la population / ADA 11

    Délibération du Conseil municipal

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