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lescale

  • Le hameau de Lescale (Puivert) incendié et pillé par les nazis le 9 août 1944

    Les Allemands réclament de Puivert des renforts et les agents de renseignements annoncent à l’état-major de Picaussel, une attaque en force des Allemands avec 20 chars et 1500 hommes qui devront anéantir le maquis. De plus, le maquis sera tourné par Belvis et Espezel. Devant la perspective d’un engagement téméraire, les officiers décident le repli du camp avant qu’il soit cerné. Le décrochage s’effectue en trois groupes au carrefour des routes d’Espezel et de Lescale. Il se déroule sans combat par la seule route libre ; deux heures plus tard les chars allemands empruntaient cette voie se dirigeant vers la forêt de Picaussel où ils pensaient encore trouver des maquisards.

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    © ADA 11

    Le village après l'incendie

    Le 6 août 1944, un détachement de la 10e compagnie du régiment de panzer grenadier (Feldpost 330.996), commandée par le lieutenant Bernahrd Brandt (né le 15 janvier 1915 à Lindheim) et le caporal chef Franz Biskup, arrive à Puivert.  Au sein de cette unité se trouve l’interprète et agent de la Gestapo à Pexiora, le dénommé Jean Terrier. Ce même jour, vers 17 heures, une voiture transportant 4 jeunes maquisards de Picaussel tombe dans une embuscade et deux de ses occupants sont tués. Il s’agit de Jean Carbou et de Joseph Lebret, domiciles au hameau de Lescale. A la même heure, un important parachutage comportant plusieurs mitrailleuses est effectué ( par 4 avions alliés). Ces mitrailleuses sont rapidement placées et lorsque le lendemain matin du 7 août 1944 les unités allemandes donnent l’assaut au camp, tout est prêt. Durant 4 heures, le combat fait rage. Les maquisards bien camouflés dans les accidents de terrain ne peuvent être délogés par les Allemands qui sont obligés de décrocher vers deux heures de l’après-midi. Laissant au total 18 morts et une soixantaine de blessés.

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    © ADA 11

    L'école a échappé aux flammes

    Si le maquis avait pu s’échapper, les Allemands exaspérés devaient coûte que coûte assouvir leur vengeance. Après avoir occupé le hameau de Lescale, les nazis effectuent un pillage méthodique de toutes les maisons, chargent tout sur des camions (meubles, argenterie, céréales, bétail, etc.) pour le transporter à Pexiora. Leur triste forfait n’allait pas s’arrêter là… Avec les méthodes expérimentées sur le front de l’Est, la horde barbare décide le 9 août 1944 d’incendier le village qui bientôt ne sera plus qu’un brasier. Dans les ruines, seules l’école et l’église demeureront à-peu-près intactes. Fort heureusement, les habitants avaient fui dès leur arrivée. Leur forfait accompli, les troupes allemandes reprennent le chemin de Carcassonne.

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    © ADA 11

    Arbre calciné au milieu des ruines

    "Dans le courant de juillet 1944, un détachement allemand, commandé par le lieutenant Brandt et l’obergefreiter Biskup Franz, composé de 160 hommes environ et d’une douzaine de voitures blindées, est venu cantonner dans Pexiora. Je me souviens que nous sommes partis un samedi du début du mois d’août et que nous sommes revenus le mardi suivant. Avec une partie du détachement allemand, j’ai d’abord été au village de Puivert, où nous sommes arrivés assez tard.

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    © ADA 11

    Les ruines des habitations incendiées

    Après avoir obtenu les renseignements sur le maquis que venait de nous donner un jeune homme, nous sommes restés dans Lescale encore quelques heures pendant lesquelles, les soldats procédaient dans les maisons à des visites. Je me trouvais à côté du lieutenant Brandt, à côté d’une voiture blindée. Nous sommes revenus, ensuite, à Puivert, n’ayant rien trouvé à Lescale. Le lieutenant Brandt, laissant avec moi une vingtaine de soldats allemands et une dizaine de camions, est parti avec le reste du détachement, soit environ soixante hommes, trois ou quatre  autos blindées, et quatre ou cinq camions. Ce détachement nous a rejoint le lendemain. Les Allemands emportaient dans les camions une grande quantité de linge, de bétail, des vaches et des volailles. Le lieutenant Brandt m’a dit qu’il avait fait incendier Lescale et que ce qu’il rapportait provenait de ce village. » (Déposition de Jean Terrier)

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    Vue sur le hameau de Lescale. En haut à droite, dans la montagne enneigée le maquis de Picaussel

    Le chef de cabinet du préfet de l’Aude, M. Bourgin, écrit au maire de Pexiora le 16 août 1944 : « Je vous prie de vouloir bien prendre toutes dispositions utiles pour assurer la garde du matériel enlevé par les troupes d’occupation au hameau de Lescale. Ce matériel qui avait été entreposé dans votre commune a été abandonné semble t-il par les troupes allemandes. M. Pic, correspondant du journal « L’Eclair », porteur de ce pli vous donnera indications utiles en ce qui concerne le lieu où a été entreposé ce matériel. Je vous serais obligé de vouloir bien donner à M. Pic, propriétaire d’une partie de ces objets, toutes facilités pour vérifier que ce qui lui appartient n’a pas été dispersé. Vous voudrez bien également prendre des dispositions pour éviter tout pillage. »

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    © ADA 11

    Comme à Oradour-sur-Glane, on construira des baraquements pour les sinistrés. 

    Sources

    P.V de la gendarmerie de la brigade de Chalabre n°318 du 9 septembre 1944

    P.V de la gendarmerie de la brigade de Chalabre n°742 du 9 décembre 1944

    Rapport de la Police judiciaire du 12 novembre 1947 n° 22786

    Archives United Nations Wear Crimes Commission

    Rapport Cassan, sous-préfet de Limoux.

    Notes

    Autres personnes interrogées pour l’enquête : Grassaud François (Puivert), Jourda Léopold (Puivert), Pic Marie (Lescale), Deloustal Toussaint et Auguste Carbou.

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