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Seconde guerre mondiale - Page 39

  • Qui a assassiné M. Rouzaud-Roche en septembre 1944 à Carcassonne ?

    Voilà un nouveau sujet non élucidé qui va faire réagir dans les chaumières... Nous sommes au mois de septembre 1944 ; Carcassonne est libérée de l'occupant allemand depuis le 20 août. Jean Bringer et des résistants arrêtés et internés à la prison de Carcassonne ont été exécutés au château de Baudrigues près de Roullens. Nous savons que le dénommé Chiavacci, pseudo résistant FTP et surtout personnage d'une faible probité, a dénoncé le chef de la Résistance audoise à la Gestapo. C'est lui et quelques acolytes qui se faisant passer pour la Résistance, tortureront et voleront une famille de Limoux. A mettre également à leur crédit, la torture et l'assassinat sans jugement du comte Christian de Lorgeril détenu à la prison de Carcassonne depuis la Libération, et dont au moins l'un de ses fils était en fuite après sa participation à la Franc-garde (organe de la Milice). Alain de Lorgeril sera condamné par contumace à la peine de mort en 1945 pour, entre autre, ses faits d'armes contre le maquis des Glières.

    Nous savons également qu'à cette même période, Noël Blanc alias Charpentier, envoyé par Londres pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent parachutée pour la Résistance, sera retrouvé calciné sur la route du Mas-des-cours. Présenté comme traître par Delteil, il a été tué dans la clinique du Bastion d'un coup de révolver par le Dr Cannac. Or, Charpentier n'était pas un traitre mais avait sans doute découvert, qui avait dérobé l'argent du parachutage. Cet argent aurait profité à plusieurs personnes bien informées de Carcassonne, issues de la résistance locale.

    Le Dr Cannac sera retrouvé mort dans la clinique du Dr Delteil au début des années 1950. Ce jour-là après avoir reçu un appel téléphonique des docteurs résistants de Carcassonne, il décidera rapidement de se rendre à Carcassonne. Le Dr Cannac avait été s'établir à Antibes après la Libération. Selon un membre de sa famille, le docteur se serait vivement disputé avec ses interlocuteurs. Il n'était pas dépressif, ajoute ce témoin. Dans la nuit, il couche à la clinique Delteil et est retrouvé agonisant le lendemain matin. Ses "amis" indiquent qu'il s'est suicidé, or il sera démontré que le docteur a été empoisonné. A t-on voulu faire taire le Dr Cannac sur ce qu'il allait révéler au sujet des parachutages ? Il y aura un procès qui mettra en évidence des circonstances troublantes pouvant incriminer le Dr Delteil. La loi d'amnistie le sauvera du bras séculier de la justice.

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    La belle jardinière

    Nous en venons donc à l'affaire Rouzaud-Roche... Ce commerçant tenait depuis des décennies avec son épouse, le magasin de vêtements "La belle jardinière". Ce commerce situé dans un bâtiment Belle époque, se trouvait dans la rue de Verdun. Aujourd'hui, il s'agit du Syndicat d'initiative. M. Rouzaud-Roche appartenait à la Résistance ; le lieutenant FFI Haguenauer lui avait présenté l'envoyé du général de Gaulle à Carcassonne. Selon le témoin, le commerçant Carcassonnais aurait servi de boite à lettres pour la Résistance locale. Homme de bien, humaniste et Franc-maçon, M. Roche aurait même caché des juifs pendant la guerre. Que s'est-il passé ? Toujours selon le témoin dont le père travaillait dans ce commerce, M. Rouzaud-Roche aurait été pris de vomissements terribles au mois de septembre 1944. Son agonie a duré trois jours ; il serait mort empoisonné. Par qui ? Mystère !... Des documents retrouvés aux archives, nous indiquent que M. Haguenauer a réclamé en décembre 1944 à plusieurs commerçants Carcassonnais impliqués dans la résistance locale, ses affaires provenant de la spoliation dont il fut l'objet opérés par Jules Barrière (administrateur des biens juifs) : sa bibliothèque de livres et plusieurs costumes. C'est pour ces derniers qu'il mit Mme Rouzaud-Roche en demeure de les lui rendre.

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    Plus nous avançons dans nos enquêtes historiques et plus nous découvrons qu'une partie de la résistance Carcassonnaise, aurait été impliqué dans des affaires pas très nettes. A t-on livré Bringer, tué Charpentier et empoisonné Cannac et Roche parce qu'il avaient découvert le manège frauduleux de certains ? C'est là, toute la part de l'énigme... On peut s'interroger sur les liens entre l'argent et des pratiques de barbouzes au nom de la Résistance.  

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  • Louis Bosc, ce Carcassonnais qui libéra Paris en août 1944

    Louis, François Bosc est né à Carcassonne le 7 juin 1901 de Pierre Marcel Bosc et de Louise Marguerite Sirvent. Après ses études primaires et secondaires au lycée de Carcassonne, dans la même classe que celle de Roger Hyvert, Louis Bosc souhaita embrasser une carrière militaire.

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    Sur cette photo de 1912, il se trouve assis au second rand (2e à gauche)

    Elève brillant, il s'engage pour 8 ans le 1er octobre 1920 à l'Ecole polytechnique. Affecté au camp de Mailly du 1er au 20 août 1921 pour un stage d'instruction, il est promu sous-lieutenant un an plus tard. Après l'école militaire du génie, il se retrouve au 17e régiment du génie de Strasbourg comme lieutenant, puis capitaine le 1er octobre 1930. Louis Bosc fait l'Ecole de guerre en 1935 avant le déclenchement des hostilités avec l'Allemagne nazie. Le 18 janvier 1940, il occupe une place importante à l'Etat-Major du général commandant en chef au front Nord-Est. Chef de bataillon en 1941, il soutient ensuite la Résistance au sein de l'Armée de Vichy l'année suivante. Il est commande la section E du 3e bureau de l'Etat-Major de l'Armée de Vichy du général Jean Touzet du Vigier. Il est ensuite mis en congé d'armistice le 29 janvier 1943 et se retire à Vichy, 2 rue Bintot.

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    Dès 1942, Louis Bosc rejoint les réseaux de Résistance de la zone sud. En région parisienne, il est Commandant de Cité de Paris et prend une part active à sa Libération au mois d'août 1944. Il s'engage ensuite dans la Première armée du maréchal Juin, au sein de la 5e division blindée pour la campagne d'Alsace. Il s'est particulièrement distingué au cours de l'attaque du pont d'Aspach des 29 novembre et 6 décembre 1944, en se portant en première ligne sous le feu de l'ennemi afin de permettre la construction d'un pont Bailey. Le lieutenant-colonel Bosc ainsi promu le 25 mars 1945 commande la 14e division des troupes d'occupation en Allemagne. En juillet 1946, il commande le 19e génie à Hussien-Dey (Algérie).

    Louis, François Bosc mourra à Nice le 20 décembre 1976

    Médailles 

    Citation à l'ordre de l'armée

    Croix de guerre avec palme

    Chevalier de la légion d'honneur

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  • Les funérailles de Jean Bringer - chef FFI - le 31 août 1944

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    Jean Bringer

    (1916-1944)

    Chef départemental FFI, il est exécuté par les nazis sur le dépôt de munitions de Baudrigues (à Roullens) le 19 août 1944 avec plusieurs de ses camarades de combat.

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    A travers des photographies totalement inédites, nous allons tenter le retracer le parcours de cette triste journée du 31 août 1944 pendant laquelle les Carcassonnais, rendirent un dernier hommage à ce héros de la résistance audoise. Nous avons matérialisé en rouge le cheminement du cortège à travers le centre-ville.

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    Le cercueil contenant les restes de Jean Bringer (il ne sera identifié par sa veuve que grâce à son chevalière) est exposé dans une chapelle ardente sur la place Carnot. Elle est veillée par ses frères d'armes.

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    Les différentes troupes résistantes (Corps franc de Montagne noire, FFI, FTP, Maquis de Picaussel...) défilent et rendent les honneurs à la dépouille de Jean Bringer sur la place Carnot. La levée du corps est faite par l'évêque de l'Aude, Mgr Jean-Joseph Pays.

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    Le cortège funèbre au départ de la place Carnot devant le café "Chez Félix". Tenant les cordons du poêle, on reconnaît à droite Charles Fourès. Résistant aux côtés de Jean Bringer, il a fait sa carrière de journaliste au Midi-Libre. Sa veuve, madame Cécile Farges, vit encore à près de 95 ans ; elle a été faite dernièrement Chevalier de la légion d'honneur pour ses actes de résistance à côté de son époux.

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    A l'arrière du corbillard se tient dignement madame Bringer dans un crêpe noir, qui devra désormais élever seule, son unique enfant Jean-Marie âgé seulement d'un an. A sa droite, on reconnaît Gilbert de Chambrun (1909-2009), chef des FFI pour le Languedoc-Roussillon et Commandant du 81e régiment d'infanterie de l'armée du général de Lattre de Tassigny. Il sera député de la Lozère jusqu'en 1956. Juste derrière lui, Georges Morguleff qui fera partie de l'état-major du 81e RI. A la gauche de madame Bringer, se tient Lucien Roubaud, délégué à l'Assemblée Consultative provisoire siégeant à Paris entre novembre 1944 et août 1945. A côté lui, le préfet Augé. Juste derrière ce dernier, on aperçoit Louis Amiel (1897-1971) nommé au Comité départemental de libération et maire provisoire de Carcassonne d'août à septembre 1944 (lire Carcassonne, d'hier à aujourd'hui/ Bonnet/ pp.390). A sa gauche, Francis Vals (1910-1974) est le président du Comité départemental de libération de l'Aude. Maire socialiste de Narbonne en 1959, il sera battu par Hubert Mouly en 1971. Il restera député jusqu'à sa mort et est inhumé à Leucate. Derrière lui se trouve Guy David, adjoint de Bringer; à côté avec le béret, c'est André Coumes dit "Capitaine Cabot".

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    Ce jour-là dans le cortège, il y avait le Dr Marcel Cannac (au second plan) dont le cabinet se trouvait sur le boulevard Marcou. Ce médecin est mort dans d'étranges circonstances dans la clinique Delteil...

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    Pour l'occasion, une foule immense suit le cortège ou prend place en bordure de celui-ci. Toutes les administrations et commerces resteront fermés toute la journée.

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    Les anciens combattants de la Grande guerre

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    Les enfants de choeur précèdent la Société musicale Sainte-Cécile qui, tout au long du parcours, joue la Marche Funèbre de Frédéric Chopin. Ici, le cortège passe à l'angle des rues de la préfecture et Barbès devant le Bar de la poste. Le magasin de vêtements à l'extrème droite, est aujourd'hui la boucherie Péténuzzo.

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    Le corbillard emprunte le boulevard Camille Pelletan devant l'ancien Café du musée (aujourd'hui, la Trésorerie générale) et la maison du compositeur Paul Lacombe.

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    Après un passage par la rue Voltaire rythmé par le bourdon de la cathédrale Saint-Michel, le cercueil est déposé à l'intérieur du lieu saint. L'homélie de Mgr Pays fut des plus poignantes suivie de l'absoute. Monsieur Tournier, titulaire du grand orgue, malgré sa cécité versait des larmes qui paraissaient inconsolables. De mémoire de Carcassonnais, on n'avait jamais vu pareille foule aussi émue. Une fois la cérémonie terminée, le cortège funèbre se mit en marche en direction du cimetière Saint-Michel.

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    Devant le cercueil disposé à l'entrée du cimetière, les combattants de l'ombre entonnent La Marseillaise. On reconnaît à premier plan à droite, Lucien Maury alias Franck, chef du maquis de Picaussel.

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    Le cercueil est porté en sa dernière demeure par Louis Raynaud, Louis Bahi et Lucien Maury.

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    Mgr l'évêque de l'Aude et les frères du couvent des Capucins bénissent une dernière fois la dépouille de Jean Bringer avant la mise au tombeau.

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    Le cercueil est placé provisoirement dans le caveau familial de Louis Amiel, résistant et maire provisoire de Carcassonne. Six mois plus tard, les restes de Jean Bringer seront transférés au cimetière de Pierrelatte dans la Drôme.

    Remerciements:

    A J. Blanco, sans lequel je n'aurais pas obtenu ses photographies uniques et inédites

    A ma tante, Isabelle Alay, pour ses souvenirs

    Sources:

    La résistance audoise/ Lucien Maury/ Tome 2/ 1980

    Carcassonne d'hier à aujourd'hui/ JL Bonnet

    La seconde guerre mondiale dans l'Aude/ Julien Allaux

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