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Seconde guerre mondiale - Page 41

  • Carcassonne sous la botte des nazis aidés par des Français, raconté par un témoin

    Avant de passer à trépas, ce vieux monsieur a rédigé dans ses souvenirs destinés à ses petits-enfants un chapitre concernant la période de l'occupation à Carcassonne. Avec son autorisation, j'ai décidé de retranscrire son témoignage sur ce blog. Avec le temps, on a trop tendance à lisser l'histoire...

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    Le 3 septembre 1939, déclaration de guerre à l’Allemagne. La mobilisation générale fut décrétée par voie d’affiches et de communiqués radio. Certains Français disaient que dans trois mois, nous serions de retour. Mon père et ma mère qui avaient vécu la Première guerre de 14-18, dit « aux enfants », il faut s’attendre à tout ce qui va nous arriver. Ils avaient bien raison ; les trois mois durèrent cinq ans. Cet évènement que j’ai vécu pendant ma jeunesse m’a marqué toute la vie. A dix ans, c’est là que l’on commence à se poser des questions sans apporter des réponses. Les analyses seront pour plus tard. C’est au jour le jour que les événements firent l’histoire.

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    Réfugiés espagnols en 1939

    Ce jour là, tout le village étant dans la rue en écoutant la radio qui diffusait des informations continues sur les conditions de la mobilisation générale. Dès le lendemain, les gendarmes apportaient les ordres pour rejoindre leur affectation. Si les ouvriers agricoles, les employés de commerce furent mobilisés les premiers pour aller au front, je me rappelle que les « affectés spéciaux » autrement dit pour mes parents les « planqués », allèrent dans les services administratifs. Mon père disait : ce seront toujours les mêmes qui truqueront. Pour les étrangers espagnols qui étaient en France depuis longtemps, il n’y eut pas de problème. Ils furent naturalisés et mobilisables, ce que firent beaucoup des rescapés de la guerre d’Espagne qui attendaient pour rentrer chez eux le départ du général Franco.
    Certains s’engagèrent dans la Légion et d’autres préférèrent attendre. Mais dès le début de l’occupation ils furent poursuivis par la police française et les soldats Allemands, étant pour la plupart communistes. Ils durent rejoindre ou former les premiers maquis dans la montagne de Salvezine ou Puivert. C’était les F.T.P (Franc Tireurs et Partisans)

    Pour les émigrés Italiens venus chercher du travail en France ou fuir le fascisme de Mussolini, ils venaient pour la plupart de l’Italie du nord. Ils n’étaient pas trop aimés des gens du village sauf des patrons qui les faisaient travailler comme des esclaves, sous prétexte qu’ils étaient logés, qu’il avaient un lopin de terre pour jardiner, etc… Le gouvernement leur donna 48 heures pour partir rejoindre l’Italie ou se faire naturaliser et rester en France ; ce que firent beaucoup d’entre-eux surtout s’ils n’étaient pas mobilisables.

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    Soldats français prisonniers en 1940

    Comme je l’ai écrit, en 1939 j’avais 10 ans. Ce fut la débâcle, disons la débandade. Les officiers en premier, les soldats suivirent et furent faits prisonniers pendant quatre ans en Allemagne. La guerre éclair ne dura pas longtemps. Le maréchal Pétain demanda l’armistice et les Allemands occupèrent la moitié de la France et la pillèrent toute entière. Ce n’est qu’en 1942 qu’ils occupèrent notre sud.
    Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lança son célèbre appel depuis Londres. Quelques français partirent via l’Espagne pour l’Afrique du nord pour le rejoindre. 

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    © Martial Andrieu

    Pétain en 1942 à Carcassonne avec les G.M.R

    En 1942, quand le maréchal Pétain vint à Carcassonne, nous fûmes seulement deux de la classe à refuser d'aller le saluer avec des petits drapeaux, sur les boulevards. Je fus puni. Le matin il fallait monter le drapeau français à un mat dans la cour de l'école et le soir, le descendre. Je profitais de cette punition pour faire une blague ; je descendis le drapeau et dessinais une croix de Lorraine sur la bande blanche avec du charbon. Toute la journée le drapeau flotta dans la cour de l'école avec l'emblème de la Résistance. J'étais fier de moi, mais j'ai eu droit à une belle engueulade.

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    © Martial Andrieu

    Soldats de la luftwaffe à Carcassonne

    Je me rappelle vaguement qu’un jour de 1942, le bruit courut à Carcassonne que tous les juifs avaient été arrêtés pendant la nuit par la police française. Le secret avait été bien gardé et la propagande avait bien fait son travail. Elle nous avait fait croire que c’était pour aller travailler en Allemagne ; nous étions loin de penser à ce que nous avons découvert après la guerre. Ce fait est une honte du gouvernement de Vichy et du maréchal Pétain qui n’est pas près d’être effacée. Pendant cette période les rafles étaient courantes, soit par les Allemands et la Gestapo, soit par la police française avec les miliciens. Un jour de 1944, j’allais à la gare expédier un colis pour un client par le chemin de fer. En haut des marches de l’entrée de la gare, je vois arriver dans deux ou trois camions des Allemands armés et qui se dirigent vers la gare au pas de course. D’un saut, je me retrouve dans le hall ; je jette mon paquet en criant : « Attention, une rafle ! ». Je bouscule le préposé et en courant le long de la voie, je passe sur le Canal, la route minervoise et descends le talus. J’arrive chez un client chaudronnier, j’explique ce qui se passe et il me cache derrière les cuves de gazogène en me disant : « J’espère qu’ils n’ont pas de chien. Moi, je ne t’ai pas vu ». Un peu plus tard, comme personne ne se manifestait j’ai pu sortir de ma cachette. Les Allemands m’ont-ils vu courir le long de la voie ? Je ne le saurais jamais, mais ils auraient pu me tirer comme un lapin.

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    © Martial Andrieu

    Camions allemands dans la caserne Laperrine

    En novembre 1942, les Allemands envahirent le sud de la France qui était à ce moment-là en zone libre. Alors tout changea… Ont vit fleurir à tous croisement, des panneaux directionnels écrits en allemand de style gothique. Les casernes furent occupées par des troupes ainsi que les différents hôtels de la ville. En règle générale les petits habitants subissaient la domination de Vichy et des Allemands : les réquisitions pour aller garder les voies ferrées la nuit, les journées de travail obligatoires pour faire des fortifications, le couvre-feu, etc. Beaucoup de Français communistes durent prendre le maquis, alors que les familles aisées étaient plutôt pétainistes ou passives. Si le haut clergé était dévoué à l’Allemagne, les curés de village étaient plutôt pour la Résistance. 

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    Les miliciens

    J’ai toujours gardé dans mon coeur la haine de l’envahisseur et des Français qui les ont soutenus. Dans ma profession j’ai côtoyé quelques miliciens. La milice avait été créée pour faire la chasse aux Résistants. Ils étaient en uniforme noir et armés. C’était des auxiliaires précieux pour l’armée allemande. Je ne citerai pas noms mais un quincailler de Limoux qui était client chez nous était chef de centaine. A son sujet, un jour j’étais en train de le servir et voilà que notre secrétaire vint le prévenir qu’on le demandait au téléphone. Il partit pressé nous disant qu’il allait revenir. A midi, avec mon frère nous sommes arrêtés par un barrage de miliciens et voilà que ce monsieur nous demande les cartes d’identités. Mon frère lui dit : « Mais monsieur B, il y a une demi-heure nous étions ensemble ». Il lui répond : « Je veux voir ta carte d’identité comme tout le monde ». Voilà l’esprit de la Milice française ! Il faut dire que ce jour-là des résistants avaient exécuté un agent de la Gestapo - M. Albert Kromer.

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    © Julien Allaux

    Portrait d'Hitler dans l'Hôtel Terminus

    Ce devait être fin 1943 début 1944, je travaillais aux établissements Baurès avec mon père et presque tous les jours je devais porter les factures des achats effectués par les troupes d’occupation, aux services administratifs logés à l’hôtel Bristol. Les plantons, des soldats âgés, étaient très sympathiques. Un gâteau, un verre de chocolat au lait et ils me demandaient dans leur charabia si j’avais écouté la radio de Londres. On plaisantait et je leur donnais les dernières informations. C’était le commencement de la débâcle sur le front de l’est. Les russes avaient repris plusieurs villes. Au mur, une grande carte avec les petits drapeaux allemands et russes. Je me suis permis de modifier la ligne de front. J’ai mis un petit drapeau russe sur Odessa - je pense. Un officier en tenue d’apparat entre à l’improviste. Il se campe devant la carte l’air étonné et appelle les plantons. Il leur demande des explications ; au début, calmement mais de plus en plus excité. Je reconnais que les soldats se sont fait engueuler pendant quelques minutes. Le peu que j’ai compris c’est qu’il voulait les envoyer en Russie. Catastrophe ! L’un d’eux dit que c’était moi le coupable. Aussitôt, il me souleva d’un coup de pied dans le cul et m’envoie dans un autre bureau où il ferme la porte à clé. Je ne suis pas resté longtemps à réfléchir ; je devais m’échapper le plus vite possible.

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    © David Mallen

    Soldat allemand devant l'hôtel Bristol

    Il y avait une fenêtre mais nous étions au premier étage ; c’était trop risqué mais il y avait une dernière porte dans la pièce. J’écoute et j’entends un soldat qui chahute avec une femme. Quelques minutes après j’entends un bruit de porte et je me dis : « c’est le moment, il faut que je parte ». Doucement, j’ouvre la porte que n’était pas fermée à clé et je me retrouve dans un autre bureau. Le plus rapidement possible, je traverse cette pièce qui donne sur le couloir et dévale les escaliers jusque dans la rue. Le magasin où je travaillais n’était pas loin ; j’avertis mon père je rentrais à la maison. Je ne suis pas allé travailler pendant quelques jours. Il n’y eu pas de suites mais mais je ne revenais pas porter les factures dans ces bureaux.

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    Baudrigues (Roullens) après l'explosion

    Les alliés avaient débarqué en Normandie et dans le sud de la France. Plus ou moins organisée l’armée Allemande voulait se regrouper. Londres avait l’ordre de les retarder le plus possible. Harcelés par les maquisards, il se repliaient un peu en débandade. Le dépôt de munitions avait sauté le samedi à midi. Avec un copain, nous voilà partis le dimanche matin pour voir s’il n’y avait pas à chaparder. Quelques dépôts étaient encore en feu et de temps en temps nous entendions de petites explosions. Nous sommes passés par le ruisseau qui était en bordure du parc. Arrivés devant, un premier dépôt était à moitié enterré de bombes de 300 kilos non explosées.
    Un peu plus loin, nous sentons une odeur indéfinissable ; nous sommes au mois d’août et découvrons des débris humains un peu partout au sol, sur les arbres. Les Allemands en partant avaient signé leur départ. Nous l’apprîmes le lendemain. Tous ces cadavres étaient ceux de tous les prisonniers dit politiques de la prison de Carcassonne, qui avait été massacrés.

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    Défilé de maquisards à Carcassonne

    C’est l’épisode le plus difficile à écrire. Tout se mélange, la joie d’être enfin libérés et en même temps, nous apprenons les massacres que les troupes Allemandes avaient fait avant leur fuite. Je citerai pour notre département : Trassanel, Baudrigues, le quai Riquet à Carcassonne, Escales… Suite à l’appel du général de Gaulle, les Allemands furent attaqués de toutes parts sur les routes, sur les chemins de fer. Le prix à payer fut très lourd pour notre département, mais les maquisards arrivèrent de la montagne noire et du Pays de Sault. Ils défilèrent sur les boulevards, mais très peu avaient des tenues militaires. Cet évènement est pour moi inoubliable. Quelle joie ! Sauf pour les collaborateurs et les miliciens qui n’avaient pas pu fuir avec les Allemands ou quitté la France via l’Espagne ou l’Andorre. Ceux qui se firent prendre étaient traduits devant un tribunal de salut public instauré à l’école Jean Jaurès, qui était le PC des F.T.P qui essayaient de s’organiser.
    La justice était expéditive ; il ne nous appartient pas de juger, mais dans le contexte je pense que j’aurais fait comme eux. Les miliciens qui avaient participé en uniforme avec l’armée allemande à leur chasse ne se privaient pas ; la torture était monnaie courante. Puis, c’était l’exécution et quelques fois les représailles pour la famille. Ils étaient considérés comme traîtres à leur patrie.
    Ceux des maquis de la montagne noire qui savaient que plus de 40 de leurs camarades avaient été massacrés à la mitraillette, allez leur expliquer qu’il fallait une justice moins expéditive. Ce qui désole le plus quand on parle de ces évènements, on ne parle que de règlements de compte en laissant planer le doute que des innocents ont payé pour des actions qu’ils n’avaient pas commises. Pour ma part, témoin de ces évènements, je n’en connais pas. Par contre, j’ai connu des miliciens qui avaient fui en Espagne et qui sont rentrés sans être inquiétés quelques temps après. Certains furent jugés et condamnés à des peines légères puis amnistiés.

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    © Martial Andrieu

    Carcassonne, septembre 1944

    Les femmes qui avaient collaboré avec les Allemands furent arrêtées. Il ne faut pas croire que seules celles qui avait couché avec l’ennemi, le furent. Beaucoup parmi elles avaient travaillé dans les bureaux administrés par les Allemands, à leurs côtés. Certaines comme interprètes ou comme dénonciatrices. Elles furent promenées tondues autour des boulevards de Carcassonne. Prenons l’exemple de deux filles qui couchaient avec un Allemand. L’une fut tondue et l’autre, proche de la famille d’un maquisard ne fut pas inquiétée.

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    © Collection privée

    A la Libération, on vit fleurir sur tous les bras des brassards FFI. Ceux qui avaient fait du commerce très lucratif avec les Allemands ne furent pas trop inquiétés. Sauf, un entrepreneur de travaux publics qui travaillait à faire des fortifications avec du personnel requis. Il quitta Carcassonne en hâte, mais il s’avérera qu’il faisait passer les plans à Londres.
    Quelques entreprises, dont un garagiste de Carcassonne réparait les camions de l’armée allemande. Quand les troupes ont quitté Carcassonne, les camions ne pouvaient pas rouler. Ils ressortirent comme par enchantement et ce monsieur, qui ne pouvait pas payer une clé à molette comptant, monta par la suite une affaire de transport international. Ce qui prouve que l’argent parachuté par les alliés pour les maquis, n’arriva pas dans sa totalité à destination.
    Un médecin de renom, résistant de Carcassonne, partit à la Libération pour Marseille. Quelques temps après, il logea chez un chirurgien de ses amis résistants lui aussi. Mystère… On le trouva mort empoisonné. Cette affaire en son temps fit couler beaucoup d’encre, mais ne fut jamais élucidée.

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    © ADA 11

    Que penser également de tous ces politiques qui permirent à l’Allemagne vaincue en 1918 de recommencer vingt ans après et d’avoir la meilleure armée du monde?
    Que penser de l’attitude des Etats-Unis d’Amérique qui ne vinrent qu’en 1944, après que l’Armée Rouge a repris l’offensive en Russie, sinon pour s’imposer ?
    Que penser après la fin des hostilités de la victoire économique du Japon et de l’Allemagne ?

    A tous ces morts je dis : « Morts pour rien ». Vous avez fait votre devoir mais vous avez été les instruments d’un régime où rien ne compte compte plus que le pouvoir et l’argent. Ne nous laissons plus berner par ces gens-là et refusons tout conflit qui ne nous concerne pas.
    Que penser des policiers (police d’état) qui devinrent après la guerre CRS ? Ceux là même qui allèrent dans le Vercors suppléer les Allemands en bloquant les routes pour éviter tout retrait ou tout approvisionnement des résistants. J’en ai connu plusieurs qui avaient pour excuse : « Je n’ai pas participé. J’étais cuisinier. » A croire qu’il n’y avait que des cuisiniers. A la Libération, très peu furent poursuivis. Ils formèrent ensuite les C.R.S

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    Le Havre après les bombardements alliés de 1944

    A la fin des hostilités, la France était à moitié détruite. Nous n’avions plus d’industries. Les Américains nous proposèrent le plan dit « Marschal » qui consistait à nous vendre à crédit tout ce qui pouvait être utile à la reconstruction du pays ; ce qui n’était qu’une façon de dépendance. Mais le général de Gaulle prévoyant cette manoeuvre, le refusa et la France fit avec ces propres moyens.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Petites chroniques de la Seconde guerre mondiale dans l'Aude (3)

    Après l'échec de la campagne de Russie, l'armée Allemande perd du terrain et de son prestige. En 1944, les maquis de l'Aude sont de plus en plus actifs dans leur tactique de harcèlement de l'ennemi. Les exactions de la Milice française contre la Résistance s'amplifient avec l'appui des troupes d'occupation. Après le débarquement allié le 6 juin 1944, les maquis de l'Aude voient arriver un très grand nombre d'hommes volontaires pour combattre à leurs côtés. Il y en a tant que beaucoup sont renvoyés chez eux faute de pouvoir les équiper. C'est ce que l'on peut désigner comme les Résistants de la dernière heure. 

    Carcassonne

    1er août 1944

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    5 impacts de balles sur la voiture d'André Riffaud

    Au cimetière de la Cité ont lieu des obsèques du jeune André Riffaud, maquisard blessé par les Allemands et décédé à l'hôpital de Carcassonne. Une foule de 2000 personnes a assisté à l'enterrement. Il y avait une dizaine de gerbes de fleurs aux couleurs nationales.

    Aragon

    11 août 1944 à 16 heures

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    Le village est encerclé par une colonne allemande. Tous les hommes sont parqués sur la place publique. Toutes les maisons sont fouillées. Aucune arme est découverte. Les Allemands procèdent à des interrogatoires et gardent un certain temps le maire comme otage. Elles repartiront sans dommages. S'il avait été trouvé des armes, le village aurait été peut-être incendié et des villageois fusillés.

    La Combe du Sault

    Nuit du 7 au 8 juin 1944

    Un avion a mitraillé l'usine des mines de Salsigne qui occupait 1000 ouvriers, sans faire de victimes.

    Montirat et Monze

    17 juin 1944 à 17 heures

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    Un soldat allemand essaie d'entraîner Mme Lliagone. Le mari s'interpose. Le soldat le tue d'un couple fusil. Ensuite, il essaie de se faire remettre des effets civils pour déserter et part en direction de Monze. Ce même soldat déserteur rencontre sur la route une jeune fille : Mlle Fabre Marie-Paule. Il la contraint à la suivre. Les gendarmes allemands, alertés, rejoignent les deux personnes à 400 mètres du village et tirent sur elles. La jeune fille est tuée. Le soldat est arrêté.

    Carcassonne

    19 juillet 1944

    La demoiselle Vidailhac Baptistine surnommée Titine, chargée du service du bâteau qui fait la traversée de l'Aude entre la rue Achille Mir et la rue Paul Sabatier, refuse à des Allemands de leur faire effectuer le passage parce qu'elle est en train de prendre son repas. Un moment après, alors qu'elle assure son passage, ces soldats interviennent. Pendant que l'un d'eux tient en respect les personnes sur le bâteau au moyen de sa mitraillette, les autres jettent à terre Mlle Vidailhac et la rouent de coups. A cette époque, le pont de l'avenir n'était pas construit et le seul moyen de passage d'une rive à l'autre de l'Aude était d'emprunter le Bac dirigé par Titine.

    Chalabre

    19 juillet 1944 à 12 heures

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    © Avec l'aimable autorisation de David Mallen

    Soldats Allemands à Chalabre

    Six hommes dont trois armés de mitraillettes se présentent chez M. Canet, industriel. Se disant de la Gestapo, ils coupent le fil du téléphone, enferment la famille dans une pièce, fouillent l'appartement et s'emparent de 65 000 francs en billets de banque, de trois montres en or, de deux bracelets et de bagues. Le tout évalué à 300 000 francs. A 19h30, six hommes armés se font remettre par M. Folchet, buraliste, 50 paquets de cigarettes et 4 boites de cigares. Un reçu a été délivré.

    Pezens

    19 juillet à 8h30

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      Une trentaine d'hommes de la Résistance vêtus d'uniformes bleu marine et kaki armés de fusils et fusils mitrailleurs attaquent un petit convoi allemand qui perd un soldat et cinq blessés. Une section allemande (1 adjudant et 5 hommes) est capturée. De 8h30 à 11h30, le Corps Franc de la Montagne noire mitraille les camions passant sur la route 113. Les allemands tombent morts ou blessés. Le Corps franc se retire avec six prisonniers et un important butin. 

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Petites chroniques de la Seconde guerre mondiale dans l'Aude (2)

    Second épisode de nos petites chroniques suite au succès rencontré par celles publiées hier. Entre 1940 et 1942, le pouvoir politique répressif du gouvernement de Vichy et la collaboration de celui-ci avec l'Allemagne hitlérienne se met peu à peu en place. La ville de Carcassonne est le théâtre de nombreux attentats ; les partisans du maréchal Pétain se heurtent à leurs opposants. Des deux côtés, on n'hésite pas à briser des vitres, maculer les murs d'inscriptions, repérer les républicains contre la Révolution nationale... Partout dans le département se constitue le Service d'Ordre Légionnaire afin de faire réprimer les opposants. Il est l'avant-garde de ce que sera la Milice à partir de février 1943 et s'inspire des SS de Hitler. Là, ne nous sommes qu'en janvier 1942, lorsque dans l'Aude le SOL s'organise avec les partisans de Pétain. Il n'est toutefois pas encore reconnu par le préfet mais ne prend aucun ordre de la police. C'est une organisation para-militaire indépendante, soutenue par le régime. Le 14 juillet 1942, alors qu'est organisée malgré les interdictions de Vichy une manifestation en faveur de la République, Carcassonne va vivre un début de guerre civile. Le SOL après avoir cherché à en découdre avec héritiers politiques de 1789, va générer une véritable bagarre près de la statue de Barbès.

    Quelques temps après, le SOL qui avait repéré les personnes présentes à ce défilé, les fera arrêter. Pour le moment on se querelle entre français en zone libre, mais à partir de novembre 1943, l'arrivée des Allemands dans l'Aude va changer radicalement la partition de musique. Deux camps vont s'affronter... D'un côté l'extrême droite luttant contre le bolchévisme et les juifs, rejetant l'héritage de 1789 ; de l'autre, les Républicains organisés en réseaux de Résistants dont les objectifs politiques divergent. On y trouve des communistes, des gaullistes, des socialistes, quelques monarchistes... Les Pétainistes se disent patriotes et considèrent leurs opposants comme des anti-nationaux, collabos avec l'étranger - les Anglais. Ils sont favorables à une nouvelle Europe - celle d'Hitler, de Mussolini et de Franco. Au centre de ce combat, se trouve la population audoise ; certains seront neutres, d'autres collaboreront par idéal politique ou le plus souvent pour s'enrichir et en tirer profit.

    Tout ceci créé un climat délétère dans lequel les audois s'épient, se dénoncent mais aussi s'entraident ou refusent dans le secret le destin de leur pays. La société a évolué en 75 ans, mais l'homme restera toujours jaloux, lâche, indifférent, vaniteux, vénal ou droit, altruiste, généreux, impliqué. Ce qui déplace le curseur ce sont les situations politiques auxquelles il est confronté. En période de crise politique et économique et à fortiori en guerre civile, ces phénomènes forment des métastases hideuses.

    Carcassonne

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    19 avril 1942

    La Légion des Volontaires Française contre le Bolchévisme fait distribuer des tracts expliquant ce qu’est la LVF et comment son action aidera la Révolution Nationale.

    Carcassonne

    24 juin 1942

    7, rue Georges Clémenceau : les glaces de la devanture du magasin de maroquinerie Salze sont brisées par jets de pierre. Les auteurs de cet acte étaient des membres de l’U.P.J.F, disciples de Jacques Doriot fondateur du PPF (ancien communiste devenu favorable à Hitler). Identifiés par la police, ils furent condamnés à des amendes de 600 et 1200 francs par le tribunal.

    Carcassonne

    23 mars 1943 à 21 h

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    L'ancien cinéma Le Rex

    La Légion Française des Volontaires Français contre le Bochévisme a tenu une réunion  dans la salle du cinéma Rex , rue de la liberté. Elle a été présidée par le préfet. Orateur : capitaine de Messine. Il y avait 500 personnes.

    Limoux

    Nuit du 7 au 8 juillet 1942

    Des inconnus jettent de l’encre sur la façade du bureau de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme.

    Cépie

    29 janvier 1943

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    Arrestation de Péchou François, de sa femme née Ségal et de Jean Tisseyre pour complicité de désertion d'un soldat allemand. Condamnés le 19 mars 1943 à des peines privatives de libertés, ces personnes furent par la suite déportées. Les deux hommes moururent en déportation.

    Narbonne

    25 mars 1943

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    Le général Giraud

    Arrestation par les Allemands de Hérail Simone. On suppose qu'elle aurait aidé le général Giraud à s'enfuir en Afrique du Nord en l'hébergeant chez elle.

    Villemoustaussou

    1er avril 1943

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    Une compagnie radio de la Wehrmacht s'installe dans la localité. Elle partira le 18 juillet 1943.

    Carcassonne

    Nuit du 18 au 19 juillet 1943

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    Le siège de la Milice, place Carnot

    18, place Carnot au siège de la Milice, le milicien qui est de garde reçoit un coup de téléphone lui annonçant que le siège sauterait vers 5 heures du matin et un moment après, un coup de téléphone lui annonçait que l'affaire était reportée à plus tard.

    Berriac

    12 août 1943 à 6h55

    Tentative de sabotage par explosif à la sortie du tunnel. Il n'y a pas eu de dégâts et la circulation des trains n'a pas été interrompue.

    Arzens

    1er novembre 1943

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    Au domaine des Allanges. La Gestapo accompagnée de six voitures remplies de soldats est venu chercher un jeune homme qui apprenait depuis trois jours à tailler les arbres fruitiers. Dans sa chambre, les Allemands ont trouvé un poste radio de marque américaine et 200 billets de mille francs.

    Carcassonne

    Nuit du 9 au 10 décembre 1943

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    L'ancien café Continental, boulevard O. Sarraut

    Une bombe explose au Café Continental, siège du Parti Radical Socialiste. Le tambour a volé en éclats. On suppose que les auteurs sont des membres du Parti Populaire Français.

    Villardonnel

    9 juin 1944

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    Route de Carcassonne à Mazamet, au cours d'une embuscade attaque d'un détachement allemand. Bilan : trois tués et six blessés côté allemand. C'est un seul véhicule. Une camionnette qui est tombée dans l'embuscade. On le retrouve 2 km plus loin, criblé des balles avec six allemands tués à bord. Un paysan qui l'a vu s'écraser dans le fossé, a aperçu un allemand parte en courant. Il ne sera pas retrouvé.

    Blomac

    23 août 1944 à 18h30

    Les allemands tirent sur une voiture automobile occupée par des civils : M et Mme Colomb de Carcassonne qui venaient de rendre visite à des parents à Blomac et qui avaient à leur bord M. Castans. Les deux hommes sont tués, la femme sérieusement blessée.

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